Osez déguster les rosés | Partie 2

Nous allons ensuite nous diriger dans deux régions bien plus fraîches : la Bourgogne et la Loire. Toutes deux ont une appellation réputée pour y faire des rosés de qualité issu du Pinot Noir. Ce sont Sancerre et Marsannay.

Sancerre

Le Sancerre Rosé est élaboré à base de Pinot Noir. Il a des arômes de fruits rouges comme les groseilles, framboises et fraises, une texture soyeuse et une acidité élevée et ciselée. Il est généralement assez pâle à l’image des rosés de Provence mais il a plus d’acidité et beaucoup de finesse.

Quelques cuvées agréables : Vincent Pinard, François Crochet, Domaine Vacheron.

Marsannay

C’est le village le plus important pour la production de rosé en Bourgogne et les vins sont donc naturellement issus de Pinot Noir. Ils sont similaires à ceux de Sancerre mais avec encore plus de finesse, délicatesse. C’est comme s’ils avaient plus de « détails ». Ils sont également plus charpentés et plus volumineux. C’est un Bourgogne plus léger mais qui a tout de même une touche de sous-bois.

 

La Loire a bien d’autres secrets, elle produit d’autres types de rosé que le Sancerre Rosé. La particularité des deux appellations que nous allons explorer maintenant, c’est de faire des rosés avec du sucre résiduel. Ce sont des vins prêts à boire dès qu’ils sont sur le marché et cela ne vaut pas la peine de les conserver.

 

Cabernet d’Anjou

Le Cabernet d’Anjou doit avoir minimum 10g/l de sucre résiduel et être constitué de Cabernet Franc et de Cabernet Sauvignon. Cela lui apporte des belles notes végétales et d’herbes coupées en plus des arômes de baies rouges.

 

Rosé d’Anjou

Le Rosé d’Anjou est souvent un assemblage de cépage rouge. On y retrouve principalement du Grolleau qui est associé à du Cabernet Franc, du Cabernet Sauvignon, du Pineau d’Aunis (fantastique cépage très poivré), du Gamay et du Cot (= Malbec). Ce rosé doit avoir au minimum 7g/l de sucre résiduel. En général, on perçoit moins ces notes végétales du Cabernet d’Anjou et le vin a globalement un profil très axé sur les fruits rouges.

Pour terminer avec la Loire, le Rosé de Loire peut venir de la zone Anjou-Saumur ou Touraine. C’est un assemblage des cépages : Cabernet Franc, Cabernet Sauvignon, Grolleau (noir ou gris), Pineau d’Aunis, Gamay, Pinot Noir et il est vinifié en sec.

Ces trois styles sont généralement obtenus par pressurage direct ou eventuellement par une macération de quelques heures pour les colorer davantage.

 

Bugey

Toujours dans la collection des rosés avec du sucre résiduel, l’appellation Bugey, en Haute-Savoie propose des effervescents rosé avec de belles sucrosités, l’idéal à boire frais pour accompagner des desserts aux fruits rouges un bel après-midi d’été. Gaec Balivet fait des jolies cuvées sans sulfites ajoutés, certifiées bio à base de Gamay et de Poulsard. Le petit bonus, c’est des vins qui ont toujours un prix relativement raisonnable, donc aucune raison de s’en priver.

 

Espagne

L’Espagne produit également beaucoup de vins « rosado ».

Ils sont généralement assez foncés, c’est-à-dire avec une robe saumon moyenne à intense, ce qui indique qu’il y a quelques heures de macération. Ils ont souvent des alcools autour des 13.5% et sont vinifiés en sec, donc sans sucre résiduel.

On y retrouve les cépages phares rouges donc le Tempranillo, surtout pour la région de Rioja DOCa et la Garnacha pour la région de Navarra.

Qu’est-ce qui les distingue ? Rioja a tendance à utiliser des barriques (notamment en chêne américain) pour l’élevage de ses rosés, cela leur confère des notes de noix de coco et de vanille que les vins de la Navarra, vinifiés uniquement en inox et mis en bouteille rapidement après la fermentation, n’ont pas.

