Marie Gaulis : s’interdire d’oublier

Le fil d’Ariane d’une œuvre poétique

En survolant son histoire, l’on pourrait croire que les bonnes fées s’étaient penchées sur le berceau de Marie Gaulis. Fille d’Henriette de Foras, artiste peintre française, et de l’écrivain, dramaturge et comédien suisse Louis Gaulis, elle naît dans un milieu privilégié à Thonon-les-Bains, en 1965, dans un monde de beauté et d’érudition. Enfant de voyageurs, sa jeunesse est marquée par les Alpes, les populations de La Méditerranée, ou les rues de New-York et Paris.

Son père, collaborateur pour la Croix-Rouge Internationale, est tué au Liban alors qu’elle n’a que 12 ans. Un deuil qui ne l’empêchera pas de poursuivre de brillantes études de grec moderne et de s’intéresser aux écrivaines australiennes d’origine grecque. En parallèle, elle écrit une œuvre poétique dont le premier ouvrage, Le fil d’Ariane, paraît en 1993. Sur la quatrième de couverture de ce recueil, elle écrit :

« Ces textes sont des fragments de temps remontés à la surface de la mémoire. J’ai retrouvé des moments de bonheur fugitif et dense, et aussi les chagrins qui ont marqué le passage de l’enfance à l’âge adulte. J’ai senti à nouveau des goûts, des parfums anciens que je croyais perdus.

Je pense qu’écrire, c’est s’interdire d’oublier. C’est découvrir, par un cheminement sans logique, par des associations d’odeurs, de lieux, de saisons, tout un monde de souvenirs qu’on tient en soi. »

Deux poèmes contenus dans Le fil d’Ariane :

 

Traductrice, essayiste, poétesse et romancière, Marie Gaulis construit, livre après livre, une œuvre puissante et sensible où le passé se mêle au présent, et où l’empreinte de son père laisse une trace d’encre sur les pages, notamment dans Lauriers amers.

Elle est encore jeune quand la maladie se présente à elle. Le cancer l’emporte, alors qu’elle n’a que 53 ans, à La Chaux-de-Fonds où elle avait élu domicile et où elle a passé les dernières années de sa vie à écrire.

Mon livre, celui de la photographie, est une première édition qui a bien vécu, mais d’après mes informations on le trouve encore en librairie.

 

Sources :

– Le fil d’Ariane, éditions de l’Aire, 1993

– Lauriers amers, éditions Zoé, 2009

– Le Royaume des oiseaux, éditions Zoé, 2016

– Wikipédia

Un livre des questions : “Les indiennes” de François Berger illustré par Isabelle Breguet

Mots simples en robe dorée

La poésie de François Berger rappelle la douceur des étangs reflétant l’onctuosité des nuages et les saules lascifs. Sous l’apparente sérénité de leurs eaux, s’agite un monde obscur, qu’on devine sans jamais le voir et dont les plantes, superbes à la surface, s’enracinent dans la vase. Avocat fort connu en pays de Neuchâtel, romancier publié aux Éditions l’Âge d’Homme, François Berger dont la carrière dans la littérature émane avant tout de la poésie, est un habitué des prix littéraires puisqu’il a obtenu le Prix Louise-Labé pour Mémoire d’anges, une Distinction de la Fondation Schiller pour Gestes du Veilleur, puis le Prix Auguste-Bachelin. Pour Le Voyage de l’ange, il a reçu le prix du roman poétique de la Société de poètes et d’écrivains d’expression française. La première parution du recueil Les indiennes remonte à 1988 aux Éditions Eliane Vernay, à Genève. Epuisée depuis des années, elle vient d’être rééditée aux éditions Soleil d’Encre embellie par les tableaux de l’artiste Isabelle Breguet. Un livre au parfum de fruits, de baisers matinaux et de billets d’amour, alors que la toile des indiennes se souvient encore d’un homme jeune défilant sous les drapeaux.

François Berger est également membre de la Société européenne de la culture. Plusieurs de ses ouvrages ont été traduits en italien, roumain, macédonien, grec et arabe.

Interview : cinq questions à François Berger

Qu’est-ce qui a motivé la republication de votre recueil de poésie Les indiennes ?

Des amis, connaissances et critiques littéraires m’avaient encouragé à le rééditer.

La rencontre avec l’œuvre picturale d’Isabelle Breguet, artiste peintre neuchâteloise, laquelle a magnifiquement illustré ce livre, aura été déterminante.

Vous sentez-vous davantage poète, romancier, éditeur ou avocat ?

Depuis que j’ai fermé mon Étude d’avocat, en 2019, à Neuchâtel, et ce après quarante ans d’exercice du barreau, je puis évidemment consacrer plus de temps à l’écriture romanesque.

Est-ce à dire que je suis davantage romancier que poète, avocat ou éditeur ? Le poète, l’avocat, demeurent présents dans ma vie et à travers un gros roman que je suis en train de terminer, lequel n’est cependant point une autobiographie mais pure fiction, si tant est que celle-ci puisse être pure. J’ai également des projets éditoriaux.

Je répondrai donc que je me sens à la fois romancier, poète, avocat et éditeur, même si l’activité de romancier m’occupe plus qu’avant. Le temps investi dans un travail n’est pas le seul critère pour juger de son importance. Cependant je dois admettre être davantage romancier depuis la fermeture de mon Étude.

Les poèmes de ce recueil sont-ils un hommage à l’industrie textile qui fit les beaux jours de Neuchâtel entre le XVIIIe et le XIX siècle ?

