Penchée sur l’ordinateur, je sens mon œil glisser sur le calendrier qui se trouve en haut, à droite, à côté de l’horloge. Chaque jour s’égrainent des dates qui me paraissent changer de plus en plus vite. Je retourne au document Word. Obsessionnelle, je ne vois rien du printemps. Une seule chose m’occupe : le tapuscrit que je dois rendre fin mai à mon éditeur. Un récit à paraître en octobre, très différent des sujets que j’aborde habituellement. Un livre qui demande de la constance et beaucoup de concentration.
Mes yeux picotent. Le pollen n’est pas en cause. Ils se croisent fatigués de regarder un texte, noir sur blanc, se construire. J’ai envie de soleil et d’air frais, mais je reste assise, accaparée par l’écran, immobile. Quand je me lève de la chaise, mes genoux peinent à se déplier.
Je voudrais ouvrir les fenêtres et le balcon en grand pour, au moins, profiter du chant des oiseaux et de l’air si agréable en cette saison. Mais le bruit qui vient de l’extérieur me fracasse le cerveau. Me déconnecte les synapses. Et soudainement, je me souviens que les printemps se suivent et se ressemblent. Que pour les citadins, depuis longtemps, ils n’ont plus rien de bucolique.
Dans Le baiser d’Anubia, l’ouvrage paru en début d’année, figure un petit poème sur le sujet.
Je décide de sortir me promener afin d’échapper un instant au bruit environnant. Au bas des escaliers, une série de pages A4, collées près des boîtes aux lettres, attirent mon attention. Elles sont signées par la gérance et plusieurs entrepreneurs. De grands travaux vont commencer ces prochains jours dans mon immeuble. Il nous faut immédiatement vider les caves et les galetas. Entreposer dans nos appartements le matériel dormant qui s’y trouve. Au bruit “printanier” du quartier s’ajouteront les décibels du chantier, que l’on entendra courir sur tous les murs, et la constante et encombrante présence d’objets poussiéreux que l’on ne garde que pour des usages occasionnels. Durant les cinq mois que dureront les transformations de la maison, raquettes, bouteilles de vin et produits de lessive me rappelleront qu’il ne neige plus en hiver, que je n’ai jamais rien à fêter et qu’aucun détergeant ne lave la sottise humaine.
Mon cœur s’accélère et ma respiration devient difficile. J’ai envie de fuir, fuir, fuir… très loin. Dans un lieu où aucun bruit produit par un Être Humain ne puisse me rattraper.
Six ans après le mouvement #MeToo et les dénonciations des sévices endurés par le corps des femmes, il est intéressant de lire – ou de relire – Menstrues de Linda Speer. Paru en mars 2016, soit 18 mois avant les manifestations du mouvement qui dénoncent les violences – notamment gynécologiques – faites au genre féminin, Menstrues a, en arrière-fond, une musicalité qui présage les événements à venir. Entre autres, le combat pour que les serviettes hygiéniques et les tampons ne soient plus taxés comme des produits de luxe, mais comme des biens de première nécessité.
Publié par les Éditions des Sables, dans la collection Rose des Sables, Menstrues ce sont vingt-huit poèmes qui racontent l’expérience d’une femme, et sans doute de beaucoup d’entre nous. Le recueil, découpé en trois parties – Menstrues, Retard ma saison préférée, Dry Day – évoque sans vulgarité, et souvent avec des métaphores, l’un des tabous de notre société.
Dans ses poèmes, Linda Speer nous laisse entrevoir la difficulté d’être une personne de sexe féminin face au regard de l’homme, de l’amant, de la mère ou de la société.
Autres particularités de ce livre : le dessin de sa couverture a été peint avec du sang menstruel par l’artiste sud-africaine Zanele Muholi.
Certains poèmes, écrits en néerlandais ou en anglais, sont traduits en français et en miroir sur la page de droite.
Linda Speer est née à Lugano en 1985. Elle grandit en Suisse et commence à écrire à la suite de ses premières menstruations. Sa famille étant originaire des Pays-Bas elle écrit à la fois en néerlandais et en français. Cette activité reste intime et confidentielle. C’est après avoir fréquenté l’université, où elle touche à la sociologie, aux études sur le genre, et brièvement à l’histoire des religions, qu’elle développe une vision plus consciente des rapports sociaux et culturels entre femmes et hommes. Elle décide alors de publier son travail, dans lequel l’écriture explore la féminité en tant qu’expérience de vie et source de création.
Fondées par la journaliste, écrivaine et poétesse féministe Huguette Junod, les Éditions des Sables ont vu le jour à Genève en 1987. Riches de sept collections – poésie, œuvre de fiction, récit, essai, jeunesse, ouvrages pédagogiques et polars – elle compte des auteurs et autrices de tout horizons.
Sources :
– Menstrues, Linda Speer, Éditions des Sables, mars 2016
Trouble de la personnalité borderline : témoignage
Une fois n’est pas coutume, c’est dans mon univers que j’emmène aujourd’hui les lecteurs de cet espace. Mon dernier livre, des fragments autobiographiques sur le trouble de la personnalité limite (borderline) vient de paraître. Comme il est difficile, pour un-e auteur-e de parler de soi et de son propre ouvrage, j’ai choisi de publier l’article de l’écrivaine et critique littéraire Bernadette Richard, paru le 28 janvier 2023 dans l’hebdomadaire Le Ô.
Dunia Miralles : une œuvre bousculante
Le dessous des cartes, les arrière-cours de notre société malade, la dope, les petits secrets inavouables, la transidentité, les paumés en tout genre – selon le regard moraliste des citoyens dits raisonnables –, autant de sujets que Dunia Miralles traite dans ses romans.
Au début du millénaire, il avait fallu une *Espagnole pour dénuder dans « Swiss trash », son premier livre, une certaine face cachée de la Suisse, celle de la drogue. Entre les lecteurs qui avaient adoré, ceux qui s’étaient enfin reconnus et les heureux normés qui peinaient à croire que notre patrie propre en ordre abritait de tels cas sociaux, l’ouvrage est devenu culte.
Vaille que vaille, Miralles a poursuivi sa route dans le labyrinthe des mots – souvent des maux pour elle. S’ensuivirent « Fille facile », « Inertie », autres explorations d’univers peu conventionnels, puis le très décalé « Alicante », bilingue français-espagnol, une suite de pensées, de regards, agrémentée d’un CD.
Arrivèrent ensuite « Mich-el-le, une femme d’un autre genre », qui donna lieu à un spectacle émouvant, et « Folmagories », des nouvelles qui sont comme des hommages à Edgar Poe, Oscar Wilde ou encore Stephen King, inscrites (sauf deux) dans le décor des Montagnes neuchâteloises.
Le Baiser d’Anubia : une entrée pour les montagnes russes du TPL
Et voici « Le Baiser d’Anubia », un livre qui pourrait déranger, des pages qui ne laisseront aucun lecteur indifférent : une plongée dans la tête de l’auteure. Audace ? Exhibitionnisme ? Règlement de compte avec cette salope de vie qui ne ménage pas les borderline(s) ? Un peu de tout, principalement sous forme de phrases courtes, entre des perceptions, des souvenirs jetés dans l’urgence sur le papier, et des illuminations esthétiques, historiques, journalistiques, échappées d’une angoisse sous-jacente, celle qui ne permet pas à l’écrivaine de vivre selon les codes sociaux en vigueur.
Une deuxième partie fait office de reportage concernant ce fameux trouble de la personnalité limite, décortiqué avec précision. Miralles évoque également ses rapports difficiles avec les psys. Et, comme un phare bienveillant dans la nuit noire d’une existence difficile, l’amour de son compagnon.
L’auteure s’est longtemps interrogée sur le fonctionnement de son psychisme. Qui suis-je, en fait ? Pourquoi son mental est-il si fluctuant, la privant d’un bonheur facile et accessible à tous ?
