Certes, l’affaire Cahuzac pose nombre de questions cruelles sur la République voisine, la gauche, le mensonge et la morale en politique. Mais elle prodigue aussi quelques leçons susceptibles d’intéresser tout particulièrement la Suisse.
Premièrement, une fois de plus, la nocuité du secret bancaire est démontrée. Parce qu’il permet de couvrir l’évasion fiscale, il mine par nature la démocratie. En effet, en permettant à certains d’échapper au fisc, le secret bancaire ruine les finances des Etats, augmente la facture de ceux qui ne trichent pas et détruit la confiance des citoyens dans les institutions. La démocratie ne se limite pas à l’organisation régulière des élections et des votations, elle exige aussi l’égalité de tous face à la loi.
Deuxièmement, il serait peut-être temps de se demander combien de Cahuzac gèrent la Suisse. Savons-nous si les 156 Ministres cantonaux et les 246 Parlementaires fédéraux respectent les lois fiscales de notre pays ? De manière générale, jusqu’à quand et au prix de quelle tolérance aux malversations la Confédération veut-elle protéger les procédures opaques et iniques dont seule la place financière a besoin ?
La Suisse aime se poser en modèle. Pourtant, elle n’a aucune volonté de s’attaquer à l’évasion fiscale, aucune loi sur le financement des partis, aucune exigence pour ses Parlementaires qui peuvent siéger simultanément aux Chambres et dans n’importe quel Conseil d’administration. Ignorer pareillement les règles économiques minimums qui doivent encadrer la vie politique laisse entrevoir une conception vénale et hypocrite de la démocratie.