Si hommage il y a, il est alors discret ! Mes premières sources d’inspiration menant à l’écriture des Indiennes furent certes les toiles d’indiennes neuchâteloises. Toutefois nous nous trouvons, ici, en présence d’un récit en prose poétique, librement écrit et nullement documentaire même si certains termes sont directement empruntés à l’industrie textile de l’époque.

Que publie Soleil d’Encre, votre maison d’édition ?

Soleil d’Encre a principalement pour but la réédition de grands textes littéraires (romans, poésie), mais aussi philosophiques. Il s’agit surtout d’écrits insuffisamment connus ou quelque peu oubliés et méritant d’être découverts ou redécouverts. Ont notamment été réédités les excellents Aphorismes du psychiatre et humaniste vaudois Oscar-Louis Forel, des textes connus et moins connus de Paul Valéry, réunis sous le titre de l’un d’eux : La Crise de l’esprit.

A été republié Imago, roman du seul Prix Nobel Suisse de littérature (1919) le Bâlois Carl Spitteler, à l’occasion des cent ans de la remise du Prix. J’ai été le seul, en 2019, en Suisse romande, à rééditer un roman de Spitteler, traduit en français.

Fin 2021, ma maison d’éditions a relancé un essai philosophique de l’écrivain et essayiste Claude Frochaux, L’Ordre humain, et ce avec l’aimable autorisation des éditions Gallimard.

Tout récemment a été republié Les indiennes vu que l’ouvrage était épuisé et qu’il est le résultat d’un travail commun entre l’auteur-éditeur et l’artiste peintre neuchâteloise Isabelle Breguet qui l’a illustré.

Dans quel personnage littéraire aimeriez-vous être incarné ?

Je répondrai : Le narrateur d’A la recherche du temps perdu de Proust, qui est un personnage littéraire à part entière. Ses intérêts sont multiples, entre autres la peinture, l’architecture, la musique, la nature. Il a dépeint, avec une puissance artistique et analytique jamais égalée depuis, en littérature française, les mœurs de son temps, l’amour, la jalousie, la passion, l’hypocrisie et la perversité de l’âme humaine. Aussi est-il un personnage universel.

Interview : cinq questions à Isabelle Breguet

Par quoi votre peinture est-elle inspirée ?

Intéressée par l’ambiance des cabinets de curiosités depuis mon enfance et passionnée par l’art en général, les pierres, la nature, les végétaux, les mousses et les lichens, c’est naturellement que mon travail s’en inspire. Si je dois décrire quel est le style de mon art, je dirais plutôt du surréalisme, mixant abstrait, vanités et de “points de peinture” ou Aborigen dot painting, des petits points de peinture posés sur la toile avec la pointe d’un petit bois, à la manière des aborigènes d’Australie. Mes thèmes de prédilection : l’œuf, l’amour et la vie !

Acteur principal sur une grande majorité de mes toiles, l’œuf est un symbole métaphorique du germe, mystère embryonnaire d’une vie en devenir. Sa ou plutôt devrait-on dire, ses formes si nombreuses, selon l’identité et la nature de son contenu, en font la source intarissable de mon inspiration. Sans jamais faire de projets au préalable, cet « acteur » va s’inviter de lui-même sur la toile, une fois qu’un fond de décor aura vu mes premières nuances en définir les limites de la scène.

L’œil se laisse alors entrainer dans des strates et des failles profondes, animées par une vie grouillante et bouillonnante de cellules de toutes tailles. Une multitude de petits points, avec ou sans virgule, baignant dans un liquide intercellulaire, y trouvent naturellement leur aisance, dans l’eau de la peinture acrylique.

Quels liens entretenez-vous avec la poésie ?

Amatrice des mots depuis toujours, j’écris également des petits textes à mes heures. En fait, je peins comme j’écris et inversement.

Peindre, c’est écrire de la poésie avec des couleurs ; ensuite, le spectateur est libre d’en interpréter l’histoire, le rayonnement des émotions ou la noirceur de l’esprit.

Comment avez-vous choisi les tableaux qui illustrent le livre Les indiennes ?

Avec François Berger, nous avons au préalable, sélectionné un certain nombre de toiles vibrantes et vivantes qui lui plaisaient particulièrement, puis nous avons fait un choix en fonction du texte et des résonances avec mes toiles.

Particulièrement présent dans vos tableaux, quel est le rôle pictural du doré dans votre œuvre ?

L’or qui représente fécondité, préciosité de la vie, richesse et rareté de l’instant de bonheur, est très présent dans mes toiles ; il est volontairement patiné, oxydé par le désir de donner l’idée d’une évolution, d’une maturation de la matière et l’impression que le temps a fait son œuvre !

Je ne peux pas mentionner l’or sans l’associer aux noir et au blanc, mais également par analogie, aux nuances de gris en fonction des lumières de l’instant choisi ! Le rouge et la rouille apportent le feu et l’énergie.
Mystères et chimères se cachent dans des parois fissurées ou lézardées, au gré des toiles, dans un univers à la matière patinée d’une vie passée et présente, face au destin d’une existence qui ne demande qu’à raconter sa propre histoire.

Spirales, cercles, enluminures, le mouvement y est permanent dans un silence apparent.

Mais tout cela ne serait rien, sans la véritable source d’inspiration personnelle de l’âme, au travers du pinceau. Un dialogue intérieur permanent avec son être profond et une gratitude sincère du quotidien qui nous montrent qu’il faut savoir profiter du bonheur de l’instant présent sans oublier de s’aimer !
En guise de fil rouge ou d’estampille, un point rouge. Il est le nez de clown, posé dans chaque toile comme un point de mire pour nous faire sourire !