Elle y répond – du moins pour le lecteur – à travers cette confession qui bouscule les codes littéraires. Qui sait ? Son témoignage permettra peut-être aux esprits étroits et emplis de préjugés de revoir leurs certitudes.
Dunia Miralles : l’interview
Avec cette confession, vous ne craignez pas les commentaires désobligeants ?
Dans tous mes livres, excepté peut-être « Folmagories », je me suis mise en danger. Mais au final, je suis récompensée par la réaction de mes lectrices et lecteurs, concernés par les problématiques que j’aborde. Pour une fois, ils se sentent compris, écoutés et moins seuls. Je sais que j’écris des choses qui peuvent me valoir un retour de boomerang désagréable.
Ça ne vous gêne pas de vous mettre ainsi à nu ?
Ça fait partie de ma démarche littéraire de faire du funambulisme sur le fil d’une épée, en risquant de nuire à mon cheminement d’écrivaine, de nuire à ma réputation de femme, mais je m’en moque. Il est important pour moi de mettre au jour des choses que l’on tient généralement bien cachées.
Célébrités psychoatypiques
Dans « Le baiser d’Anubia » le lecteur peut aussi rencontrer des célébrités psychoatypiques et neuroatypiques : Jean Cocteau, Billie Eilish, Kurt Cobain, Virginia Woolf, Elon Musk, Gérard de Nerval…
Ci-dessous, une lecture du « Baiser d’Anubia » mise en images par Chingón.
Un ancien de l’identité judiciaire se livre de son plein gré
Ancien inspecteur de l’identité judiciaire genevoise et ensuite neuchâteloise, Lucien Vuille avait quitté son métier d’enseignant pour entrer dans la police où il a passé plusieurs années. A présent il est retourné à l’enseignement, mais il nous livre un ouvrage sans détours – voir la première partie de cet article – sur ses années passées dans La Grande Maison, comme les policiers dénomment eux-mêmes la police. Un récit coup de flingue qui décrit les débuts d’un inspecteur de la police judiciaire dans la ville de Genève. J’ai voulu savoir ce qui avait motivé Lucien Vuille, qui prétend qu’il y a peu de différence entre la police et l’enseignement, à relater cette expérience en nous dévoilant l’envers du décor.
La Grande Maison : interview de Lucien Vuille
N’avez-vous pas peur que votre livre n’apporte de l’eau au moulin de certaines idées populistes, qu’elles soient de gauche ou de droite ?
Ce que j’ai fait, c’est décrire de manière factuelle ce que j’ai vécu, en restant le plus objectif possible, quel que soit le sujet abordé, la violence éventuelle de celui-ci et l’impact qu’il a pu avoir sur moi. J’ai écrit ce livre de la même façon qu’on nous avait appris à rédiger un rapport de police, soit être complètement objectifs dans notre manière de décrire les événements : « les faits, rien que les faits ». Ne pas écrire « alors que nous patrouillons le long de la rue de Berne, nous avons contrôlé un individu qui nous semblait louche » mais « notre attention a été attirée par un individu et nous avons procédé à son contrôle », ne jamais être subjectif pour que notre rapport soit inattaquable de ce point de vue-là. Ainsi, je n’ai pas de scrupules à mentionner les nationalités des délinquants, les agissements de certains collègues ou la façon de fonctionner de l’état-major parce que j’ai écrit avec sincérité. Tout ce qui est mentionné, je l’ai vu et vécu. Chaque lecteur, quelles que soient ses affinités politiques, ses opinions sur la délinquance ou autres, peut suivre le parcours de ce jeune flic et lorsqu’il se confronte aux différents écueils de sa progression, il est confronté à ses propres perceptions ses a priori. Cela n’aurait pas de sens dans cette optique de divulguer mes propres opinions au fil du récit alors je me contente de transmettre ce que les individus que je croise me confient. Je cherche à ce que chaque lecteur y trouve quelque chose qui résonne par rapport à son propre vécu, certains y voient un livre sur la détresse des habitants d’une grande ville contemporaine, d’autres une critique du milieu du travail en général, un hommage à des méthodes policières à l’ancienne et désormais désuètes, un Entwicklungsroman… On y trouve ce qu’on vient y chercher, selon sa sensibilité. Si qui que ce soit lit ce livre et y voit une attaque dirigée contre lui, c’est qu’on s’est mal compris.
Avant d’intégrer la police, imaginiez-vous que de telles choses arrivaient en Suisse ?
Je n’ai travaillé que quelques années et pourtant j’ai vu de quoi remplir plusieurs bouquins. J’ai été inspecteur de police à Genève puis dans le canton de Neuchâtel et j’ai été encore plus choqué de ce qui se passait dans mon canton d’origine. J’ai découvert Genève à travers mon job, je ne connaissais pas du tout la ville et ses environs avant d’y bosser. Je me suis construit une image sans doute trop lugubre, mais je n’avais aucun a priori. Tandis qu’à Neuchâtel, j’ai été d’autant plus marqué parce que j’imaginais mon canton d’origine beaucoup plus préservé de toute cette noirceur. Meurtres, enlèvements, stupéfiants, viols, pédophiles… On n’est absolument pas épargnés et la plupart des citoyens ne s’en rendent sans doute pas compte. Et c’est tant mieux. Pas mal de lecteurs imaginent que j’ai inventé certains passages, certains me demandent si tel ou tel passage est authentique. Je dois souvent répéter que rien n’est faux, que tout est vrai et que le pire n’est pas publié.
S’habitue-t-on à la détresse et à la noirceur de certaines situations ?
Je crois qu’on ne s’habitue jamais aux drames, aux épreuves mais qu’on s’habitue plutôt à la façon d’y répondre, à la manière de réagir. Si on a déjà vécu une situation extrême, on se sait capable de l’endurer quand elle se répète. Il faut savoir s’avouer qu’on ne peut pas être imperméable, mais cette honnêteté dépend des gens. Certains préféreront affirmer qu’ils sont devenus insensibles mais c’est impossible de ne pas subir la détresse, la véritable et profonde détresse d’autrui quand on y est confronté, on peut trouver mille façons de se protéger mais personne n’y est hermétique, à mon avis. Et c’est important d’avoir cela en tête. Enquêter sur une affaire de pédophilie, ça peut vouloir dire visionner des centaines de vidéos pédo-pornos, à des fins d’enquête. Les regarder, et attentivement, pour essayer de trouver un indice qui permettrait d’identifier les auteurs, les victimes, l’endroit où cela se déroule. De retour de mon très bref congé paternité, après la naissance de mon petit dernier, on m’a transmis une nouvelle enquête de mœurs, qui portait sur des viols filmés de nourrissons. J’avais un nouveau-né à la maison et au bureau je devais regarder ce genre de films… On m’a répondu que j’allais m’y faire, qu’au bout d’un moment ça ne me ferait plus rien. Apparemment, demander à passer mon tour dans ces circonstances, c’était faire preuve de trop de sensiblerie. A noter que cette exigence n’a pas eu lieu quand j’étais dans La Grande Maison, à Genève, où se déroule le livre, mais à Neuchâtel quand j’étais à la brigade des mœurs.
A peine formé, vous avez quitté la police pour divers motifs expliqués dans votre ouvrage. Avez-vous des regrets ?
Quand mes élèves « découvrent » ce que je faisais avant de devenir prof (je n’ai plus besoin de leur mentionner ça, ils se transmettent l’info d’une année à l’autre), ils me demandent souvent si je regrette, c’est systématique. « Pourquoi vous avez arrêté ? Vous devez trop vous ennuyer maintenant ! » Je n’ai aucun regret, ni d’avoir été inspecteur, ni d’avoir démissionné. Avec un peu de réflexion sur soi-même et de recul, ce genre d’expérience apporte énormément dans le façonnage de notre identité. Ça m’arrive encore de rêver que j’arpente les rues des Pâquis pour contrôler des dealers, je retrouve la sensation que j’éprouvais alors mais au réveil, aucun regret que tout ça s’évapore. Juste le soulagement de ne plus y être et le plaisir d’avoir connu ça.
