2014, qui stoppera qui?

Immigration, Ecopop, Croatie, trois fois cette année, les citoyens raisonnables et tolérants devront tenter de sauver la Confédération des fantasmes nationalistes, xénophobes ou malthusianistes. Gagneront-ils ces trois batailles? Rien n’est moins sûr.

Or, effarante perspective, ils sont condamnés à renouveler sans cesse leurs combats. Quels que soient les verdicts du peuple dont ils se réclament, les populistes relancent leurs attaques au lendemain de chaque votation. Dans leurs mains, le droit d’initiative n’est plus qu’un instrument de marketing au service de la conquête du pouvoir, sans le moindre égard pour l’intérêt du pays et de ses habitants.

Ainsi, le gouvernement, l’économie, les partis, les associations et les militants dépensent des dizaines de millions et une énergie folle pour éviter que les saboteurs de la barque suisse finissent un jour par réussir à percer sa coque.

La Suisse entière, des médias saturés aux élus épuisés, passe son temps à traiter l’avalanche d’initiatives qui ne s’arrête jamais. Du coup, la vie politique se concentre sur des chimères. Plus personne n’a la possibilité d’analyser en profondeur le destin du pays ou de réfléchir sereinement au monde qui vient.

Qui dira stop? Un jour, le Conseil fédéral osera-t-il ouvrir un débat sans tabou sur les droits populaires? Courageux, un ministre expliquera-t-il sans langue de bois aux citoyens que la mise en danger récurrente du bien commun par les populistes n’est plus supportable ?

2014 nous renseignera. Des voix fortes et lucides crieront-elles assez? Ou bien les nationalistes parviendront-ils à stopper la Suisse?

François Cherix

Spécialisé dans la communication politique, François Cherix travaille depuis des années sur la réforme du modèle suisse, l'organisation de l'espace romand, la question européenne, les liens entre politique et médias. Essayiste, il a publié plusieurs ouvrages et de nombreuses analyses. Socialiste, il a été membre de l'Assemblée constituante vaudoise et député au Grand conseil. Aujourd'hui, il est co-président du Nouveau mouvement européen suisse (Nomes).