Si vous deviez être le personnage d’un tableau, qui souhaiteriez-vous être ?

Emilie Flöge , la compagne de Gustav Klimt dans la peinture Le Baiser ! Cette toile emblématique de Klimt représente à elle seule, la puissance de l’amour et de l’instant présent d’un baiser où, tout le reste du monde n’existe plus et n’a plus aucune importance !

 

 

Altruisme en Ô Troubles, 2011. Acrylique sur Toile. Œuvre d’Isabelle Breguet.

 

Editions BSN press : 10 ans de publications indépendantes (2)

Jean Chauma : du flingue à la plume

C’est le doigt de Jean Chauma, un ancien braqueur, qui s’est appuyé sur la gâchette du pistolet de départ de BSN press. Giuseppe Merrone, le directeur de cette maison d’éditions, dit de lui : « C’est un auteur exceptionnel qui vient du monde du crime. C’est une écriture qui vient de l’intérieur. Il sait écrire. Il a un style à lui, sans la légèreté des fariboles qu’on nous vend sous le label polar. Cela reste sans équivalent ». Premier livre de BSN press, Le Banc de Jean Chauma, a donné les premiers tons de cette maison d’édition. « Il n’avait pas fini sa phrase que je dégainais mon calibre, il a pris la bastos au-dessus de l’œil gauche, un autre coup de feu a tonné, une balle est entrée dans ma poitrine, j’ai tiré une seconde fois, le jeune Corse s’est plié en deux. Les Champs-Élysées étaient encore remplis de monde, le Luger à la main, je me suis mis à courir. » Noire serait l’écriture. Noires seraient les ambiances de BSN press ainsi que Giuseppe le souhaitait.

BSN press : du noir au catalogue diversifié

L’on a parfois soupçonné Giuseppe Merrone de s’être dirigé vers le crime et le roman noir influencé par ses origines napolitaines. Il préfère en rire plutôt que de s’en offusquer. Infatigable travailleur qui a toujours l’impression de commettre une faute morale lorsqu’il se repose, c’est en manager qu’il choisit ses lignes éditoriales. Après avoir créé BSN press en Asie du Sud-Est, souhaitant entre autres publier des auteurs thaïs, birmans, cambodgiens ou laotiens – les meilleurs auteurs japonais et chinois ayant tous été aspirés par les grandes maisons d’éditions parisiennes –, Giuseppe Merrone se rend à l’évidence. Malgré de nombreux voyages, il continue à vivre en Suisse. Cela complique la coordination. Trouver de bons traducteurs s’avère difficile. Il rapatrie donc son entreprise et mène une étude de marché. Il s’aperçoit qu’à l’époque, vers 2009 – 2010, le roman noir, qu’il préfère au polar pur et dur, est peu exploité en Suisse romande. Il se lance dans ce créneau. Condition : qu’il y ait une critique sociale. Que l’écrit mette en lumière les dysfonctionnements de notre société. Mais, rapidement, il s’aperçoit qu’il n’y a pas assez d’auteurs de noir en Suisse romande. Il s’intéresse donc à des écrivains comme Edmond Vullioud, un maître des longues phrases, ou à Claire Genoux dont le style est très littéraire. C’est pourquoi dans sa collection Fictio, le noir côtoie la poésie, le théâtre, des nouvelles et des auteur-e-s comme Abigail Seran. Son récit D’ici et d’ailleurs, paru durant la fermeture des librairies imposée par le confinement, bien que d’une grande mélancolie, apporte une touche de blanc.

 

Abigail Seran : D’ici et d’ailleurs

D’une écriture élégante et posée, les livres d’Abigail Seran se penchent souvent sur les histoires familiales et sur leur impact sur le présent. Sans précipitation, D’ici et d’ailleurs nous invite à reconstituer, en compagnie de Léanne devenue Léa, la vie d’un oncle mourant. Ce voyage, qui commence par un séjour chez la mère de la protagoniste, dans l’appartement ou elle a grandi, l’amènera d’une maison de retraite jusqu’en Irlande. Ce faisant, cette femme d’affaire à qui tout réussi, devra affronter un passé qui l’obligera parfois à se retrouver aussi désemparée qu’une adolescente. Extrait : « D’autorité, ma mère vint s’asseoir au fond de mon lit. Posture ancienne. Je repliai instinctivement mes jambes, me redressai et calai mon dos contre le mur. Réaction adolescente. Ma gestuelle suffit à ce qu’elle poursuive.

– J’espère que tout se passera bien… »

 

BSN press : une grande littérature en petit format

A peine plus grand qu’un poche Folio, cette première édition D’ici et d’ailleurs, comme tous les livres des collections Fictio et Uppercut, est facilement transportable. Constamment assoiffé de lecture, Giuseppe Merrone se déplace toujours avec 3 ou 4 livres qu’il ouvre dès qu’un moment le lui permet. Ce fils de modestes immigrés s’est donc naturellement tourné, durant toute sa vie, vers le livre de poche léger et peu onéreux qui renferme autant de plaisir et de savoir qu’un grand format. C’est ainsi qu’il a choisi d’imprimer de nouvelles parutions dans un format agréable pour le transport et le porte-monnaie. Plus étonnant et séduisant : découvrir que la police de ces ouvrages est aérée et lisible même pour de mauvais yeux.

