Faut-il crier? Ou faut-il hurler?

Les uns crient au scandale de l’inaction politique. Les autres hurlent leur refus d’actions qui cassent les codes et défient les lois. Le débat de forme est tel que le fonds disparaît. Pourtant, nous vivons les dernières heures pour qu’émerge une nouvelle société, avant que l’humanité ne soit définitivement appelée à disparaître progressivement. Tic tac, tic tac.

 

Le 14 avril 2022, neuf militants du mouvement Renovate Switzerland bloquent le pont du Mont-Blanc, en se collant les mains au bitume. Il aura fallu plus de deux heures pour les décoller. Avec un trafic particulièrement perturbé. Ce qui correspond à l’objectif visé : susciter un blocage massif dans l’hypercentre pour faire réfléchir sur l’impact d’une surconsommation de mobilité individuelle.

Le 29 mai 2022, la Joconde est entartée par un visiteur, qui appelle à ce qu’on se préoccupe davantage de la planète, après avoir tenté de briser la vitre de protection. Son message, repris plusieurs fois depuis, est de crier le déséquilibre entre un intérêt disproportionné pour des œuvres historiques, mortes, et un désintérêt tout aussi disproportionné pour une planète indispensable à l’homme, (encore) vivante.

Le 22 juin 2022, des activistes attaquent le bitume à coup de marteau-piqueur dans la désormais célèbre affaire du dégrappage. Leur objectif : sensibiliser la population au manque d’action, dans un quartier ultra-bétonné, où la végétation brille par son absence.

 

Le monde a besoin d’électrochocs

Ces trois exemples ont un point commun essentiel : les jeunes générations en ont ras-le-bol de ne pas être (suffisamment) entendues. Elles inventent des nouvelles formes de communication pour faire réagir. Elles imaginent de nouveaux moyens d’entrer dans le débat politique, avec l’espoir de secouer le statu quo et de faire avancer les mentalités.

Car il est un constat indéniable qui milite en faveur d’une meilleure acceptation de ces actions-choc : notre monde a lamentablement échoué dans la préservation de la planète qui nous héberge.

Nous vivons les dernières années avant qu’il ne soit trop tard pour pérenniser la vie sur Terre. Et nous les gaspillons à devoir encore et toujours justifier telle action, combattre telle injustice, défier telle ineptie. Alors qu’il reste tant à faire pour rattraper le retard pris ces dernières décennies perdues à encenser énergies fossiles, plastique et autres produits nocifs, et à traiter la planète comme une poubelle.

Aussi, il ne faut pas s’étonner que certaines personnes fassent preuve d’ingéniosité pour combattre l’inaction de notre époque.

 

Un nouveau paradigme

Albert Einstein disait : “Nous ne pouvons pas résoudre nos problèmes avec la même pensée qui a conduit à les créer”. Ce qui peut paraître une évidence nécessite qu’on se le rappelle.

Nous sommes tous et toutes la tête dans l’eau, à deux doigts de l’asphyxie, à chercher le chemin vers la surface, vers l’oxygène. Dans ce même temps, nous nous perdons en chemin, car nous restons figés dans un moule, à vouloir respecter tel règlement, telle loi, telle tradition. Et cet aveuglement nous empêche de réaliser qu’il faut souvent sortir d’un mode de pensée pour entrevoir un début de solution. Et que rares sont les situations où il est de bon ton de continuer une façon de faire “parce qu’on a toujours fait comme ça”.

Notre monde a besoin d’être secoué. Nous avons tous et toutes besoin de nous remettre en question, régulièrement, sur ce sujet comme sur d’autres.

Et force est de constater qu’en 2022, il faut encore bien du courage et de la résilience pour oser affirmer une idée qui navigue dans le sens contraire du courant.

 

Crieurs contre hurleurs

L’incompréhension entre crieurs et hurleurs constitue une nouvelle forme de clivage dans notre société, déjà gangrénée par des combats d’ego entre les fronts politiques de gauche et de droite. C’est en quelque sorte la lutte des classes des temps modernes.

Pour ma part, et même si je soutiens ce triste constat, j’ai aussi un peu de peine à voir ces nouvelles attitudes émerger. Notre société a fixé des règles et un cadre clair, pour justement éviter toute forme de débordement. Et c’est un peu simple de crier contre l’establishment politique, alors que toute personne peut le changer de l’intérieur, peut agir avec respect et courtoisie.

