SIFAW: dans le corps de Lilian Schiavi

Les Fables de l’Origine

Parfois deux esprits habitent un seul corps. J’ai connu l’essayiste Lilian Schiavi, le voici à présent habité par Sifaw. Le poème choisi est paru dans le recueil Landscape Solitudo aux Éditions Torticolis et Frères. Ensuite, je laisserai la parole au poète lui-même. Vraiment lui-même?

 

 

“Sifaw est né dans la vallée Dadès au Maroc. Il est né d’un désir de vérité et d’une adresse bienveillante. Il est né, au-delà du biologique, au regard de l’amazighité. L’accueil et l’amitié qu’on lui porte, sans questions, ni impudeur, le souffle. Il part dans le désert habité de musique et de paroles soufi. Sifaw est l’éveilleur en tamazight, un dialecte berbérophone, c’est-à-dire et plus amicalement : amazigh. Le prénom Sifaw pour les imazighen est habité du souffle de Saïd Sifaw, poète lybien qui résista au pouvoir du colonel Kadhafi. Saïd El- Sifaw est né à Jadou dans les montagnes de Néfoussa au Nord Ouest de la Lybie, il est mort à Tunis où il s’exila à la suite d’un grave accident de la route, accident mais attentat.

Aujourd’hui Sifaw vit dans la vallée des Ormonts aux Diablerets. Cette vallée sans dessus-dessous réveille en lui, un désir de poésie, jamais disparu, mais ténu. Les montagnes qui l’entourent n’attirent aucune protection, ni limitation, il ne se sent pas au creux d’une vallée qui se termine. Le Scex Rouge qui culmine à plus de 3000 mètres a le nom du désir.

Les ombres portées de chaque roche, pointe et pic menacent la silhouette de l’essayiste qu’il fut. En 2006, sous le nom Lilian Schiavi, qui est aussi celui de sa fiche d’état civil, il publie un essai de théorie esthétique sur la croyance dans l’image. Puis il entreprend un vaste chantier de recherche philosophique sur la représentation, l’image, le sensible et la pensée, intitulé : Les enjeux du sensible dans la représentation. Son travail est ponctué par un essai sur le sensible au bout de dix années, Les Déferlements de l’image étant lui, un essai sur la saturation des images et des concepts, publié en 2011 et écrit en 2008. Essai dont certaines pages sautent aux yeux de Sifaw sur les problématiques de l’altérité et partant de l’exil et celle de la censure religieuse et ainsi du blasphème.

Lilian Schiavi est né en 1980 dans le Jura français. Il meurt à 33 ans et sa posture sacrificielle avec lui lors d’une performance où il déclame, éructe et crie son Tuer.

La poésie de Sifaw est habité de terres lointaines ou invisibles. Elle cherche l’expression d’une conscience née de la matière. Elle soulève des approches pudiques faites de mystères, de peurs et de courage. Elle ne se réfugie pas sur les territoires actuels du geste poétique furtif qu’elle ironise. Elle ne clive pas le concept et la sensation. Le concept tout comme l’image est aussi une charge sensible. Elle se donne des inspirations sans tutelles : Okoundji, Adonis, Darwish, Du Bouchet ou Joe Bousquet… La quête de Sifaw est une transformation de la langue philosophique en langue poétique. Dans ce jeu de langues, s’imprègne une sensualité qui est aussi une conception philosophique du monde où l’esthétique est le procès sensuel de la pensée”.

 

Bibliographie

Aux Éditions Torticolis et Frères, La Chaux-de-Fonds

Landscape solitudo, Sifaw

  1. Les Fables de l’origine, Sifaw

Couplé avec Sensible (d’outre-tombe), Lilian Schiavi

  1. Tuer

Aux Éditions de L’Harmattan, Paris :

  1. Les Déferlements de l’image ; situations ironiques, théoriques et critiques.
  2. Spectre-chair, essai sur l’expérience des images.

Patti Smith: amoureuse des poètes français du XIXe siècle

Passionnée par les Arts

Alliant poésie Beat et garage rock des années 1960 et 1970, l’on considère Patti Smith comme la « marraine » du mouvement punk. Toutefois, depuis son enfance, ses passions sont le dessin et la littérature, en particulier la poésie. Le poème qui suit est extrait du recueil Présages d’innocence.

 

Traduction de Jacques Darras.

 

Issue d’un quartier très pauvre du New-Jersey, rien ne destinait Patti Smith à devenir l’auteure-compositrice, interprète, poétesse, écrivaine, guitariste, chanteuse, humaniste… que l’on connaît, même si dès l’enfance elle sut qu’elle voulait faire de l’art.

Fille d’une serveuse et d’un ouvrier, Patti Smith – Patricia Lee Smith -, est née à Chicago en 1946, dans une famille extrêmement religieuse. A 18 ans, elle tombe enceinte : on la radie de l’Ecole Normale. Son projet de devenir institutrice prend fin. En 1967, elle part à New-York où elle rencontre le photographe Robert Mapplethorpe. Pendant la première partie des années 1970, Patti Smith se livre intensivement à la peinture et à l’écriture, se produit en tant qu’actrice au sein d’un groupe poétique.

Au cours des années suivantes, elle s’adonne à la musique, en conjuguant rock et performances poétiques. Les paroles de ses chansons font découvrir la poésie française du XIX siècle aux jeunes Américains. Conjointement, elle devient une icône de la scène underground new-yorkaise.

Durant les années 1980-90, parallèlement à ses créations musicales, elle poursuit son travail artistique, mêlant dessin, photographie et écriture.

En 2007, les éditions Christian Bourgeois publient, en bilingue, son premier recueil de poésie : Présages d’innocence.

La Fondation Cartier pour l’art contemporain accueille, en 2008, à Paris, une grande exposition de ses œuvres, intitulée “Land 250”, comprenant des pièces réalisées entre 1967 et 2007.

En 2010, elle publie Just Kids, qui relate son amitié avec Robert Mapplethorpe, qui recevra le National Book Award.

Version originale.

 

Sources:

Éditions Christian Bourgeois

Just Kids, Patti Smith, éditions Denoël

-Wikipédia

Monique Laederach

Une exploratrice des mythes

Ce poème est le premier du recueil Ce chant mon amour de Monique Laederach, paru aux Editions L’Âge d’Homme en 2001, où la poétesse explore les perceptions féminines dans le couple à travers les mythes d’Eros-Psyché et d’Orphée-Eurydice.

 

 

Monique Laederach (1938-2004), poétesse, écrivaine, critique littéraire, traductrice et professeure, est née aux Brenets, à la frontière franco-suisse, et morte à Peseux. Elle a fait ses classes à Serrières, une banlieue ouvrière de Neuchâtel ; maturité à Neuchâtel puis des études de musique à Vienne et à Lausanne. En 1972, elle obtient une licence ès Lettres à l’Université de Neuchâtel.  Elle a notamment traduit  La princesse blanche de Rilke, Lamioche de Mariella Mehr (1999) et La lettre au père de Franz Kafka (2003).

 

Sources :
Editions L’Âge d’Homme
-Fonds de manuscrits de la Bibliothèque de la Ville de La Chaux-de-Fonds
-Wikipédia