Ce n’est pas trop difficile de se passer de l’adrénaline ?
Quand j’étais dans la casserole, je ressentais ce besoin d’action, en arpentant les rues sur les traces des voleurs, on bouillonne, on a envie de ça, il y a peut-être un effet de meute. Mais ça ne me manque pas du tout. Comme la plupart d’entre nous, je déteste la brutalité, quelle qu’elle soit et j’espère bien ne plus jamais prendre ou donner un coup. Mais je suis conscient que j’en ai été capable. C’est quelque chose de s’être battu, pour de vrai, hors d’un ring, de s’être confronté à la violence. Cette même violence qui nous est épargnée, jour après jour, grâce à la police. Il y a une citation d’Orwell à ce propos, qui explique que la part de violence à laquelle chacun d’entre nous devrait être confronté durant sa vie, c’est les flics qui se la coltinent à notre place.
Quand mes amis policiers me racontent leurs affaires ou me parlent des derniers potins à l’intérieur de la grande maison, ça m’intéresse mais je ne les envie pas pour autant. Quand ils me paraissent heureux et épanouis, je suis content pour eux, mais je n’échangerais pour rien au monde ma salle de classe et mes élèves pour une plaque de police et un flingue.
Aviez-vous du temps à accorder à une vie privée ou étiez-vous constamment plongé dans le travail ?
C’est peut-être étonnant à la lecture de La Grande Maison mais durant les faits que je raconte, je me suis marié, j’ai eu mon premier enfant, j’ai voyagé, j’ai rencontré des amis. Cela incombe au parti-pris de rester axé sur les faits objectifs qui concernent la police que je ne raconte quasiment rien de ma vie privée, dans ce livre-là en tout cas.
Dans quel but avez-vous écrit La Grande Maison ?
À un moment donné, j’ai eu envie de raconter ce que j’avais vécu, sans imaginer que quelqu’un d’autre le lirait, en tout cas pas dans l’immédiat. J’avais envie d’en garder une trace écrite, peut-être avant que j’en oublie des morceaux. Et puis petit-à-petit, je me suis dit que mon récit pourrait éventuellement intéresser certains de mes (très) proches. J’ai terminé d’écrire une première fois La Grande Maison en me disant que j’allais proposer à mon épouse de le lire, pour partager cette histoire-là avec elle, ce que j’avais vécu, comment je me sentais, notamment parce qu’on n’était pas ensemble à ce moment-là de ma vie. Or d’écrire ce vécu, je me suis rendu compte que ça me soulageait. Ensuite, je l’ai transmis à ma grande sœur, pour les mêmes raisons. Les choses se sont un peu emballées à ce moment-là, ma sœur l’a confié à son mari (elle a bien fait, je le lui aurais transmis de toute façon). Et un jour, alors qu’il le lisait dans sa boutique, un écrivain de sa connaissance est venu lui acheter des bouquins, il est reparti avec mon manuscrit sous le bras et après l’avoir lu – et apprécié – il l’a transmis à son éditeur, qui est devenu le mien.
Avez-vous l’intention de continuer à écrire des livres avec des policiers et des malfrats ?
J’ai écrit un roman basé sur ce que j’ai vu et vécu lors de mon passage à la police judiciaire neuchâteloise, ma seconde expérience dans la profession. Peut-être que cela pourrait intéresser quelques lecteurs. Je ne sais pas encore si je vais le laisser tel quel ou y ajouter une pointe de fiction, peut-être qu’on ne saura pas vraiment où s’arrête la vérité et où débute l’imagination. Je vais laisser mijoter tout ça un moment.
La formation reçue pour devenir inspecteur, vous sert-elle dans votre métier d’enseignant ?
Je n’utilise pas chaque jour les tactiques d’interrogatoire ou les techniques de menottage, mais ce genre d’expérience de vie apporte énormément, au niveau de l’empathie, du rapport à l’autre, du recul sur les situations, sur le rôle de l’école, de l’enseignement… J’ai été prof quelques années avant de passer par la grande maison et je sais que je suis un enseignant bien différent de celui que j’étais alors. Cela amène du recul. On pourrait croire que j’ai côtoyé des collègues très à gauche dans l’un de ces milieux et que j’ai découvert une façon de penser plus ancrée à droite dans l’autre. Mais la réalité est plus contrastée. Il existe de nombreuses exceptions. Des profs qui regrettent le nombre d’étrangers dans leur classe, qui compliquent selon eux l’enseignement et péjorent le niveau scolaire des braves enfants suisses, tout comme j’ai rencontré des tas d’inspecteurs ou de policiers tolérants et ouverts d’esprits. Ces changements d’environnement permettent d’avoir une vision d’ensemble, modeste bien sûr, mais qui permet d’apprécier certains états de fait avec plus de perspicacité, peut-être, que si j’avais uniquement côtoyé le même milieu professionnel. Ça permet de ne plus voir uniquement les choses en noir ou en blanc, la vérité se cache quelque part dans les niveaux de gris. Par-dessous tout, il n’y a finalement pas une si grande différence entre ces deux jobs, flic et enseignant. Je l’ai beaucoup répété durant mes carrières et je le pense toujours : ce sont deux métiers plus proches qu’on ne croit, parce que ce sont des métiers humains, des métiers de l’humain, dans le sens où la matière première, dans un job comme dans l’autre, ce sont des êtres humains.
La question que je pose à tous les auteurs : à quel personnage de roman vous identifieriez-vous ?
J’aime bien imaginer que je ressemble à un personnage de Jim Harrison, mais c’est sans doute parce qu’il savait les décrire si profondément que je peux me retrouver dans la plupart d’entre eux aisément. Je suis bon client, je lis beaucoup de livres, de BD, je regarde des tas de films et de séries et je pioche à gauche à droite, de ces petits quelques choses qui nous façonnent, qui nous inspirent. Le dernier personnage de roman qui m’a ainsi inspiré, c’est Cigano dans le roman Narcisa de Jonathan Shaw. Un personnage qui se rend compte notamment qu’il faut être fou pour continuer de faire toujours la même chose, de répéter constamment les mêmes erreurs en espérant un résultat différent au final.
J’ai demandé à Lucien Vuille, ancien inspecteur de la police judiciaire, si tout ce qu’il relate dans son livre est vrai. « Tout ce que j’écris je l’ai vu mais à l’inverse je n’écris pas tout ce que j’ai vu ». Certes, ce qu’il décrit dans « La Grande Maison » – éditions BSN Press -, a déjà été mâché et remâché dans les films et les séries. Mais une fois sortis du cinéma, ou Netflix éteint, on se dit que ce sont des fredaines de scénaristes. Au pire, que si c’est inspiré d’une certaine réalité, cela se passe ailleurs quelque part à New-York ou à Marseille. Pourtant, cette « Grande Maison » comme les policiers eux-mêmes dénomment la police, est située à Genève. Or, ce témoignage est une assourdissante détonation. Un coup de Glock 9 mm tiré en l’air mais dont la déflagration nous laisse tétanisés.
Lucien Vuille : policier par hasard
Avant d’entrer à l’école de police, Lucien Vuille était enseignant dans un quartier difficile de Lausanne. Dans le cadre de ce travail, il rencontrait des enquêteurs de la brigade des mineurs qui cherchaient parfois des renseignements sur des adolescents fugueurs ou qu’ils devaient présenter devant le juge. Leurs récits de la vie de flic le passionnaient. C’est ainsi que l’un des policiers lui suggéra de tenter sa chance. L’idée fit son chemin.