Pour autant, je comprends le désarroi de ces personnes. Et je regrette l’acharnement des hurleurs à vouloir combattre la forme au-delà de toute considération pour le fond.

Car dans ce clivage où crieurs et hurleurs ne se comprennent plus, la seule victime collatérale reste encore et toujours l’humanité sur Terre. Ne perdons pas de vue que c’est l’inaction politique de notre époque qui est le véritable scandale. Un scandale particulièrement inacceptable lorsqu’on pense à tout ce que les leaders d’aujourd’hui ont osé entreprendre pour contrer la pandémie de Covid-19 et dont ils semblent incapables face à l’urgence climatique.

Pour conclure, je citerais un ami socialiste qui récemment disait “Pour la crise sanitaire, on n’avait pas de médicament, on n’avait pas de vaccin. Pour la crise climatique, on a les médicaments, on a les vaccins, on sait faire… On a les moyens de le faire, on a le devoir de le faire !”

(En illustration, une image datant du début de la pandémie, que j’avais trouvé absolument criante de lucidité)

Jenoe Shulepov Bucher

Un œil sur la planète, un regard sur l’économie. Jenoe Shulepov Bucher, président des Vert’libéraux – Ville de Genève, est attaché tant aux valeurs libérales qu’à la nécessité de tendre vers une société davantage tournée vers l’humain. De nationalité suisse, Jenoe Shulepov Bucher est en couple avec son partenaire (enregistré) depuis 2013. Il est passionné de films et de séries TV.

5 réponses à “Faut-il crier? Ou faut-il hurler?

  1. Le problème est que tout le monde (je refuse de considérer ici les imbéciles qui osent encore dire qu’il n’y a pas d’urgences, ces gens là ne méritent pas la parole) est d’accord pour dire qu’il faut régler le problème, mais personne ne s’accorde sur les solutions.

    Les solutions technologiques ne nous sauverons pas.
    Seule la décroissance permettrait de limiter cette fuite en avant.
    Le réchauffement climatique n’est que la pointe de l’iceberg et tant que nous ne comprenons pas que nous faisons partie d’un tout, jamais nous n’avançerons dans la bonne direction.

    Toutefois, même si c’est avéré, comment faire pour mettre en place des politiques impopulaires dans une démocratie, même si c’est le seul moyen d’éviter un effondrement ?

    Les gens sont égoïstes, nombreux sont prêt à mentir, entretenir le doute, manipuler les foules pour augmenter un peu leurs bénéfices individuels court-termistes au détriment du bien du plus grand nombre.

    Comment pouvons nous être libéraux si nous souhaitons ajouter des contraintes? Et si nous ne voulons pas de contraintes comment pouvons nous espérer changer nos sociétés avec autant de malhonnêtes ?

    Tout n’est que greenwashing et les gens sont trop heureux d’y croire pour véritablement en douter. Hydrogène vert, voitures électriques, digitalisation….. Nous savons que c’est du vent, mais notre seul plan d’action à venir est pourtant celui là car c’est le seul qui peut se déssiner sans contraintes.

    Nous parlons de géoingénierie comme si le réchauffement climatique était notre seul problème alors que nous saturons nos eaux de pesticides, artificialisons nos sols, détruisons nos forêts, perturbons les cycles de l’eau, ne considérons pas les limites physiques d’extraction des métaux ni la pollution qu’ils engendrent….

    Il nous faut des élus éduqués et un peuple qui fait confiance à ces élus pour prendre les décisions difficiles. Mais tout le monde pense détenir la connaissance donc plus personne ne fait confiance à qui que ce soit qui ne partage pas ses idées.
    Nos élus cherchent la réélection et ne comprennent pas les enjeux. Ils réflechissent en séparant les différents domaines comme s’ils étaient indépendants les uns des autres plutôt que d’embrasser la compléxité du monde, ce qui serait pourtant la seule manière d’apporter des réponses cohérentes.

