Les engrais verts avec Raphaël Maye, du Domaine Simon Maye et Fils.

Série avec mini-vidéo > Viticulture biologique, quels outils pour nos vignerons ?

Episode 1 > Les engrais verts avec Raphaël Maye, du Domaine Simon Maye et Fils.

 

Bienvenue dans cette nouvelle mini-série où vous retrouverez en vidéo 7 vignerons valaisans qui nous parlerons de leurs techniques pour gérer leurs vignes en culture biologique.

 

Ces épisodes sont issus d’une démarche de promotion de la culture biologique du comité de Bio Valais, organisation de membres de Bio Bourgeon Suisse.

Pour ce premier épisode, partons avec Raphaël Maye, jeune vigneron qui a repris les rennes du Domaine Simon Maye et fils à Chamoson/St-Pierre-de-Clages (Valais). Sa réputation n’est plus à faire. Sa Syrah Vieilles Vignes s’arrache et peut avec aise concurrencer les plus grands vins de ce noble cépage. N’ayez pas peur de le confronter à une belle Syrah des Côtes-du-Rhône Nord, région de France où la Syrah s’exprime à merveille solo (ou avec un micro-touche de Viognier) sur des appellations réputées telles que Cornas, St-Joseph, Côte-Rôtie, Hermitage ou Crozes-Hermitage.

À la vigne, Raphaël s’est amusé à planter des engrais verts. Il vous en parle dans cette mini-vidéo.

Qu’est-ce que c’est ? Et à quoi ça sert ?

 

Prenons quelques notions de base. Votre vigne requiert peut-être des nutriments pour s’épanouir pleinement. Elle a besoin de macronutriments et micronutriments. Vous pouvez donc ajouter des engrais de synthèse qui vont contenir tout ce dont vous avez besoin. Vous pouvez les appliquer sur votre vigne ou sur le sol selon le type d’engrais. Vous pouvez également apporter du fumier en automne et légèrement l’enfouir, ajouter du compost, du marc de raisin (qui est acide et donc adapté aux sols calcaires) ou mettre de la paille qui va également permettre de préserver l’humidité en été. En bref, il n’y a pas une solution, cela dépend dans un premier temps de vos besoins.

Les engrais verts, c’est un engrais apporté grâce à la nature. C’est-à-dire en plantant des graines de plantes bénéfiques à la vigne entre les rangs de cette dernière. Cela contribue à l’entretien du sol. Selon la région où vous vous trouvez, votre microclimat sera particulier. Par exemple, vous pourriez avoir trop d’eau et souhaitez avoir une plante qui va absorber cet excédent d’eau. Dans le cas du Valais, il fait souvent très chaud et sec en été (sauf l’été 2021). L’eau est donc plutôt une rareté et il faut la préserver. La vigne en a besoin. Donc afin d’éviter de lui faire une concurrence, nous allons faire un entretien des sols en enlevant l’herbe entre les rangs de vigne pour qu’elle ne prenne pas l’eau nécessaire à la croissance de notre vigne.

Il y a plusieurs façons de le faire : désherbage avec de l’herbicide, le fameux Round Up ou glyphosate. C’est la pire solution puisqu’il tue l’herbe mais aussi toute la vie des sols. Je comprends que dans certaines parcelles en coteaux c’est très compliqué de faire autrement ou que pour certaines adventices cela semble toujours la meilleure option.

Evidemment, d’autres techniques existent mais elles prennent plus de temps et sont donc également bien plus coûteuses. Analysons-les.

Le désherbage mécanique en est une. Il consiste à retourner les premières couches du sol. Selon la saison, différents outils sont à disposition du vigneron. Néanmoins, cela reste une technique coûteuse en temps et requiert un certain nombre d’investissement initiaux. Il est possible de faire du désherbage thermique à l’aide d’une flamme directe qui va brûler et donc détruire la partie aérienne de l’adventice. Il faut faire attention et bien utiliser ces techniques sur les jeunes plantes avant qu’elles ne deviennent trop robustes. Une autre technique consiste à utiliser de l’eau sous haute-pression. Cela consiste à faire une propulsion verticale de jets d’eau à température ambiante avec une pression de 1’100 bars. Il faut passer 3 à 4 fois par an. Cela détruit la partie aérienne des adventices et également la partie supérieure de leurs racines. Les résultats sont immédiatement visibles mais les coûts restent élevés. (Source : Agridea, fiches techniques viticulture pour les apprentis CFC).

Il est donc possible d’empêcher des mauvaises herbes de pousser en prenant l’espace disponible avec les engrais verts. Cela consiste à semer des plantes qui vont apporter des nutriments pour la vigne et qui, idéalement, vont pousser à des périodes différentes de l’année et donc, ne pas faire concurrence à la vigne. Cela contribue également à éviter l’érosion et maintenir des sols vivants.

Dans cette vidéo, Raphaël parle de trèfle. Cette plante apporte de l’azote qui est clé pour le développement végétatif de la vigne et sa vigueur. Il faut d’ailleurs éviter qu’il y en ai trop car sinon, il y aura trop de feuilles et cela augmentera potentiellement la pression des maladies.

Cela l’aide également à la cave puisque cela fournit de l’azote assimilable (YAN) directement utilisable pour les levures. Cela évite qu’elles « stressent » et créent des arômes issus de la réduction, comme les choux et œufs pourris par exemple.

On peut semer toute une série de plantes en fonction de ses besoins en micro-nutriments. On trouve souvent en Valais un mélange avec du seigle, de la luzerne, fétuque, orge des rats, brome des toits, trèfle, etc.

À Napa et en Toscane, j’ai souvent vu des mélanges riches en graminées avec notamment des haricots. La moutarde a aussi beaucoup de succès dans ces régions. Cela fait des magnifiques champs jaunes en février-mars.

En bref, il n’y a pas une solution pour pallier à la gestion de l’herbe dans les vignobles mais une multitude de solutions. Chaque vigneron aura des problématiques différentes en fonction de ses parcelles, leur orientation, le type de sol, l’ensoleillement, la capacité à stocker de l’eau, la saison viticole en question, etc. Il n’y a malheureusement pas de « one size fits all » mais c’est un domaine absolument passionnant à explorer. J’aime beaucoup cette notion d’engrais verts où finalement la nature s’aide grâce à la nature et qu’on vient seulement filer un coup de pouce à cette belle terre très intelligente.

On voit apparaître les premiers robots tondeurs mais ils sont onéreux et sont surtout adaptés à des sols plats. Pour l’instant, il va falloir continuer à gérer ça nous-même !

Découvertes hédonistes du mois: Gilles Varone & Fabio Negri

C’est toujours avec une immense joie et curiosité que j’adore découvrir les vignerons et restaurateurs de notre pays, canton et d’Europe.

Ce mois-ci, j’ai été agréablement surprise par deux jeunes talents.

Le premier, Gilles Varone. C’est un jeune chef qui a fait ses armes dans plusieurs grandes tables en Angleterre. Il vient d’ouvrir son restaurant à Savièse (Valais). Je vous recommande vivement d’aller déguster ses créations. C’est quelqu’un de minutieux, délicat, travailleur et cela se retrouve dans ses plats.

Je suis certaine qu’il n’a pas fini de faire parler de lui tellement sa cuisine peut vous créer des émotions à chaque bouchée. C’est sacrément courageux de se lancer et réaliser son rêve par les temps qui courent mais le pari est réussi, le restaurant ne désemplit pas.

Le menu change au fil des saisons et valorise le circuit le plus court possible. La carte des vins est elle aussi locale, composée avec soin et passion par la jeune et dynamique Valentine Luyet. Elle n’affiche que des crus suisses mais présente de manière studieuse les pépites de nos différents cantons. Une belle façon de célébrer la diversité des vins suisses.

 

 

Côté vin, j’ai été absolument sous le charme des vins d’Hubert Germanier à Vétroz (Valais). L’œnologue, Fabio Negri, est le type de personne que vous pourriez écouter des heures. Le vrai passionné qui ne se lasse pas d’apprendre et qui cherche constamment à se diversifier et se challenger sur ses vins.

Je vous conseille d’explorer toute sa gamme, notamment les têtes de cuvée. Il y fait une Humagne délicate, fruitée, pleine de petites baies rouges avec des tanins fins et intégrés. Vous oublierez les Humagnes plus rustiques que vous auriez pu déguster. Il s’amuse également à faire un vin orange, très parfumé avec des notes florales, miellées et des arômes de coing qui rappelle un liquoreux. L’extraction est merveilleusement bien maîtrisée. L’amertume apporte ainsi structure, volume mais aucune astringence asséchante.

Je vous invite vraiment à déguster au moins la sélection des vins sur la photo, ci-dessous, ainsi que son gamay qui n’est pas sur la photo. Son Amigne douce (3 abeilles) vaut également le détour. Son toucher de bouche est velouté, soyeux ; une véritable caresse pour les papilles.

https://gillesvarone.ch/

https://cave-hubert-germanier.ch/

 

 

Crédit photo : Gilles Varone

Photo Hubert Germanier : ma photo

Osez déguster les rosés | Partie 2

Nous allons ensuite nous diriger dans deux régions bien plus fraîches : la Bourgogne et la Loire. Toutes deux ont une appellation réputée pour y faire des rosés de qualité issu du Pinot Noir. Ce sont Sancerre et Marsannay.

Sancerre

Le Sancerre Rosé est élaboré à base de Pinot Noir. Il a des arômes de fruits rouges comme les groseilles, framboises et fraises, une texture soyeuse et une acidité élevée et ciselée. Il est généralement assez pâle à l’image des rosés de Provence mais il a plus d’acidité et beaucoup de finesse.

Quelques cuvées agréables : Vincent Pinard, François Crochet, Domaine Vacheron.

Marsannay

C’est le village le plus important pour la production de rosé en Bourgogne et les vins sont donc naturellement issus de Pinot Noir. Ils sont similaires à ceux de Sancerre mais avec encore plus de finesse, délicatesse. C’est comme s’ils avaient plus de « détails ». Ils sont également plus charpentés et plus volumineux. C’est un Bourgogne plus léger mais qui a tout de même une touche de sous-bois.

 

La Loire a bien d’autres secrets, elle produit d’autres types de rosé que le Sancerre Rosé. La particularité des deux appellations que nous allons explorer maintenant, c’est de faire des rosés avec du sucre résiduel. Ce sont des vins prêts à boire dès qu’ils sont sur le marché et cela ne vaut pas la peine de les conserver.

 

Cabernet d’Anjou

Le Cabernet d’Anjou doit avoir minimum 10g/l de sucre résiduel et être constitué de Cabernet Franc et de Cabernet Sauvignon. Cela lui apporte des belles notes végétales et d’herbes coupées en plus des arômes de baies rouges.

