Chacun dans sa case. Chacun son étiquette. Ou bien?

«Chacun son métier et les vaches seront bien gardées», dit-on. Au-delà de sa signification première, cette citation me rappelle notre tendance à toujours vouloir tout compartimenter. A chacun son étiquette. Et ne mélangeons pas les uns avec les autres. Cette tendance nous pousse à défendre notre pré-carré et à attaquer celui du voisin. Sur ce constat, une question me taraude : Et si on plaçait notre énergie ailleurs qu’à se battre les uns contre les autres?

 

L’être humain est ainsi fait. Il cherchera toujours à tout compartimenter. Et je suis bien placé pour connaître ce besoin impérial que chacun a à mettre une étiquette sur la sexualité ou le genre d’une personne. Ou à opposer les pauvres et les riches dans toute considération, avec toute la condescendance envers l’autre qui en découle. Bien évidemment, la politique n’échappe pas à cette tendance, bien au contraire.

 

Le poids de l’étiquette

En 2021, alors en pleine récolte de signatures pour le congé parental, je me souviens de cette dame qui s’est montrée extrêmement enthousiaste durant toute la discussion et s’apprêtait à signer l’initiative. Juste avant, elle me demande qui la porte ; je lui réponds que c’est une initiative des Vert’libéraux. Son visage se ferme. Elle pose le stylo et m’informe que jamais elle ne signera quoi que ce soit qui émane de notre parti. Dont acte.

J’ai trouvé cette réaction particulièrement triste. Autant je respecte pleinement qu’on ne partage pas une idée, bien sûr. Autant je n’arrive pas à comprendre comment une bonne idée peut devenir mauvaise dès lors qu’on l’identifie à un émetteur qui nous déplaît !

Pour ma part, je n’ai aucun problème à reconnaître les bonnes idées des autres partis, d’où qu’elles viennent. Des bonnes idées, il y en a partout. Même dans les partis extrémistes ! Heureusement d’ailleurs…

 

Le poids de l’ouverture

Autre exemple, qui dépasse la qualité d’une idée. Je me balade dans mon quartier et les Verts tiennent un stand. On me propose de signer l’initiative sur la piétonisation. Je m’arrête et signe la feuille (ça tombe bien, je voulais le faire, et n’en avais pas eu l’opportunité). Elle en profite pour me proposer 3 ou 4 autres textes. Je les signe tous.

Je me souviens encore de la tête qu’elle a fait lorsque notre discussion m’a mené à lui expliquer qui je suis, et du commentaire qui a suivi. «He ben dites donc, vous êtes sacrément ouvert pour un Vert’libéral!»

Ce à quoi je lui ai répondu qu’une des plus grandes leçons que la politique m’ait apprises, c’est qu’on devrait tous signer (presque) toutes les initiatives et (presque) tous les référendums, qu’importe si on est d’accord avec le sujet. Car signer un tel document n’engage à rien d’autre qu’à soumettre le sujet au vote populaire. Et toute idée, même celle à laquelle on n’adhère pas (dans la limite du raisonnable), mérite d’être portée devant le peuple. Car, dans le fond, qui sommes-nous en tant qu’individu pour juger d’une idée?

« Ha non, ça je ne pourrais pas », me répond-elle.

Pourtant, c’est bien là le fort de notre démocratie directe. Et je serais prêt à parier que notre discussion l’a fait réfléchir et qu’elle serait capable, demain, de signer un texte même si elle n’y adhère pas à 100%.

 

Le poids de l’ego

Je l’ai dit : l’évaluation qu’on fait d’une idée devrait toujours être décorrélée de son émetteur. Au même titre, nos partis doivent apprendre à mieux travailler ensemble. Car s’il est une menace pour notre démocratie, c’est bien l’ego démesuré des hommes et des femmes politiques.

Lorsque deux partis ont des idées qui vont dans la même direction, pourquoi n’arrivent-ils pas à collaborer, plutôt que de se mettre systématiquement des bâtons dans les roues?

Les deux exemples qui me viennent en tête sont en lien avec les deux initiatives cantonales que les Vert’libéraux ont déposé en 2021 et 2022.

Le congé parental s’inscrit comme un véritable progrès social et empoigne une thématique capitale pour développer un rapport sain au rôle de l’homme et de la femme dans notre société. Il s’agit d’un projet pragmatique qui ne va ni trop loin (inutile de rappeler qu’un congé paternité paritaire, vers lequel on doit tendre, n’aurait aucune chance de passer aujourd’hui) ni insuffisamment loin.

Lorsque je vois les réactions de certains partis, qui refusent le changement par rancœur de ne pas avoir su faire aboutir leur propre projet avant le nôtre, et surtout par refus de faire confiance aux individus (no comment), ma déception est énorme. Gageons que le peuple sera un peu plus pragmatique le 18 juin prochain!

Quant au programme Solaire 2035, certains préfèrent nous accuser à tort de plagiat, plutôt que d’embrasser une cause commune et un objectif commun? Là aussi, je peine à comprendre cette nécessité à toujours vouloir mettre en opposition les projets, plutôt que d’avancer main dans la main et de profiter d’un projet plus complet et de le soutenir.

Car s’il est une évidence, c’est que l’opposition est devenue un sport dont on se passerait bien. Dans «urgence climatique», il serait bon de rappeler qu’il y a le mot «urgence»!

 

Le poids du pivot

Bien entendu, casser les codes, ne plus se cantonner à une case, est quelque chose qui me définit dans de nombreuses situations. Pour autant, en période électorale, l’étiquette partisane prend tout son sens.

Dans notre démocratie, il y a deux temps majeurs. Celui des votations, où on se forgera son opinion dossier par dossier – c’est le moment où faire tomber les étiquettes est approprié. Puis il y a celui des élections, où il est important de placer au parlement et au gouvernement le parti qui représente le mieux nos idées – c’est le lieu où se raccrocher à une étiquette fait sens, et nous porte en tant que citoyens.

