Vive la France !

La fête nationale est celle de la patrie. Le 1er août, les Suisses célèbrent leur pays, son histoire et ses traditions, tout en se réjouissant de ses succès.

Patriotes, les Romands se rassemblent autour des feux, avec les mêmes sentiments que leurs concitoyens Alémaniques ou Tessinois.

Mais ils ont une seconde patrie, leur famille culturelle, qui est la France, voisine, compagne séculaire, source et gardienne de leur langue.

Et la langue n’est pas un simple vecteur de communication. C’est la pulpe de l’esprit, la peau de la littérature, le territoire qu’une conscience habite.

Or, la dernière mode romande est de se moquer de la France et des Français. Pas une semaine sans que nos commentateurs ne leur fassent la leçon. Pas un regard sur ce grand pays qui ne soit caricatural, voire méprisant.

Cette goguenardise ne renseigne pas sur l’Hexagone, mais bien sur la Suisse romande. Elle est en train de devenir une petite sous-préfecture fiérote, qui croit se grandir en pointant les défauts d’autrui, tout en oubliant les siens.

Mais surtout, en dénigrant sa propre famille, elle se dénigre elle-même. Que serait-elle, pauvrette, sans l’apport des millions de personnes qui s’expriment comme elle, usent des mêmes mots, des mêmes tournures et des mêmes livres ?

Le 1er août est jour d’appartenance. Au Suisse qui pense, parle, écrit en français, il n’est pas interdit de dire aussi à cette occasion vive la France ! 

François Cherix

Spécialisé dans la communication politique, François Cherix travaille depuis des années sur la réforme du modèle suisse, l'organisation de l'espace romand, la question européenne, les liens entre politique et médias. Essayiste, il a publié plusieurs ouvrages et de nombreuses analyses. Socialiste, il a été membre de l'Assemblée constituante vaudoise et député au Grand conseil. Aujourd'hui, il est co-président du Nouveau mouvement européen suisse (Nomes).