 

Rosé d’Anjou

Le Rosé d’Anjou est souvent un assemblage de cépage rouge. On y retrouve principalement du Grolleau qui est associé à du Cabernet Franc, du Cabernet Sauvignon, du Pineau d’Aunis (fantastique cépage très poivré), du Gamay et du Cot (= Malbec). Ce rosé doit avoir au minimum 7g/l de sucre résiduel. En général, on perçoit moins ces notes végétales du Cabernet d’Anjou et le vin a globalement un profil très axé sur les fruits rouges.

Pour terminer avec la Loire, le Rosé de Loire peut venir de la zone Anjou-Saumur ou Touraine. C’est un assemblage des cépages : Cabernet Franc, Cabernet Sauvignon, Grolleau (noir ou gris), Pineau d’Aunis, Gamay, Pinot Noir et il est vinifié en sec.

Ces trois styles sont généralement obtenus par pressurage direct ou eventuellement par une macération de quelques heures pour les colorer davantage.

 

Bugey

Toujours dans la collection des rosés avec du sucre résiduel, l’appellation Bugey, en Haute-Savoie propose des effervescents rosé avec de belles sucrosités, l’idéal à boire frais pour accompagner des desserts aux fruits rouges un bel après-midi d’été. Gaec Balivet fait des jolies cuvées sans sulfites ajoutés, certifiées bio à base de Gamay et de Poulsard. Le petit bonus, c’est des vins qui ont toujours un prix relativement raisonnable, donc aucune raison de s’en priver.

 

Espagne

L’Espagne produit également beaucoup de vins « rosado ».

Ils sont généralement assez foncés, c’est-à-dire avec une robe saumon moyenne à intense, ce qui indique qu’il y a quelques heures de macération. Ils ont souvent des alcools autour des 13.5% et sont vinifiés en sec, donc sans sucre résiduel.

On y retrouve les cépages phares rouges donc le Tempranillo, surtout pour la région de Rioja DOCa et la Garnacha pour la région de Navarra.

Qu’est-ce qui les distingue ? Rioja a tendance à utiliser des barriques (notamment en chêne américain) pour l’élevage de ses rosés, cela leur confère des notes de noix de coco et de vanille que les vins de la Navarra, vinifiés uniquement en inox et mis en bouteille rapidement après la fermentation, n’ont pas.

Quelques cuvées à explorer : le rare rosé de Tondonia qui bénéficie d’un long élevage et vous changera toute la vision que vous pourriez avoir sur le rosé. Un très grand vin de garde et de gastronomie.

Muga, Cune font des cuvées plus simples et très plaisantes.

 

Italie

L’Italie produit des vins « rosato » un peu partout dans le pays. Leurs caractéristiques globales : l’acidité élevée, les arômes de cerises rouges et l’amertume en fin de bouche qui apporte de la structure. On en trouve pour tous les styles, tous les goûts et toutes les bourses. Il y a ceux faits à la Provençale comme le SOF de la Tenuta di Biserno de la famille Antinori. Certains sont fait à base de macération pelliculaire comme le « Ai confini del Bosco » de Mulini di Segalari. J’ai récemment goûté le rosé de la Tenuta delle Terre Nere, un Nerello Mascalese rosé avec une splendide acidité très ciselée et de délicates notes fumées qui venaient se joindre aux arômes de cerise rouge. Délicieux !

 

Brachetto d’Acqui

Le Brachetto d’Acqui DOCG est un style de vin rosé pétillant avec du sucre résiduel. La bulle est légère, moussante et équilibre bien le sucre résiduel. C’est le vin parfait à déguster au bord de la mer, bien frappé, en vacances en Italie. Il accompagne parfaitement une tarte aux fruits rouges ou il peut même faire office de dessert.

 

Portugal

Mateus

Le Mateus portugais est probablement un des rosés les plus connus, notamment grâce à la forme de sa bouteille. Il y a toujours une pointe de gaz carbonique. Il se décline en deux versions : l’original qui contient 15g/l de sucre résiduel et sa version « medium sweet rosé » qui a 30g/l de sucre résiduel et qui se profile comme un concurrent direct au White Zinfandel américain.

Ces vins ont peu d’alcool (11% pour l’original et un peu moins pour le medium sweet) ce qui plaît également à de nombreuses personnes souhaitant boire des vins peu alcoolisés ou surveiller leur consommation d’alcool. Ces vins sont toujours très bien faits. Ils sont plaisants et rafraîchissants, parfait pour avoir un rosé simple et fruité pour l’été.

Ce sont des rosés issus d’assemblages de cépages indigènes portugais comme le Baga, Rufete, Tinta Barroca, Touriga Franca

 

Nouveau monde

Il y a des rosés un peu partout dans le Nouveau Monde et chacun s’exprime comme il le souhaite dans ces cuvées.

Quatre styles sont extrêmement populaires. Le White Zinfandel, le Blush Rosé, le Pink Moscato et le Pink Pinot Grigio.

Tous ont une odeur de bonbons à la fraise. Ils ont vraiment ces notes de bonbons gélifiés aux fruits rouges. Ils ont des taux d’alcool généralement assez bas oscillant entre 8 et 12% et tous ont du sucre résiduel.

Le Pink Moscato est fait à base de Muscat et du Grenache Blanc peut être ajouté pour équilibrer l’aromatique exubérante du Muscat avec ses notes de raisins et de pétales de rose. Celui de la grande famille Gallo a 62g/l de sucre et 9% d’alcool. Toujours chez les Gallo, le White Zin’ est fait à base de Zinfandel à 100% ce qui lui confère des notes de confiture de fraises. Il a 39g/l de sucre et 8.5% d’alcool. Il y a aussi la version Blush qui est un rosé de chez Gallo à base de Grenache qui contient plus que 31g/l de sucre résiduel et 9.5% d’alcool. Le Pink Pinot Grigio de Barefoot est le moins doux des quatre.

 

 

 

Rosés suisses

De la Dôle Blanche à l’œil de perdrix, en Suisse, on n’a aussi vraiment le choix.

Explorons quelques rosés très différents et tous intéressants :

Mon coup de cœur, c’est les rosés des Frères Dutruy à Founex. Ils se déclinent soit avec du Pinot Noir et également avec du Gamay pour une version encore plus gouleyante et fruitée. Ces cuvées sont faites par un assemblage de rosé issu de pressurage direct et de saignée.

Le Rosé de Gamay de Mathilde Roux à la Cave de l’Orlaya est puissant, concentré et présente de très belles notes de fruits rouges bien mûrs.

La cuvée « Rose des vents » de Jean-René Germanier est toujours plaisante, délicate, rafraîchissante et légère.

La gamme « Henri » de la maison Henri Badoux à Aigle appartenant au groupe Schenk, ne cesse d’innover avec ses cuvées. La «1908 » a un peu de sucre résiduel. Il y a également le Ramarro Rosato et le Henri Blancs de Noirs. Trois cuvées très différentes mais toutes sont faciles à boire, gourmandes, fruitées et parfaites pour vos apéros d’été. Le design sobre et épuré de cette marque rappelle un côté lifestyle urbain ou les beach-clubs trendy. Une bonne alternative suisse au White Zinfandel ou au Mateus.

Chez Obrist, il y a également quelques rosés plus minéraux et crayeux comme le Pré-Roc et la Petite Cure.

 

 

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Sources:

Loire : https://www.vinsvaldeloire.fr/fr/vin-appellation/rose-danjou

 

Nouveau monde : https://www.saq.com/fr/13567241

https://www.saq.com/fr/285767

 

Livre : Beyond Flavour, Nick Jackson MW.

Osez déguster les Rosés | Partie I

Avec l’arrivée de l’été, on a tendance à consommer plus de rosé. C’est un produit qui subit fortement la saisonnalité. Dès qu’il fait chaud, ces vins réapparaissent sur les cartes des crus au verre de tous les bars et restaurants. Toujours plus de clients sont friands de cette catégorie qui ne cesse de prendre des parts de marchés mais certains restent peu amateurs de ce type de vin. J’entends souvent : « je n’aime pas le rosé », « le rosé, ce n’est pas du vin », « le rosé, c’est trop léger », « c’est des vins de nanas », etc.

Pourtant, ne pas aimer le rosé, c’est un peu comme dire, je n’aime pas les fruits. En 2019, plus d’une bouteille de vin consommée sur 10 à travers le monde, était une bouteille de rosé (Source : Baromètre des vins rosés, Observatoire Mondial du Rosé, Conseil Interprofessionnel des Vins de Provence). Cela traduit bien l’omniprésence de cette catégorie en perpétuelle croissance alors que la consommation globale de vin, baissait elle de 2% toutes couleurs confondues. Je doute que vous n’aimiez pas tous les fruits. Il y a une telle diversité dans cette catégorie qu’on peut vraiment en trouver pour tous les goûts, toutes les couleurs, du plus pâle rosé qui a l’air d’un vin blanc au rosé qui ressemble plutôt à un rouge très clair. Et surtout, on en trouve de toutes les qualités, donc un peu difficile de simplement dire qu’on n’aime pas du tout le rosé. Logiquement, il est plutôt fort probable que vous n’aimiez pas un certain type de rosé.

Pour cette chronique, nous observerons donc dans un premier temps, comment peut être fait le rosé, quels sont les grands types de rosé du monde et les modes émergentes et finalement, je vous ai fait une petite sélection de rosés suisses et internationaux avec des styles très différents que je trouve sympas.

 

Comment est fait le rosé ?

En assemblant du vin rouge et du blanc ? C’est illégal dans beaucoup de pays. Vous pouvez mêler du vin de deux couleurs dans une très célèbre appellation : la Champagne dans le cadre de l’élaboration du Champagne Rosé. Ailleurs, le rosé est généralement obtenu grâce à d’autres méthodes.

  1. Le pressurage direct
  2. Le temps de macération entre les peaux et le jus
  3. La saignée

 

  1. Le pressurage direct

Je ne sais pas si vous vous êtes déjà amusés à écraser dans votre main des raisins rouges et observer la pulpe à l’intérieur de celui-ci. De quelle couleur est-elle ? Transparente ou translucide.

La couleur d’un vin rouge vient de la macération. C’est-à-dire, du temps de contact entre les peaux et la pulpe. La peau du raisin contient des pigments de couleurs appelés anthocyanes. Lorsqu’on laisse le jus en contact avec la pellicule du raisin, cela lui confère de la couleur. C’est assez assimilable à un sachet de thé noir que vous feriez infuser dans votre tasse. Plus vous le laissez longtemps, plus votre thé va se colorer et devenir brun foncé. C’est pareil pour le vin rouge !

Si toutefois, vous décidez de mettre vos raisins dans le pressoir et de les presser directement afin d’en extraire le jus, vous n’allez pas avoir de temps de contact entre les pellicules et le jus (ou la durée sera extrêmement limitée). Cela reste des raisins rouges et selon les cépages, vous allez tout de même obtenir un peu de couleur. Un pinot noir donnera beaucoup moins de couleur qu’une syrah, par exemple.