 

La collection Uppercut

Après une réflexion portant sur le marché du livre, cherchant ce qui y manquait, Giuseppe crée Uppercut. Cette collection allie à la fois le sport, un thème peu abordé en littérature, et tous les autres genres – noir, psychologique, amour, sociologique… – pourvu que l’on nage, escrime, pédale ou tape dans un ballon. Autre exigence de Merrone pour cette collection : des textes courts qu’on reçoit comme un coup de poing et qui peuvent être lus le temps d’un match de foot ou d’un trajet en train Neuchâtel – Zürich. Parmi ces micro-fictions, on trouve deux auteurs genevois à la plume affutée : Lolvé Tillmanns et Florian Eglin. Connu pour la trilogie ayant pour héros Solal Aronowicz – Editions de la Baconnière – Florian Eglin nous entraine sur le RING avec pour toile de fond la politique genevoise et internationale fortement influencées par une pandémie du nom de HAZ. L’histoire : Noah, jeune arménien naturalisé depuis peu et brillant étudiant, entre en politique grâce au soutien de Katia de Constant, la fondatrice du parti genevois La Droite. Les ambitions du jeune homme sont claires : être élu au Grand Conseil. Noah vit depuis un an avec Lashana, une jeune rwandaise. Le jour, les deux jeunes gens mènent des vies très différentes, mais, le soir, ils ont un point commun : leur passion pour la boxe thaïlandaise. Mais, peu à peu, l’on comprend qu’une personne tire les ficelles depuis l’Arménie.

 

J’ai beaucoup apprécié FIT de Lolvé Tillmanns. L’écrivaine encastre chaque phrase dans l’autre pour créer un puzzle parfait. Malgré des moments dramatiques, ce texte qui se déroule dans une salle de fitness et dont le thème est l’obsession du corps idyllique, m’a beaucoup amusée. En effet, je suis toujours hilare lorsqu’on me montre l’être humain sous toutes ses ridicules diversités, ce que Lolvé Tillmanns a très bien su écrire. Extrait : « Je devrais arrêter de fumer, c’est laid les rides et le teint gris des fumeuses. Je transpire dès le premier pas vers la gare, saloperie de canicule. La clim des trains ne fonctionne pas, et l’air des bus assoiffe plus sûrement le mammifère que le sable brûlant du Sahara. Pourtant je n’ai pas envie d’entrer dans le centre, douze heure de salle, fait chier. Je m’installe livres, Stabilo, téléphone. Je sens ces vagues dans mon corps, Stan y a laissé des souvenirs, comme s’il avait fait des ricochets dans mon ventre. Et dire que je pensais que Ralph était un bon amant, je ris toute seule. » Chez BSN press, parmi les livres parus durant la fermeture des librairies, on peut également retrouver Lolvé Tillmanns avec Anne-Sophie Subilia dans Genève – Kin, une correspondance entre deux écrivaines d’ici avec le romancier de Kinshasa Richard Ali A Mutu et la promotrice du livre kinois Miss M. Bangala. Ce projet a été porté par Max Lobe, écrivain genevois d’origine camerounaise.

 

Giuseppe Merrone : l’interview

A vos débuts dans l’édition, pensiez-vous que votre entreprise tiendrait 10 ans ?

Dans ce travail le profit rapide n’existe pas. Selon les informations que j’avais recueillies, je savais qu’il me faudrait souffrir dix ans. C’est le temps qu’il faut pour que l’édition devienne rentable. Il faut constituer un catalogue et ça se fait étape par étape. D’autant qu’au début on n’est pas pris au sérieux or la reconnaissance du milieu est importante. Ceci dit, je n’avais pas compté sur la Covid qui a sérieusement érodé cette échéance de dix ans. Par chance, les parutions académiques me permettent de survivre.

– Et vous survivez facilement ?

J’ai la chance d’être une petite structure. Je travaille seul avec des indépendants : je paie tout le monde, y compris les droits d’auteur, avec un maximum de ponctualité, je tente d’être régulier. (L’écrivaine que je suis sourit, car nombreux sont les éditeurs qui ne paient jamais, ou rarement, les droits d’auteur pour les motifs que nous comprendrons en lisant l’entier de l’entrevue). Une maison d’édition a toujours des problèmes de trésorerie. Ma politique c’est de payer tout le monde et de voir ce qui reste. L’auteur n’est axé que sur son livre mais quand on est de ce côté-ci de l’entreprise, si l’on ne fait pas attention, ça peut vite devenir très difficile. Grâce à ma petite structure souple, malgré les difficultés que je rencontre en cette période, pour l’instant je m’en sors. Mais le livre est un objet complexe qui, malgré ce que tout le monde s’imagine, est vendu très bon marché. Quand on sait le nombre de personnes et d’entreprises qui participent à son élaboration – écrivains, imprimeurs, distributeurs, libraires… – on s’aperçoit que son prix est vraiment dérisoire. Le livre ne pourrait pas exister si éditeurs, graphistes et auteurs ne faisaient pas une grande partie du travail bénévolement.

– Quelle influence la pandémie a-t-elle eue sur BSN press ?