Sur ce point, je suis plus que jamais convaincu de l’importance d’une force centriste pour équilibrer une gouvernance qui dysfonctionne. Si je souhaite naturellement que les Vert’libéraux soient de plus en plus présents, je souhaite surtout que Genève ne vive plus de situation dominée par des camps qui ne connaissent plus le dialogue.

Je suis fatigué de l’attitude de l’aile politique en position de force. Il n’est pas normal que la gauche se moque des propositions de la droite au Conseil municipal de la Ville de Genève, ne cherchant jamais le compromis puisqu’ils sont majoritaires. Il n’est pas normal non plus que la droite affiche la même attitude au Grand Conseil.

Demain, seule une force véritablement centriste permettra d’apaiser le débat et d’apporter un peu de bienveillance dans nos institutions.

Pour en sortir, j’invite toute personne soucieuse de la défense des enjeux environnementaux ou d’une économie forte à voter pour la liste 3 – Vert’libéraux au Grand Conseil ! Savoir qui vous portez au rang de pivot est tout aussi important, si ce n’est plus, que de voter pour le parti qui a obtenu vos suffrages à la précédente législature.

Zéro Pub? Et si on montrait l’exemple?

La gauche reconnaît que l’affichage publicitaire est une nécessité pour leurs partis. Pourtant, ils ne reconnaissent pas ce même droit aux entreprises dont l’activité en dépend. Le double standard de la gauche genevoise est à déguster sans modération…

 

Merci à la Tribune de Genève pour la publication ce jour de mon opinion sur l’initiative Zéro Pub. Le 12 mars prochain, votons NON à un projet dogmatique, symbole d’une vision totalitaire sur le rôle (ou si on en croit la vision des initiants, l’absence du rôle) des entreprises créatrices d’emplois dans notre société.

 

Zéro pub? Et si on montrait l’exemple?

Dis papa, c’est quoi un libéral?

Il y a des années, j’avais été marqué par un délicieux dessin d’Herrmann, en plein vote sur les Cherpines, qu’on peut résumer par un dialogue : – Dis papa, c’est quoi un écolo? – Quelqu’un qui a déjà un appartement! Aujourd’hui, on pourrait paraphraser cet échange : – Dis papa, c’est quoi un libéral? – Quelqu’un qui a déjà une planète et qui en pas grand-chose à faire de ta g***le!

Le ski de la honte

Ce soir, Blick nous apprend qu’un centre sportif se prépare à Genève.

On aurait pu s’arrêter à cette excellente nouvelle! Tant il est vrai que notre canton manque d’infrastructures sportives et manque d’une offre de qualité à destination des jeunes.

Mais ça, c’était sans compter sur la piste de ski indoor que ce centre compte abriter.

Imaginez Dubaï et sa folie des grandeurs, ce contre-exemple du développement durable… mais ici, à Genève !

 

Le soutien de la honte

A cette nouvelle brutale, qui ne peut qu’interpeller, s’ajoute le soutien d’une majorité des partis politiques à l’association Projet Genève, qui propose ce nouveau centre. Si on peut comprendre l’engouement de tous les partis pour soutenir le sport et la création de nouvelles infrastructures, on ne peut que douter du soutien de tous les partis sur ce projet de la honte.

Et je serais bien surpris si tous ces soutiens étaient encore aux côtés du projet dans quelques semaines.

 

Le propos de la honte

Le plus choquant dans cette histoire, c’est indéniablement les propos des protagonistes, dont Bryan Lo Giudice, vice-président du PLR Ville de Genève et co-fondateur de Projet Genève.

L’article évoque la responsabilité de la transition écologique, qui n’aurait pas à être assumée par le secteur privé. Avant de citer: «Si l’électricité de Genève était toute propre et verte, cette installation de ski le serait aussi.»

On nage en plein délire… Alors que notre société a besoin d’accompagnement pour développer un nouveau rapport au sport et à la montagne, voilà que notre ami libéral ne voit aucun problème à construire cette infrastructure de la démesure. On croit rêver!

 

La parti de la honte

Ces propos résument tellement bien l’individualisme du PLR et le manque total de prise de conscience de ce parti vis-à-vis de l’urgence climatique.

Si l’autruche met la tête dans le sable pour nier les réalités qui l’entourent, le PLR n’a décidément pas que la tête qui est cachée. Penser que le secteur privé est dispensé de toute considération écologique est une aberration hallucinante.

Nous portons tous, collectivement, une responsabilité sociétale.

Et il serait temps que nos amis libéraux, avec qui je continue par ailleurs à entretenir d’excellentes relations, comprennent qu’il n’y a pas de liberté individuelle sans responsabilité collective!

 

L’engagement de la fierté

En tant que futur député, je m’engage à tout mettre en oeuvre pour que cette piste de ski indoor ne voie jamais le jour.

Il est grand temps que des libéraux avec une véritable conscience écologique viennent apporter un peu de bon sens au Grand Conseil genevois.

Oui, on peut être vert et libéral… Il me semble même qu’on devrait tous avoir une priorité écologique, et dans la mesure du possible un minimum de bon sens économique.

Vive le 2 avril 2023 !

2022, entre pleurs et joies

Une fois de plus, la Terre a contourné le soleil. Et la majorité d’entre nous en avons profité pour fêter cette fin d’année avec nos proches. Mais à l’heure de se mettre dans le bain d’un 2023 qui ne manquera pas de piquant, que retenir de 2022 ? Je vous propose de revenir sur six événements qui ont marqué l’année…

 

Question d’identité

Les États-Unis enterrent l’arrêt Roe v. Wade, 1973, qui garantissait le droit à l’avortement

Le 24 juin, la Cour suprême a pris la décision historique d’annuler un jugement datant de 1973, qui garantissait le droit à l’avortement. Ce verdict incompréhensible nous rend attentifs à la nécessité de ne jamais sous-estimer les courants extrémistes. Il n’est pas sans rappeler la différence choquante des vêtements féminins dans l’Afghanistan des années 70 et celui d’aujourd’hui. Même si ces situations, bien loin d’ici, nous laissent dans un sentiment d’impuissance, il est important de prendre conscience de ces downgrades dans l’évolution de nos sociétés à l’échelle globale. Et espérer que de meilleurs jours soient devant nous.