Les rosés de l’appellation Côtes-de-Provence sont typiquement issus de pressurage direct et possèdent des couleurs roses très pâles. À noter qu’il y a en ce moment une sorte de mode pour les rosés les plus pâles possibles. Mais la couleur n’a pas d’impact sur la qualité. Elle indique simplement comment le vin a été fait.

Si on récapitule, les rosés très pâles sont réalisés comme des vins blancs mais avec des raisins rouges. Les raisins rouges rentrent dans le pressoir, sont pressés. Le temps de contact est faible voire inexistant et donc la couleur qui découle de ce jus est rose très clair.

 

  1. La macération

Nous avons parlé du pressurage direct qui n’impliquait pas de macération des pellicules avec le jus.

La deuxième méthode pour faire du rosé est de laisser volontairement le jus en contact avec les peaux pendant une durée plus ou moins longue qui oscille entre quelques heures (2-3) jusqu’à 72 heures environ, selon la couleur finale désirée. Plus on laisse longtemps le jus en contact avec les peaux, plus nous allons avoir la possibilité d’extraire également des tanins (ces composés phénoliques astringents qui vous sèchent le palais). Certains types de rosés sont très foncés comme notamment le Tavel. Il a aussi un peu de tanins. Cela en fait donc un rosé parfait pour toute l’année car il est plus charpenté, capiteux. Il a plus de volume et peut donc être apprécié en hiver ou sur des mets plus corsés.

Pour reprendre le tout, on peut avoir des rosés plus ou moins foncés, dépendant du temps de contact/macération entre les pellicules des raisins et le jus.

 

  1. La saignée

Si vous avez saisi ces deux premières méthodes, celle-ci sera très simple à comprendre.

Si vous utilisez la deuxième méthode, celle de la macération et que votre vin se colore progressivement, vous pouvez décider de séparer une partie du jus pour en faire votre cuvée de rosé et garder le reste pour faire du vin rouge (en laissant plus longtemps en contact le jus avec les peaux). Cela s’appelle la saignée. Vous retirez une partie du jus pour en faire du rosé et cela vous permet en parallèle de concentrer votre futur vin rouge. Deux vins pour le prix d’un 😊.

 

Quels sont les grands types de rosé du monde ?

Maintenant que vous maîtrisez les processus de production des rosés, allons explorer les différents types de rosé du monde.

 

France

La France est réputée pour ses rosés de Provence et du Languedoc. Elle produit également des rosés dans plus ou moins toutes les régions viticoles, de Bordeaux à la Loire en passant par la Haute-Savoie.

 

Côtes-de-Provence

C’est la première région de France en terme de production de vin rosé. Elle cumule à elle seule une production de 150 millions de bouteilles AOC en 2020, ce qui représente 38% de la production nationale et 4.2% des vins rosés du monde (cf. source ci-dessous). Les rosés élaborés dans l’AOC Côtes-de-Provence sont généralement très pâles avec une robe rose de faible intensité. De nombreux cépages (plus d’une douzaine) sont autorisés dans la production mais ceux que l’on croise le plus souvent sont la Syrah, Grenache, Cinsault, Carignan et Rolle. Rolle est un cépage blanc. Il apporte une délicate touche florale au rosé. Ces rosés se caractérisent par des notes d’agrumes, principalement de pamplemousse rose mais également de pêche et de fruits rouges accompagnés par de belles notes florales.

La plupart du temps, ils sont vinifiés dans des cuves en inox pour préserver la fraîcheur et pureté du fruit. Ils titrent généralement à 12.5%-13% d’alcool selon le millésime et sont des vins secs car ils n’ont pas de sucre résiduel.

La croissance continuant, on constate également une nouvelle mode pour des rosés toujours plus concentrés et complexes. Les élevages sur lies sont prolongés et surtout, on trouve de plus en plus de rosés boisés, comme le fameux Garrus du Château d’Esclans. Dans le Languedoc, La Sauvageonne de Gérard Bertrand suit cette tendance également. Mais est-ce que ce délicieux rosé frais pour l’été est vraiment adapté à un élevage en barrique ? Cela dépend de vos goûts et du contexte de consommation.

L’île de Porquerolles est englobé dans l’AOP Côtes-de-Provence. Je m’y suis récemment rendu pour y visiter les deux domaines qui s’y trouvent : le Domaine de la Courtade et de le Domaine de l’Île. Les articles arrivent prochainement.

Quelques domaines qui font de très bons vins : Château Léoube, Figuières, Château Roubine, Château Sainte-Marguerite, Rimauresqu, Commanderie de Peyrassol et bien d’autres.

 

Bandol

Avec ses 1’600 hectares, Bandol est une bien plus petite appellation que la vaste Provence (et ses différentes AOC). Bandol est également réputé pour la haute qualité de ses vins des trois couleurs. Le cépage roi pour les rouges, c’est le puissant, tannique, concentré Mourvèdre. Un cépage fantastique qui parvient toujours à maintenir une rafraîchissante acidité. On le retrouve assez logiquement comme cépage phare des rosés ce qui donne des vins plus riches, plus volumineux et plus ronds que ses cousins de Provence. Il est souvent assemblé avec Grenache et Cinsault.

Tout comme en Provence, les vins sont élaborés par pressurage direct. Le Mourvèdre étant très coloré, les vins sont néanmoins plus foncés que ceux de Provence et plus structurés. La robe est saumon avec une intensité moyenne. C’est parfait pour avoir un rosé un peu plus concentré (souvent grâce à un élevage sur lies) qu’un Provençal notamment pour manger mais il reste très frais et sur de belles notes de fruits rouges et un parfum généralement intense. Ils ont souvent des notes de garrigue, d’herbes aromatiques et un peu plus d’alcool que leurs copains provençaux et oscillent entre 12.5 et 14%.

À goûter dans la région : Château de Pibarnon, Domaines Ott (Château Romassan) et Domaine Tempier. Château Simone est aussi intéressant mais il est en AOC Palette.

 

Tavel

On change totalement de style lorsqu’on ouvre une bouteille de Tavel, cette appellation du Gard qui fait uniquement du rosé. Ce grand cru de la Vallée du Rhône produit des grands rosés de gastronomie. Ils ont une robe saumon intense voire même rubis et beaucoup de volume. Ces rosés sont secs et peuvent facilement avoir un taux d’alcool élevé de 14.5%.

9 cépages peuvent être utilisés lors de l’élaboration des Tavel et aucun d’entre eux ne peut dépasser les 60% de l’assemblage. On y retrouve les cépages phares de la Vallée du Rhône : Syrah, Mourvèdre, Cinsault, Clairette, Grenache, Bourboulenc, Carignan, Picpoul et Calitor (un cépage très rare qui fait partie de l’histoire des vignerons de Tavel). Ils sont classés en cépage principaux (qui peuvent être en proportion inférieure ou égal à 60% dans l’assemblage. C’est le cas du Grenache noir. Les cépages dits secondaires peuvent être utilisés à hauteur de 10% maximum dans le blend.

Pour obtenir sa couleur très intense, les peaux des raisins macèrent à froid avec leurs jus pendant 12 à 48 heures. Ensuite, la fermentation alcoolique prend place. Certains vignerons font également la fermentation malolactique pour avoir plus de rondeur sur le vin et garantir davantage de stabilité. On en trouve de toutes les qualités mais les meilleurs peuvent vieillir quelques années sans problème.

 

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Sources:

Provence : https://www.vinsdeprovence.com/les-appellations/cotes-de-provence

https://www.observatoiremondialdurose.com/

Tavel : http://www.vin-tavel.com/fr/l-appellation-tavel/appellation-aoc

https://www.vins-rhone.com/vignobles/appellations/tavel

Livre : Beyond Flavour, Nick Jackson MW.

Ne discriminez pas les assemblages

La semaine dernière, nous avons fait une petite virée en Toscane, pour certes, profiter de la météo et de l’air iodé du bord de mer mais surtout pour travailler ! Avec mon compagnon et ma vigneronne préférée et mentor Marina, nous préparons deux cuvées confidentielles pour cette première année. Nous étions déjà allés en Toscane en septembre pour vendanger et en janvier pour déguster les jus, une fois la fermentation terminée. Cette fois, nous avons enfin pu faire notre premier assemblage, celui de notre Rosso. Une micro-cuvée de 300 bouteilles à base de Syrah et Merlot, 50% de chaque. Une des questions qu’on m’a le plus posé est : « mais pourquoi faire un assemblage, toi qui adores montrer les caractéristiques de chaque cépage ? ». Oui ! J’adore les mono-cépages et les révéler. En l’occurrence, à Bolgheri, les appellations DOC Bolgheri Rosso et Superiore ont un cahier des charges qui invitent aux assemblages.

En discutant avec des clients, je suis souvent étonnée de cette nouvelle tendance à « discriminer » les assemblages. En en entendant certains, on dirait parfois, que c’est tricher d’utiliser plusieurs cépages pour faire un vin. L’idée est uniquement d’avoir un résultat qui soit équilibré, sphérique, où rien ne dérange (pas de tanins trop astringents, une acidité qui soit fondue, un alcool qui apporte de la rondeur et de la texture mais pas d’effet « chaud » en bouche, etc.). Pour certains, on dirait que faire un assemblage, c’est lisser, maquiller le vin alors que ce n’est pas le cas. L’idée est d’utiliser en complémentarité les caractéristiques de chaque cépage tout en les respectant dans le résultat final. L’idée est surtout de faire qu’1+1=3 – que la somme des éléments assemblés soient encore bien supérieurs à chaque vin solo.

Pour illustrer mes propos, je vous propose de me suivre dans une série d’exemples justifiant pourquoi les assemblages sont plutôt nos amis. 😊

 

L’assemblage, un élément culturel historique dans de nombreuses régions

L’assemblage permet historiquement de pallier des problématiques climatiques lors des vendanges, comme en Champagne où le gel peut facilement emporter toute une récolte. Ainsi, avoir des vins « de réserve » permettait de s’assurer à avoir des vins à mettre sur le marché en gardant du stock des années précédentes sans les avoir mis en bouteille pour faire leur deuxième fermentation.

Aujourd’hui ces vins de réserve existent toujours et permettent de faire des assemblages avec « le style de la maison » en faisant vieillir plus ou moins longtemps ces vins et en variant également sur les contenants. Certaines maisons font des élevages en barrique pour leurs vins de réserve, d’autres en œuf en grès, en amphore, en cuve béton, inox. Mais il y a encore bien d’autres options, ne serait-ce que varier les types de bois (acacia, chêne français, etc.). Il est donc possible et intéressant de faire un assemblage des vins vieillis dans différents contenants en Champagne ou partout ailleurs. Dans la région de Rioja en Espagne, les vins sont fréquemment vieillis dans des fûts faits en chêne américain. À la Bodega LAN, ils ont même développé des barriques en chêne « hybride » avec une partie en chêne français qui amène des arômes de vanille et une partie en chêne américain qui apporte des notes intenses de noix de coco. Cela apportera à nouveau, davantage de complexité dans le vin final.