    Le résultat de ceci est qu’ils prônent des solutions qui n’en sont pas et ne font qu’aggraver le problème, égrenant ainsi le peu de confiance qu’on leur accorde encore…
    Ils s’en rendent compte et donc, plutôt que de s’éduquer et d’ajouter de la complexité à leur modèle de pensée pour retrouver une base forte et remotiver les réalistes qui ne croient plus en eux, vont chercher leur base électorale chez les moins instruits (ou les économistes mais soyons honnête, ça va de pair) car leur vision simpliste peut correspondre à un programme simpliste….. Et on se retrouve avec une montée de l’extrême-droite, avec des climatosceptiques, des techno-solutionistes, des vendeurs de rêves…

    Apportez-moi une solution à ceci et vous aurez mon vote, malheureusement vous êtes comme les autres, vous allez me sortir des pseudo-solutions, me dire que la captation du CO2 est la panacée, me dire que je suis pessimiste, que c’est moi qui n’ai pas compris, que l’avion propre existe, que le Pétrole bio c’est bien et que la biodiversité est secondaire, que les pistes de ski sont une nécessité économique, que les bassines de rétention et les canons à neige ne sont pas si néfastes, que les pesticides et le labour sont nécessaires et que la liberté individuelle signifie pouvoir manger de la viande, même si cette dernière est désormais devenue ce que le bois aggloméré est au chêne, une pâle copie pour faire croire aux plus démunis que leur pouvoir d’achat a augmenté…..

    Et je vais vous répondre comme je le fait depuis 5 ans: “nous en reparlerons quand vous aurez changer d’avis, le mien est stable depuis des années et tout porte à croire que je ne me trompe malheureusement pas… Soyez certain que je le regrette.”

    1. Merci beaucoup pour votre commentaire plein de bon sens et de questions fortes.
      C’est toujours intéressant d’ouvrir le débat sur des sujets aussi passionnants.
      Permettez-moi de compléter vos réflexions sur quelques points.

      « Tout le monde est d’accord pour dire qu’il faut régler le problème »
      Je ne suis pas d’accord avec cette affirmation. Si tout le monde prenait réellement la mesure du problème et la gravité de la situation, on ne serait pas encore en train de perdre notre temps à devoir tout négocier. Prenons deux exemples, qui illustrent les blocages tant à droite qu’à gauche.
      – En termes de mobilité, l’usage de la voiture de manière systématique, dans une ville, pose de grands problèmes. D’une part, elle génère un quart des émissions de CO2 du canton de Genève ! D’autre part, l’espace public qui lui est dévolu est disproportionné (on consacre plus de 80% de la chaussée à un mode de transport qui représente 27% des déplacements !). Malgré ces chiffres incontestables, la droite reste inflexible et défend la liberté à polluer la planète, à polluer la qualité de vie des citoyens, à polluer les déplacements des autres, à polluer la liberté de commerce qu’elle prétend défendre !
      – En matière de commerce justement, prenons l’initiative « Zéro Pub » sur laquelle les habitants de la Ville de Genève se prononceront en mars 2023. La gauche n’a rien de mieux à proposer qu’une mesure pour asphyxier la liberté de commerce, affaiblir les finances publiques, favoriser des supports énergivores et implantés à l’étranger, et priver les circuits courts et l’économie circulaire de moyens de promotion (tout ça pour ne plus voir les publicités de quelques nuisibles, plutôt que de légiférer sur les activités de ceux-ci). Ce faisant, elle monopolise une attention et une énergie insupportable. L’énergie que les référendaires dont je fais partie avons dû dépenser pour défendre notre économie n’aurait-elle pas pu être mise au service d’autre chose ?

      « Les solutions technologiques ne nous sauverons pas. Seule la décroissance permettrait de limiter cette fuite en avant. »
      C’est absolument vrai… et à la fois pas du tout, de mon point de vue. 🙂
      Bien sûr, la décroissance est inévitable sur certains secteurs.
      En revanche, la technologie peut et doit être mise au service de l’urgence climatique.
      Les innovations sont porteuses d’espoir. En mobilité, on ne peut imaginer qu’un jour 100% des automobilistes se seront mis au vélo ou au transport public – mais grâce aux véhicules électriques, l’impact de la mobilité sur la planète sera largement diminué. En énergie justement, un panneau photovoltaïque de 2022 produit bien plus d’électricité que son prédécesseur il y a 20 ans. En santé, on atteint aujourd’hui des précisions encore jamais égalées. En production, la volonté de la société de se passer de plastique a poussé des startups à inventer de nouveaux matériaux, à repenser nos modes de consommation.
      Les Vert’libéraux ont la conviction profonde que les technologies et le libre marché (régulé) sont les clés du monde de demain.
      Certains secteurs devront connaître une décroissance inévitable (aviation, automobile, énergies carbonées, produits chimiques, production de viande…) tandis que d’autres vont, et on s’en réjouit, connaître une croissance sans précédent (production photovoltaïque, alimentation alternative, prestations de proximité, transport public…).
      Cela étant, vous mettez le doigt sur un point essentiel : la nécessité d’avoir une vision globale et de tout considérer dans son ensemble. Exemple : les Vert’libéraux soutiennent des actions contre les vols courts, qui sont une aberration en termes de CO2. Pourtant, un récent article invitait à une réflexion intéressante : si on supprime un Genève-Paris, une partie de l’avion va s’abstenir, une partie se déplacer en train, et une grosse partie y aller en voiture. En conséquence, le bilan CO2 sera plus mauvais encore. Faut-il alors maintenir les vols courts tels quels ? Non. Mais il faut aborder le dossier avec une vision systémique et repenser notre rapport à la mobilité.