Ces retours en arrière touchent tous les publics. Par exemple, saviez-vous qu’en 2022, aux États-Unis, 238 motions ont été déposées pour limiter les droits des citoyens LGBT – dont la moitié prend pour cible les personnes transgenres ?

Ces situations sont la partie visible de l’iceberg lorsqu’il s’agit de défendre le droit des femmes ou des minorités sexuelles. Heureusement, tout n’est pas tout noir :

  • Plus tôt dans l’année, la Colombie légalisait l’avortement.
  • En 2022, onze femmes ont été élues à la tête1 de leur pays.

 

Disney s’illustre par des personnages LGBT remarqués

En mars 2022, Disney est au cœur de la polémique. Alors que l’entreprise est critiquée par ses employés pour son manque de soutien clair envers la communauté LGBT face aux attaques politiques en Floride, la décision de censurer un bisou gay dans Lightyear ne passe pas. Disney fait marche arrière et diffuse la scène.

Huit mois plus tard, Disney+ lance son nouveau film Strange World, où on découvre avec plaisir les sentiments qu’éprouve Ethan, l’ado de la famille, pour le séduisant Diazo. Cette représentativité est nécessaire et elle montre le chemin parcouru depuis Stonewall en 1969.

C’est aussi une marque de courage de la part de Disney, entreprise familiale dans un pays conservateur. Cela étant, je me demande quel est l’impact de l’histoire d’Ethan et Diazo sur le flop du film, que j’ai pourtant trouvé très bien.

L’inclusion des personnes LGBT au sein de la société passe évidemment par la reconnaissance de nos droits. Rappelons qu’en 2022, le mariage homosexuel est enfin arrivé en Suisse et en Slovénie. Rappelons surtout que l’homosexualité reste illégale dans 70 pays et qu’elle est soumise à la peine de mort dans neuf pays.

 

Question d’humanité

Le tsar envahit l’Ukraine

Le 24 février, le monde s’est arrêté pour observer la folie d’un homme. Aux portes de l’Europe, la guerre a envahi nos vies et nous assistons, impuissants, à ces scènes d’horreur qui composent notre quotidien depuis presque un an.

Je me souviens encore comment, quelques jours, quelques semaines avant ce 24 février, nous nous refusions à y croire. « Mais non, il est fou, mais quand même pas à ce point. »

Depuis, l’espoir a laissé place, tristement, à l’habitude, à la résignation. Espérons que 2023 soit l’année où ce conflit trouve son issue et où le peuple ukrainien renaît de ses cendres. Rien ne paraît avoir plus d’importance cette année que cela.

 

La police de la moralité iranienne est abolie

Les scènes de révolte en Iran ont fait le tour du monde. La mort de Mahsa Amini, une jeune Iranienne de 22 ans tuée par les forces de sécurité iraniennes pour un voile mal porté, puis celle de Hadis Najafi, une manifestante de 20 ans, mettent le feu aux poudres. La vague de colère se propage sur les réseaux sociaux et dans les rues. Le courage de ces manifestantes inspire le respect.

Les manifestations qu’elles ont menées ont conduit à l’abolition de la police des mœurs, instaurée en 2006. La réalité de cette décision est contestée, d’une part parce qu’il faudra voir sur le terrain si elle se matérialise concrètement, d’autre part parce qu’il semble que ce soit une façon d’enterrer le problème, sans impact concret sur le quotidien des femmes iraniennes.

Pour autant, ces luttes ont marqué 2022 et ouvrent l’espoir d’une société qui aurait tort de ne pas craindre le pouvoir de ces femmes qui ont osé sortir de l’ombre.

 

Question de climat

Les conditions climatiques sont au pire. Et tout le monde s’en fout !

En août 2022, il a fait 53°C en Iran. En Suisse, l’année s’est terminée par un réveillon anormalement doux, où le thermomètre a dépassé les 20°C à Delémont !

Pendant ce temps, une vague de grand froid permet aux climatosceptiques américains de sortir leur sempiternelle « Où est le réchauffement climatique ? »

Quelques semaines plus tôt, des millions de personnes ont suivi la coupe du monde de football, comme si elle n’avait pas lieu au Qatar, la capitale du CO2. Comme si elle ne se réalisait pas sur le dos de milliers de migrants, morts sur les chantiers pharaoniques de cette compétition de la honte. La planète peut attendre… il y a foot ! Et on ne rigole pas avec le roi football, ni avec le dieu dollar !

En Suisse, l’année s’est également conclue par un grand moment de honte, lorsque cinq Conseillers fédéraux ont laissé le DETEC à Albert Rösti, plaçant le peuple dans une incompréhension totale. Comment ces cinq irresponsables ont-ils laissé l’Environnement (qui doit établir et mettre en oeuvre les politiques climatiques) à un lobbyiste du pétrole, respectivement les Transports (qui doivent développer une stratégie de réduction des émissions de CO2 au profit des mobilités durables) à un pro-bagnole primaire ?

En bref, ces faits (et tous les autres qui ne sont pas listés ici) sèment une fois de plus le doute sur la capacité à sortir de la crise climatique.

 

L’énergie solaire a le vent en poupe

Heureusement, il n’y a pas que les inactions politiques qui ont marqué le climat en 2022. Et l’énergie solaire semble être la grande gagnante de l’année.

Qu’il s’agisse du programme initié par les Vert’libéraux genevois pour équiper de panneaux solaires 100% des toits éligibles d’ici 2035, de l’obligation valaisanne d’équiper les bâtiments neufs de plus de 300 m2 de panneaux solaires, ou de la loi fédérale urgente en faveur du développement de grandes installations photovoltaïques, on n’aura jamais autant parlé de l’énergie solaire en Suisse.