Peut-être que cette notion de complexité vous paraît abstraite ? Prenons donc un exemple plus simple. Admettons que vous fassiez un gâteau au chocolat avec un de vos amis. Vous prenez les mêmes ingrédients de base : farine, œufs, sucre, chocolat, beurre. Vous cuisez tous les deux votre gâteau et lorsqu’il sort du four, vous décidez de rajouter du caramel dessus et quelques noisettes torréfiées. Vous dégustez ensuite vos deux gâteaux. Les deux sont probablement délicieux mais le gâteau de votre ami est plus simple alors que le vôtre est plus complexe. Il a plus de « couches » d’arômes différentes. La complexité est un élément essentiel pour évaluer la qualité d’un vin. En gagner grâce aux assemblages est une technique fascinante car il y a des multiples façons de faire des assemblages et d’ainsi, rendre votre futur vin, meilleur.

 

L’assemblage, une des solutions pour pallier aux problèmes découlant du dérèglement climatique ?

Aujourd’hui, les assemblages en Champagne se diversifient car ils peuvent aider à pallier au changement climatique. Par exemple, on replante des vieilles variétés locales qui mûrissent plus tard ou préservent davantage d’acidité ou simplement, qui ne mûrissaient pas bien avant et qui aujourd’hui permettent d’éviter des surmaturités dans les vins clairs (vin de base avant la seconde fermentation en bouteille). Chez Drappier, l’Arbane et le Petit Meslier ont retrouvé leurs lettres de noblesse. La maison familiale Tarlant a elle aussi une cuvée dédiée à ces cépages qui s’appellent BAM (délicieuse d’ailleurs, comme toutes leurs cuvées) et qui est un acronyme de Blanc (Pinot Blanc), Arbane, Meslier. Une façon originale de valoriser ces assemblages.

 

Assemblage de cépages

Ces assemblages, on les voit partout. À Bordeaux, ils permettent de marier à merveille Cabernet Sauvignon et Merlot. Si on observe ces deux cépages, le Cabernet Sauvignon est généralement très acide, très tannique, parfois un peu austère et a un profil aromatique autour des fruits noirs principalement le cassis. De l’autre côté, le Merlot est souple, rond, avec des tanins plus abordables, moins élevés. L’acidité, elle aussi, est plus faible et le profil aromatique jongle sur les notes de fruits rouges et noirs comme la prune. Ils sont donc faits pour être ensemble. L’un assouplit la dureté de l’autre. Le Cabernet apporte de la tonicité au Merlot et le rend plus structuré, lui apporte du volume. Ce n’est d’ailleurs pas qu’une histoire de cépage, d’arômes ou de quantité de tanins. C’est aussi une histoire de terroir. Si on observe les sols bordelais, sur la Rive Gauche, on y trouve des graves, des sortes cailloux. Cela donne des sols qui sèchent assez rapidement et qui sont surtout très drainants. C’est l’idéal pour le Cabernet Sauvignon qui aime des sols pauvres et qui a besoin d’un certain stress hydrique pour s’exprimer pleinement et produire des futurs grands vins. Sur la Rive Droite, le sol est constitué de beaucoup d’argiles. Ce type de sol agit comme une éponge. Il absorbe l’eau et la retient très bien grâce à ses feuillets. C’est donc le sol parfait pour sa Majesté la Princesse Merlot qui a besoin d’avoir de l’eau à disposition. Cette adéquation cépage terroir se retrouve dans les vins. Les vins issus de la Rive Gauche contiennent principalement du Cabernet Sauvignon, puisque c’est ce qui y pousse le mieux, quant à la Rive Droite, elle fait des vins avec des grandes proportions de Merlot. Et pour avoir toujours plus de diversité, vous pouvez complémenter le tout avec une touche de Petit Verdot, de Cabernet Franc ou encore des autres cépages historiques bordelais comme le Carménère ou le Malbec.

 

Assemblage, le cas des vins fortifiés de Porto

Dans le cas des vins du Douro au Portugal, les cépages locaux utilisés pour les assemblages sont légèrement masqués par les caractéristiques de la vinification (l’extraction rapide de couleurs et tanins puis la fortification par l’ajout d’alcool pour stopper la fermentation et maintenir environ 100g/l de sucre résiduel) et l’élevage (oxydatif ou non). Ces deux étapes vont primer sur l’importance de considérer le pourcentage de chaque cépage. Ils apportent pourtant tous des arômes intéressants mais, comme mentionné précédemment, c’est finalement, la somme de tous ces cépages qui priment.

 

Assemblage d’année, le cas de la solera

Les vins de Jerez en Espagne sont par définition assemblés dans un système nommé la solera. C’est une façon unique d’élever les vins en mélangeant les plus vieux vins avec des vins plus jeunes. Cela se reflète dans les vins qui vont avoir des notes issues de l’oxydation délibérées comme le rancio, la noix ou le caramel dans les jerez de type Oloroso. Les jerez de type Fino ont besoin d’avoir cet apport de vin jeune du dernier millésime pour avoir suffisamment de nutriment pour constituer et nourrir un voile de levures nommé la « flor » qui va manger le glycérol du vin et lui apporter des notes d’amandes amères et d’acétaldéhyde, signature de son style.

 

Assemblage de clones, l’exemple australien

En Australie, les clones sont valorisés. Les producteurs vont chercher à avoir différents clones de Pinot Noir tel que le Dijon ou le 777 ou Chardonnay afin d’avoir un maximum de diversité dans les raisins qui en résultent.

 

Assemblage dans l’huile d’olive

Marina, c’est ma mentor toscane et elle m’apprend toujours tellement de choses. Cette fois, on s’est plongé dans le monde des assemblages d’huile d’olive. Chez nous, on a plus de 300 oliviers. On va faire notre première production maison cette année, c’est un gros chantier mais on progresse. Toutefois, on n’a qu’une variété, la « Moraiolo ». Elle est réputée pour faire des huiles très élégantes et toute en finesse. Marina fait aussi de l’huile, qui, comme le vin, a ses caractéristiques selon la variété d’olive et la période de récolte qui est cruciale pour l’aromatique de la future huile ainsi que son contenu en composés phénoliques et vitamine E. Elle a des oliviers de plusieurs variétés et nous nous sommes amusés à déguster chaque sorte avec différentes périodes de récolte. Nous avons ensuite essayé de faire notre propre assemblage. C’était impressionnant de voir les similitudes avec le monde du vin, tous les arômes présents, l’amertume, la texture des différentes huiles. C’est un monde tout aussi vaste et complexe que celui du vin.

 

Conclusion

Ces exemples ont pu montrer que les assemblages font partie intégrante de la culture du vin. Il est vrai qu’il est fantastique de déguster des vins issus d’un seul cépage et de comprendre ses caractéristiques, mais les « blend » ont toujours eu leur place dans l’univers du jus de raisin fermenté et de bien d’autres produits comme l’huile d’olive, le café, la bière, le chocolat. Apprécions donc chaque vin pour ce qu’il est et essayons de comprendre la volonté du vigneron derrière le flacon que nous dégustons.

 

Mon petit guide hédoniste de Bolgheri et ses environs

Quel bonheur de retourner en Toscane il y a une semaine suivre les oliviers familiaux et faire l’assemblage de mon tout premier vin toscan qui se repose maintenant en barrique.

Vous allez peut-être faire une escapade version dolce vita pour l’Ascension, Pentecôte ou cet été ?

Si vous pensez à traverser cette somptueuse région, je vous ai fait un petit guide de mes endroits préférés pour manger, prendre l’apéro, dormir et aller déguster du vin ou de l’huile d’olive !

 

Restaurants :

Enoteca Tognoni

Où : Bolgheri, au coeur du village

Adresse: Strada Lauretta, 5, 57022 Castagneto Carducci LI, Italie

Téléphone: +39 0565 762001

Quoi? Un restaurant fantastique où vous pourrez repartir avec vos coups de cœur à emporter.

Mon restaurant favori depuis tellement d’années. Vous pourrez y manger des pâtes aux truffes maison, des tagliatas de bœuf d’une tendresse exceptionnelle et un tiramisu extrêmement surprenant car très aérien. Je l’appelle le nuage car il est tout léger et c’est vraiment une mousse délicate. À tester absolument qu’on soit fan de tiramisu ou pas, car celui-ci peut vous réconcilier avec ce dessert tellement il est revisité avec goût.

C’est également l’endroit rêvé pour tout amateur de vin. Comment choisir ? C’est simple, vous pouvez aller regarder toutes les bouteilles qui se trouvent sur les grandes étagères contre le mur et trouver le flacon de votre choix pour la ramener sur votre table. Il y a un immense choix en ce qui concerne les vins de Bolgheri. Il y a aussi un large panel de vins de toute la Toscane et de quelques autres régions d’Italie. Vous pouvez directement acheter des bouteilles pour les ramener en souvenir à la maison.

Mon dernier coup de cœur en terme de vin : Castello di Rampolla. Toutes leurs cuvées sont délicieuses. D’Alceo est un peu cher mais fabuleux et sinon, vous pouvez tester la cuvée Sammarco ou leur cuvée Chianti Classico à prix plus doux.

Bolgheri Green | Podere Arduino

Où: proche du village de Bolgheri

Adresse: loc. magazzino n 210, 57022 Castagneto Carducci LI, Italie

Téléphone: +39 379 256 7646

Quoi? Un restaurant végétarien « km 0 »

Un lieu extraordinaire pour prendre l’apéro ou pour le repas. Le tout est végétarien. Il pratique également le « km 0 », ce qui veut dire que la plupart des aliments qui se retrouvent dans votre assiette sont cultivés par leur soin dans leur potager, verger, etc. Le menu changent donc au fil des semaines en fonction des produits de saison fraîchement récoltés. Les vins sont tous bio, biodynamiques ou natures et bien sûr, de la région. Je vous conseille de goûter leurs huiles. Ils font différentes « cuvées » pour chaque variété. C’est très intéressant pour tester des variations entre les types d’olive autant au niveau aromatique que structurel.

Il y a deux parties, une zone bar où vous pouvez profiter des tables sous des pergolas de vignes ou simplement vous asseoir par terre autour de petites tables. Il y a toute une série de délices à grignoter, de la traditionnelle bruschetta à d’autres variantes originales. Leurs cartes des cocktails vaut aussi le détour, que vous soyez au restaurant ou dans la partie bar, testez-les ! Sinon, si vous avez plus de temps, profitez d’aller au restaurant. Vous pouvez choisir entre 4 ou 8 plats surprises. C’est vraiment bluffant tous les goûts qui se retrouvent dans chaque assiette. Les goûts vont vraiment vous surprendre. Et pour ceux qui aiment la viande, vous allez oublier qu’il n’y en a pas dans ces plats. Si vous ne pouvez pas vous arrêter manger, faites simplement un saut dans leur boutique où ils vendent une série d’articles issus de leur production.

