Oscars de la mise en scène

Ce dimanche, les Valaisans ont décerné trois oscars de la mise en scène. Le premier a été attribué au Conseiller d’Etat Freysinger. Autant, il est difficile de trouver dans son bilan politique une action qui dépasse l’outrance nationaliste. Autant, il faut reconnaître au nouveau magistrat un incontestable talent théâtral, qui n’a rien à envier à celui des autres populistes européens.

Le deuxième oscar a été remis aux médias. A l’exception notable de L’Hebdo et du Temps, ils ont régulièrement valorisé les provocations du nouvel élu. L’analyse du réel, l’acceptation de la complexité, la prise en considération de l’échelon international, le sens de la mesure et le respect d’autrui, ces attitudes sans lesquelles la politique n’est rien ont souvent été décrétées ringardes. A l’inverse, sauter dans la flaque, cette vieille escroquerie intellectuelle a été jugée moderne et digne d’amuser l’opinion. La victoire de M. Freysinger est fille de cette évolution.

Enfin, un troisième oscar a été délivré aux institutions cantonales suisses. La tradition veut qu’elles soient parfaites. Pourtant, l’élection individuelle d’un collège sans orientation commune connaît certaines limites mises en évidence par le résultat valaisan. En effet, M. Freysinger finit en tête du peloton, avec dans sa roue une Conseillère d’Etat socialiste dont la vocation même doit être de s’opposer en tout point au premier. En Suisse, on aime bien rire de l’Italie. Or cette juxtaposition d’une thèse et de son contraire a des accents transalpins.

Trêve de commentaires. La cérémonie des oscars est terminée. Vient le temps des dossiers qui requièrent compétence et sang-froid. Que restera-t-il de cette élection dans une législature ? Dimanche 17 mars, le Valais est-il entré en renouveau ou en régression ?

François Cherix

Spécialisé dans la communication politique, François Cherix travaille depuis des années sur la réforme du modèle suisse, l'organisation de l'espace romand, la question européenne, les liens entre politique et médias. Essayiste, il a publié plusieurs ouvrages et de nombreuses analyses. Socialiste, il a été membre de l'Assemblée constituante vaudoise et député au Grand conseil. Aujourd'hui, il est co-président du Nouveau mouvement européen suisse (Nomes).