J’ai dû considérablement repenser le calendrier des publications. Pour un éditeur de ma taille, il est difficile de sortir des livres quand les librairies sont fermées. L’alternative supposée de la vente en ligne ne fait qu’accentuer les phénomènes de concentration, et favorise de fait les grandes enseignes. Pour 2021, afin de fêter les 10 ans, j’avais un programme très ambitieux : sortir deux livres par semaine durant un mois, avec des tables rondes, des débats, des dédicaces, des pièces de théâtre. De ce programme, il ne reste qu’une version très réduite. Une bonne partie a dû être annulée ou repoussée, y compris les publications. De plus, le monde de l’édition n’a été soutenu que marginalement par les pouvoirs publics, et pour ce qui me concerne l’arrêt de l’activité n’a pu être compensé que par l’existence de réserves et par la faiblesse de mes charges fixes. Les médias, quant à eux, n’ont pas toujours brillé par leur soutien aux acteurs locaux du livre. Dommage. La Suisse romande compte de très bons éditeurs et d’excellents écrivains qui mériteraient des retombées financières et symboliques plus consistantes. Bien entendu, l’absence de lisibilité sur l’avenir des mesures sanitaires a aggravé cette phase critique.

-Avez-vous des projets malgré la crise ?

Je voudrais continuer à développer la collection Uppercut et les sujets sur le sport. J’en suis loin d’en avoir fait le tour. J’ai aussi envie d’augmenter les publications liées au théâtre. Cet art m’intéresse beaucoup d’autant qu’il me permet d’être partie prenante dans les créations comme avec Après la vague de Mélanie Chappuis. C’est très intéressant et très beau de participer au processus de la création collective. Sinon je vais là ou il me semble qu’il y a un truc à développer. Potentiellement, je peux tout faire.

 

Sources :

  • Entrevue de Giuseppe Merrone par Dunia Miralles
  • Editions BSN press
  • Entre nous soit dit  RTS
  • ViceVersa Littérature
  • Payot librairie

Michel Houellebecq : un poète d’essence baudelairienne

Michel Houellebecq : le Baudelaire des supermarchés

Quand je lis les poèmes de Houellebecq, j’éprouve la même sensation, la même empathie qu’envers ceux de Baudelaire. En investiguant un peu dans la toile, je me suis aperçue que je ne suis pas la seule à trouver une similitude entre l’auteur des Fleurs du Mal et celui des Particules élémentaires. Dans la poésie du moins. Dominique Noguez a été le premier à le souligner. Dans sa monographie de Michel Houellebecq, il le présente comme “le Baudelaire des supermarchés”. D’ailleurs le poète contemporain n’a jamais caché son admiration pour le dandy du 19ème siècle, comme il le confirme dans un entretien donné à Marc Weitzmann pour Les Inrockuptibles :

“J’ai parfois le sentiment que Baudelaire a été le premier à voir le monde posé devant lui. En tout cas, le premier dans la poésie. En même temps, il a considérablement accru l’étendue du champ poétique. Pour lui, la poésie devait avoir les pieds sur terre, parler des choses quotidiennes, tout en ayant des aspirations illimitées vers l’idéal. Cette tension entre deux extrêmes fait de lui, à mon sens, le poète le plus important. Ça a vraiment apporté de nouvelles exigences, le fait d’être à la fois terrestre et céleste et de ne lâcher sur aucun des deux points.”

Ci-dessous, deux poèmes, extraits du recueil Le sens du combat paru aux éditions Flammarion en 1996. Pourtant, ils s’accordent spleenement bien à cet automne 2020, voire à l’année toute entière.

 

Vous pouvez également lire, en cliquant ici, d’autres vers de ce poète baudelairien, contenus dans un article écrit pour ce blog en septembre 2018. Sa poésie complète est réunie en poche aux éditions J’ai lu. Pour l’instant, je vous invite à écouter Blanche Gardin le réciter, dans une vidéo de la chaîne de télévision Arte.

Sources:

  • Michel Houellebecq, poésies, éditions J’ai lu.
  • La poésie urbaine de Michel Houellebecq : sur les pas de Charles Baudelaire ? de Julia Pröll, Université d’Innsbruck.
  • Wikipédia

 

 

François Cheng : le plus français de poètes chinois

De la poésie orientale dans les mots de la poésie française

Tout au long du XXe siècle, la littérature française a bénéficié d’orientalistes qui ont contribué à faire connaître la littérature chinoise et japonaise, pour ne s’en tenir qu’à celles-là, transformant, dans une certaine mesure, la langue poétique elle-même. Grâce, entre autres, à Paul Demiéville, Jacques Roubaud et François Cheng, la littérature et la poésie en langue française contiennent des éléments redevables à la poésie et à la pensée chinoise et japonaise.

La traduction de l’écriture poétique chinoise, écrite et publiée en français par François Cheng est d’une grande importance. En traduisant des auteurs français au chinois, le poète a également largement contribué à introduire la littérature française en chine.

 

François Cheng : de Victor Hugo à René Char

François Cheng est né en Chine, à Nanchang, le 30 août 1929. Issue d’une famille lettrée, il entreprend des études universitaires à Nankin. Il arrive à Paris avec ses parents en 1948 lorsque son père obtient un poste à l’Unesco. Passionné de culture française, quand sa famille émigre aux États-Unis en 1949 en raison de la guerre civile chinoise, il s’installe définitivement en France pour se consacrer à l’étude de la langue et de la littérature françaises. Il vit dans le dénuement et la solitude avant de faire, dans les années 1960, des études universitaires à la Sorbonne tout en préparant un diplôme de l’École pratique des hautes études. Dans les années 60, il enseigne au Centre de linguistique chinoise, le futur Centre de recherches linguistiques sur l’Asie orientale. Il réalise également des traductions de poèmes chinois en français.