Mon dernier coup de cœur vin: Les différentes cuvées de « I Luoghi », Campo Al fico est intense, structuré et riche mais ils ont aussi un Rosso et un autre Superiore plus léger, excellent également. On a également dégusté les différents vins du domaine Caiarossa, délicieux!

Site internet: https://www.poderearduino.com/bolgheri-green-ita/

Tana del Pirata

Où: Marina di Castagneto Carducci, au bord de la mer

Adresse: Via Milano, 17, 57022 Marina di Castagneto Carducci LI, Italie

Téléphone: +39 0565 744143

Quoi? Un restaurant élégant pour une escapade chic les pieds dans l’eau.

Ce restaurant est au bord de la mer. Vous pouvez vite aller mettre les pieds dans l’eau avant de passer à table si cela vous tente. Les fruits de mer sont absolument sublimes. Je vous recommande de demander leurs poissons du jour. Ils vous les montrent et vous pouvez choisir. Ma cuisson préférée c’est à l’isolana. Le poisson entier est rôti au four avec des olives, tomates, câpres, huile d’olive et des petites pommes de terre. Un délice ! Allez-y le soir pour profiter du coucher de soleil et d’un cadre idyllique pour vous détendre autour d’une jolie bouteille.

Mon coup de cœur vin : Le vin que j’adore prendre là-bas, c’est le Grattamacco version bianco. Un vermentino avec un élevage en barrique bien maîtrisé qui apporte mêle fruits blancs, pêches, acacia, chèvrefeuille et noisette avec une texture crémeuse, parfait pour les linguine à l’astice (homard).

Site internet: http://www.latanadelpirata.com/it

 

Antico Frantoio di Segalari

Où: à Castagneto Carducci, en dehors du village.

Adresse: Località Lamentano, 136, 57022 Castagneto Carducci LI, Italie

Téléphone: +39 389 923 8683

Quoi? Un moulin où on peut faire des dégustations d’huile d’olive et profitez d’une vue splendide en prenant un apéritif.  

Frantoio signifie le moulin en italien. À la base, ils font de l’huile d’olive mais depuis quelques années, ils ont ouvert une sorte de bar/restaurant et en ont fait spot parfait pour faire l’apéro et profiter du coucher du soleil. La vue est à couper le souffle. Ils ont plein de petits apéritifs locaux comme une burrata à la truffe avec leur focaccia et une belle sélection de vins locaux. Vous pouvez aussi faire des visites du moulin et déguster leurs différentes huiles d’olive.

Site internet: http://www.olioserni.com/index_ita.asp?mobile=0

 

Il Poeta

Où: Marina di Castagneto Carducci, au bord de la mer

Adresse: Via Walfredo della Gherardesca, 1, 57022 Castagneto Carducci LI, Italie

Téléphone: +39 0565 745859

Quoi? Un joli restaurant relax au bord de la mer. Idéal si vous cherchez quelque chose de moins guindé que la Tana del Pirata. On y mange très bien et c’est moins cher qu’à la Tana.

Site internet: https://www.ristoranteilpoeta.it/

 

Osteria Magona

Où: sur la Via Bolgherese

Adresse: Strada Provinciale Bolgherese, 16b, loc. Vallone Dei Messi, 199, 57022 Bolgheri LI, Italie

Téléphone: +39 0565 762173

Quoi? L’endroit rêvé si vous aimez la bonne viande.

https://www.osteriamagona.com/en/home-eng/

 

La Pineta

Où: à la Marina di Bibbona

Adresse: Via dei Cavalleggeri Nord, 27, 57020 Marina di Bibbona LI, Italie

Téléphone: +39 0586 600016

Quoi? Pour faire une jolie table étoilée et célébrer un moment privilégié.

https://lapinetadizazzeri.it/home-interna/

 

Osteria Sambastiano

Où: Castagneto Carducci dans le village

Adresse: Piazza del Popolo, 40, 57022 Castagneto Carducci LI, Italie

Téléphone: +39 0565 533888

Quoi? Un joli restaurant traditionnel avec les plats classiques « de la terre » toscane comme les pâtes au sanglier, aux « funghi porcini » ou le tartare de bœuf. Cela vous donnera l’occasion d’aller faire une balade dans ce très pittoresque village.

 

Pour dormir :

Villa Le Luci

Adresse: Via Umberto I, 47, Castagneto Carducci, Italy

Téléphone: +39 0565 763601

Quoi? C’est une maison d’hôte avec un gérant toujours aux petits soins. Il n’y a pas de piscine mais si vous venez pour visiter, cela ne devrait pas être un problème et la mer se trouve à une dizaine de minutes environ. Vous aurez d’ailleurs une très belle vue sur toute la côte.

 

Caves à visiter

Mulini di Segalari

Adresse: Località Felciaino 115/a, 57022 Castagneto Carducci LI, Italie

Téléphone: +39 0565 765202

Quoi? Une petite cave certifié bio et Demeter avec une vigneronne passionnate et des vins délicieux.  

La plus « relax » mais qui fait des vins à tomber, c’est Marina de Mulini di Segalari.

C’est l’incontournable si vous allez dans la région. Cette femme a un cœur immense et adore partager sa passion avec ses invités. Il faut absolument aller découvrir cette cave même si cela peut paraître un peu complexe d’y arriver. En effet, pour mériter votre dégustation et arriver jusqu’à cet ancien moulin, il vous faudra prendre des toutes petites routes en terre et même traverser en voiture un petit ruisseau (voiture basse déconseillée). Une fois arrivée, vous verrez, la cave est toute petite mais on y respire le vin de A à Z. Le rideau de la salle de dégustation est fait en bouchons, la table de caisse en bois de vins du monde entier, etc. Et si sa petite cave lui suffit, c’est parce que ces grands vins, elle les fait principalement à la vigne. Je vous recommande vivement d’aller y faire un tour et de l’écouter vous expliquer toute sa philosophie autour du vin, du bio et de la biodynamie. Il y a une telle biodiversité dans son domaine. Elle pourra sans doute vous trouvez une asperge sauvage à déguster au fil de la promenade ou encore bien d’autres plantes pour assaisonner votre repas du soir. Elle mêle tradition et innovation avec brio. D’un côté, tout est fait à la main dans le plus grand respect du savoir-faire ancestral et de l’autre, elle maîtrise le pilotage du drone à merveille pour analyser la vigueur et la santé de ses vignes. Je vous assure que simplement le personnage vaut le détour. Si vous le souhaitez, vous pouvez déjà découvrir un petit morceau de cette sacré femme dans le reportage de « Passe-moi les jumelles » de la RTS. Vous trouverez le lien ici !

(Le titre est faux car je ne suis pas oenologue mais j’ai déjà fait la demande pour que cela soit modifié)

https://www.youtube.com/watch?v=19rUOTvFdiA

 

Allez découvrir son Bolgheri Rosso DOC, son Bolgheri Superiore DOC mais aussi ses curiosités. Elle fait notamment un Petit Verdot 100% très peu extrait, frais, gourmand, juteux et croquant ! Elle a aussi un vin élaboré uniquement avec du Sangiovese, le cépage classique toscan mais est parfois un peu délaissé dans la zone de Bolgheri au profit des assemblages. Son huile d’olive est superbe également avec une belle aromatique, complexe, élégante entre les notes d’herbe coupée, de fenouil, artichauts, un véritable délice pour assaisonner tous vos plats cet été !

Site internet: https://www.mulinidisegalari.it/home-en.php

Podere Grattamacco

Adresse: Loc. Lungagnano, 128, 57022 Castagneto Carducci LI, Italie

Téléphone: +39 0565 765069

Quoi? Une jolie cave moderne avec une  belle vue sur la vallée et de délicieux vins, complexes, charpentés et avec des élevages en barriques très bien maîtrisés.

Chez Grattamacco, tout est plus sophistiqué. Cela fait un beau contraste avec le style de Marina mais les vins sont aussi certifiés en bio et absolument délicieux également. C’est à moins de dix minutes de Mulini di Segalari donc si vous êtes dans la zone, cela vaut la peine de prendre rendez-vous chez ces deux caves !

Site internet: https://www.collemassariwines.it/estates/grattamacco/

 

Toutes les adresses et numéros de téléphone ont été pris sur Google.

Série II – Les Rookies | Episode 1: Renaud Favre, Sélection Excelsus à Chamoson

Renaud, pas à pas vers le bio 

 

Difficile de rendre visite à nos vignerons pendant ce confinement, donc toutes mes excuses pour cette absence. Mais je me rattraperai ces prochaines semaines. J’ai déjà pu rendre visite à deux jeunes vigneronnes de la Côte, Laura Paccot (Féchy) pour découvrir ses nouveautés et Catherine Cruchon (Echichens) qui a également quelques surprises pour ses clients en 2020.

Si vous voulez déguster le millésime 2019, le meilleur moyen de le faire est en vous rendant les lundis matins aux Glorieuses. Il n’en reste plus que trois. Une occasion unique de déguster le fleuron des domaines valaisans sélectionnés avec soin depuis de nombreuses années par Nicolas Reuse.

 

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Première visite chez Renaud Favre à Chamoson. Vous connaissez probablement son père, Jean-Claude, visage de la Sélection Excelsus depuis sa création en 1980. Il laisse la main à la nouvelle génération depuis maintenant trois ans. Son fils a tout repris de la viticulture à la commercialisation en passant par l’élaboration des vins, toujours épaulé par le patriarche, mémoire du domaine depuis qu’il a entrepris de créer un domaine avec les raisins du grand-père de Renaud, Maurice.

 

Chamoson se définit par son slogan affiché dès l’entrée du village : « Chamoson, Soif de tradition ». Renaud l’applique à sa façon puisqu’il souhaite assurer la pérennité du domaine de sept hectares et voir la Sélection Excelsus perdurer et non pas « les vins de Renaud Favre lorsqu’il a repris le domaine ». Comme le disait Saint-Exupéry, “Nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants”. La troisième génération Favre semble adopter cette philosophie avec brio. Toutefois, Renaud souhaiter apporter sa touche dans le cadre d’actions durables permettant d’améliorer et augmenter la qualité de son capital-vigne.

 

Souvent, on attend d’un producteur qu’il se convertisse immédiatement en culture biologique. Mais ce n’est pas si facile ! Chaque commune a un micro-climat différent et donc les vignerons se retrouvent avec des problèmes uniques à chaque parcelle, ou presque. Pourtant, la Sélection Excelsus se tournera vers le Bourgeon Bio Suisse pour procéder à sa reconversion dès 2021 après de longues années d’adaptation de son travail à la vigne.

 

Nous discuterons donc aujourd’hui de :  quels sont les challenges particuliers que nous rencontrons en Valais ? Et, comment les Favre ont-ils procédé pour s’orienter vers le bio ?

