26 000 francs de rente en moins ? Non à la réforme AVS 21 !

Avec plus de 50 000 participant-e-s à des manifestations et actions, la journée de grève des femmes du 14 juin de cette année a montré une fois de plus que les femmes sont mécontentes. Et cela à juste titre ! Elles perçoivent toujours un salaire inférieur de 20% à celui des hommes. Au niveau des rentes, l’écart est même d’un tiers, étant donné que les femmes sont systématiquement désavantagées dans le deuxième pilier. Qu’on leur demande maintenant à nouveau de payer unilatéralement avec AVS 21 est une injustice manifeste.

Une réduction de rente de 26 000 francs pour chaque femme et le chômage au lieu d’une retraite bien méritée : voilà ce que signifie concrètement la réforme AVS 21.

 

De quoi allons-nous vivre ?

Voici quelques chiffres que l’on ne peut s’empêcher de répéter encore et encore, tant ils mettent en évidence l’absurdité du démantèlement des rentes sur le dos des femmes :

■ Aujourd’hui encore, près d’un tiers des femmes ne perçoivent aucune rente du 2e pilier.
■ Pour autant qu’elles aient une caisse de pension, leur rente ne représente environ que la moitié de celle des hommes.
■ Dans les branches typiquement féminines, les rentes des caisses de pension se situent généralement entre 500 et 800 francs par mois.

 

26 000 francs de rente en moins

AVS 21 a un prix élevé pour les femmes : par rapport au revenu médian, AVS 21 représente une perte de revenu d’environ 26 000 francs (cotiser une année de plus, recevoir une année de rente en moins). Les couples mariés recevraient également moins de rente avec AVS 21, car la réduction des rentes des femmes se répercuterait aussi sur les rentes des couples, quand bien même ces rentes sont déjà plafonnées aujourd’hui.

 

AVS 21 rime avec pénibilité

Pour de nombreuses femmes, travailler dans les soins, la restauration, aux caisses des magasins et dans les centres logistiques représente un effort physique incroyable. Quand on a tous les jours mal au dos, aux bras et aux pieds, une année est un temps très long. C’est souvent dans ces métiers physiquement éprouvants, où beaucoup de femmes travaillent, que presque personne ne peut tenir jusqu’à la retraite. Lors d’une enquête menée par Unia auprès des soignant-e-s en 2019, plus de 70% ont déclaré souffrir de douleurs physiques à cause de leur travail, et près de la moitié ne s’imaginaient pas travailler dans cette profession jusqu’à la retraite. Et c’était encore avant la pandémie ! Un rapport du SECO de fin 2021 sur la situation des travailleuses et travailleurs âgé-e-s présente une image similaire. Le nombre de salarié-e-s entre 55 et 64 ans qui quittent complètement la vie active pour cause d’invalidité, de maladie ou d’absence de perspectives sur le marché du travail a globalement augmenté entre 2010 et 2020, pour les femmes de 10 000 personnes.

 

Poussées vers le chômage

Tout cela soulève un problème supplémentaire de la réforme AVS 21 : les femmes âgées seront poussées vers le chômage. Au lieu de pouvoir prendre une retraite bien méritée à 64 ans, elles devront continuer à travailler, dans un marché du travail qui est très dur pour les salarié-e-s âgés. Aucun groupe d’âge ne compte autant de chômeuses et de chômeurs que celui des 60-64 ans. Même dans les secteurs où les employeurs se plaignent de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, le nombre de femmes âgées au chômage a fortement augmenté. Connaissez-vous un employeur qui embauche une femme de 64 ans pour qu’elle travaille encore un an dans son entreprise à plein temps, et pas seulement à 20% ou 30% ou en tant qu’intérimaire ? Dans la réalité, ces femmes se retrouveront au chômage, peut-être même à l’aide sociale. C’est un manque de respect et un non-sens économique !

 

Nous l’avons souvent dit : les gens en Suisse ont besoin de rentes plus élevées, pas d’un âge de la retraite plus élevé.
Voilà pourquoi nous nous battons contre cette réforme dévastatrice et irrespectueuse.

Pour en savoir plus sur les réponses des syndicats sur les enjeux qui attendent nos retraites, je vous invite à visiter notre page consacrée à la prévoyance vieillesse.

 

Vania Alleva

Vania Alleva est présidente d’Unia, le plus grand syndicat du secteur privé en Suisse qui représente les intérêts de quelque 190 000 membres. Elle est aussi vice-présidente de l’Union syndicale suisse. Auparavant elle a travaillé comme journaliste, enseignante et experte en migration.

2 réponses à “26 000 francs de rente en moins ? Non à la réforme AVS 21 !

  1. Chère Vania, comme tu le dis si bien, non c’est pas aux femmes de payé cette réforme si injuste pour toutes et tous, de l’argent il y n’a l’AVS se porte bien, c’est quoi la solution Chers-e-s dirigeants avoir plus de personnes à L’AI, chômage ou augmenter les rentes, salaires et que les gens puissent travailler dans un bon climat de travail et soient motivés.
    Bonne réflexion.
    65 ans c’est toujours NON sans aucune hésitation 2👊👊👊

  2. Un chiffre de plus. L’espérance de vie d’une femme est de 4 ans plus élevée que les hommes. Si on ajoute 1 année pour le départ à la retraite, on voit que la femme perçoit 5 année de plus de prestations, soit environ 25%.

    Il n’y a pas des femmes victimes et les hommes gagnants: Que pense le maçon de voir une femme médecin partir à la retraite avant lui, ayant lui-même une espérance de vie inférieure ?

    Il ne vous reste que la victimisation comme arguments, c’est peu. Ça ne tiendra pas.

    La pénibilité est le seul argument valable pour une retraite différencié. L’argument du genre joue contre la femme dû à son espérance de vie. Je rappelle qu’il y’a plus de femmes médecins que d’hommes, beaucoup de femmes ingénieurs, etc…

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