Attirer et promouvoir l’innovation: l’exemple du District de Seaport à Boston

The Hub. De l’autre côté de l’Atlantique, seule une poignée d’initiés connaît ce surnom de Boston. Pourtant, la ville a fait sien cet état d’esprit qui vise à créer un centre où «cela se passe».

Qu’est-ce que cela signifie? A l’instar des idées qui ne se commandent pas mais se provoquent, les collaborations sont le fruit de rencontres dans des lieux où bouillonne un certain esprit de l’innovation. Les cadors de cette dernière ont bien cerné leur nécessité et ont favorisé l’émergence et la consolidation de communautés qui partagent un but commun: avancer, innover et trouver l’inspiration dans les projets ayant vu le jour à proximité. Il faut d’abord commencer local pour cultiver le côté humain.

A Boston, le District de l’Innovation de Seaport est l’exemple flamboyant d’un succès made in USA. Cette ancienne zone portuaire a transformé son épicentre: la Ville a converti un ancien bâtiment des docks voisins, une impressionnante bâtisse de plusieurs centaines de mètres de long, en un centre qui vibre au rythme d’une ruche humaine. Des poids lourds passent toujours sur la route, mais pour combien de temps encore? Un terrain vague adjacent est déjà entouré de barrières annonçant la construction imminente de laboratoires de recherche et de parcelles dédiées aux entreprises. La mue est en cours, et au pas de course!

A l’occasion d’un récent sommet à propos des défis posés par la transformation numérique, John Barros, qui supervise le développement économique de la ville de Boston, énumère certaines priorités afin de construire de telles plaques tournantes:

  1. Trouver de la place – comprendre: repenser la ville afin d’assigner des lieux spécifiques à un but précis.
  2. Investir dans les infrastructures, par exemple en connectant certains quartiers avec l’aéroport, les gares, downtown, les principales voies de transport, etc. Ce master planning de la ville est capital.
  3. Assurer une visibilité et une prédictibilité pour les investisseurs qui demandent une vision à long terme afin de garantir leurs placements et minimiser leur prise de risques.

Une des entreprises sises dans le quartier, Autodesk, société d’édition de logiciels de création et de contenu numérique, participe activement au renforcement des activités de la communauté. Une de ses responsables, Sarah Hodges, souligne plusieurs points, dont la nécessité d’être proche des designers, des programmeurs et des pôles de formation. «More than ever, we have to “go local”» affirme-t-elle. «Nous devons cultiver le plus de relations possibles, nous connecter à l’écosystème environnant afin de participer activement à l’essor de la communauté.» Entretenir une certaine diversité est un élément clé afin de favoriser des partenariats à valeur ajoutée. Le but à court terme est simple: apprendre, observer, écouter pour mieux comprendre. A plus long terme, l’objectif est d’entretenir les relations et de mieux identifier quelles sont les pistes à privilégier pour le développement des produits et services. Des symbioses qui ont également poussé le fameux accélérateur MassChallenge à y installer ses locaux, tout comme General Electrics qui y a déplacé ses quartiers généraux.

En plus des initiatives mentionnées plus haut, la Ville a également participé au lancement d’un startup escalator en robotique, MassRobotics. Conscient des lourds besoins financiers de startups dans le domaine, un outillage et des équipements importants étant nécessaires pour créer un produit fini (à l’inverse des logiciels, qui peuvent constamment être modifiés et mis à jour), ce centre a bénéficié d’un arrangement attractif en termes d’espaces locatifs: la Ville leur a alloué d’importantes surfaces industrielles pour grandir et se développer à des conditions adaptées au niveau des loyers et de l’accessibilité des lieux. La mise en commun du matériel et la mutualisation des ressources réduisent les coûts. Cela contribue à attirer encore plus d’acteurs et permet la naissance d’un pôle de compétitivité.

Cette intense activité démontre une fois encore l’engagement des autorités et renforce son positionnement en tant que cité tournée vers l’avenir. La Ville permet à l’innovation d’avoir lieu : elle la supervise sans pour autant la contrôler au point de l’étouffer. Pour faire simple, elle lui fait confiance et garde les canaux ouverts afin que l’information circule. Toutefois, et cela est compréhensible, le bureau du maire exige un certain niveau de responsabilité et de transparence: utilisation efficace de l’énergie, incitation des acteurs à être pro-actif au sein de la communauté, à participer, à contribuer à son essor, etc. Citons aussi la mise à niveau assez spectaculaire des politiques, qui ont légiféré sur les tests de voitures autonomes dans le quartier, une quasi exception au niveau national. La municipalité saisit aussi l’opportunité d’intégrer les innovations dans ses propres projets, comme dans les écoles par exemple, avec 2 milliards de dollars qui serviront à leur rénovation avec des technologies dernier cri. Enfin, Boston met en place des conditions cadre favorables à la transition lab-to-market des brevets générés dans les institutions académiques.

Plus que jamais, l’émergence de «hot spots» de l’innovation est un merveilleux exemple de mise en commun des forces politiques et entrepreneuriales. Créatrices d’emplois et génératrices de deniers publics, ces villes américaines ne s’y trompent pas. Pour répondre à Tom Ryden de MassRobotics, qui soutient que «l’innovation ne commence pas à la frontière, [et qu’] il est ardu de la contenir», ces districts de l’innovation sont un fabuleux noyau ardent de création de valeur au sens large.

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