 

Pour terminer, nous passerons en revue les 2019 de ce rookie trentenaire et sa toute nouvelle cuvée fraîchement mise en bouteille et sur le marché.

 

 

Pas à pas vers le bio : Comment progressivement Jean-Claude et Renaud se sont tournés vers un viticulture durable ?

 

Le domaine se mettra donc officiellement en conversion en culture biologique l’an prochain. Toutefois, ils ont progressé pas à pas afin de ne pas se laisser surprendre par les nouveaux défis à relever.

Passer en bio, c’est changer sa façon de penser. Il ne suffit pas de traiter avec d’autres produits mais avoir une réflexion davantage axée sur la prévention. C’est pourquoi, comme tout changement de régime drastique impacterait l’homme, les Favre ont souhaité implémenter progressivement les différents changements qu’ils imposent à la vigne afin qu’elle puisse s’adapter doucement mais sûrement.

 

 

Tisanes et traitement par drone

En plus d’utiliser l’hélicoptère avec des produits autorisés dans l’agriculture biologique, Renaud traite désormais également une partie du domaine à l’aide d’un drone. Ses confrères de Chamoson utilisent l’hélicoptère également avec des traitements biologiques. Le Valais étant extrêmement fragmenté, il est difficile de laisser chaque producteur gérer tous les traitements seuls. Chaque commune appartient à un groupement et ce dernier gère le type de traitement effectué et la manière. Renaud voulait tester le drone qui lui permet d’être selon lui, plus précis et gagner en efficacité grâce à la proximité de la machine avec la plante. Il peut également rajouter les tisanes qu’ils diffusent dans les vignes via le drone. Il mentionne toutefois que ce n’est pas très pratique car les drones actuellement présents sur le marché ont une capacité d’environ 15 litres donc leur prestataire doit recharger fréquemment l’appareil tant en termes de produits que de batteries. Cela coûte également deux fois plus chers que le traditionnel hélicoptère. Il faut compter environ 80 centimes par hectare au drone versus 45 pour l’hélicoptère. C’est donc un surcoût non négligeable mais Renaud est confiant dans le développement rapide de cette technologie et donc à terme, la baisse des coûts. Plus cher mais plus écologique, pour Renaud, le drone sera la seule technique pour traiter les parchets à forte déclivité à l’avenir. Les tisanes sont une autre manière de se rapprocher de la nature. Il traite ses vignes depuis une quinzaine d’année contre les maladies fongiques à l’aide d’une variété de plantes comme l’ortie, la reine des prés, le pissenlit, la bardane et les fleurs de l’achillée millefeuille.

 

Gestion de l’herbe

Depuis plus de huit ans, les Favre expérimentent différentes techniques pour gérer l’herbe, la vraie menace en Valais lorsqu’on cherche à faire du bio. L’herbe se retrouve en concurrence avec la vigne et lui prend le peu d’eau disponible. Dans tous les cas, il faudra donc se débarrasser de cet excès de plantes ou alors installer un système coûteux d’irrigation comme le goutte-à-goutte permettant de monitorer la quantité d’eau ajoutée cep par cep. Pour supprimer ces herbes indésirables et éviter d’utiliser des herbicides, il faut avoir recours à un désherbage mécanique. Des plans d’aides ont été instauré par Vitival Plus visant à fournir des subventions pour acheter des machines. Faucher entre les rangs de vigne est relativement facile en utilisant une débroussailleuse mais requiert du temps et plusieurs passage. Labourer les sols est une autre alternative mais seulement pour un ou deux passages dans la saison. Le problème principal étant souvent sous le rang (proximité avec les racines de la vigne), Renaud a trouvé la machine idéale pour enlever l’herbe sans abîmer le pied. Cette sorte de débroussailleuse multiple permet d’être plus rapide et plus efficace tout en respectant la nature et chaque pied de vigne.

 

 

Bombonera, autant de saveurs que dans une bonbonnière ?

Vous connaissez probablement le stade de football argentin. Un lieu atypique remplie d’énergies positives au cœur de la Boca, quartier populaire de Buenos Aires. Les matchs sont animés par des « tourbillons de couleur » où selon Renaud, « s’entremêlent passion, fougue et ferveur ». Il souhaitait transmettre toutes ces émotions qu’il retrouve également au quotidien dans son travail. C’est pourquoi, il a nommé son nouveau vin « Bombonera ». La dôle se vendait beaucoup moins ces dernières années et ne parvenant pas à lui redonner ses lettres de noblesse, Renaud décida d’abandonner ce concept désuet pour créer un vin plus au goût du jour alliant le Pinot Noir, pour le croquant et juteux, à l’Ancellotta donnant de la structure et une trame tannique ferme mais avec une extraction modérée. Au final, le résultat donne un assemblage simple et rafraîchissant, un tutti frutti de baies rouges et noires mûres mais pas confiturées. Il est donc le compagnon idéal pour les longues soirées d’été où on apprécie un rouge autant pour accompagner des grillades que pour le déguster juste par soi-même. Ce qui est bluffant c’est surtout le rapport qualité-prix puisque c’est un vin qui se vend à CHF 16.50-. Dans un esprit novateur, le design de certains magnums en édition limitée se veut jeune, coloré, vibrant, à l’image de la nouvelle génération qui élabore les vins et ceux qui en profitent.

 

Dégustation des 2019


Quasiment aucun des vins ne voit du bois pendant son élevage. Ici, c’est la cuve qui domine que ce soit pour les vinifications et les maturations. Presque tous les blancs subissent toutefois des élevages sur lies statiques (c’est-à-dire, sans bâtonnage, pas de remise en suspension de ces lies). Le but de ce contact prolongé avec les levures post-fermentation : bénéficier des antioxydants naturels qu’elles libèrent mais surtout, obtenir une texture plus crémeuse, plus onctueuse, davantage de corps et de structure ainsi que plus de gras ce qui augmente la perception de volume en bouche.

 

Les Blancs de la Sélection Excelsus

  1. Fendant de Chamoson – 2019

 

Le Fendant de Chamoson, entrée de gamme de la maison est réalisé avec les jeunes vignes qui ont 4 à 8 ans. Un fendant frais, avec peu de complexité mais de jolies notes citronnées, une finale modeste mais avec un agréable toucher de bouche crayeux. Le vin idéal pour l’apéritif avec seulement 12.3% d’alcool et un corps relativement léger, il est très digeste et se boit tout seul.

 

  1. Fendant Sélection Excelsus – 2019

 

Une des différences majeures entre ces deux Fendants hormis l’âge des vignes, c’est le rendement, légèrement plus bas sur l’Excelsus mais surtout la maturité. Le premier est vendangé autour des 80-83 degré Oechsle alors que le second à une maturité autour des 86° Oe lors des sondages.

De facto, on obtient donc un fendant un peu plus concentré, un corps moyen, avec davantage de gras et un toucher de bouche plus souple se terminant par une finale moyenne avec une légère amertume apportant de la fraîcheur, donc plutôt agréable. Le nez est également un peu plus parfumé avec des jolies notes florales rappelant la glycine.

 

  1. Johannisberg – 2019

 

Le millésime 2019 a eu des températures plus basses que 2018, c’est pourquoi, Renaud a choisi de faire complètement la deuxième fermentation dite malolactique. Au nez, il a un côté citron confit, relativement mûr. Il est assez linéaire au départ, lorsqu’on le prend en bouche et gagne en gras par la suite. La texture est légèrement crémeuse. La finale est assez longue avec l’amertume caractéristique du cépage qui apporte un peu plus de structure.

 

  1. Pinot Gris – 2019

 

Un vin extrêmement aromatique présentant des notes de rose et de loukoums. À l’aveugle, on pourrait penser à un Muscat ou un Gewürztraminer tant le vin est parfumé. Ici, pas de malolactique pour préserver la précision de l’aromatique florale. Étonnamment, c’est assez droit pour un Pinot Gris. Il a une belle trame acide qui contrebalance l’alcool et lui donne du dynamisme évitant ainsi de donner une impression de lourdeur.

 

  1. Petite Arvine – 2019

 

Une très jolie Petite Arvine avec un nez délicat, très subtil, des notes de fleurs blanches, une pointe de rhubarbe. Elle n’est pas très exubérante mais tout en finesse. En bouche, l’acidité ciselée lui donne une énergie vibrante et elle a une texture presque granuleuse qui donne de la structure et du caractère. La finale est longue et saline. Un délice !

 

  1. Sélection Excelsus 1955 Blanc – 2018

 

Un audacieux assemblage de Viognier et Pinot Gris, 50% de chaque. La fermentation se déroule en fût de chêne français. La malolactique n’est pas bloquée, donc elle se déroule probablement. L’élevage dure 18 mois au total dans des fûts neufs ainsi que de deuxième et troisième passage.

Un nez complexe avec plusieurs couches d’arômes jonglant entre l’acacia, un côté cire d’abeille, abricot mûr et ensuite, le toasté et vanillé de la barrique. C’est un vin robuste avec beaucoup de corps, peu d’acidité ce qui l’alourdit un peu. La texture veloutée tapisse le palais. C’est un vrai beau vin de gastronomie mais c’est beaucoup trop jeune pour être dégusté aujourd’hui. Il faut donc le mettre à la cave et le ressortir dans quelques années pour le manger avec un risotto à la truffe blanche.

 

 

Les Rouges 2019 de la Sélection Excelsus

 

  1. Gamay

 

Un gamay qui se suffit à lui-même. Une petite bombe de fraîcheur et de fruits rouges, tel un coulis de baies des bois avec une note de grué de cacao. Ce n’est pas un vin très complexe mais c’est juteux et croquant. Un vrai plaisir à déguster. Renaud pense que le secret est de décuver à la caissette et de ne jamais maltraiter les raisins même après la fermentation. Les baies sont donc déplacées méticuleusement et manuellement avec les cagettes à vendanges avant d’arriver dans le pressoir. Il touche donc moins les pépins et pense que cela contribue à avoir des tanins plus fins et qui s’intègrent mieux.

 

  1. Syrah

 

Un nez très pur et précis de poivre blanc avec un petit côté primeurs qui se dissipe avec l’aération. Des notes éclatantes de prunes rouges et noires. Des tanins bien définis et bien intégrés qui n’accrochent pas. Une belle structure avec de l’élégance et un superbe équilibre entre l’alcool qui apporte une touche de rondeur et une texture plus crémeuse et l’acidité qui discipline et donne un côté plus strict au vin. Une jolie Syrah qui bénéficierait d’un peu de temps en cave avant de pouvoir démontrer tout son potentiel.

 

  1. Cornalin

 

Un concentré de fruits noirs avec un côté mûres, myrtilles et cerises. Un bouquet ultra épicé avec de la cannelle, cardamome et une touche de muscade. Un vin avec beaucoup de corps et une finale longue et crayeuse.

