Loi sur le CO2 : une coquille vide pour le climat ?

Entre épisodes caniculaires répétés, précipitations extrêmes et risques accrus de propagation de maladies, la liste des répercussions négatives du dérèglement climatique ne fait que s’allonger. L’augmentation des températures moyennes et la multiplication des épisodes météorologiques extrêmes menacent dangereusement notre environnement et la population à l’échelle de la planète. Malgré ces observations alarmantes et surtout une prise de conscience affirmée de la population, la déception ne peut qu’être de la partie à la lecture du projet de loi sur le COdiscuté ces jours aux Chambres fédérales.

 

Après la publication du dernier rapport du GIEC, la population attend ce débat de pied ferme, les évènements climatiques faisant craindre le pire pour notre planète et notre pays. En effet, faire face au réchauffement climatique, ce serait proposer de réelles mesures et non des mesurettes. Déception ! Le projet initial du Conseil fédéral n’a rien d’innovant. Aucune mesure proposée n’excite un peu l’imagination. Le gouvernement se terre bien au chaud et ne pond qu’un projet « majorité compatible », alors même que le projet précédent n’a pas atteint les objectifs souhaités durant sa période d’application.

 

Est-ce ainsi que les enjeux sur le climat deviendront un véritable projet politique ? Que cela soit dans le domaine des transports, alors que les émissions dues au trafic aérien explosent les statistiques ou en encore dans le secteur financier, il n’est prévu aucune réelle mesure pour réduire notre impact écologique. Ceci alors que ce secteur, par le biais des caisses de prévoyances notamment, est alimenté en grande partie par l’argent des travailleuses et des travailleurs suisses. Encore mieux ? Si la majorité de droite est d’accord de fixer un objectif de limitation du réchauffement climatique de 1,5°C dans la loi, elle n’est pas encline à en fixer les objectifs de réduction d’émissions pour y parvenir en Suisse.

 

Et quand la majorité bourgeoise du parlement se sent investie dans ce dossier, ce n’est guère que pour s’inquiéter de l’impact de la politique climatique sur l’économie et les entreprises. Quand il s’agit de faciliter les exonérations de la taxe sur le CO2 pour les entreprises émettant une grande quantité de gaz à effet de serre, la droite déborde d’énergie. Ce mécanisme alors que l’OCDE a demandé à la Suisse de supprimer les exceptions existantes dans la loi actuelle.

 

Les discussions sur le réchauffement climatique devraient être l’occasion d’un réel débat de société, posant des questions essentielles sur notre façon de vivre, de travailler, de nous déplacer et de consommer. Questions que la majorité du parlement balaie du revers de la main leur opposant la sacro-sainte liberté économique. Une fois de plus, les intérêts privés priment sur l’intérêt général. C’est pourquoi je reste convaincue que pour faire face à de tels enjeux, l’État doit s’engager de manière forte. Parce que les moyens doivent être à la hauteur des enjeux, sous peine de voir les effets du climat se répercuter non seulement sur nos vies, mais aussi… sur notre économie !

Martine Docourt

Députée au Grand Conseil neuchâtelois depuis 2009, Martine Docourt a présidé le groupe socialiste de 2013 à 2017. Depuis 2017, elle copréside les Femmes socialistes suisses. En tant que géologue de l’environnement, elle a eu plusieurs expériences dans l’administration publique cantonale et fédérale. Depuis 2020, elle est responsable nationale du Département politique du syndicat Unia. Elle vit à Neuchâtel avec ses deux jeunes enfants et son mari.

4 réponses à “Loi sur le CO2 : une coquille vide pour le climat ?

  1. Merci pour votre article éclairant. J’ai 19 ans et je suis de très près les débats sur la loi CO2 car mon avenir en dépend. Ça m’a fait chaud au coeur de lire un article engagé venant d’une politicienne, preuve que certain.e.s se battent réellement pour nous dans le club des décideur‧euse‧s. J’ai aussi particulièrement apprécié les détails concernant l’état actuel des débats, car je trouve que ce sujet n’est pas assez bien couvert dans les médias mainstreams et j’ai habituellement de la peine à rester informé. Un grand merci et bon courage pour la suite ! Ensemble on y arrivera ??

  2. Tant qu’on en reste aux généralités, une majorité s’accorde à dire qu’il faut agir.
    Dès qu’on en vient à des mesures concrètes, il n’y a pas que “l’économie” qui serre les freins: les simples citoyens ne sont pas prêts à réduire leur déplacement en voiture et en avion. Il est frappant de constater qu’une majorité est opposée au nucléaire: la raison de cette opposition ne serait-elle pas due au fait qu’elle n’a aucune conséquence directe sur la vie des citoyens ? Il y a toujours du jus à la prise, tandis que se passer de sa bagnole…

  3. Effectivement, je vote généralement à droite mais il est navrant de voir que ces partis ne se préoccupent que d’argent et de court terme. Ils se contentent de bonnes paroles qui n’engagent à rien.
    Les verts libéraux font un effort. Mais il faut plus généralement revoir nos modèles économiques et considérer une décroissance possible. Seule solution je pense pour pouvoir arriver à échapper au réchauffement climatique.

  4. savez-vous que les scientifiques promoteurs de la fusée filant mesurer la température de sa couronne n’osent pas dire ouvertement qu’à leur sens l’humanité n’est responsable qu’à 10% du réchauffement, ce qui est beaucoup mais pas suffisant pour vous empêcher de dormir. Sinon jamais la fusée n’aurait été financée.

Les commentaires sont clos.