Dans son livre, Lucien Vuille nous raconte toutes les étapes franchies avant de devenir inspecteur. Le début semble fastidieux. Pourtant, très vite, l’on se fait happer par les incohérences, les injustices et le favoritisme relevés au sein même de la police. Une fois le lecteur hameçonné, malgré le procédé d’écriture qui ressemble quasiment à la rédaction d’un procès-verbal, on ne lâche plus ce texte qui, peu à peu, nous mène au bord de l’étouffement.
La Grande Maison : des faits rien que des faits
Entre le racisme banalisé, le jargon professionnel issus des bouchers parisiens, celui-là même autrefois utilisé par les truands de Paname – le louchebém, ça vous dit ? – qui nous donne parfois l’impression que la police genevoise se croit dans une aventure de San-Antonio ou dans un film de Michel Audiard, les délinquants à la dérive parfois très stupides, les gaffes policières qui nous font nous éclater de rire, et la terrifiante détresse de quelques marginaux écrasés par l’existence, on s’immerge totalement dans la vie d’un flic. Un travail qui comporte ses moments fastidieux, ses subites montées d’adrénaline, ses confrontations à l’horreur de la drogue ou de la pédophilie, le tout saupoudré de violence ordinaire. Un livre qui nous apprend que pour être sauvé d’une femme maltraitante, il vaut mieux être son chien plutôt que son enfant.
Lorsqu’on lit les épreuves physiques et psychologiques auxquelles sont soumises les forces de l’ordre, l’on ne s’étonne guère que ce soit un métier avec un risque de suicide particulièrement élevé. Alors oubliez les stars françaises de la rentrée littéraire et leurs livres trop convenus, et lisez La Grande Maison de Lucien Vuille. Vous y apprendrez deux ou trois choses sur ce qui se passe dans nos jolies villes suisses, dans nos quartiers ou peut-être chez vos voisins. Vous y rencontrerez de vrais flics, de vrais dealers, de vrais indics, de vraies prostituées et de vrais paumés. Ces personnes que l’on s’acharne à ignorer et qui pourtant sont là, qu’on les aime ou non, qu’elles nous intriguent, nous peinent où nous révulsent.
Demain, ici même, vous lirez une grande interview de Lucien Vuille. Il abordera son vécu au sein des polices genevoises et neuchâteloises, et ce qu’il en a appris avant de retourner à l’enseignement.
Mais auparavant je vous laisse découvrir sa biographie, telle qu’il me l’a livrée avec beaucoup d’humour, une chose à laquelle l’on ne s’attend pas forcément après avoir lu son ouvrage.
Lucien Vuille : sa biographie
« Je suis né à la Brévine, au cœur d’une vallée entourée de sapins dont on ne voit que le commencement, Sibérie de la Suisse au climat subarctique. J’y ai grandi, dans une ferme située dans un hameau nommé « Le Cachot », ça ne s’invente pas. Une fois mon bac empoché à La Chaux-de-Fonds, j’ai fait un bachelor en français et en histoire à l’université de Neuchâtel, puis un autre en sciences de l’éducation à la HEP. Je suis parti enseigner à Lausanne, dans le quartier haut en couleurs de la Blécherette, avant de partir travailler à la police judiciaire genevoise. Après avoir écumé les artères ténébreuses de la cité de Calvin, j’ai accepté la proposition de l’ancien chef de la police judiciaire neuchâteloise de revenir sur mes terres d’origines pour y rejoindre le bras armé de la justice locale. J’ai passé trois ans à la brigade des mœurs de la Chaux-de-Fonds, puis j’ai décidé de tourner définitivement la page de la vie policière et je suis retourné à l’enseignement. Tout en arrêtant des suspects et rédigeant des rapports de police, j’ai eu des enfants, des lapins et je me suis établi au Landeron, dernière frontière du monde neuchâtelois. Tranquillement installé à l’orée des bois, j’écris des livres, j’enseigne et je fais pousser des enfants, pas forcément dans cet ordre ».
Lucile Lapierre, jeune interne en médecine en proie à un sentiment maladif d’illégitimité qu’elle traîne depuis l’école primaire, est affectée à une unité pour malades difficiles d’un hôpital psychiatrique. Inexpérimentée mais sachant les biais de la psychiatrie, elle est immédiatement saisie par le syndrome de l’imposteur, un mélange d’anxiété et de manque de confiance en soi qui provoque un sentiment d’imposture amenant les personnes qui en sont atteintes à nier leurs mérites et leurs succès.
Ce roman graphique balaie nos présupposés sur la folie, en brossant un portrait de l’institution psychiatrique et des personnages qui la peuplent. Dans ce récit initiatique inspiré de son expérience personnelle, Claire Le Men interroge les normes pour nous apprendre que les troubles mentaux sont définis selon l’époque ou la culture dans lesquelles évoluent les patients. Par exemple : si vous êtes freegan, – mode de vie alternatif qui consiste à consommer ce qui est gratuit, comme des produits invendus ou jetés dans des containers, afin de dénoncer le gaspillage alimentaire et la pollution engendrée par les déchets – il est probable que vous soyez considéré par les bobos comme un visionnaire politiquement impliqué. En revanche, dans un hôpital psychiatrique, cette habitude viendra renforcer l’hypothèse d’un trouble psy.
Le syndrome de l’imposteur : extraits
« Dans les pays industrialisés, le taux d’homicide et de 1 à 5 pour 100’000 personnes, et 0,16 pour 100’000 sont commis par des personnes ayant un trouble mental, soit 1/20 des homicides. Toutes violences confondues seuls 3 à 5% des auteurs souffrent de troubles psychiques.
Paradoxalement, ça choque moins un mari sain qui bat sa femme avec discernement tous les jours, qu’un « fou » qui frapperait un inconnu une fois parce qu’il croyait qu’il lui voulait du mal.
Il y a sûrement des tonnes de violences faites par des personnes « saines » qu’on ne lit même pas dans les faits divers, mais si c’est un malade ça intéresse soudainement tout le monde. »
« On dit classiquement que tout ça est devenu médical au XIXe siècle quand les médecins aliénistes se sont intéressés aux fous enchaînés de l’hôpital général et les ont libérés pour créer l’asile. Pinel est considéré comme le père de la psychiatrie moderne car il a libéré certains aliénés de leurs chaînes à Bicêtre et à La Salpêtrière.
D’après Foucault, c’est à Pinel que l’on doit le statut médical « moral » de celui qui sait et qui juge. Foucault disait « On croit que Tuke et Pinel ont ouvert l’asile à la connaissance médicale. Ils n’ont pas introduit une science mais un personnage dont les pouvoirs n’empruntent à ce savoir que leur déguisement ou, tout au plus, leur justification.
Ces pouvoirs, par nature, sont d’ordre moral et social, ils prennent racine dans la minorité du fou, dans l’aliénation de sa personne, non de son esprit. Si le personnage médical peut cerner la folie, ce n’est pas qu’il la connaisse mais qu’il la maîtrise.
Si la profession médicale est requise, c’est comme garantie juridique et morale non pas au titre de la science. Un homme d’une haute conscience, d’une vertu intègre et qui a une longue expérience de l’asile pourrait aussi bien se substituer à lui ». »
Claire Le Men : biographie
Claire Le Men est née en 1990 à Paris. Elle suit d’abord des études de médecine et se spécialise en psychiatrie. Son internat, qu’elle commence dans une unité pour malades difficiles, lui inspire Le Syndrome de l’imposteur son premier roman graphique. Elle se consacre désormais à la bande dessinée, entre Paris et Berlin.