Série I – Cépages indigènes | Épisode 1 : Les Besson-Strasser et leurs sublimes Räuschling

Série I: Evasion au cœur de l’Helvétie à travers ses cépages rares, indigènes et précieux.

Épisode 1 : Les Besson-Strasser et leurs sublimes Räuschling

 

Cédric et Nadine sont les propriétaires du domaine éponyme Weingut Besson-Strasser, mais ils sont bien plus qu’un couple qui travaille ensemble au quotidien. C’est avant tout une équipe de passionnés, amoureux de la nature et qui font preuve d’une générosité implacable quand il s’agit de partager leurs connaissances.

Cédric Besson
Photo : Cédric Besson Strasser, un vigneron heureux et débordant d’énergie !

 

Aujourd’hui, nous allons parler de leur domaine en biodynamie certifié Demeter et Biodyvin, qui se trouve encore tout juste sur le canton de Zürich. En réalité, vous pouvez faire d’une pierre deux coups en leur rendant visite. Vous pourrez premièrement déguster leurs délicieux vins et écouter la philosophie commune de Cédric ou de Nadine. Dans un second temps, vous pourrez profiter d’aller explorer les chutes du Rhin. Majestueuses et impressionnantes, elles nous rappellent à quel point la nature est forte et n’a point besoin de nous, bien au contraire.

Les chutes du Rhin, à quelques minutes en voiture de la Weingut Besson-Strasser à Uhwiesen ;

Source de la photo : Civitatis

 

Dans ce premier épisode, la philosophie du domaine et leur travail seront d’abord exposés. Ensuite, nous ferons un zoom sur deux cépages : Le Räuschling et le Zweigelt.

Comme pour chaque producteur visité, je vous ferai également part de mes coups de cœur qui se retrouvent dans ma cave.

 

Le domaine en bref

Photo : vue depuis l’un des vignobles enherbés de la famille Besson-Strasser

 

Cédric et Nadine travaillent 7 hectares en biodynamie depuis 2004. Si vous pensiez qu’en Suisse allemande, on se cantonnait au Pinot Noir et au Chardonnay, vous vous trompez ! Ils élaborent une quinzaine de cuvées. Leurs Pinot Noir sont à tomber. Ils se démarquent tous par une immense fraîcheur et élégance. Le type de Pinot Noir où vous ne comprenez pas comment la bouteille s’est vidée. Probablement de l’évaporation. Le couple, rempli d’idées, a décidé de planter pour la première fois en Suisse du Zweigelt. Et le résultat est brillant !

Nous parlerons plus bas de ce cépage que vous rencontrerez davantage en Autriche.

 

Dans une approche qui pourrait rappeler la belle Bourgogne, les Besson-Strasser distingue volontairement les deux types de terroirs sur lesquels ils produisent leurs vins. Ceci explique partiellement la diversité dans leurs différents Pinot Noir.

Six hectares se situe sur le canton de Zürich. Ici, vous trouverez des sols sableux et des anciennes moraines. Elles se sont formées progressivement par les avancées successives du glacier pendant les différentes périodes glacières.

Un hectare se situe sur le canton de Schaffhouse à environ 25 km du domaine. Changement complet de terroir pour créer un Pinot Noir sur des sols argilo-calcaires. On obtient ainsi en dégustation : un toucher de bouche plus crayeux et une finale très longue qui reste sur la délicatesse des petites baies de bois fraîchement cueillies.

 

 

À la vigne

 

Progressivement les Besson-Strasser ont pu acquérir de nouvelles parcelles et ont dû les convertir à leurs pratiques, soit les cultiver en culture biologique (sans pesticides, herbicides, ni produits de synthèse) et selon les principes de la biodynamie. Comment faire pour recommencer à zéro sur une terre traitée avec des produits chimiques et potentiellement toxiques ? Comment la vigne peut-elle s’habituer à ces changements ?

Cédric affirme que le tout réside dans l’observation. C’est la clé selon lui. Il commence par faire un état des lieux de ces sols. Ensuite, progressivement il instaure les travaux des sols comme les labours afin que la terre puisse respirer.

En effet, elle a probablement été compactée par les nombreux passages de tracteurs et suite aux produits chimiques toxiques, les vers de terre absents n’ont plus pu aérer les sols.

L’étape suivante consiste à planter des engrais verts afin de rééquilibrer la terre en fonction de ses besoins. Il a de la chance d’avoir la fabrique Sativa proche de lui qui peut le fournir en semences bio voire Demeter. Ainsi, il n’agit qu’avec des produits naturels et élaborés localement. Les graines plantées varient énormément en fonction des besoins des plantes. Cela peut être des céréales, des légumineuses, etc.

Grâce à ses quelques années d’expérience, il est capable de créer ses propres mélanges adaptés aux besoins de ses différentes parcelles. Pour lui, tout est question d’équilibre. C’est pourquoi il a même cessé de planter des légumineuses dans certaines parcelles car l’apport excessif d’azote donnait trop de vigueur aux vignes.

L’azote reste un nutriment essentiel, mais en excès, il risque uniquement de favoriser le développement du matériel végétal et de promouvoir le développement des maladies fongiques à cause de l’excès d’humidité résidant dans le feuillage. À nouveau, l’observation prime ! La nature fait bien les choses, il suffit de l’écouter et de l’aider quand elle en a besoin.

Photo : Les raisins au mois d’août en pleine véraison. Le moment où les anthocyanes (pigments qui donnent la couleur rouge) arrivent dans les raisins et qu’ils se parent de leur teinte rouge. 

 

 

À la cave

 

En termes de vinifications, le processus est extrêmement proche de la nature. Les Besson-Strasser se concentre énormément sur le fruit. On ne peut pas faire un grand vin, sans un excellent raisin. C’est pourquoi, l’essentiel de leur travail se fait à la vigne. En cave, ils sont traducteurs de ces raisins et les accompagnent pour en faire le plus grand vin possible mais avec un minimum d’intervention.

Le respect du raisin est essentiel. Les fruits sont travaillés uniquement avec des opérations manuelles (ou aux pieds) afin d’être le plus doux possible avec ces derniers. En effet, les extractions chez les Besson, c’est plutôt des infusions. Le fruit est à peine bougé, les tannins enlevés des peaux sont donc fins, subtils, élégants et s’intègrent à merveille dans les vins.

 

Toutes les fermentations sont faites de manière spontanée, c’est-à-dire en utilisant uniquement les levures indigènes (les levures naturellement présentes dans le vignoble, qui se trouvent sur la peau des raisins).

Une fois la fermentation terminée, les levures n’ayant plus rien ni nourriture (le sucre des raisins), ni d’oxygène, elles meurent, tombent par gravité au fond de leur contenant et deviennent, dès lors, des lies. Ces lies sont des puissants antioxydants. Elles apportent une texture plus crémeuse, un toucher de bouche soyeux et elles protègent naturellement le vin contre son ennemi, l’oxydation.

Les Besson-Strasser gardent donc la totalité des lies pour bénéficier au maximum de leurs effets positifs. Le temps fera le travail de sédimentation. Les vins ne sont donc jamais filtrés pour les rouges et passent uniquement à travers une large filtration pour les vins blancs, uniquement si la santé future du vin le requiert.

 

Et qu’en est-il du fameux SO2 ? Ces sulfites que le consommateur craint tant ?

Chez eux, la minutie est de rigueur. Le SO2 est le seul intrant utilisé mais en quantité extrêmement limitée. Il est généralement ajouté avant la mise en bouteille ou dans tous les cas, le plus tard possible. Ceci dans le but d’avoir les vins les plus digestes possibles et éviter qu’ils se ferment et révèlent moins d’arômes à cause d’un excès de SO2 non requis.

 

Bref, chez les Besson-Strasser, Mère Nature est la reine et les vins sont la plus pure expression des raisins offerts par le millésime.

 

 

Le Räuschling

 

Selon le Dr. José Vouillamoz, célèbre ampélographe suisse, le Räuschling serait originaire d’Allemagne mais n’aurait survécu qu’en Suisse. Aujourd’hui c’est donc naturellement devenu le cépage autochtone de Zürich, canton qui centralise 17,5 hectares sur les 22.8 hectares cultivés en Suisse.

Il est fils du Savagnin et du Gouais, père de nombreux cépages du centre de l’Europe mais aujourd’hui rarement vu. Son nom pourrait venir de Rausch en allemand, signifiant le bruit, possiblement à cause du son généré lorsque le vent passe à travers son dense feuillage. L’autre origine éventuelle de son nom serait Russling, du vieil allemand Rus signifiant vieux bois et faisant donc référence à la couleur de ses sarments d’une couleur brun foncé lorsque lignifiés.

 

 

Le Räuschling des Besson-Strasser se décline en trois versions.

 

La première : un Räuschling vinifié de manière classique, pur, frais, fruité avec un bouquet rempli d’agrumes du pamplemousse rose au yuzu. Les raisins sont vendangés en plusieurs tries (différents passages) en fonction de la maturité des baies afin de les cueillir lorsqu’elles révèleront leur plus belle expression. Le moût puis vin, fait sa vie dans trois contenants différents :

  • un tiers dans un œuf en béton apportant un côté crayeux, texturé;
  • un tiers en foudre donnant du gras, de la rondeur et de l’onctuosité,
  • finalement le dernier tiers reste en cuve pour se démarquer par sa fraîcheur.
  • Le tout est assemblé après une année.

 

La deuxième en version « nature » ; c’est-à-dire vinifiée sans aucun ajout de sulfites. Pour parvenir à cet exercice de haute voltige, ils pratiquent des macérations des jus avec les peaux comme pour l’élaboration d’un vin rouge. Cela transmet un caractère phénolique au vin, une perception d’astringence avec des amers parfaitement équilibrés et donc très agréables. Ils apportent de la structure au vin et prolongent sa finale très persistante. Tout comme des tannins pourrait le faire dans un vin rouge. Avec sa couleur relativement entre l’or et l’ambré, on pourrait le rentrer dans cette catégorie de vin dit « orange ». Ce vin a un volume impressionnant et si vous avez peur des vins qui sont moins nets dû à l’absence des sulfites (antibactérien et antioxydant sont leurs fonctions principales), c’est très loin d’être le cas ici ! Le vin est précis, texturé et reste très frais et élégant malgré son volume plus que surprenant.

 

Nous le dégusterons lors de l’événement lecteurs du Temps le 8 avril 2020.

 

La version finale se déguste dans un assemblage nommé Fumé, composé de 50% de Chardonnay et 50% de Räuschling. Il est fermenté en barriques (avec quasiment aucune barrique neuve) et bénéficie de quelques bâtonnages (remise en suspension des lies) lorsque c’est nécessaire uniquement. Un grand vin, rond, gras, très complexe par ses notes de citron mûr, de bergamote, des notes de noisettes et un côté légèrement épicé. Une alternative locale aux amateurs de Bourgogne.