Toujours dans la décennie des années 1960, il publie sa poésie, en chinois, à Taïwan. Il traduit également des poètes français, de Victor Hugo à René Char en passant par Apollinaire et Henri Michaux. Ce n’est qu’en 1977 qu’il commence à écrire en français, sur la pensée, la peinture, l’esthétique chinoises et aussi des ouvrages poétiques. Jugeant avoir acquis assez d’expérience, il s’aventure dans l’écriture de romans.

François Cheng n’est pas seulement écrivain. Plasticien, il est l’auteur de nombreuses calligraphies. Il évoque cet art dans de nombreux ouvrages tel que Vide et plein : le langage pictural chinois ou encore Et le souffle devient signe. Son œuvre d’essayiste, de traducteur, de calligraphe, de romancier et de poète est désormais traduite dans de nombreux pays.

François Cheng a obtenu le Grand Prix de la francophonie en 2001 et a été élu à l’Académie française en 2002. Il est membre du Haut Conseil de la Francophonie.

 

Sources :

– Éditions Gallimard, La vraie gloire est ici.

– Juan Malpartida, Letras libres.

– Wikipédia

 

 

 

 

Luisa Ballesteros Rosas : une colombienne à Paris

Luisa Ballesteros Rosas: une enfant de la nature

Enfant, Luisa Ballesteros Rosas, vit en contact avec la nature dans une liberté totale. Pour sa fratrie et elle, tout est jeu. Dans les années soixante, elle ne se doute guère qu’un hasard la conduira à passer sa vie dans la capitale française. De nationalité franco-colombienne, elle réside à Paris depuis les années 1980. Elle écrit en espagnol et en français.

Luisa Ballesteros Rosas: de la Colombie à Paris

Essayiste, poétesse, romancière, Luisa Ballesteros Rosas, naît en 1957 à Boavita, en Colombie, petit village fondé en l’an 1600 qui s’est développé d’une manière urbaine et ou l’éducation est très importante. Orpheline de mère à 5 ans, elle ne s’en aperçoit pas immédiatement, puisqu’à 5 ans, selon Luisa Ballesteros Rosas, l’on ne se rend pas compte de la gravité de la mort. Elle continue donc à jouer et à mener une vie heureuse avec sa fratrie. Mais peu à peu des événements commencent à la perturber, comme le jour de la fête des mères, par exemple, où, dans son village, il est coutume d’épingler à chaque enfant, une fleur rouge, destinée à la maman. Or, aux orphelins de mère, on en met une blanche. C’est à ce moment qu’elle commence à se rendre compte de sa différence.

Son grand-père, descend des fondateurs de Boavita et considère que la culture et l’éducation sont primordiales. Dans sa jeunesse, après avoir arrêté le séminaire alors qu’il se destinait au sacerdoce, il retourne chez lui et commence à développer la vie culturelle du village. Il crée des écoles, monte des chorales et des troupes de théâtre. Les années passent sans que cela lui laisse le temps pour fonder la bibliothèque. Les ouvrages dorment dans des caisses, rongés par les souris. Luisa, les découvre. Passionnée de lecture, elle se met à lire tout ce qu’elle trouve ce qui lui permet de voyager mentalement et d’imaginer d’autres horizons.

Jeune femme, elle part en Angleterre pour se perfectionner en anglais, la langue qu’elle a étudié en Colombie. Mais, en arrivant à l’aéroport sur les terres de sa Majesté, cela ne se passe pas prévu. Engagée comme fille au pair, à la douane on lui apprend que cette possibilité n’existe pas pour les non-européens. Qu’elle doit faire demi-tour. La famille qui doit l’accueillir l’envoie à Madrid en imaginant qu’il sera plus facile d’arranger ce problème depuis l’Espagne. Elle y reste 6 mois mais l’Angleterre continue de lui refuser le visa. Elle décide de visiter Paris avant de retourner en Amérique du sud. Dans le train elle rencontre une espagnole qui lui suggère de faire les démarches en France et d’apprendre le français plutôt que l’anglais. Jamais, Luisa Ballesteros Rosas, n’avait imaginé vivre à Paris. Pour elle c’était une ville cinématographique, quelque chose d’un peu surréaliste. En arrivant, elle compte n’y rester qu’une seule année. Elle cherche du travail et s’inscrit à un cours. Elle obtient le certificat supérieur de français, puis réalise son doctorat. Sujet : la place de la femme écrivain dans la société sud-américaine – La Femme écrivain dans la société latino-américaine –essai-, préface de Jean-Paul Duviols, Paris, Éditions L’Harmattan, 1994

– après avoir découvert que la plupart d’entre elles étaient silenciées. Elle met d’autant plus de cœur à l’ouvrage, que le 19ème siècle regorge de grandes écrivaines qui ne figuraient dans aucun programme d’études.

Elle obtient également l’Habilitation à Diriger des Recherches de l’université Paris-Sorbonne. Après avoir enseigné la littérature et la civilisation d’Amérique latine à l’université de Paris-Sorbonne de1995 à 1997, elle est actuellement maître de conférences HDR en Littérature et civilisation d’Amérique latine à l’université de Cergy-Pontoise, où elle est également directrice du département d’études ibériques et latino-américaines. Luisa Ballesteros Rosas consacre ses recherches aux écrivaines de tout le continent latino-américain.

En 2018, elle obtient le Prix International de Littérature “Virginia Woolf” pour son essai Historia de Iberoamérica en las obras de sus escritoras, et l’ensemble de son œuvre.