Sources :
Le Syndrome de l’imposeur, Claire Le Men, éditions La Découverte
Le Gore des Alpes : 13 romans, 1 BD et 1 recueil collectif
Cette collection est un hommage à la littérature pulp des ’50s. Ce sont des références à la culture populaire, aux monstres du passé et à ceux, plus vicieux encore, d’aujourd’hui. C’est de l’horreur, du macabre, du funeste. Sorcières et animaux anthropophages, mafieux toxicomanes et fascistes cannibales, clergé décadent et cadavres revenus du royaume des morts. C’est un sabbat au milieu d’une clairière, un carnotzet aux parfums de l’enfer, des hurlements lugubres dans les ténèbres.
Ces récits s’adressent à un public averti qui cherche à se divertir tout en apprenant deux ou trois choses sur l’âme humaine, l’Histoire ou les mythes de nos régions. Le Gore des Alpes c’est l’opposé, en très exagéré, de la vision idyllique que les touristes se font de la Suisse et de la montagne. Jusqu’à présent cette collection a publié 15 numéros dont un roman graphique et un collectif.
Les auteurs : CV longs comme des bras (tranchés)
Hier, nous avons rencontré le directeur de collection Philippe Battaglia. La pointe acérée de sa plume a également griffé deux ouvrages du Gore des Alpes : La robe de béton et La fête de la vicieuse. Aujourd’hui, je vous propose de faire la connaissance de quelques auteur-e-s et de leurs livres. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils affichent tous et toutes de sérieux curriculum vitæ. A l’évidence, ce ne sont ni des paumés ni des petits rigolos.
Gabriel Bender : Les folles de Morzine
Le livre : Sociologue et historien Gabriel Bender, l’universitaire qui considère que de nos jours l’humain est un Celte avec un smartphone, s’est penché sur une véritable histoire qui a eu lieu dans un village de Haute-Savoie au 19ème siècle. Pendant environ treize ans, de 1857 à 1870, plusieurs dizaines de femmes de Morzine furent prises de convulsions, d’hallucinations, de crises de somnambulisme. Elles se disaient possédées par des diables. Malice ou maléfice ? Femmes malades ou révolte féministe ? Gabriel Bender résout l’énigme avec la prudence de l’historien des Alpes et la hauteur de vue d’un sociologue alpestre.
Bio : Originaire de Fully, Gabriel Bender est né en 1962. D’abord travailleur social, il obtient en 1993 une licence en sociologie, puis en 1996, un diplôme d’études supérieures en histoire économique et sociale. Aujourd’hui, il est professeur et chargé de recherche à la HETS – Haute École de Travail Social. Après la publications de plusieurs ouvrages consacrés aux sciences sociales, comme Politiques culturelles en Valais ou Fioul Sentimental, Gabriel Bender s’est éclaté à écrire du gore. C’est d’ailleurs lui qui a eu l’honneur d’inaugurer cette collection avec La Chienne du Tzain-Bernardqui rend hommage aux premières œuvres de la littérature gothique trash.
Stéphanie Glassey : L’Éventreuse
Le livre : spécialiste de la littérature du 17ème siècle, Stéphanie Glassey nous emmène dans le vécu le plus sordide des femmes. Le récit s’écrit sous les clochers des villages d’autrefois, bien-pensants et malfaisants, où le sexe prétendu faible était victime de la violence de l’hypocrisie et de la religion.
L’auteure nous ouvre une lucarne sur une faiseuse d’anges que le destin condamne à devenir éventreuse. Impuissant, le lectorat assiste aux horreurs des avortements à la dure, avec aiguilles à tricoter, cuillères et coups de poings, au destin des fœtus, aux abus subis par les enfants placés, et à la culture patriarcale pratiquée dans le secret et l’oppression. Stéphanie Glassey ne nous épargne rien des souffrances du viol, des grossesses à répétitions, de l’accouchement et surtout de celles des fausses couches provoquées ou pas. Un monde où les femmes ne sont que des objets corvéables, des outres à soulager les instincts les immondes de certains mâles – peut-on encore les appeler des hommes ? Une époque pas si lointaine où l’on accuse de sorcellerie celles qui apportent de l’aide à leurs pairs. Dans cet odieux obscurantisme, contre toute attente, c’est par le démon et ses suppôts que le Bien arrive. L’Éventreuse est un roman d’une violence hurlante de vérité. Entre deux saines manifestations démoniaques il nous rappelle pourquoi, nous les femmes, nous sommes battues pour obtenir le droit à la contraception et à l’avortement.
Bio : Née en 1988 et domiciliée à Nendaz, Stéphanie Glassey exerce les métiers de thérapeute et d’enseignante. En 2008, elle entre à l’Université de Fribourg où elle étudie les Lettres et se consacre essentiellement à la littérature du 17ème siècle. En 2013, elle obtient son Master en français. Confidences assassinesest son premier roman paru en 2019, L’Éventreuse en 2020 et la La Dernière danse des lucioles en 2021. Son projet actuel, Enfances assassinées, est au bénéfice d’une bourse de la culture de l’État du Valais.
François Maret : VenZeance
Le livre : le dessinateur signe l’unique bande dessinée du Gore des Alpes. Une expérience qu’il faudrait renouveler.
VenZeance est un roman graphique, accouplement farouche et sanglant entre un road movie post-apocalyptique et une errance burlesque pour la survie. Une toxine a transformé les joyeux convives du Gala du FC Sion en zombies décérébrés. La horde sous contrôle va déferler sur le Valais. Heureusement l’armée suisse veille…
Bio : Né en 1961, François Maret est un dessinateur et scénariste de bande dessinée, illustrateur et enseignant. Instituteur, il a travaillé pendant dix ans dans les écoles primaires. Ayant obtenu le diplôme d’enseignement du dessin, il devient professeur des Arts Visuels et de l’Histoire de l’Art au lycée-collège cantonal de la Planta. De 1989 à 1992, il a été responsable des graphismes et des illustrations pour des livres scolaires d’histoire, de géographie et de sciences naturelles. Il a également travaillé comme dessinateur pour la presse suisse : Femina, La Liberté, Le Courrier, Le Quotidien Jurassien. Il a publié Eden, trois tomes de science-fiction humoristique aux Éditions Paquet, en 2008. Il partage son temps entre le dessin de presse, l’enseignement, et la BD.
Louise Anne Bouchard : Delirium
Le livre : L’écrivaine helvético-canadienne signe ici son 18ème ouvrage où l’on découvre les aventures de Jérôme, un homme qui boit trop, baise trop, et s’est fait renvoyer de son travail. Il décide de se refaire une santé en Valais, mais là encore, il baise et boit trop. Pompon : dans ses délires, on l’enlève et on le malmène. Une séquestration ou se multiplient les sévices pour l’empêcher de toucher à la légende du Dolly Pop, la mystérieuse disparition de huit beautés qui gagnaient leur vie en vendant leurs charmes et parfois leurs petites culottes.
Bio : Grâce à ce livre et à ses précédents ouvrages noirs, Louise Anne Bouchard fait partie des 25 autrices du monde entier à être invitée dix jours durant au Festival International du Roman Noir (FIRN). Ce projet est cofinancé par Pro Helvetia.
Louise Anne Bouchard a commencé à écrire à l’âge de douze ans. D’abord photographe de formation (pendant trois ans, elle est photographe de mode free-lance), elle poursuivit des études en Littérature à l’Université du Québec à Montréal. Sa rencontre avec son professeur de Littérature Étrangère, Eva Le Grand, est l’une des plus éblouissantes de ses débuts d’écrivain. Elle a reçu deux prix littéraires dont un canadien.
Jean-François Fournier : Les démons du pierrier
Le livre : Un curé voit, avec rage, la modernité arriver dans son petit village. Pour maintenir les villageois sous le pouvoir de l’église, il n’hésitera pas à pousser au crime les deux hommes les plus riches de la région, dont l’ampleur de la perversité assoit les dégénérés de Délivrance sur le banc des enfants de chœur. La situation va évidemment lui échapper et devenir un véritable enfer. Un hommage émétique à Necrorian, l’auteur culte de la littérature gore, et à son mythique Blood-Sex !