Après les paroles, viennent les actes. Nous avons tant de choses à faire pour concrétiser ces engagements, à commencer par la votation sur l’initiative vert’libérale.

 

Bonne année à tous et toutes! Que 2023 vous apporte santé et succès !

 

1 A la présidence, au rang de premier ministre, ou au sein d’un collège comme le Conseil fédéral. Honduras, Hongrie, France, Inde, Royaume-Uni, San Marino, Italie, Bosnie Herzégovine, Pérou, Slovénie, Suisse.

Faut-il crier? Ou faut-il hurler?

Les uns crient au scandale de l’inaction politique. Les autres hurlent leur refus d’actions qui cassent les codes et défient les lois. Le débat de forme est tel que le fonds disparaît. Pourtant, nous vivons les dernières heures pour qu’émerge une nouvelle société, avant que l’humanité ne soit définitivement appelée à disparaître progressivement. Tic tac, tic tac.

 

Le 14 avril 2022, neuf militants du mouvement Renovate Switzerland bloquent le pont du Mont-Blanc, en se collant les mains au bitume. Il aura fallu plus de deux heures pour les décoller. Avec un trafic particulièrement perturbé. Ce qui correspond à l’objectif visé : susciter un blocage massif dans l’hypercentre pour faire réfléchir sur l’impact d’une surconsommation de mobilité individuelle.

Le 29 mai 2022, la Joconde est entartée par un visiteur, qui appelle à ce qu’on se préoccupe davantage de la planète, après avoir tenté de briser la vitre de protection. Son message, repris plusieurs fois depuis, est de crier le déséquilibre entre un intérêt disproportionné pour des œuvres historiques, mortes, et un désintérêt tout aussi disproportionné pour une planète indispensable à l’homme, (encore) vivante.

Le 22 juin 2022, des activistes attaquent le bitume à coup de marteau-piqueur dans la désormais célèbre affaire du dégrappage. Leur objectif : sensibiliser la population au manque d’action, dans un quartier ultra-bétonné, où la végétation brille par son absence.

 

Le monde a besoin d’électrochocs

Ces trois exemples ont un point commun essentiel : les jeunes générations en ont ras-le-bol de ne pas être (suffisamment) entendues. Elles inventent des nouvelles formes de communication pour faire réagir. Elles imaginent de nouveaux moyens d’entrer dans le débat politique, avec l’espoir de secouer le statu quo et de faire avancer les mentalités.

Car il est un constat indéniable qui milite en faveur d’une meilleure acceptation de ces actions-choc : notre monde a lamentablement échoué dans la préservation de la planète qui nous héberge.

Nous vivons les dernières années avant qu’il ne soit trop tard pour pérenniser la vie sur Terre. Et nous les gaspillons à devoir encore et toujours justifier telle action, combattre telle injustice, défier telle ineptie. Alors qu’il reste tant à faire pour rattraper le retard pris ces dernières décennies perdues à encenser énergies fossiles, plastique et autres produits nocifs, et à traiter la planète comme une poubelle.

Aussi, il ne faut pas s’étonner que certaines personnes fassent preuve d’ingéniosité pour combattre l’inaction de notre époque.

 

Un nouveau paradigme

Albert Einstein disait : “Nous ne pouvons pas résoudre nos problèmes avec la même pensée qui a conduit à les créer”. Ce qui peut paraître une évidence nécessite qu’on se le rappelle.

Nous sommes tous et toutes la tête dans l’eau, à deux doigts de l’asphyxie, à chercher le chemin vers la surface, vers l’oxygène. Dans ce même temps, nous nous perdons en chemin, car nous restons figés dans un moule, à vouloir respecter tel règlement, telle loi, telle tradition. Et cet aveuglement nous empêche de réaliser qu’il faut souvent sortir d’un mode de pensée pour entrevoir un début de solution. Et que rares sont les situations où il est de bon ton de continuer une façon de faire “parce qu’on a toujours fait comme ça”.

Notre monde a besoin d’être secoué. Nous avons tous et toutes besoin de nous remettre en question, régulièrement, sur ce sujet comme sur d’autres.

Et force est de constater qu’en 2022, il faut encore bien du courage et de la résilience pour oser affirmer une idée qui navigue dans le sens contraire du courant.

 

Crieurs contre hurleurs

L’incompréhension entre crieurs et hurleurs constitue une nouvelle forme de clivage dans notre société, déjà gangrénée par des combats d’ego entre les fronts politiques de gauche et de droite. C’est en quelque sorte la lutte des classes des temps modernes.

Pour ma part, et même si je soutiens ce triste constat, j’ai aussi un peu de peine à voir ces nouvelles attitudes émerger. Notre société a fixé des règles et un cadre clair, pour justement éviter toute forme de débordement. Et c’est un peu simple de crier contre l’establishment politique, alors que toute personne peut le changer de l’intérieur, peut agir avec respect et courtoisie.

Pour autant, je comprends le désarroi de ces personnes. Et je regrette l’acharnement des hurleurs à vouloir combattre la forme au-delà de toute considération pour le fond.

Car dans ce clivage où crieurs et hurleurs ne se comprennent plus, la seule victime collatérale reste encore et toujours l’humanité sur Terre. Ne perdons pas de vue que c’est l’inaction politique de notre époque qui est le véritable scandale. Un scandale particulièrement inacceptable lorsqu’on pense à tout ce que les leaders d’aujourd’hui ont osé entreprendre pour contrer la pandémie de Covid-19 et dont ils semblent incapables face à l’urgence climatique.

Pour conclure, je citerais un ami socialiste qui récemment disait “Pour la crise sanitaire, on n’avait pas de médicament, on n’avait pas de vaccin. Pour la crise climatique, on a les médicaments, on a les vaccins, on sait faire… On a les moyens de le faire, on a le devoir de le faire !”