      « Comment pouvons-nous être libéraux si nous souhaitons ajouter des contraintes? »
      Voilà une question qui m’est souvent posée – et dont on trouve partiellement la réponse dans mon commentaire précédent. Comment peut-on être vert et libéral ?
      Avec pragmatisme et réalisme, tout simplement.
      Il ne faut pas confondre la liberté individuelle et le libéralisme.
      En 2022, les partis qui revendiquent aveuglément la liberté individuelle portent une grande responsabilité dans ce crash sociétal auquel nous assistons. Il n’existe aucune liberté individuelle sans responsabilité collective.
      Est-ce qu’on garantit à un être humain la liberté de tuer une personne avec laquelle il n’est pas en accord ? Non ! Car cette liberté va à l’encontre de la responsabilité collective (et des libertés individuelles des autres, en l’occurrence la liberté de vivre).
      Alors pourquoi garantirait-on à un être humain (je prends un exemple au hasard, navré si c’est un peu provoc) la liberté de circuler en voiture pour faire, seul, un trajet d’un point A à un point B, tous deux situés dans l’hypercentre d’une grande ville où des alternatives plus respectueuses de l’environnement existent ? Cet exemple (et chaque mot a son importance, je ne suis pas un anti-bagnole, je prône un usage adapté de chaque mode de transport au regard des circonstances) montre bien qu’il y a les libertés de chacun, et qu’elles doivent pouvoir se conjuguer avec celles des autres.

      « Tout n’est que greenwashing. Nous savons que [les voitures électriques, l’hydrogène ne sont que] que du vent »
      Notre monde est complexe. Et nous sommes submergés d’informations en surabondance, dans lequel il est parfois difficile de faire la différence entre greenwashing, voire greenbashing, et autres fake news.
      Sans débattre des heures sur ces points, je dirais deux choses :
      – on peut dire ce qu’on voudra, les voitures électriques restent une des solutions aux véhicules thermiques ; mais elle ne peut exister seule et doit être accompagnée notamment d’une nette décroissance dans la consommation d’une mobilité individuelle – il faut repenser notre système ;
      – l’hydrogène est à la fois prometteuse (comment peut-on imaginer faire circuler un avion ou un camion autrement qu’au pétrole, si ce n’est avec l’hydrogène ?) et catastrophique (entre hier et aujourd’hui, j’ai vu 2 vidéos, celle d’un vélo à hydrogène, et celle d’une voiture à hydrogène – deux situations d’un non-sens absolu quand on connaît la difficulté à produire en masse de l’hydrogène vert).

      « Il nous faut des élus éduqués… Tout le monde pense détenir la connaissance… Nos élus cherchent la réélection… »
      Cela fait plus de vingt ans que je m’intéresse à la politique – même si mon rôle actif est plus récent. Et ce que je vois de l’intérieur des Vert’libéraux est assez exemplaire pour que je le signale. J’ai la chance de faire partie d’une formation politique particulièrement ouverte au dialogue, aux idées, aux gens. Nous accueillons régulièrement des Verts déçus par l’idéologie dogmatique et la fermeture au dialogue. Nous accueillons tout autant des libéraux qui ne se reconnaissent pas dans un parti qui ne jure que par la liberté individuelle, au détriment de l’environnement. Notre force, c’est de faire ce grand écart improbable entre des horizons très différents. Et c’est ce trait d’union qui forge notre identité. (Figurez-vous que je suis personnellement en train de dialoguer avec toute la gauche sur un sujet, avec toute la droite sur un autre – c’est passionnant de travailler avec des personnes sur un sujet un jour, et d’être opposants avec ces mêmes personnes le lendemain).
      Nous puisons en nos membres un niveau d’expertise bienvenu pour y voir clair sur tel ou tel sujet. Et nous nous enrichissons quotidiennement de ce que les uns et les autres apportent. Je vous invite volontiers à participer à une AG sur des sujets de votation (par exemple le 6 ou le 8 décembre) et vous verrez une rare ouverture sur le monde, où chacun est libre d’exprimer son avis, dans une écoute et une bienveillance chaleureuses.