Né le 12janvier1966 à Saint-Maurice, Jean-François Fournier est journaliste et écrivain. Il était rédacteur en chef du quotidien Le Nouvelliste, jusqu’en octobre 2013. Il a dirigé ensuite la mythique Revue Automobile, le plus vieux journal européen traitant des quatre roues. Puis il a administré le Théâtre du Baladin et officié comme Délégué culturel de la commune de Savièse. Premier Prix de poésie de l’Association valaisanne des écrivains en 1983, il reçoit en 1988 le Prix de journalisme du Conseil de l’Europe et, en 1998, le canton du Valais lui décerne le Prix d’encouragement pour l’ensemble de sa production littéraire.
Collectif : Ça sent le sapin
Livre : Un ouvrage collectif rassemblant treize aventures macabres. Un Noël pas piqué des vers où l’on cueille, sous le sapin, des champignons parasites, des occultistes nazis, des extraterrestres vicieux, des lutins esclavagistes, des morts-vivants, des cannibales, des sociopathes, des psychopathes, des mille-pattes et du pâté en croûte.
Les auteurs : Philippe Battaglia, Gabriel Bender, Louise Anne Bouchard, Nicolas Feuz, Jean-François Fournier, Jordi Gabioud, Stéphanie Glassey, Joël Jenzer, François Maret, Nicolas Millié, Olive, Dita von Spott & Vincho.
Monstres humains ou fantastiques, démons, adorateurs de Satan, tortures, possessions, sexe, Nazis, médecins sadiques, sorcellerie, zombies, vengeances… – la liste n’est pas exhaustive – la collection de petits livres trash, née en Valais et sobrement intitulée Gore des Alpes, ne nous épargne aucune fantaisie extrême et sanglante. Tout cela sans nous sortir de nos beaux paysages de cartes postales. Sans que les auteur-e-s et les personnalités suisses les plus en vue ne rechignent à se lancer dans le jubilatoire mais périlleux exercice d’une écriture violente et excessive. Imaginez le spectre d’une espèce de Quentin Tarantino déjanté possédant les écrivain-e-s et dessinateurs de notre belle Helvétie, et vous serez encore loin du compte.
Parmi les personnes de plume qui ont succombé au charme de la terreur et de l’hémoglobine, l’on trouve le sociologue et historien Gabriel Bender, les journalistes Joël Jenzer et Jean-François Fournier, l’écrivaine Louise Anne Bouchard ou le talentueux artiste peintre et illustrateur Ludovic Chappex qui signe toutes les couvertures. Olivia Gerig, autrice de L’Ogre du Salève dont tout le monde se souvient et de la trilogie Le Mage Noir, s’est également laissé ensorceler. C’est ce printemps que l’on lira sa prose la plus hard !
Évidemment, cet esprit n’a pu s’empêcher d’envoûter Nicolas Feuz qui, depuis des années déploie l’ombre de ses immenses ailes sur l’ensemble de la littérature romande. Sont-ce celles d’un ange gardien qui protège les lettres et ses humbles serviteurs, ou celles d’un féroce vampire suceur d’encre et de sang ? Toutes les rumeurs circulent. Toutes les hypothèses semblent possibles. Seul Chronos, dieu issu du néant selon certaines traditions, nous révèlera peut-être un jour la véritable substance de ce que sème, entre les lignes, ce procureur devenu un incontournable de tout ce que l’édition locale produit depuis deux lustres. En attendant ce Jugement Dernier, les milliers de lecteurs qu’il délecte se régalent notamment du Verdict de la Truite.
A noter pourtant que cette collection, terriblement sombre, saupoudrée d’une touche de grotesque, se réfère souvent à l’Histoire avec un grand H. Dans ma publication de demain, je présenterai quelques-unes de ces publications ainsi que leurs auteur-e-s.
Philippe Battaglia : l’homme aux multiples casquettes
Philippe Battaglia, c’est le genre d’irrévérencieux monsieur suffisamment hyperactif et bien intégré dans la société pour qu’à l’instar d’un certain procureur, on le trouve partout. Je suis d’ailleurs surprise de ne pas encore l’avoir rencontré dans ma paella entre cinq grains de riz, quatre lamelles de poivron, deux moules, une crevette et une cuisse de poulet. Je vous invite à lire sa biographie au bas de l’article. Elle est aussi divertissante et dense en rebondissements que cette série de livres à laquelle il participe, entre autres, comme directeur de collection.
– Comment vous est venue l’idée de vous lancer dans cette aventure ?
Avant toute chose, je dois préciser que je suis une pièce rapportée, même si j’ai aujourd’hui plusieurs casquettes au sein du collectif, puisque j’y suis éditeur, directeur de la collection et auteur. Au commencement étaient trois hommes (comme pour la création de la Suisse, mais n’y voyez aucun lien de cause à effet) qui sont ensuite venus en chercher deux autres dont moi. Le Gore des Alpes est donc une maison d’édition et une collection du même nom, le tout géré par cinq individus peu recommandables. L’idée est venue peu après les votations sur les Jeux Olympiques en Valais, une campagne extrêmement clivante durant laquelle le canton a été peint dans tout ce qu’il a de plus merveilleux. Une vraie carte postale. Les trois fondateurs se sont alors dit que non, la Valais, ce n’est pas que ça. Ce sont aussi des drames, des secrets, des catastrophes naturelles, une part d’obscurantisme lié à la tradition religieuse, bref, un terrain fertile pour qui veut s’amuser avec la part d’ombre des choses. Cela étant dit, nous souhaitons aujourd’hui sortir des limites valaisannes, tant avec nos histoires qu’avec nos auteurs et autrices. Après tout, il y a des aussi des Alpes en France et en Italie, par exemple.
Nous choisissons nos textes avec soin. Il y a des plumes que nous allons chercher car nous apprécions leur style ou leur force et d’autres qui viennent à nous. Il nous arrive malheureusement fréquemment de refuser des manuscrits parce qu’ils ne correspondent pas à l’esprit que nous souhaitons donner à la collection.
Il y a, c’est vrai, plus d’hommes que de femmes parmi notre collectif. Je ne saurais donner d’arguments valables à cet état de fait car nous faisons pourtant notre possible pour trouver des autrices. D’après les discussions que j’ai pu avoir avec certaines d’entre elles, il ressort qu’il y a une forme d’illégitimité à écrire du gore ou de l’horreur, comme si elles ne s’y sentaient pas à leur place. Je le déplore.
– Pourquoi vous risquer dans du gore à une époque où tout semble conduire vers l’aseptisé politiquement correct ?
Nous allons justement à contre-courant car il y a chez nous un gros ras le bol du politiquement correct. Beaucoup d’artistes vous le diront, créer aujourd’hui, c’est danser sur une corde très fine. Le gore et le trash ont ceci qu’ils peuvent nous permettre toutes les exubérances, toutes les fantaisies. C’est très jouissif. Pour autant, cela n’est pas totalement gratuit. Dans la grande majorité de nos textes, il y a des thématiques, des sous-textes historiques ou sociaux. Ce que je dis toujours à nos auteurs / trices, c’est que l’histoire doit fonctionner sans le gore. Si l’histoire est bonne ainsi, alors il est possible de rajouter quelques tartines de gore pour que la sauce prenne.
Éveiller des colères, ma foi, c’est toujours le risque quand on s’expose publiquement. Pour ma part, j’y suis habitué. J’écris des livres et des chroniques pour la presse et la radio. Il faut bien être conscient qu’on ne sait jamais par qui on va être lu et donc comment nos mots seront perçus ou interprétés. Pour autant, j’estime n’être responsable que de ce que je dis, pas de la manière dont ce que je dis sera compris.
