Au coeur de l'Amerique

Joe Biden : le retour d’une Amérique unie ?

Plus de Donald Trump, plus de divisions, plus d’incitation au soulèvement. Dans son premier discours, Joe Biden a semblé réussir à rassembler l’Amérique. Mais pour combien de temps ?

On s’était quitté sur le terrible spectacle du Capitole avec un Donald Trump incapable d’assumer et rassembler les Américains les uns aux autres. On se retrouve avec un Joe Biden qui a promis de gouverner uni pour tout un pays, pour tous les Américains. Le président est parti, vive le nouveau président. Alors, est-ce vraiment si simple ? On aimerait y croire, tant ce pays a besoin de retrouver son unité maintes fois fracturée ces dernières années. Et en cas d’échec, les prochains heurts et soulèvements le guettent déjà.

Pas de ratés
En apparences, tout le monde s’accordera pour dire que le mandat de Biden a plutôt très bien commencé. N’en déplaise à ses détracteurs, « Sleepy Joe » n’a pas gaffé. Pas de raté, pas de signe de fatigue ou de faiblesse, et un homme en pleine course sur l’allée menant à la maison Blanche. Union également lors de la prestation de serment et pour les invités à l’investiture. Il n’a pas oublié ses partisans, mais il a également eu un mot et un geste pour ses anciens rivaux ou personnalités de l’autre bord politique.

Du show et de l’émotion
Ah que c’était beau de voir cette élite réunie autour des anciens présidents Barack Obama et George W. Bush. Le tout, sous le regard presque approbateur de Mike Pence. Un poème lu par une jeune étudiante, des chansons et prières par un compositeur proche du parti républicain. Les stars Lady Gaga et Jennifer Lopez (Jlo pour les intimes) qui font le show à l’Américaine. Ou encore, Kamala Harris accompagnée du premier « Second Gentleman » d’origine juive. Et cette première vice-présidente n’est pas n’importe qui. D’un père jamaïcain et d’une mère immigrée indienne, elle fut la première procureur de couleur de Californie. Vous m’avez compris, le symbole fut total. Et on pourrait encore parler des heures de Jill Biden au cœur de la famille présidentielle recomposée ou du soudain « sympathique » Bernie Sanders qui n’est plus “si communiste” avec sa chaise et ses moufles sur les réseaux sociaux.

L’ombre de Donald Trump et des progressistes
Mais attention, cette embellie et « union sacrée » de début de mandat pourrait ne pas durer longtemps. En effet, le crédit dont bénéfice normalement le nouveau locataire de la maison blanche pourrait vite s’effriter. Le premier danger se nomme Donald Trump. Toujours là et encore bien soutenu par les républicains, son procès « d’impeachment » au Sénat ne sera pas une partie de plaisir pour les démocrates. Ni pour Joe Biden et les Américains. C’est presque à se demander si le nouveau commandant en chef ne souhaiterait pas voir le procès liquidé au plus vite, tant chaque débat offre une tribune au magnat de l’immobilier et une chance de division chez les républicains et par enchaînement chez les Américains.

En effet, le danger n’est jamais très loin y compris dans le propre camp de Biden. Face à lui, les progressistes et l’aile gauche du parti démocrate seront une composant très fragile tout au long de son mandat. Tiendra-t-il ses promesses ? Sera-t-il à leur écoute ? Emmenés par Bernie Sanders et l’étoile montante Alexandria Ocasio-Cortez, ils pèseront de tout leur poids mais feraient bien de comprendre une chose pour le bien du pays : Joe Biden n’est pas Barack Obama. Bien que très proche de son ancien président, le nouvel homme fort aura sa propre marque de fabrique.

America First

Et en parlant de fabriques et de présidents, vous rappelez-vous du « America First » de Donald Trump ? Il y à fort à parier que ce courant ne soit pas si mort. Après tout, quel meilleur slogan que celui-ci pour unifier tout un pays ? Et Biden aurait tort de s’en priver. Alors, oui il va sans conditions s’engager pour le climat. Oui, il va rouvrir les relations diplomatiques et redonner une politique plus ouverte à l’immigration. Mais non, le 46ème président des Etats-Unis ne prendra pas de risques sur les relations économiques, taxes en places ou protectionnisme industriel, héritage du Trumpisme avec lequel il faudra composer. Et il ne le pourrait de toute manière que partiellement, preuve en est une de ses mesures retoquées par la Cour Suprême conservatrice.

Joe Biden, dans son mandat digne du jeu de l’équilibre mettra toutes ses forces pour le bien être, la santé et la sécurité des habitants de l’Amérique. Un échec serait fatal, l’épisode du Capitole l’ayant démontré. Mais pourquoi ne réussirait-il pas, lui l’ancien qui revient de si loin ? Alors, bonne chance au nouveau président de la bannière étoilée.

 

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