      « Vous êtes comme les autres… [Pour vous,] la captation du CO2 c’est la panacée, l’avion propre existe, le pétrole bio c’est bien, la biodiversité est secondaire, les pistes de ski sont une nécessité économiques, les canons à neige pas si néfastes, les pesticides et le labour sont nécessaires, la liberté individuelle signifie pouvoir manger de la viande… »
      Merci pour tous ces exemples qui me permettent d’illustrer par quelques faits que votre vision des Vert’libéraux est assez éloignée de la réalité.
      – OUI, la captation (ou revalorisation) du CO2 peut être une solution dont nous aurions tort de nous passer. NON, nous ne pouvons pas nous reposer sur ce type de technologies et devons impérativement réduire massivement nos émissions.
      – OUI, le biofuel peut avoir des avantages dans certaines industries. NON, ce n’est pas une solution de masse qui peut se substituer à une diminution du « réflexe voiture »
      – OUI, les canons à neige sont néfastes et NON, les pistes de ski ne sont pas une nécessité économique – tant qu’il neigeait en abondance, c’était super d’être un pays aussi bien loti, mais il faut vivre avec son temps et je ne comprends pas comment on a pu arriver à accepter que toutes les stations de ski, par envie de survivre au dérèglement climatique et l’absence de neige, développent de telles aberrations. Les Vert’libéraux considèrent que toute industrie qui pèse négativement sur la planète est vouée à disparaître et à laisser la place à une industrie naissante qui fera du bien à l’être humain et à la planète.
      – NON, les pesticides ne sont pas nécessaires. Les Vert’libéraux ont massivement invité à voter contre les pesticides de synthèse en 2021.
      – NON, nous ne pouvons pas continuer à manger autant de viande et nous devons tous et toutes diminuer notre consommation (à titre personnel, je reste carnivore mais mange moins de viande, et consomme régulièrement des plats innovants, en remplacement de mes habitudes précédentes). Mais OUI, chacun est libre de mener cette décroissance à son rythme. L’important, comme pour tant de choses, est de trouver le juste équilibre des choses sur le long terme…