(En illustration, une image datant du début de la pandémie, que j’avais trouvé absolument criante de lucidité)

La genèse d’un programme tourné vers l’avenir

Cette semaine, les Vert’libéraux ont annoncé leur intention vis-à-vis des élections au Grand Conseil. C’est avec une liste de 66 candidats et un programme ambitieux que nous entrons dans la campagne qui devrait nous permettre de faire notre entrée tant attendue au Grand Conseil genevois.

 

Depuis la création du parti vert’libéral genevois, en 2010, jamais notre parti n’a connu d’heure plus rayonnante. Le nombre de nos membres est en constante croissance, nous sommes de tous les sujets d’actualité, nos succès sur nos initiatives ou lors d’élections nationales sont au rendez-vous, et tous les sondages nous prédisent un avenir radieux.

C’est donc gonflés à bloc que nous nous lançons en campagne pour faire tomber un des derniers bastions qu’il nous reste à franchir : le Grand Conseil genevois. Alors que le fameux quorum de 7% qu’il nous faut atteindre avait un relief d’Everest il y a quelques années, les transformations profondes de notre parti lui donnent aujourd’hui un goût de Salève. Voilà une montagne qui prend du temps et de l’énergie à quiconque veut franchir son sommet. Mais une montagne tout à fait à portée de ceux qui sont suffisamment motivés et équipés.

Notre motivation est exemplaire. Nos membres ont la niaque ! Ils veulent voir émerger une nouvelle politique, qui dépasse les clivages gauche-droite. Ils veulent contribuer à créer un nouveau paradigme où économie rime avec écologie. Ils veulent jouer un rôle concret dans la politique genevoise, à laquelle ils contribuent déjà au quotidien, comme en témoigne nos initiatives. Et quelle meilleure illustration de notre motivation que l’initiative solaire, que nous avons déposée après deux mois de récolte, soit la moitié du temps imparti !

Notre équipement n’est pas moins exemplaire. Que ce soit dans sa genèse et sa méthodologie, ou son contenu, je suis particulièrement fier du travail que nous avons réalisé pour parvenir au programme des Vert’libéraux pour les élections cantonales 2023.

 

Un programme participatif

Que serait un scrutin électoral sans un programme clair, qui présente aux électeurs et électrices les intentions du parti qui le signe ?

En début d’année, lorsque je me suis retrouvé au sein de la cellule qui devait pencher sur le programme politique de la campagne, j’étais bien emprunté et ne savait pas trop par quel bout prendre les choses. Mon expérience à coordonner et rédiger la stratégie 2030 de mon employeur était un atout précieux. Mais la politique est tellement vaste, et touche tellement de sujets, qu’il n’était pas évident de démarrer sans ressentir le syndrome de la page blanche.

Passés ces premiers questionnements, le comité de campagne a très vite souhaité se concentrer sur cinq thèmes principaux. Car à vouloir tout traiter, nous ne pourrions pas apporter la profondeur nécessaire et nous ne ferions que survoler les sujets, au risque de décevoir ceux qui s’attendent à des positions plus claires, plus nettes. Il fallait donc prioriser, sans dévaloriser les autres sujets qui restent d’une importance capitale, mais en se concentrant sur les cinq sujets les plus importants.

C’est là qu’un large travail participatif a débuté. Pour identifier ces cinq thèmes, nous avons analysé plusieurs documents, issus de sondages publics, mais aussi et surtout de nos propres workshops, qui avaient eu lieu en 2020 puis en début d’année. Avec cette question : quels sujets sont les plus importants pour les Genevois, respectivement pour les membres de notre parti ?

Le temps était alors venu de consulter nos groupes de travail et de leur demander d’exprimer leurs propositions pour la législature à venir. La plupart de nos membres ont donc, de près ou de loin, travaillé à identifier les éléments les plus porteurs, les problématiques qui nous préoccupent le plus, nos ambitions pour Genève. C’est ensemble que nous avons identifié les actions à mener sur les thématiques de la mobilité, de l’économie et de l’emploi, du logement et de l’aménagement, de l’éducation, et de l’administration publique.

Les heures se sont ensuite enchaînées pour restructurer toutes ces idées, pour rédiger un document au style unique et cohérent, pour challenger les propositions, pour en débattre avec mes collègues du bureau. Jusqu’à parvenir à une première version, que nous avons enfin pu partager en septembre avec nos membres.

Enfin, nous avons tenu à entendre leurs critiques, leurs commentaires, leurs suggestions. C’est ainsi que nous avons encore pris le temps d’analyser près de 80 feedbacks, qui ont permis d’aboutir au résultat final.

Il me tenait à cœur de vous en faire le récit, tant ce programme n’est pas le fruit d’une cellule, d’un bureau, d’un comité. C’est le parcours complexe, mais qui nous emplit de fierté, de tout un parti.

 

66 candidats extraordinaires

Avec notre programme en poche, nous avions une partie de l’équipement nécessaire pour gravir le sommet. Encore fallait-il proposer aux électeurs une liste de qualité, avec des personnes engagées et compétentes. Là encore, les Vert’libéraux ont la chance incroyable de pouvoir compter sur de nombreux talents. C’est ainsi que nous présentons une liste dotée de 66 candidatures de choix.

Nous avons la qualité – vous jugerez par vous-même, mais je suis très fier de figurer sur une liste où je côtoie tant de belles personnes. Et nous avons la quantité. Alors que les Vert’libéraux présentaient 16 candidats en 2018, nous en comptons aujourd’hui 66 ! C’est plus que certains partis traditionnels !

C’est dire si les Vert’libéraux ont changé. D’un parti naissant il y a douze ans, nous nous retrouvons à la croisée des chemins, à un moment historique où nous franchissons un jalon mémorable : nos membres et sympathisants sont trois fois plus nombreux qu’en 2018 ; nos candidats quatre fois plus nombreux.

Un père et son bébé jouent

Le parti du bon sens

Dans l’arène politique, nombreux sont ceux qui souffrent d’excès d’idéologie. Animés par une volonté de secouer le statu quo, certains politiciens préfèrent défendre une vision irréaliste que de céder aux compromis. Les Vert’libéraux revendiquent précisément le bon sens et le pragmatisme qui font trop souvent défaut aujourd’hui.

