Pour que deux et deux ne fassent jamais cinq

Initiative sur l’élevage : en cas de OUI, les animaux souffriront davantage

Alors que la campagne relative à l’initiative dite « contre l’élevage intensif » entre dans sa dernière phase, le débat public se mue encore (trop) souvent en lutte pour ou contre des mesures plus strictes de protection des animaux. Et si, en réalité, l’initiative allait péjorer le bien-être animal ?

Le site internet des initiants affirme qu’en cas d’acceptation du texte, il n’y aura « pas d’importation d’animaux et de produits d’origine animale qui ont été produits avec des méthodes interdites en Suisse ». Cette affirmation fausse relève de la propagande dans son sens le plus strict.

Les produits importés ne sont pas concernés par l’interdiction

Disons-le clairement : l’alinéa de l’initiative qui prétend limiter les importations de produits issus de l’élevage intensif est contraire aux accords bilatéraux conclus entre la Suisse et l’UE. S’il devait être mis en œuvre, il conduirait à l’application de la clause guillotine. Oui, cette même clause guillotine évoquée lors de chaque votation récente concernant nos relations avec l’Union européenne. Rappelez-vous du champ lexical assimilé à ces termes : ruine, isolement, rétrograde, fin de la prospérité, autarcie, extrême droite.

Quand bien même l’initiative devrait être acceptée par le peuple, la limitation des importations ne serait donc pas appliquée. Il s’agit là de la conséquence logique du refus de l’initiative pour la primauté du droit suisse et, surtout, de la position permanente du Parlement (hors UDC) lors des récents conflits entre constitution helvétique et accords bilatéraux. En affirmant que les produits d’origine animale issus de l’élevage intensif ne pourront plus être importés, les partisans induisent volontairement en erreur le corps électoral.

Voie libre pour l’importation issue de l’élevage intensif

L’initiative n’ayant pas d’impact significatif sur les produits importés, elle ne fera que grever les producteurs locaux de nouvelles conditions bureaucratiques et pratiques, souvent arbitraires et parfois contre-productives qui n’entraveront aucunement le commerce international. Conséquence : en cas d’acceptation de l’initiative, la production locale diminuerait d’environ 50% pour ce qui est des porcs et même de 80% pour ce qui est des volailles. Ce manque serait comblé par une importation massive de produits étrangers, non-soumis aux normes helvétiques.

Alors que l’agriculture suisse se conforme aux règles les plus strictes du monde et que les bêtes élevées dans notre pays jouissent d’un haut niveau de bien-être, nous remplacerons ces animaux bien traités par des denrées alimentaires issues d’un élevage peu réglementé et moins soucieux du bien-être animal. Un non-sens alors que les élevages suisses sont les seuls dont le nombre de bêtes maximum est réglementé par la loi et que l’élevage intensif n’existe pas dans notre pays ! Une poule pondeuse vit-elle mieux dans une exploitation suisse limitée à 18’000 individus avec accès extérieur, bains de sable pour les plumes et perchoir, ou dans un élevage européen qui en compte des centaines de milliers, voire des millions ? Quid des porcs, truies et veaux, dont les élevages helvétiques semblent minuscules en comparaison continentale ?

Défendons une agriculture suisse respectueuse des animaux

En cas de OUI le 25 septembre, nous aurons fait tout faux. Nous aurons remplacé un élevage de qualité par l’importation de produits, eux, issus de l’élevage intensif. Nous aurons donné un coup de pouce au tourisme d’achat et au bal de voitures privées que cela implique. Nous aurons sonné le glas de notre souveraineté alimentaire, dans une période d’instabilité géopolitique extrême. Nous aurons mis à sac les petites exploitations de montagne et les paysages alpins. Nous aurons craché au visage de nos agriculteurs, véritables amoureux des animaux qui s’en occupent bien, 365 jours par an.

Il est essentiel de refuser une nouvelle initiative qui ira, tout comme les initiatives anti-agricoles de l’année dernière, à l’encontre des objectifs annoncés et dont le but caché est de mettre un terme à la production de viande en Suisse, qu’elle soit de proximité ou non. Il est tout aussi essentiel de mettre en échec les politiciens qui promettent à leurs électeurs une interdiction des importations alors qu’ils ont eux-mêmes rendu impossible son application concrète. Finalement, il est essentiel de rejeter un texte dogmatique qui aura pour conséquence une augmentation de la maltraitance animale et une diminution des exploitations respectueuses.

 

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