    2. Merci à vous deux pour votre pertinence ! Alors non, cher(e) Vik, le problème est que tout le monde, s’entend les politiciens et médias, ne parlent que du problème climatique, qui n’est, comme vous le soulignez, que la pointe de l’iceberg, je dirais même qu’une conséquence d’une crise sociétale bien plus profonde. Les problèmes sont multiples aujourd’hui à force de laisser les dirigeants nous mener en bateau ; la vie sur Terre se meurt, on extermine les insectes avec nos pesticides et toute la chaîne est en train de sombrer avec. Et je n’entends personne à Berne parler de cet état de fait, on ne parle que de limiter le réchauffement à 1,5 degré et diminuer notre apport de CO2. Et quand des gens s’opposent à cette destruction comme les Zadistes, ils sont vus d’un mauvaise oeil par la population qui les traite de délinquants, sans savoir qu’en face, ces boîtes comme LafargeHolcim ont détruit des patrimoines culturels, etc, et échappent presque toujours à la justice. On l’a vu avec le brasilia trade, faire tomber des multinationales comme Glencore est un boulot de titan souvent inutile. Autant au tribunal où ils ont des dizaines d’avocats que par voie démocratique avec l’initiative, l’espoir n’est bientôt plus permis et l’extrémisme des actions demeurent le seul moyen de se faire entendre, mais entendre par un sourd. Et comment en vouloir à ces jeunes poussés à l’extrémisme quand ils vont devoir faire face au plus grand défi que l’humanité n’ait jamais connu et qu’ils constatent les mesurettes prises par les gouvernements et surtout la volonté de ne rien changer au système sociétal ; la démocratie a montré ses limites comme l’ultralibéralisme sans garde-fous. Le Suisse, majoritairement de droite, préfère boucler le délinquant des rues et laisser tranquille le délinquant en col blanc (parce qu’il est bien de chez nous celui-là – combien d’avocats suisses ont trempé dans les Pandora papers déjà…). Je n’ai d’ailleurs jamais compris cet aberration de la droite à vouloir plus de sécurité, forcément en brimant les libertés, mais ne leur demandez surtout pas de même diminuer leur consommation de viande pour le bien commun (et la pub du lobby de la viande est en partie financée par l’argent public soit dit en passant)… Alors oui, les progrès technologiques vont aider, il y a de l’espoir avec le réseau de CO2 pour chauffer/refroidir qu’a installé dernièrement l’uni du Valais, ou la technologie des Islandais pour récupérer le CO2 que M. Koenigsegg veut installer pour alimenter ses voitures et toute la chaîne de production, mais ça ne suffira pas, il n’y a pas de solution miracle, c’est à tous les niveaux qu’il nous faut oeuvrer, comme ce n’est qu’en tirant tous à la même corde que l’humanité aura une chance de s’en sortir. Et vu l’état actuel du monde et la folie qui semble devenir la norme, on n’est pas rendu… D’autant qu’il nous faut avancer malgré le lobbysme, les conflits d’intérêts, la nature humaine donc, et que les crises sont toujours récupérées, on l’a très bien vu encore ces jours avec les aides covid qui profitent bien plus aux riches (Zermatt) qu’aux petites stations.
      @M. Bucher
      Cher Monsieur, merci déjà de m’avoir intéressé aux Vert’libéraux que j’avais trop hâtivement et apparemment mal jugés ; il semble qu’on se rejoigne sur bien des points. Néanmoins, vous vous focalisez trop sur la voiture, et la voiture à moteur thermique sera de toute façon gentiment abandonnée d’ici une 10aine-20aine d’années, et sans que le peuple n’ait son mot à dire rappelons-le. On rappellera également que le 1% des plus riches est responsable de 15% des émissions de CO2, et on semble plus vouloir restreindre les libertés du peuple que ceux de ces 1% (ce qui peut laisser penser que Schwab est peut-être bien derrière tout ça), voyez-vous sérieusement une différence entre les pleins pouvoirs du CF pendant le covid et maintenant où on veut amender celui qui chauffera trop son appartement cet hiver ?… La demande de Renovate de mieux isoler les bâtiments est une lettre morte car on manquerait d’argent, alors que les locataires ont payé 78 milliards en trop sur 15 ans… Etc. Il y a de l’argent en Suisse mais il va rarement au bon endroit.
      Quant au PV, oui, le rendement augmente et continuera, le plus haut rendement a été mesuré à 31% je crois, il faut bien sûr continuer à développer cette source d’énergie, surtout que contrairement au nucléaire ça va bien créer de l’emploi en Europe, mais non seulement je ne suis pas sûr que les ENR suffisent (y compris l’hydroélectricité bien sûr que nous avons la chance d’avoir en Suisse), étant donné que nous n’avons même pas 10% de voitures électriques aujourd’hui (quelle surface de panneaux solaires faudra-t-il quand nous aurons 90% de véhicules électriques ?), mais je crains aussi une augmentation du prix de l’énergie selon les estimations de M. Jancovici, bien qu’il parle plus de la France. Là encore, vaste sujet dont les experts paraissent peu enclin à débattre dans nos médias.
      Pour revenir sur la viande, je constate avec regret que les plats végétariens ou végans dans les restaurants sont toujours les mêmes: pâtes, pizza, mets au fromage. Rien de très sain et varié, rarement vu un plat au quinoa (qu’on produit déjà en partie en Suisse), il y a ici des efforts à faire, et je reste persuadé que si les gens pouvaient goûter plus souvent des excellents plats sans viande (plat éthiopien aux lentilles, pois chiche et pois cassés, couscous végé, plats au seitan dont le goût est similaire à la viande, etc), ils diminueraient leur consommation de viande d’eux-même.
      Cordialement et beau dimanche à vous deux.