C’est pourquoi nous ne faisons aucune censure. Ce que nous jugeons, ce sont les intentions de l’auteur, sa sincérité. Il nous est arrivé de demander à des auteurs de supprimer ou de modifier un passage. Pas parce que c’était trop choquant mais parce que c’était gratuit et que ça n’apportait rien au récit. Ce ne sont d’ailleurs pas forcément les scènes les plus trash que nous faisons modifier.
– Le cahier des charges demande aux auteurs d’écrire des histoires gores qui se passent à la montagne. Ne craignez-vous pas de lasser votre lectorat avec toutes ces montagnes qui d’ailleurs sont souvent les Alpes ?
Le gore et la montagne, nous ne pouvons pas y couper, tout est dans le titre de la collection. Mais il y a mille et une manières de raconter et de décrire cet environnement. Certains de nos récits se déroulent au passé, d’autres au présent, d’autres encore dans un décor futuriste. Certains s’ancrent dans le fantastique alors que d’autres sont résolument terre à terre (et donc d’autant plus frontaux). Je pense que nous pourrions sortir trois cents volumes sans en avoir fait le tour.
– L’un de vos ex-lecteurs, un homme d’âge moyen ayant lu vos premières parutions, m’a asséné qu’il n’en lirait pas davantage parce que cette collection est trop sexiste. Qu’avez-vous à répondre à cela ?
Je suis entièrement d’accord avec ce lecteur. Nos textes sont souvent sexistes mais pas seulement. Il est possible d’y voir du racisme, de l’homophobie et tout autre attitude problématique. La raison en est simple, nous parlons de la réalité, surtout de son côté le moins élégant. Il est donc tout à fait normal que ces comportements y aient leur place. Bien entendu nous n’en faisons aucunement l’apologie, au contraire. A travers ces textes, nous pointons du doigt ces dysfonctionnements. Mais quand une histoire se déroule dans le Valais d’il y a deux siècles, comment voulez-vous éviter de montrer le sexisme et les autres oppressions. C’est impossible. Quand on pense que ces problèmes ne sont pas encore résolus aujourd’hui…
Cela étant dit, le Gore des Alpes s’adresse à un public averti. Je comprends tout à fait que cela ne puisse pas plaire à tout le monde. Ce n’est de toute manière pas notre but. J’ai travaillé de nombreuses années comme programmateur pour un festival de cinéma de genre à 2300 Plan 9 : Les Étranges Nuits du Cinémaet devant certains films, il est arrivé que des membres du public nous fassent ce genre de remarques. A un certain point, quand vous allez dans un festival de film d’horreur ou que vous achetez un Gore des Alpes, je pense que vous savez un peu où vous mettez les pieds.
Je ne dis pas que nous sommes sans reproche, je dis : voilà ce que nous faisons. Nous avons le droit de le faire, vous avez le droit de ne pas aimer, nous avons le droit de nous en foutre.
Mais c’est une très vaste question qui soulève énormément de débats en ce moment, que ce soit dans le monde de la littérature, du cinéma ou même de l’humour et je crains que nous ne puissions en faire le tour ici.
– En ce qui concerne le lectorat et le nombre de ventes avez-vous atteint vos objectifs ?
Nous sommes très satisfaits. Nous croyions un peu, au début, de nous enfermer dans un marché de niche. Mais nous avons vite constaté, à travers nos dédicaces, lectures et rencontres, que notre lectorat est bien plus large que les seuls amateurs d’horreur. Je pense que c’est dû à notre attachement au local, tant par nos histoires que nos auteurs. Pour ne donner qu’un seul chiffre, tous livres confondus, nous arrivons bientôt à 10’000 exemplaires vendus. Ce qui, compte tenu de la situation générale et de ce que nous proposons en particulier, est un chiffre honorable.
Nous publions une moyenne de 6 livres par an, par tranche de 3 par semestre. Nous souhaitons dans la mesure du possible poursuivre cette moyenne mais cela dépendra bien entendu des manuscrits que nous recevrons. Nous privilégierons évidemment la qualité à la quantité. Nos livres sont disponibles en Suisse dans toutes les librairies et il est également possible de les commander par e-mail directement sur notre site : www.goredesalpes.ch. Nous n’avons pas encore de distributeur en France mais nous y travaillons car nous recevons de plus en plus de commandes d’autres pays francophones.
– A quel personnage littéraire vous identifieriez-vous ?
Il m’est absolument impossible de répondre à cette question, ils sont bien trop nombreux /euses.
Philippe Battaglia : la biographie
De manière plus générale, Philippe Battaglia a été (dans le désordre) : enfant turbulent, adolescent bordélique, étudiant peu assidu, punk de salon, cuisinier dans un institut psychiatrique, vide-poubelle dans une banque, archiviste dans une abbaye, directeur d’une collection littéraire, employé de commerce équitable dans un hôpital, vidéaste amateur mais primé, Président du Kremlin, programmateur pour un festival de films d’horreur, donneur de leçons à l’Union Suisse des Professionnels de l’Immobilier, vendeur en multimédia, chroniqueur presse & radio, critique cinéma improvisé, caissier dans un centre commercial, courtier en immeuble, animateur radio, blogueur, écrivain, bédéiste dans un magazine informatique ayant fait faillite juste après sa première publication et essaye encore aujourd’hui avec beaucoup d’application de devenir un être humain à peu près convenable.
Jusqu’à présent Le Gore des Alpes compte ces auteur-e-s :
Violent et chaotique, le monde actuel paraît brûler puis s’en aller à vau-l’eau. Peut-être. Ou peut-être pas. Peut-être en a-t-il toujours été ainsi. Le bon vieux temps était-il si bon que l’on veut bien le croire ? Certainement pas le 16ème siècle où nous emmène Henri Gautschi. Et cet avenir qui nous terrifie, sera-t-il aussi angoissant et cruel que le 16ème siècle, ou simplement d’une distanciation glaciale comme décrite par Sabine Dormond ? Nous ne pouvons rectifier le passé mais peut-être reste-t-il encore de belles choses à imaginer pour changer l’avenir peu engageant dans lequel on semble se précipiter. Pour qu’il ne devienne ni aussi intolérant et violent que le 16ème siècle, ni aussi insipide que le futur proche pressenti par l’écrivaine montreusienne, faisons connaissance avec les deux cas de figure.
En 1572, suite à l’onde de choc causé par la Saint-Barthélémy en France, Clothilde et sa famille quittent Bourges et les persécutions qui s’abattent sur les protestants. Dix ans plus tard, à Genève, Clothilde est arrêtée, accusée d’avoir tué un homme. Durant son emprisonnement, redoutant le verdict, elle laisse son esprit parcourir la route de son existence mouvementée. Raconté comme un récit d’aventures dans une langue très actuelle, dûment documenté et référencé, mélange de faits réels et de fiction, ce roman nous rappelle que les mœurs de l’époque n’étaient pas douces. La Genève d’alors est encore loin de devenir la ville pacifique ou sera signée, plus tard, la première convention de la Croix-Rouge. En effet, au 16ème siècle, on y noie dans le Rhône les femmes qui « fautent », on exécute les hommes pour des peccadilles, en méchante touriste la peste réapparaît tous les ans au mois d’août, les femmes n’y ont aucune liberté et les Genevois attaquent souvent les Français des campagnes environnantes.