Sources:

-Radio Francia Internacional

-Wikipédia

Lucette Junod : une poésie en fusion avec le monde

Lucette Junod: mosaïque surexposée

« Fusion poème symphonique pour tire-lignes et corde à noeuds» peut-on lire à la fin d’un cahier, bref mais intense, publié en 1980 par les Éditions du Panorama fondées par Paul Thierrin. Le premier ouvrage de poésie de Lucette Junod, un texte discontinu d’un superbe équilibre , nous emmène dans un monde contemporain qui, finalement, a peu changé en presque quarante-ans. Des bribes de vies, des moments de télévision, des accès de colère féministe quand Chazot parle de Gisèle Halimi, des conversations au restaurant ou des rêves, tout prend une teinte noir-blanc vaguement surexposée qui brûle les yeux sans pour autant les détacher de la lecture. Que la poétesse et l’éditeur me pardonnent, je n’ai pas su résister à la tentation de publier deux pages afin de mieux plonger le lecteur dans les ambiances de Lucette Junod. A noter: ce sont deux pages qui ne se suivent pas.

 

 

Lucette Junod naît le 25 décembre 1932 à La Chaux-de-Fonds d’un père savoyard et d’une mère de la Broye fribourgeoise. Au Technicum du Locle – aujourd’hui CIFOM– elle obtient un diplôme de régleuse dans l’horlogerie, puis fait des études de comédienne aux conservatoires de Neuchâtel et de Genève avant de se consacrer à l’enseignement du théâtre et à son écriture. A partir de 1977, elle donne de nombreux récitals de poésie. En 1983 elle fonde les Rencontres poétiques internationales qu’elle organise à Yverdon-les-Bains et à Neuchâtel et qu’elle dirige jusqu’en 2004.

En 1980 paraît Fusion qui reçoit un excellent accueil de la critique. Suivent d’autres recueils de poèmes. Elle a également écrit plusieurs romans dont Les Grands-Champs qui reçoit le Prix Paul Budry en 1980.

Elle a également écrit des pièces de théâtre radiophoniques. D’autres, écrites pour la scène, ont été adaptées pour la radio.

Elle est une invitée régulière des soirées poétiques de Struga, en Macédoine, ainsi que des Congrés de littérature de Lesbois.

Lucette Junod a également été, de 1977 à 1989, la directrice du Service de Presse Suisse.

Elle était l’épouse de l’écrivain Roger-Louis Junod.

 

Sources :

AENJ

-Fusion, Editions du Panorama

-La nouvelle revue neuchâteloise

-Wikipédia

 

Jérôme Meizoz : un auteur tendre, constant et prolifique

Jérôme Meizoz: érudition et discrétion

Sans tapage, ni déclarations fracassantes, le valaisan Jérôme Meizoz écrit et la liste de ses publications est longue. Essayiste, il s’adonne également à la poésie, aux récits historico-socio-politiques et à la fiction. En 2018, il devient le lauréat du Prix suisse de littérature pour Faire le garçon, un roman documentaire pertinent et tendre, sur les contraintes que l’on impose aux hommes, dès leur plus jeune âge, afin d’en faire de vrais modèles de masculinité selon les normes sociales en vigueur à la fin du XXème siècle dans une campagne catholique. En ce jour de St-Valentin où quitter, partir ou être seul-e, semble souvent plus pesant qu’un autre jour, j’ai choisi de vous présenter un poème qui décrit le désœuvrement que l’on éprouve parfois dans les gares. Paru dans Terrains vagues, éditions de L’Aire -2007-, un recueil réédité par L’Âge d’Homme – «Poche suisse », 2015.

 

Jérôme Meizoz :  biographie succincte

Jérôme Meizoz, né en 1967 en Valais, vit à Lausanne. Ecrivain et professeur de littérature française à l’Université de Lausanne, auteur de diverses études consacrées à Rousseau, Töpffer, Ramuz, Céline, à des auteurs suisses (Chappaz, Bille, Cherpillod, Nessi, Lovay) comme à la littérature française contemporaine (Annie Ernaux, Pierre Bergounioux). Son premier récit, Morts ou vif (Zoé, 1999) a reçu la mention «Livre de la Fondation Schiller Suisse 2000». Il a publié notamment Les Désemparés (Zoé, 2005), Terrains vagues (L’Aire, 2007), Fantômes (En bas, 2010), Séismes (Zoé, 2013), Haut Val des loups (Zoé, 2015). En 2018, le roman Faire le garçon (Zoé), reçoit un Prix suisse de littérature.

Pour davantage d’information, vous pouvez consultez son site où écouter l’entretien accordé à Mélanie Croubalian dans son émission Entre nous soit dit – RTS- lors de la réédition de Terrains Vagues. Meizoz y déclare aimer écrire -ou plutôt prendre des notes- dans les trains.

Afin de rester dans l’ambiance de l’auteur et de donner un écho au poème de ce 14 février, je vous invite à découvrir une vidéo tournée à la gare Genève-Cornavin d’où, Jérôme Meizoz, nous explique l’importance que l’œuvre de Jean-Jacques Rousseau revêt encore aujourd’hui.

 

Clémentine Faïk-Nzuji Madiya: littérature orale et interculturalité

Clémentine Faïk-Nzuji Madiya : la tradition orale pour inspiration

Les premiers vers de Clémentine Faïk-Nzuji Madiya, professeure, philosophe, écrivaine et poétesse kino-congolaise paraissent en 1967.