      1. Merci pour votre commentaire.
        Je ne me focalise pas sur la voiture, j’appréhende les sujets de société dans leur globalité. J’évoquais la voiture car c’est un des thèmes importants, qu’il me permettait d’avoir un fil rouge dans mes explications, et que c’est un domaine que je connais bien et qui m’inspire beaucoup. Mais soyez rassuré, je suis tout aussi intéressé par tous les sujets politiques auxquels nous sommes confrontés.
        Concernant la viande, j’ai découvert ces dernières années des plats succulents et il faut effectivement parvenir à ouvrir les papilles de la population si on veut sortir du « réflexe viande » à tous les repas. Beaucoup de personnes s’accordent sur la nécessité de baisser la consommation mais peu passent à l’acte. Et se pose l’éternelle question : faut-il booster la demande par une offre exponentielle ou faut-il attendre que la demande soit au rendez-vous pour booster l’offre ? Un exemple tout bête : la viande végétale. Sans ouvrir le débat sur ces produits et leur empreinte écologique non négligeable (moindre que la viande), force est de constater que les fausses viandes permettent à un public ouvert d’esprit de garder certaines saveurs tout en agissant pour la planète. He bien une anecdote m’a beaucoup marqué. En 2020, alors que les magasins genevois avaient déjà une gamme conséquente de ces produits, je me suis retrouvé en vacances à Nendaz avec… zéro viande végétale aux rayons du grand magasin… Ce qui ne m’a pas vraiment surpris (je ne suis pas fan des généralités, mais le Valais me semble quand même plus traditionnel que Genève sur ce genre de sujets). Mais je me suis posé cette question : si nous attendons que la demande soit au rendez-vous et qu’on n’entreprend rien pour inciter à ce qu’elle augmente, va-t-on vraiment évoluer ? Finalement, je conclurais par cette citation d’Henry Ford, producteur de la 1e voiture tout-public, « si j’avais demandé aux gens ce qu’ils voulaient, ils m’auraient répondu des chevaux plus rapides ». En business comme en politique, on se doit d’avoir une vision…

        1. Ce n’était pas une critique, juste un constat. Et ce qui me dérange avec le fait de sanctionner les transports (voitures et avions), c’est que les gens comme moi qui ont toujours eu une petite cylindrée et jamais pris l’avion vont payer comme les autres qui se sont bien faits plaisir, encore une inégalité de traitement.
          Et vous omettez un point très important, fondement de notre démocratie dirais-je même, que Ford omet aussi et on devine pourquoi, c’est que la voiture ne s’est imposée que grâce à Edward Bernays et sa propagande, alors que la voiture aux USA était plus chère, plus polluante et moins sécuritaire que le tramway. Je vous conseille vivement ce petit livre si vous ne l’avez pas lu, Propaganda, comment manier l’opinion public en démocratie. Bouquin qui a aussi servi Goebbels pour sa propagande, avec le résultat que l’on connait.
          Dès lors, peut-on seulement encore appeler ça une démocratie, et pire, peut-on vraiment s’y fier pour remettre l’avenir de l’humanité entre ses mains ; n’y a-t-il pas là aussi urgence pour que le peuple retrouve sa souveraineté ? Car la volonté du peuple (qui n’a pas de billes dans les entreprises) était claire, il souhaite des multinationales responsables. Problème plus urgent je pense que les voitures électriques dont on ne sait pas vraiment si le besoin électrique ne sera pas ingérable. La propagande pour le climat a bien lieu mais elle est très mal réalisée et ne vise que rarement juste.
          Pour le Valais, je reprendrais Marc Bonnant en disant que c’est un canton plus « mâle », et Genève un canton plus « femelle », et on sait que ce sont une majorité de femmes qui sont végétariennes ou véganes. Une étude disait même que les viandards sont plus facilement misogynes… Je n’ai rien contre la viande de qualité que je mange aussi, mais je pense qu’il faut déjà drastiquement diminuer l’import de poulets brésiliens et autres absurdités culinaires au profit du local, qu’on devra mieux promouvoir ; rappelons que trop de paysans ont encore recours au suicide. Et quand on apprend qu’ils touchent des clopinettes sur le prix des aliments par rapport au prix des grandes surfaces, alors qu’ils font la plus importante partie du boulot, on peut les comprendre. Comme je disais, les efforts sont multiples et sur bien des sujets, mais il est grand temps que nos dirigeants apprennent à composer avec le bien-être de sa population.

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