 

Le verre à moitié vide

Faire de la politique, c’est servir les citoyens pour leur offrir de meilleurs lendemains (au sens sociétal du terme). Et c’est le point commun de tous ceux qui s’engagent en politique, quel que soit le parti que nous représentons. Nous avons tous la conviction que nous défendons la construction d’une société qui soit meilleure demain qu’elle ne l’était hier.

Faire de la politique, c’est aussi faire de la diplomatie et se montrer stratégique. On peut vouloir une évolution, mais si celle-ci est extrême et qu’on devine qu’elle n’a pas de chance de passer, alors il convient de faire un choix stratégique :

  • soit on campe sur nos positions, au risque probable de faire échouer l’évolution souhaitée,
  • soit on fait le choix du compromis, comme première étape vers la destination.

Les grandes évolutions sociétales (mariage pour tous, congé payé, caisse de retraite) ne se sont pas faites du jour au lendemain. Il a parfois fallu avancer par étapes. C’est ainsi que le « partenariat enregistré » a été plébiscité et qu’on a pu, en 2021, passer au « mariage pour tous ». Si en 2005, le peuple avait dû se positionner sur le mariage pour tous, il est peu probable que le sujet ait connu 58% de votes favorables.

Apporter une première réponse, même incomplète, à un besoin, c’est voir le verre à moitié plein.

 

De quel congé parental voulons-nous ?

En 2021, les Vert’libéraux genevois ont déposé une initiative populaire cantonale, soutenue par plus de 11’000 signataires. Cette initiative vise à offrir un congé parental plus adapté aux besoins de la population que ce que le cadre actuel ne leur offre. En quelques mots, elle permet de :

  • Offrir un congé au 2e parent de 8 semaines (contre 2 semaines actuellement pour les pères, et 0 semaines pour le co-parent des familles non traditionnelles),
  • Permettre aux femmes qui le souhaitent de céder 2 semaines de leur congé maternité à leur partenaire,
  • Développer un projet cantonal, à défaut de faire évoluer les choses assez rapidement sur le plan fédéral,
  • Affirmer notre volonté d’un meilleur équilibre entre homme et femme dans la société.

Alors que nous n’avons jusqu’alors connu que consensus et applaudissements, Conseil d’État inclus, le premier passage auprès du Grand Conseil a été le théâtre de vives critiques.

Tout d’abord, Didier Bonny s’est fait le porte-parole de ceux qui souhaitent figer le congé maternité à 16 semaines. Au détriment de toutes celles qui ne rêveraient pas mieux que d’écourter modestement leur congé, si tant est que ça permette à leur partenaire de s’impliquer davantage. Rarement une position n’aura été aussi déconnectée de la réalité. Dommage.

Ensuite, il y a évidemment et surtout cette volonté d’aller plus loin. Et le projet de loi de Delphine Klopfenstein Broggini est évidemment cité. Le projet de 36 semaines est évoqué comme réponse plus en phase avec la vision de société soutenue par la gauche.

A titre personnel, je soutiens volontiers un congé de 36 semaines, quel qu’en soit le coût, car l’équité entre les genres passera nécessairement par une égalité dans le rôle parental. Néanmoins, je suis conscient qu’en politique, il faut souvent pratiquer la politique des petits pas. Je me réjouis de représenter un parti politique qui se réclame d’être un parti pragmatique. Le bon sens montre qu’à vouloir faire le grand écart, le projet de loi de 36 semaines ne pourra que plonger.

 

Le Titanic de la loi CO2

En 2020, 51.6% des Suisses ont rejeté la loi CO2. 103’178 personnes (1,2% de la population) ont suffi à faire échouer un projet dont notre pays a pourtant grand besoin. Parmi eux, on trouve plusieurs organisations écologistes, qui combattaient un projet qui n’allait pas suffisamment loin.*

Ce faisant, ils ont anéanti la possibilité d’avancer avec un premier pas, ce qui est particulièrement dommageable à la société, car non seulement nous devons continuer avec le statu quo, mais ce vote n’était rien de moins qu’un doigt d’honneur présenté à tous ceux qui s’étaient battus pendant des mois (voire années) pour que le peuple suisse soit appelé à voter.

Mon message est donc simple. J’appelle tous les députés de gauche à soutenir notre initiative, quitte à lui opposer un contre-projet, mais ne bloquez pas le seul projet qui a des chances d’aboutir. Nous pouvons tous apprendre de ce que l’histoire place sur notre chemin. Ne faisons pas du congé parental un second Titanic idéologique.

 

* Je suis bien conscient que c’est surtout le peuple rural qui est à l’origine du non. Mais l’histoire ne dit pas quel rôle les jusqu’auboutistes ont finalement joué dans cet échec.

Deux arbres en forme de visages se regardent

Comment tendre à une écologie raisonnée?

Alors que les Verts sortent de leur tempête acarnée, Antonio Hodgers prône l’écologie de l’envie et la responsabilité individuelle. Cette voie·x de la raison, de l’équilibre, semble être le meilleur compromis entre le bon sens et l’urgence climatique.

 

Un équilibre complexe

Il y a quelques semaines, les Verts genevois tentaient d’inscrire l’interdiction de consommer de la viande durant les représentations officielles pour les députés de la prochaine législature. Cet épisode m’a interpellé tant sur le fond que sur la forme.

Sur la forme, ce dossier est symbolique d’une génération qui veut tout interdire au nom d’une vision qui se veut supérieure aux autres, voire unique. Et cette tendance m’effraie sincèrement.

Sur le fond, je salue cette quête d’exemplarité. Il est indéniable que l’on consomme trop de viande et qu’il faut se diriger, en tant que société, vers moins de viande dans nos assiettes. Dans ce contexte, vouloir que nos élus montrent l’exemple fait sens. Et l’éditorial «Les carnivores qui crient au loup» résume très bien cet esprit.