Quelques cuvées à explorer : le rare rosé de Tondonia qui bénéficie d’un long élevage et vous changera toute la vision que vous pourriez avoir sur le rosé. Un très grand vin de garde et de gastronomie.

Muga, Cune font des cuvées plus simples et très plaisantes.

 

Italie

L’Italie produit des vins « rosato » un peu partout dans le pays. Leurs caractéristiques globales : l’acidité élevée, les arômes de cerises rouges et l’amertume en fin de bouche qui apporte de la structure. On en trouve pour tous les styles, tous les goûts et toutes les bourses. Il y a ceux faits à la Provençale comme le SOF de la Tenuta di Biserno de la famille Antinori. Certains sont fait à base de macération pelliculaire comme le « Ai confini del Bosco » de Mulini di Segalari. J’ai récemment goûté le rosé de la Tenuta delle Terre Nere, un Nerello Mascalese rosé avec une splendide acidité très ciselée et de délicates notes fumées qui venaient se joindre aux arômes de cerise rouge. Délicieux !

 

Brachetto d’Acqui

Le Brachetto d’Acqui DOCG est un style de vin rosé pétillant avec du sucre résiduel. La bulle est légère, moussante et équilibre bien le sucre résiduel. C’est le vin parfait à déguster au bord de la mer, bien frappé, en vacances en Italie. Il accompagne parfaitement une tarte aux fruits rouges ou il peut même faire office de dessert.

 

Portugal

Mateus

Le Mateus portugais est probablement un des rosés les plus connus, notamment grâce à la forme de sa bouteille. Il y a toujours une pointe de gaz carbonique. Il se décline en deux versions : l’original qui contient 15g/l de sucre résiduel et sa version « medium sweet rosé » qui a 30g/l de sucre résiduel et qui se profile comme un concurrent direct au White Zinfandel américain.

Ces vins ont peu d’alcool (11% pour l’original et un peu moins pour le medium sweet) ce qui plaît également à de nombreuses personnes souhaitant boire des vins peu alcoolisés ou surveiller leur consommation d’alcool. Ces vins sont toujours très bien faits. Ils sont plaisants et rafraîchissants, parfait pour avoir un rosé simple et fruité pour l’été.

Ce sont des rosés issus d’assemblages de cépages indigènes portugais comme le Baga, Rufete, Tinta Barroca, Touriga Franca

 

Nouveau monde

Il y a des rosés un peu partout dans le Nouveau Monde et chacun s’exprime comme il le souhaite dans ces cuvées.

Quatre styles sont extrêmement populaires. Le White Zinfandel, le Blush Rosé, le Pink Moscato et le Pink Pinot Grigio.

Tous ont une odeur de bonbons à la fraise. Ils ont vraiment ces notes de bonbons gélifiés aux fruits rouges. Ils ont des taux d’alcool généralement assez bas oscillant entre 8 et 12% et tous ont du sucre résiduel.

Le Pink Moscato est fait à base de Muscat et du Grenache Blanc peut être ajouté pour équilibrer l’aromatique exubérante du Muscat avec ses notes de raisins et de pétales de rose. Celui de la grande famille Gallo a 62g/l de sucre et 9% d’alcool. Toujours chez les Gallo, le White Zin’ est fait à base de Zinfandel à 100% ce qui lui confère des notes de confiture de fraises. Il a 39g/l de sucre et 8.5% d’alcool. Il y a aussi la version Blush qui est un rosé de chez Gallo à base de Grenache qui contient plus que 31g/l de sucre résiduel et 9.5% d’alcool. Le Pink Pinot Grigio de Barefoot est le moins doux des quatre.

 

 

 

Rosés suisses

De la Dôle Blanche à l’œil de perdrix, en Suisse, on n’a aussi vraiment le choix.

Explorons quelques rosés très différents et tous intéressants :

Mon coup de cœur, c’est les rosés des Frères Dutruy à Founex. Ils se déclinent soit avec du Pinot Noir et également avec du Gamay pour une version encore plus gouleyante et fruitée. Ces cuvées sont faites par un assemblage de rosé issu de pressurage direct et de saignée.