Clothilde – Au temps de la Saint-Barthélémy : extrait
Henri Gautshi : biographie
Henri Gautschi est né en 1949, de père suisse allemand et de mère italienne. Pendant plus de trente ans, il a dirigé son entreprise d’installation de chauffage et enseigné à mi-temps le dessin et la théorie de son métier au Centre professionnel de Lancy. Féru d’histoire et en particulier d’histoire genevoise, depuis sa retraite, il écrit régulièrement des articles pour la rubrique historique du ChancyLien. En 2017, Henri Gautschi reçoit le mérite de la commune de Chancy pour ses recherches. Clothilde – Au temps de la Saint-Barthélémy est son deuxième roman.
Cara : un futur surnumérisé
Avec son roman Cara, paru chez M+ Éditions, Sabine Dormond a imaginé un proche avenir qui semble tristement réaliste et dangereusement près de nous.
Clémence, une ex-soixante-huitarde, vit coupée de sa famille et cloîtrée chez elle, dans un monde où tout est informatisé. La distanciation sociale est devenu une constante. Tout s’effectue en ligne y compris les soins à domicile. Par exemple, les pilules sortent d’un ordinateur et les appartements sont autonettoyants. Même âgé et malade, on n’a plus besoin d’autres humains pour survivre, mais une telle vie est-ce vraiment vivre ? Le roman Cara dépeint un univers vautré dans le confort mais pas forcément dans le bien-être, à une époque où les contacts humains sont devenus superflus puisque tous les services sont proposés sous une forme numérisée.
A la veille de Noël, Clémence reçoit un appel de son petit-fils, dont elle n’a plus de nouvelles depuis des années, la vieille dame étant tenue pour responsable d’un drame familial qui a eu lieu autrefois, durant la tempête Lothar. Son petit-fils lui annonce qu’il ira passer Noël chez elle afin qu’elle connaisse sa femme et son arrière-petit-fils qu’elle n’a jamais vus. D’une manière assez inattendue dans le roman, mais qui va dans le sens des cycles qui arrivent, s’en vont et reviennent, l’arrière-grand-mère s’entendra très bien avec son arrière-petit-fils puisqu’ils sont très proches au niveau des idées. En revanche son amie Cara, qu’elle trouve trop envahissante et superficielle, l’agace.
Influenceuse, Cara est pourtant la star de toute une génération, dont Chigiru, une adolescente d’une quinzaine d’années surdouée en informatique. Contrairement à Clémence qui vient d’un autre temps, sa jeunesse l’a rend à l’aise avec la surnumérisation. En revanche, elle peine à trouver sa place parmi les humains. Afin d’éradiquer les discriminations dues au genre, les féministes sont parvenues à abolir la mixité en classe au nom du progrès et de l’épanouissement des filles. Malgré cela, tout n’est pas violet pour les jeunes femmes. D’autres discriminations se sont mises en place. Chigiru vient d’un milieu modeste or, pour être acceptée par ses pairs, il faut le prestige des accessoires et des habits qu’on arbore. N’ayant pas les moyens de suivre le rythme dépensier de ses camarades, elle est moquée et mise à ban.
Cara : extrait
Sabine Dormond: biographie
Écrivaine et traductrice, Sabine Dormond a présidé pendant 6 ans l’Association vaudoise des écrivains. En 2007, elle coécrit avec Hélène Küng, pasteure lausannoise, un premier recueil de contes intitulé 36 chandelles. Depuis, elle a publié sept ouvrages et a participé à quatre reprises au Livre sur les quais à Morges. Ses nouvelles ont fait l’objet de plusieurs lectures radiophoniques. Elle anime aussi des ateliers d’écriture et des tables rondes, et rédige des chroniques littéraires pour le journal en ligne Bon pour la tête.
Elle a également siégé au conseil communal de Montreux parmi les socialistes.
Il est procureur. Elle est médecin urgentiste. Tous deux travaillent et ont des ancrages dans le canton de Neuchâtel. Tous deux écrivent tant et si bien qu’ils sont devenus les figures de proue des éditions Okama. Je me réfère à l’incontournable Nicolas Feuz, que l’on rencontre immanquablement sur l’étal de toutes le librairies – et d’autres lieux qui vendent des livres – et à Catherine Rolland qui a publié plusieurs romans ces dernières années dont Le cas singulier de Benjamin T., en 2019, sélectionné pour plusieurs prix littéraires internationaux. Dans cette aventure okamaïenne, ils sont accompagnés d’autres plumes non moins connues, comme celle de la genevoise Olivia Gerig, de la journaliste et auteure Zelda Chauvet ou de la belge Juliette Nothomb. Bientôt, les jeunes de 16-20 ans qui gagneront le concours de littérature que Laurence Malè et les éditions Okama ont mis en place – vous trouvez les informations et conditions ici – les rejoindront.
Mais en cette période de l’Avent, où le jour se couche tôt, l’idéal c’est de se préparer un thé, un chocolat ou un vin bien chauds, d’allumer quelques bougies, d’ouvrir un livre et se laisser glisser dans les mondes insolites que nous proposent les éditions Okama.
L’étrange Nöel de Sir Thomas
Le moins que l’on puisse dire c’est que nous sommes dans la saison idoine pour nous laisser entraîner par un mystérieux monsieur chapeauté. Dans ce premier livre des éditions Okama, six auteurs issus d’univers littéraires différents et réunis par Laurence Malè, donnent vie à Sir Thomas, personnage fictif et fil conducteur d’une demie douzaine de novellas. Est-il croque-mort, exorciste ou esprit incarné ? Découvrez cet homme énigmatique, laissez-vous emporter dans des contrées où le réel flirte avec le fantastique, en Colombie britannique, en Angleterre, en Suisse, aux États-Unis ou encore dans un parc d’attraction. Ces histoires réservent bien des surprises où le mystérieux anglais coiffé d’un chapeau melon se révèle tour à tour drôle, effrayant, sérieux ou attachant. Laissez souffler le vent d’hiver, préparez-vous un bon thé aux épices, vous êtes conviés aux festivités de l’étrange Noël de Sir Thomas ! Et à glisser ce livre sous le sapin.
Une écrivaine aveugle engage une auxiliaire de vie pour écrire son dernier roman. Une jeune fille, revenue d’entre les morts, retourne à Pompéi pour chercher les clefs de son passé. Un savant et son neveu, un riche commerçant amoureux d’un esclave, une petite fille enjouée et son inséparable chiot mènent une existence paisible et routinière en baie de Naples, au pied d’une montagne nommée Vesuvio. Trois époques différentes et destins qui s’entremêlent dans une aventure sans précédent. Question : parviendront-ils à empêcher une tragédie qui a déjà eu lieu ? Catherine Rolland, est l’une des écrivaines favorites de ma libraire qui n’a pas manqué de me conseiller ce récit.
Bande annonce de La Dormeuse
Léa
Au cours d’une tempête, la jeune Léa Jourdan et son équipage font naufrage au large des côtes de Bretagne. Elle est propulsée dans un monde parallèle, peuplé d’êtres extraordinaires qui la prennent pour l’Élue, celle qui délivrera enfin leurs terres du joug de Wargok le Cruel.
Dans cette aventure, elle va rencontrer trois compagnons. Seth, un patrouilleur, Azzam, un maître de l’air, et enfin Staëgus, une créature inquiétante avec laquelle elle découvre son don de télépathie. Ensemble, ils vont devoir affronter de nombreuses épreuves avant d’atteindre la forteresse de Wargok.
Rempli de suspense, d’amour et de magie, ce roman s’adresse aux adolescents comme aux adultes !
Imaginé et écrit durant le confinement, les bénéfices réalisés sur cette édition papier seront reversés à La Croix Rouge vaudoise.
Une maison perdue en Oklahoma, l’approche inquiétante d’Halloween, un évènement survenant chaque matin à 3h11, et cinq auteurs qui s’emparent de l’histoire. Des adolescents en mal de sensations ou un agent immobilier très décidé, une gentille famille, une écrivaine en quête d’inspiration ou un jeune garçon sur la route des vacances… Tiendront-ils jusqu’au matin ?