Il y a un équilibre complexe à trouver et la décision prise par les Verts, le week-end dernier, de demander aux élus de se montrer exemplaires, en accord avec le programme du parti, laisse davantage de liberté aux individus et me paraît être un compromis bienvenu.

 

L’écologie de l’envie

Cette semaine, j’ai beaucoup apprécié l’interview qu’Antonio Hodgers a accordée à la Tribune de Genève. Certains propos rejoignent pleinement ma vision personnelle de ce que doit être l’écologie aujourd’hui. «Ne jugeons pas trop vite les comportements des personnes. Partons plutôt du principe que chacun fait au mieux de ses possibilités. L’individu ne peut pas tout porter», confie-t-il.

Et même si le Conseiller d’État a une vision assez fausse des Vert’libéraux, je ne peux qu’adhérer aux propos d’une écologie de l’envie. «Il faut développer une écologie de l’envie et pas de la punition. C’est un magnifique projet collectif. La société qui sera prospère en 2050, sera celle qui dépendra le moins du carburant fossile et qui s’adaptera à la sobriété énergétique. Faisons de ce chemin un projet de société enviable!»

Quoiqu’en dise le ministre, le propos colle davantage au discours vert’libéral qu’à celui qu’affiche son parti depuis plusieurs mois.

 

Comparaison n’est pas raison

Comme le dit très justement Antonio Hodgers, «on ne peut pas tout comparer, ni normer». Et l’article du Temps «Les chiens, pires que les SUV pour la planète», qui m’a beaucoup amusé, partage le même constat.

Un livre de 2009 évoque la consommation de viande de nos amis à quatre pattes, qui équivaut, pour un chien de taille moyenne, a un impact sur la planète deux fois supérieur à celui d’un SUV conduit sur 10’000 km.

Gregory Okin, professeur à l’Université de Californie, invite à éviter certaines comparaisons. «Est-ce que ça voudrait dire que si vous n’avez pas de chien ou de chat, vous pouvez avoir un SUV ou conduire plus votre voiture? Cela n’a aucun sens!»

Au-delà du sujet, qui prête un peu à sourire (même si certaines pistes sont loin d’être inintéressantes), cette comparaison entre la consommation de viande d’un chien et les kilomètres parcourus par un véhicule thermique résume assez bien les discussions qui ont cours au sujet de l’écologie et le problème qu’elles révèlent.

 

Chacun sa part

Lorsqu’on parle d’urgence climatique et des efforts à consentir chacun, à notre propre échelle, on essuie régulièrement le fameux argument du manque d’impact de nos petites actions au regard de la catastrophe écologique que représentent les émissions de GES des plus grands pays industriels que sont les États-Unis, l’Inde et la Chine – pour ne citer que les plus gros.

Bien évidemment, nos engagements en Suisse, de petite ou grande importance, peuvent paraître bien ridicules au regard de ce qu’on tolère de ces grands pollueurs. Mais comme je le signalais en interaction avec un lecteur, j’aime me rappeler la fameuse histoire du colibri.

Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : «Colibri! Tu n’es pas fou? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu!» Et le colibri lui répondit : «Je le sais, mais je fais ma part.»

Ce faisant, le colibri vise à inspirer les autres animaux et, par son exemple, à fédérer les autres animaux pour que tous ensemble, ils viennent à bout de l’incendie.

Et si, à l’image du colibri, nous arrêtions de nous cacher derrière ce qui se passe ailleurs, et que nous participions tous et toutes, à notre échelle, à notre rythme, à faire du monde de demain un monde vivable et pérenne? Un monde tourné vers le collectif, vers les générations futures, plutôt que vers son unique et irremplaçable nombril!

Exposition au musée d'ethnographie de Genève

80 % de la biodiversité mondiale est préservée par les peuples autochtones

Les populations autochtones ne représentent que 5 % des 8 milliards d’humains. Pourtant, elles sont responsables de 80% de la biodiversité mondiale. C’est ce constat qui est au cœur de l’exposition « Injustice environnementale, alternatives autochtones ».

 

Fin 2021, j’ai eu l’opportunité de découvrir l’exposition « Injustice environnementale, alternatives autochtones », que vous pouvez encore aller voir jusqu’au 21 août au Musée d’Ethnographie de Genève. J’avais été impressionné par plusieurs aspects de l’exposition. J’ai eu l’occasion d’y retourner ce week-end, avec beaucoup de plaisir.

Nous le savons tous. Notre planète subit des dégâts considérables et de nombreuses espèces, la nôtre en tête, sont vouées à disparaître si nous n’adaptons pas nos modes de vie.

Et ce qui peut paraître comme une énorme contrainte pour nous, est intégré au quotidien de centaines de millions d’autochtones et paraît bien naturel lorsqu’on est habitués à se connecter à la nature.

Les peuples autochtones ont toujours su être proches de leur environnement. Ils utilisent les ressources qui leur sont offertes, mais uniquement dans les quantités dont ils ont besoin. Jamais plus.

 

Inspiration : planète

A l’instar des peuples les plus connectés à la planète, il est intéressant de réaliser que de nombreuses innovations modernes s’inspirent directement de notre environnement. Savez-vous que le Velcro a été inventé en observant un phénomène végétal ? Que la forme du Shinkansen, ce train à haute vitesse japonais, provient directement du bec du martin pêcheur ? Ou que l’Eastgate Centre, au Zimbabwe, doit son architecture au concept des termitières, ce qui permet à l’immeuble de se maintenir à 20-25°C sans air conditionné alors que la température extérieure s’approche parfois des 45°C ?

Ces trois exemples démontrent que la nature est une source d’inspiration exceptionnelle. Et cela, les autochtones l’ont bien compris. Et depuis longtemps.

Nous pouvons être particulièrement reconnaissants de toutes les actions menées par les populations autochtones pour préserver notre planète. Nous ferions bien de nous en inspirer.