 

Source concernant le Räuschling : Cépages Suisses, Histoire et origines ; Dr. José Vouillamoz, Éditions Favre.

 

Photo : La bouteille du Räuschling nature. L’étiquette est quasiment identique à celle du Räuschling classique, qui, comme les autres vins, est imprimée sur un fond noir. Celle-ci a un fond blanc pour la distinguer des autres.

 

 

Le Zweigelt

 

Ce cépage autrichien est issu d’un croisement entre le Blaufränkisch et le Saint-Laurent. Il offre des notes de pruneaux, de fruits noirs denses et très mûrs. Chez les Besson, une partie est vinifiée en amphore ce qui lui donne fraîcheur et élégance pour un vin pourtant riche et intense. Le reste fermente en demi-muids et en foudre.

 

 

Mes coups de cœur

 

Découvrir leurs Räuschling(s) est impératif ainsi que leur version Suisse du Zweigelt, mais leurs Pinot Noir restent pour moi les incontournables de la maison. Ils font inévitablement partie de ces Pinot Noir suisses qui prouvent que nous n’avons pas à rougir de nos voisins. Le Cholfirst sera votre compagnon idéal pour apprécier un verre pour le plaisir en toute simplicité avec un fruit expressif, droit, croquant mais tout de même un aspect très juteux. Les deux autres seront un véritable jeu de terroir mais entre Albi et le Chlosterberg, les deux sont des merveilles qu’on peut oublier dans sa cave ou avec lesquels se faire plaisir pour des belles soirées où l’on ne voit pas le temps passer.

 

Merci beaucoup à Cédric et Nadine pour le temps qu’ils m’ont accordé et ces échanges passionnés !

 

N’hésitez pas à me faire vos recommandations si vous souhaitez que j’aille explorer un vignoble, je suis toujours ravie de faire de nouvelles découvertes !

 

Photo : il y a même des tournesols qui poussent spontanément dans leurs vignes. C’est magique quand la nature reprend ses droits !

Bienvenue dans ce voyage hédoniste

Chères Lectrices, Chers Lecteurs,

 

Je m’appelle Johanna Dayer, je viens de fêter mon 29ème anniversaire et je suis ravie d’avoir la chance de commencer ce blog pour Le Temps.

Le vin, c’est ma passion et l’essentiel de ma vie. Ce que j’aime boire, c’est les paroles des vignerons, les écouter partager leur histoire, leur savoir, leurs techniques uniques. On ne peut jamais s’ennuyer dans le monde vitivinicole et pour quelqu’un qui déteste particulièrement la routine, le vin est bien tombé sur mon chemin.

 

Chaque année est différente et nous sommes à la disposition de Mère Nature. On ne produit pas des jeans, on ne se contente pas d’appuyer sur un bouton pour produire. On doit écouter la Terre, être proche d’elle, la comprendre, accepter qu’on ne maîtrisera jamais totalement son terroir et encore moins le climat qui le régit. Le vigneron n’a qu’une seule opportunité par année pour vendanger des raisins de la meilleure qualité possible, mais c’est le fruit de toute une année de travail. Chaque détail compte, chaque choix impacte la vision du vigneron et le résultat dans votre verre. J’ai voulu comprendre chacun de ses éléments, comment faire le bon choix par rapport à philosophie, le style de vin que l’on souhaite élaborer. Comment faire pour apprendre de manière structurée dans un domaine si vaste et complexe ? Il n’y avait qu’une seule réponse. Essayer de faire Master of Wine (MW).

 

Dans 88 jours, j’irai passer, je l’espère, mes derniers examens de ce programme rempli de surprises nommé MW pour les intimes. C’est un programme long, rude et relativement solitaire, même si on y fait des rencontres fantastiques. Alors, autant vous emporter dans mes aventures. J’espère que ce dont j’aurai la chance de partager avec vous sur le monde du vin vous plaira et que vous comprendrez pourquoi le vin est un des univers les plus fascinants et excitants au monde.

 

L’idée pour ce blog est donc de vous prendre avec moi en voyage, des sortes de vacances de l’esprit pour vous, où vous pourrez, je l’espère apprendre tout en vous faisant plaisir.

Je suis ouverte à toutes vos suggestions pour écrire des petits articles, donc n’hésitez pas à me contacter et me faire part de vos idées. J’aimerais que ce soit un blog vivant et participatif. C’est pour cela que je laisse les commentaires, ainsi nous pourrons échanger ensemble.

 

 

J’ai prévu plusieurs thèmes pour nos évasions hédonistes :

 

  1. Evasion au cœur de l’Helvétie à travers ses cépages rares, indigènes et précieux.

Pour commencer, dans notre premier épisode, nous irons faire un tour en Suisse allemande avec le Raüschling des Besson-Strasser.

 

  1. La Suisse du vin, plus dynamique que jamais avec ses Rookies.

Comment la nouvelle génération crée son propre domaine, reprend la cave familiale et l’ajuste à ses propres valeurs. Nous partirons ensemble à la rencontre de personnalités jeunes, rafraîchissantes (tout comme leurs vins), pétillantes, remplies de vie et surtout de brillantes idées.

 

  1. Exploration aux quatre coins du monde de pépites atypiques et souvent sous-évaluées.

Ce sera ma façon de vous faire partager mes révisions, voyages, visites et explorer des vins que vous ne connaissez pas assez ou pas du tout.

Au programme : un tour du monde du Muscat dans ses différents styles et pays d’origine, un tour d’Italie axé autour des vins blancs souvent oubliés à l’égard de leurs frères rouges, les précieux joyaux de la Moselle, Rioja – entre tradition et modernité, Madeire – les secrets d’une île enchantée, et bien plus encore !

 

 

Mais peut-être que d’abord vous aimeriez savoir qu’est-ce que c’est ce fameux Master of Wine (MW) et qu’est-ce qui est particulièrement attractif dans ce programme extrêmement exigeant.

Moins de 400 personnes dans le monde ont réussi à obtenir ce titre.

Pourquoi ? Le programme de MW requiert beaucoup de connaissances et de discipline afin de réussir des examens multidisciplinaires. En bref, il y deux années d’examen. La première session d’examen, le Stage 1 Assessment (S1A), dure une journée. Le matin, les candidats dégustent 12 vins à l’aveugle et doivent identifier au mieux selon les questions qui leurs sont posées l’origine, le cépage, le style, le potentiel commercial, etc. L’après-midi, c’est un examen théorique de deux heures qui attend les candidats. Deux questions auxquelles les étudiants doivent répondre sous la forme d’une dissertation. La structure est donc un élément-clé pour réussir.

 

Le seul cadeau que les candidats obtiennent s’ils réussissent le S1A, c’est le droit d’aller en deuxième année. L’écremage est de mise puisque selon les notes obtenues, on vous invite soit à quitter le programme et postuler à nouveau après avoir patienté minimum deux ans, soit à refaire votre examen. Les élèves dans le programme n’ont qu’une seule deuxième chance de passer le S1A, faute de quoi, ils devront sortir du programme.

 

En deuxième année, les examens se corsent puisqu’en plus des connaissances à avoir, il faut également avoir de l’endurance. La semaine d’examen se déroule sur quatre journées complètes. Les trois premiers matins sont dédiés à la dégustation. Cette fois, les candidats seront examinés sur 36 vins au total. Douze vins blancs le premier jour, douze rouges le deuxième et finalement un mélange aléatoire le troisième jour pouvant être composé de rosés, effervescents, liquoreux, fortifiés (Sherry, Madeire, Porto) ou encore de davantage de rouges et blancs « tranquilles » (= sans bulle). Chaque examen de dégustation dure deux heures et quart. Ensuite, il est possible d’aller grignoter quelque chose, se dégourdir les jambes avant d’enchaîner sur trois heures d’examen théorique. L’ordre d’examen est logique puisque le premier, touche à la viticulture, le deuxième à l’œnologie (dès que le raisin entre dans la cave jusqu’à la fin des fermentations), le troisième concerne à nouveau le processus de production en couvrant les types de collage, filtration, le transport en vrac dans un bâteau, la mise en bouteille, etc. Ensuite, une fois le vin enfermé dans son contenant définitif (que ce soit une bouteille, un bag-in-box, une canette ou autre), le quatrième examen couvre le business du vin. Cela implique d’avoir les connaissances sur les canaux de distribution, le marketing et ses diverses stratégies, la finance du monde du vin et les différentes variantes d’atteindre la rentabilité et le tout concerne tous les types de vins de l’entrée de gamme aux plus grands crus du monde. Finalement, pour clôturer le quatrième jour d’examen et évaluer notre esprit critique, il y a un dernier examen qui s’appelle « Contemporary issues ». C’est un papier qui demande d’analyser toutes les différentes facettes du monde du vin et d’avoir une vision parfois plus philosophique mais qui doit toutefois restée argumentée et justifiée.

 

Après des mois de travail, j’ai eu la bonne surprise de réussir à ma première tentative la théorie. Maintenant, il reste les fameux 36 vins. Avoir douze vins devant soi requiert bien plus que des compétences en dégustation et en communication. Il faut maîtriser ses nerfs. Jusqu’ici, je suis mon plus grand ennemi. Le stress, le manque de confiance en moi, la panique et l’anxiété n’ont pas été mes meilleurs amis ces dernières années. Que cela paraisse surprenant, c’est ce qui me plaît le plus dans le programme. Ce n’est pas uniquement un programme qui mesure vos aptitudes intellectuelles, votre mémoire ou votre esprit d’analyse. C’est un challenge personnel, une sorte de voyage à travers votre état d’esprit, votre force de caractère, votre rigueur et votre persévérance. L’échec fait probablement partie du processus et honnêtement, je n’ai jamais connu quelque chose d’aussi enrichissant. La force de Master of Wine, c’est que lorsque vous obtenez le Graal, vous êtes bien plus qu’un bon communicateur ou généraliste du vin. Vous êtes capable de vous gérer qu’importe la pression et la situation. Vous savez maîtriser vos nerfs et garder votre calme. L’objectivité à laquelle nous sommes soumis pour analyser avec précision les vins nous permet de devenir beaucoup plus pragmatique et honnête avec les crus que nous avons en face de nous. Cela peut paraître extrême quand on vit le programme de l’extérieur ou qu’on ne le connaît pas. C’est pourtant la plus belle aventure qui me soit arrivée et qu’importe le résultat final, c’est le parcours que j’aurai personnellement vécu avec moi-même qui aura le plus de valeur. J’ai grandi, mûri et tellement appris. Je ne peux qu’être reconnaissante auprès de l’Institut et de tous les Masters of Wine pour toutes les compétences physiques, mentales et vitivinicoles que j’ai acquises ces dernières années.

 

On se retrouve très vite pour ce premier épisode de notre roadtrip suisse ! J’espère que ça vous plaira !

 

Merci pour votre lecture et à bientôt !

 

Jo