Sa poésie inspirée de la tradition orale, érotique, souvent voluptueuse, se réfère au pays natal, à la femme, la mère, l’amante et l’épouse. Elle décrit aussi certaines situations tragiques comme dans le poème ci-dessous :

 

Clémentine Faïk-Nzuji Madiya est née à Tshofa le 21 janvier 1944 dans la province du Kasaï-Oriental, en République démocratique du Congo. Elle fait ses études à l’institut religieux du Sacré-Cœur, puis à l’École normale moyenne de Kinshasa. Au début des années 1960, elle obtient une licence en philologie africaine de l’Université nationale du Zaïre et commence sa carrière de poétesse. De 1964 à 1966, elle dirige le « cercle culturel de la Pléiade » à l’Université Lovanium. Son amour pour la poésie l’amène, en 1969, au Festival de Dakar où elle remporte le premier prix du concours de poésie Léopold Sédar Senghor. Elle réalise des études à l’Université de la Sorbonne Paris III et devient Docteur d’Etat ès Lettres et Sciences Humaines. Elle enseigne les littératures orales et la stylistique africaines, d’abord à l’Université Nationale du Zaïre de 1972 à 1978, puis à l’Université de Niamey de 1978 à 1980. Depuis 1981, elle enseigne la linguistique, les littératures orales et les cultures africaines à l’Université Catholique de Louvain, en Belgique.

De 1986 à 2016, elle a dirigé le Centre international des langues, littératures et traditions d’Afrique au service du développementCILTADE-  qu’elle avait fondé, et au sein duquel elle a poursuivi ses recherches dans les domaines de la linguistique bantu générale, et dans ceux de la symbologie, des tatouages et des scarifications. Cette organisation a été dissoute en 2016.

Actuellement, elle continue des recherches à titre personnel et collabore avec des institutions universitaires africaines, notamment avec la Faculté de Philosophie Saint-Pierre Canisius Kimwenza, à Kinshasa, RD Congo et à  l’IFAN – Institut fondamental d’Afrique noire- à Dakar au Sénégal. Elle est régulièrement invitée dans des institutions universitaires européennes pour des consultations et des expertises. Ses nombreuses publications scientifiques se regroupent essentiellement dans les domaines des littératures orales, de la symbolique africaines et de l’interculturalité. Ces recherches l’ont l’amenée à participer à de multiples rencontres scientifiques internationales, à donner de nombreuses conférences et à animer des séminaires sur ses thèmes de recherche.

Clémentine Faïk-Nzuji Madiya a aussi été lauréate au Concours de nouvelles en langues africaines de l’Afrique centrale, organisé par l’Académie Royale des Sciences d’Outre-Mer -Belgique, 1987- et lauréate au Concours de la Meilleure Nouvelle de langue française organisé par Radio France-International à Paris en 1990.

 

Vous pouvez consulter le site de Clémentine Faïk-Nzuji Madiya en cliquant ici.

Sources :

-Poètes d’Afrique et des Antilles, de Hamidou Dia, Editions de la Table Ronde

– Wikipédia

-Groupe culturel et artistique “Kamikaze”.

 

Jürg Schubiger : la philosophie et la psychologie au service de la littérature jeunesse

Des poèmes doux pour tous les âges

Psychologue, Jürg Schubiger, fils d’un éditeur suisse alémanique, a toujours vécu dans le monde du livre. Bien qu’il soit l’auteur d’une thèse sur Franz Kafka et d’œuvres s’adressant aux adultes, on le connaît principalement pour ses livres pour enfants, des livres si charmants qu’ils séduisent aussi les grands.

Le poème ci-dessous est extrait de « Deux qui s’aiment ». Conseillé dès 6 ans, ce recueil comprend une vingtaine de poèmes sur le thème de l’amour. Wolf Erlbruch, qui l’a illustré, a choisi de coupler des animaux amoureux avec qui faire la paire semble improbable : oie et chat, lièvre et sauterelle, chien et poisson rouge ! Seuls lapins, canards et ours restent entre eux. Une manière tendre, pleine de tact, d’apprendre à s’ouvrir à l’autre quelle que soit son allure, sa provenance ou son genre. Par ailleurs, si vous avez gardé une âme douce, vous pouvez lire ces poèmes à l’élu-e de votre cœur, quel que soit votre âge.

 

 

Jürg Schubiger est né en 1936 à Zurich et a grandi à Winterthur. Après une adolescence et une entrée dans l’âge adulte riches de diverses expériences et de séjours dans le sud de l’Europe, il étudie la littérature allemande, la psychologie et la philosophie. Après ses études, il a travaillé dans une maison d’édition spécialisée dans les manuels scolaires, jusqu’à ce qu’il ouvre, en 1979, son propre cabinet de psychologie auquel il consacre la majeure partie de son temps. A sa retraite, il reprendra l’écriture de manière intensive.

Jürg Schubiger a surtout écrit de la littérature jeunesse, mais également de nombreux contes et romans pour adultes. Son œuvre poétique et philosophique s’adresse également à un public moins jeune sans doute parce que l’auteur, comme il le disait lui-même, écrit ses histoires sur deux niveaux : « Les enfants doivent trouver leurs propres points de contact et les adultes ne doivent pas perdre la joie du texte. Par conséquent, écrire pour les enfants signifie toujours “aussi pour les enfants” ».

Son œuvre littéraire pour la jeunesse est complète: de 1978 à 2013,  19 livres sont publiés indépendamment de nombreux articles dans des journaux, des magazines et des anthologies. Traduite dans de nombreuses langues, elle a été couronnée par le prix “Hans Christian Andersen“ en 2008.

Jürg Schubiger est décédé le 15 septembre 2014 .

Sources :

Éditions La joie de lire

– Wikipédia