Le Rosé de Gamay de Mathilde Roux à la Cave de l’Orlaya est puissant, concentré et présente de très belles notes de fruits rouges bien mûrs.

La cuvée « Rose des vents » de Jean-René Germanier est toujours plaisante, délicate, rafraîchissante et légère.

La gamme « Henri » de la maison Henri Badoux à Aigle appartenant au groupe Schenk, ne cesse d’innover avec ses cuvées. La «1908 » a un peu de sucre résiduel. Il y a également le Ramarro Rosato et le Henri Blancs de Noirs. Trois cuvées très différentes mais toutes sont faciles à boire, gourmandes, fruitées et parfaites pour vos apéros d’été. Le design sobre et épuré de cette marque rappelle un côté lifestyle urbain ou les beach-clubs trendy. Une bonne alternative suisse au White Zinfandel ou au Mateus.

Chez Obrist, il y a également quelques rosés plus minéraux et crayeux comme le Pré-Roc et la Petite Cure.

 

 

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Sources:

Loire : https://www.vinsvaldeloire.fr/fr/vin-appellation/rose-danjou

 

Nouveau monde : https://www.saq.com/fr/13567241

https://www.saq.com/fr/285767

 

Livre : Beyond Flavour, Nick Jackson MW.

Johanna Dayer

Johanna Dayer est une des quatre associés du Clos de Tsampéhro, domaine viticole valaisan en culture biologique. En parallèle, elle enseigne les fameuses formations du WSET et d'autres cours dans différents cursus, principalement aux élèves de Master. Cette hédoniste, passionnée de vin essaie de terminer "Master of Wine", le titre plus difficile et reconnu dans le monde du vin obtenu par seulement 419 personnes dans le monde.

5 réponses à “Osez déguster les rosés | Partie 2

  1. Moi j’aurais bien envie d’aller faire une petite tournée des producteurs de rosé en compagnie de la jolie Johanna.

  2. Merci pour cet article intéressant.
    J’inscris déjà Founex et Fully dans le livre de route de mes vacances en Suisse l’an prochain.
    J’en profite pour vous demander si vous connaissez un vin blanc à base de Gamay.

  3. Chère Jo,

    J’ai pris pas mal de temps pour commenter votre article, car je voulais avoir des arguments pour vous répondre : alors oui, je fais véritablement partie des personnes n’aimant pas le rosé ! Et pourtant votre article, chère Jo, m’a vraiment donné l’envie de découvrir un monde que je snobais un peu, voir que j’évitais de côtoyer du haut de mes aprioris. Malheureusement, je dois me rendre à l’évidence, je n’aime pas le rosé. Pour affirmer cela, j’ai pris la peine de déguster un certain nombre de cuvées cet été. Dans le désordre : la Dôle blanche de D. Mercier, le Rosé de M. Roux, le Rosé de Pinot Noir des frères Dutruy, Live Love Laugh des Kellenberger, l’Oeil de Perdrix de la Maison Carrée, le Rosé de Pinot Noir de F. Simonet, le Bandol Rosé de Ch. Pibarnon et pour finir le Ch. Simone rosé, Palette.

    J’en conviens volontiers, ma liste n’est de loin pas exhaustive et je dois dire que le seul qui m’a un peu questionné, voir intrigué, c’est le Rosé des Kellenberger. Mais sinon… Je ne dis pas que ce sont de mauvais vins, bien au contraire, mais ils ne m’apportent que très peu d’émotions, ne me poussent pas à la réflexion et, in fine, ne me procurent pas vraiment de plaisir.

    J’ai toujours considéré, probablement à tort, que le rosé était une sorte d’entre-deux : sans le caractère et la minéralisé d’un vin blanc, et sans la finesse et la noblesse d’un vin rouge. Et malgré votre enthousiasme et mes dégustations, je me dois d’avouer que je reste sur ma position.

    Au grand plaisir de vous revoir en décembre !

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