Et si cette exposition vous met en appétit, n’hésitez pas à prendre le train en direction de Lyon. Le Musée des Confluences est un bijou d’architecture et de scénographie muséale. Et jusqu’au 28 août 2022, l’exposition « Sur la piste des Sioux » vous promet un voyage passionnant dans le temps et dans les terres amérindiennes.

En attendant, je ne résiste pas au spoil de partager avec vous la vidéo qui conclut l’exposition du MEG, que j’ai trouvé tellement inspirante. On y découvre deux autochtones, d’univers presque opposés, se rencontrer.

Bons voyages !

 

Salle du conseil national pratiquement vide

Jusqu’où ira le déni climatique de la droite?

« Le climat ne doit pas être considéré comme une priorité supérieure aux autres ». Les mots sont forts. Et ils me rappellent avec vivacité les raisons qui m’ont porté à quitter le PLR en 2020.

 

La session du scandale

Le 2 mai 2022, le parlement fédéral a reçu une trentaine d’experts scientifiques pour une rencontre autour des enjeux climatiques. Les auteurs suisses des récents rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) étaient présents et ils ont offert une synthèse de leurs travaux.

L’idée est excellente. Ce qui en a résulté est proprement scandaleux.

Seul un tiers des élus a pris part à cette session. Outre les conflits d’agendas de quelques parlementaires, cette faible affluence s’explique par un large refus d’y prendre part exprimé par plusieurs élus du Centre, du PLR et de l’UDC.

Le vice-président du PLR « n’est pas d’accord que ce soit un groupuscule qui décide de l’ordre des priorités des politiciens élus ». Il affirme que « le climat ne doit pas être considéré comme une priorité supérieure aux autres ».

 

Le torchon brûle

Suis-je surpris ? Pas vraiment.

En 1989 2019, sous l’impulsion de Petra Gössi, le PLR s’est doté d’une politique environnementale et climatique libérale-radicale. Le message était clair : le parti entend prendre le virage de l’urgence climatique et se donner les moyens d’y répondre.

Alors membre de ce parti, je me réjouissais de voir enfin la droite se réveiller. Je me suis donc plongé avec plaisir dans la lecture de ce torchon papier de position. Douche froide.

Extraits : « Les prescriptions, voire restrictions, étatiques en matière de consommation n’ont pas leur place dans une société libérale. La responsabilité individuelle peut toutefois jouer un rôle important dans les habitudes de consommation. Une information de meilleure qualité et une plus grande transparence sont nécessaires et souhaitables. … Ce n’est que si la responsabilité individuelle et les mesures incitatives ne mènent pas aux résultats escomptés que des mesures plus fermes, telles que des restrictions de produits et de marchandises deviennent nécessaires. »

Bienvenue en 1989 ! Une ère où la liberté individuelle est vécue comme un dogme intouchable, au détriment de la responsabilité collective. Une ère où on a le temps de voir si les gens sont suffisamment responsables. 1989 ? 2019 ? Je crois que le PLR ne le sait pas lui-même.

La lecture de ce document m’a ouvert les yeux sur mon inadéquation avec le parti et a ouvert le chemin d’un engagement politique plus responsable des enjeux environnementaux.

 

Ce que vivent les jeunes

Le 11 mai dernier, Julia Steinberger, professeure à l’Université de Lausanne et co-autrice du dernier rapport du GIEC, publiait une belle leçon de vie qui résume parfaitement l’inadéquation des politiques actuelles face à l’urgence climatique.

L’article rapporte avec beaucoup de sagesse ce que vivent les jeunes d’aujourd’hui. Alors qu’ils étaient nombreux à crier l’urgence climatique dans les rues, on les découvre presque muets, plongés dans un sentiment d’impuissance. « Seuls les politiciens ou les chefs d’entreprise peuvent apporter les grands changements. … Toutes les personnes au pouvoir connaissent ce problème depuis si longtemps. Et pourtant, rien ne se passe, rien ne change. »

« Les adolescents admirent les adultes », nous raconte-t-elle. « Ils les voient comme des personnes responsables qui les guident et les protègent. Et ils voient les politiciens comme les adultes des adultes. » Ils sont donc perturbés de voir des politiciens qui savent ce qui se passe mais qui n’agissent pas.

Enfin, Julia Steinberger nous parle du décalage entre un monde qui arrive se mobiliser pour s’adapter à une pandémie et à la guerre en Ukraine, mais qui reste incapable de saisir la gravité de la situation face à l’urgence climatique.

 

Les adultes des adultes

« Les adultes des adultes. » Voilà une expression marquante, qui résume bien ce que devrait être un politicien. Quelqu’un qui est encore plus responsable qu’un adulte lambda, car instruit, car engagé à analyser profondément les choses et à faire bouger la société sur les enjeux qui comptent.

Pourtant, lorsque deux tiers de l’hémicycle abandonnent le navire et qu’ils revendiquent s’affranchir de l’urgence climatique comme base de toute action, on est en droit de se demander qui est l’adulte et qui est l’adolescent.

 

L’environnement comme premier filtre

En tant que Vert’libéral, je pense que les solutions à la crise climatique passeront par l’innovation et par l’entreprenariat. Je considère que toute action qui n’est pas en phase avec le principe du doughnut, soit car elle dépasse le plafond environnemental soit car elle ne respecte pas le plancher social, n’a aucune raison d’être.

Il ne faut pas craindre qu’une entreprise soit amenée à disparaître. Pour chaque entreprise néfaste qu’on doit amener vers la sortie, d’autres la remplaceront avantageusement. Ici on ferme une usine à charbon, là on crée un barrage hydroélectrique. Ici on ferme la production de véhicules thermiques, là on développe de nouvelles formes de mobilité douce. Ici on empêche une entreprise chimique de déverser des produits toxiques dans nos cours d’eau, là on crée de nouveaux procédés pour produire des médicaments à base de sources naturelles.

Les solutions sont multiples. Encore faut-il les empoigner avec vigueur. Certains partis politiques ne semblent pas comprendre que dans « urgence climatique » il y a le mot « urgence ». Lors des élections de 2023, nous ferions bien de nous en rappeler.