La Ligne Claire

L’épée de l’archange

L'épée de saint Michel

L'épée de saint Michel

Une ligne imaginaire, projetée sur la carte, relie les sanctuaires consacrés à l’archange saint Michel

 

Il existe une ligne, claire bien sûr, qui se tend d’un rocher au large des côtes déchirées de l’Irlande aux flancs du mont Carmel en Israël et sur laquelle sont alignés, comme des notes sur une partition, sept sanctuaires consacrés à l’archange saint Michel.

Sept épées de mélancolie, sept coups d’épée de l’archange, tracent cette ligne droite comme le fil de la lame et marquent le coup assené au diable par Michel afin qu’il regagne le monde des ténèbres, ce royaume dont il est le Prince, selon ce qui est écrit à son sujet au chapitre XII du livre de l’Apocalypse.

Parmi ces sept sanctuaires, trois se distinguent par leur importance: le Mont-Saint-Michel bien sûr, la Sacra di San Michel dans le val de Cluse en Piémont et enfin le sanctuaire de saint Michel archange situé dans la péninsule du Gargano, dans la région italienne des Pouilles (*). De plus, non seulement ces trois sanctuaires majeures sont-ils alignés mais ils sont situés à la même distance l’un de l’autre, bien qu’ils aient été érigés dans des circonstances très différentes, témoignage dans la terre des hommes de la droiture des chemins divins et de la justesse de la justice d’en haut.

Mais le tranchant de l’épée archangélique ne se réduit pas à cette seule ligne car Saint Michel est singulièrement présent dans le paysage artistique européen. Si sa manifestation la plus visible est assurément celle du Mont-Saint-Michel, dont se souviendront les lecteurs de Lefranc dans l’épisode de l’Ouragan de Feu, ailleurs le saint ailé se dresse par exemple sur la flèche de l’hôtel de ville de Bruxelles, d’où il terrasse le dragon.

A Rome, le Dragon a, au cours des siècles, pris tantôt l’aspect des Goths, tantôt celui des soldats de Charles VIII roi de France ou encore celui des lansquenets de Charles-Quint, qui chacun en leur siècle ont tenté d’éplucher une couche du temps à la Ville Eternelle. C’est sans doute la raison pour laquelle, des papes successifs, mus par la prudence qu’exige leur office, ont jugé bon non seulement de fortifier l’antique mausolée d’Hadrien mais de le placer sous la protection de l’archange dont une statue couronne  l’édifice qui porte désormais son nom, le Château Saint-Ange.

Un verre de bière San Miguel à la main, on songera que si saint Michel a pu accorder sa protection aux papes fugitifs, sa main n’a pu retenir que la Tosca ne se précipite dans le Tibre, au fil non plus de l’épée mais de l’eau.

 

 

 

 

(*) Les quatre autres sont le Skelling Michael en Irlande, Saint Michael’s Mount en Cornouaille, le monastère de Mixalis sur l’île grecque de Symi et enfin le Mont Carmel en Israël.

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