Les températures augmentent, c’est un fait. Pas une opinion. Le 18 juin 2023, pour des actions basées sur la science, OUI à la loi climat !

C’est quoi le climat ? C’est la moyenne de phénomènes météo qui ont lieu dans des endroits donnés ou sur l’ensemble de la planète sur une longue période qui représente la norme. Et ça sert à quoi ? Le climat joue un rôle majeur dans la répartition des végétaux et des animaux et dans la formation des sols. C’est très abstrait ? C’est vrai, l’évolution du climat n’est pas toujours perceptible d’une année à l’autre, mais les conséquences du réchauffement climatique (parce que la température moyenne annuelle est en hausse) sont désormais bien réelles et perceptibles à tout un·e chacun·e en quelques années à peine. Quelles conséquences ? La diminution de la disponibilité de l’eau, l’augmentation des risques de sécheresse, les vagues de chaleurs, les incendies, la perte de la biodiversité, par exemple. Et comment peut-on inverser la tendance ? En votant la loi climat.

La loi climat est en effet une chance unique de faire un geste fort pour notre pays, de le rendre visible et à la pointe de la transition énergétique. Si la Suisse arrive à relever le défi, elle servira d’exemple pour d’autres, comme elle l’a été dans plusieurs domaines économiques, sociaux et démocratiques par le passé.

Car au-delà de l’exemple, notre pays subit de plein fouet ces changements. Ce que nous croyions acquis comme paysage suisse, est en fait en train de se déstabiliser. Les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 21% depuis 1990 en Suisse. Les glaciers suisses ont perdu près de 10% de leur volume en seulement cinq ans, et si nous ne faisons rien, ils pourraient disparaître complètement d’ici 2100. Cela aurait un impact désastreux sur la biodiversité, l’économie, l’agriculture. Pour un pays qui a toujours mis en valeur la stabilité de son environnement économique et social, ce changement profond de notre cadre naturel devrait nous alarmer.

La loi climat est une opportunité unique de corriger la tendance. Elle vise à réduire les émissions de CO2 de la Suisse, à s’adapter au changement climatique et à réduire notre dépendance aux combustibles fossiles. Elle comprend des objectifs intermédiaires , réalistes et concrets pour l’industrie, les transports et le bâtiment, ainsi qu’un programme de remplacement des chauffages à mazout et d’innovation des entreprises.

Concrètement c’est :

  • Objectif zéro émission de CO2 d’ici 2050 avec des objectifs intermédiaires pour le bâti, les transports et l’industrie, avec un boost dans le domaine de la construction.
  • Objectif zéro émission de CO2 pour l’administration fédérale et cantonale dès 2040, pour permettre une réduction des coûts énergétiques dans nos budgets
  • 2 milliards de francs sur 10 ans pour un programme de remplacement des chauffages à mazout, soit 2 milliards injectés directement dans notre économie, auprès des PME.
  • 1,2 milliards de francs sur 6 ans pour un programme d’innovation des entreprises, pour mettre la Suisse à la pointe et ne pas la mettre en retard par rapport à ses voisins européens.

Si le projet a un coût, il est destiné principalement à la population avec le remplacement des chaudières à mazout, mais aussi à l’économie à travers des programmes d’innovation et la création de nouveaux emplois locaux.

Ce coût reste clairement en deçà du coût de l’inaction ! Nul besoin de rappeler la hausse actuelle des coûts énergétiques liées à notre dépendance au gaz et au pétrole, supportée par les habitant·e·s de notre pays. Investir maintenant c’est éviter les coûts supplémentaires liés à l’adaptation de notre société au changement climatique, liés à la restauration des écosystèmes et à  la protection des populations est beaucoup plus élevé que le coût de l’investissement initial.

Protéger le climat aujourd’hui coûte moins cher que les conséquences du dérèglement climatique.

L’Organisation internationale de coopération et de développement économiques (OCDE) estime des pertes économiques allant jusqu’à 10% du PIB dans ses Etats membres. En comparaison directe, mettre en place des mesures pour limiter le réchauffement à 2 °C représente un investissement d’environ 1 % du PIB.

S’émanciper du fossile, c’est se détacher d’Etats autocratiques et se tourner vers une souveraineté énergétique basée sur une énergie locale et renouvelable. C’est aussi avoir l’opportunité de montrer que notre démocratie n’a pas besoin de se vendre à des dictatures pour survivre énergétiquement. En Suisse, plus de la moitié des sources d’énergie sont encore d’origine fossile, principalement le pétrole et le gaz, on doit faire le pas sans tarder. Chaque année qui passe rend plus difficile le respect des objectifs des Accords de Paris que la Suisse a signé, avec l’assentiment de la population puisque aucun référendum n’a été lancé contre cette décision.

L’Union européenne vient d’ailleurs de voter son projet « Fit for 55 », c’est-à-dire une réduction de 55% d’émissions de CO2 d’ici 2030. Elle nous devance déjà alors que la Suisse a toujours été un leader en matière de protection de l’environnement et de développement durable. Les montagnes, les lacs et les rivières suisses sont uniques et précieux, et nous devons tout faire pour les protéger. En votant oui à la loi climat, nous prouverons au monde que la Suisse reste un pays responsable, soucieux de l’avenir de notre planète et qu’elle est un modèle à suivre.

 

 

 

Delphine Klopfenstein Broggini

Delphine Klopfenstein Broggini est conseillère nationale et présidente des Vert-e-s genevois-es. Elle est membre des commissions de l'environnement, de l'énergie et de l'aménagement du territoire et des institutions politiques. Au niveau associatif, elle est membre du comité de Pro Natura et vice-présidente de Pro vélo suisse. Elle est sociologue de formation.

Une réponse à “Les températures augmentent, c’est un fait. Pas une opinion. Le 18 juin 2023, pour des actions basées sur la science, OUI à la loi climat !

  1. Etrange plaidoyer pro domo en faveur du oui au scrutin du 18 juin. Le titre alerte à bon escient sur la nécessaire distinction entre faits et opinions. Le développement mélange cependant allègrement le factuel et le ressenti.
    Le texte se réclame de la science et n’en contient pas un mot. La science a effectivement parlé, mais pour nous dire explicitement qu’elle ne savait pas grand-chose sur le réchauffement climatique. Je fais référence à la science du climat des centres de recherche et des revues scientifiques, et non à celle des rapports du GIEC.
    Une opinion tout à fait respectable face à la présumée déstabilisation du paysage pour cause climatique considère que l’installation certaine de plusieurs milliers d’éoliennes et plusieurs centaines de kilomètres carrés de panneaux solaires serait pire que le mal.
    Autre opinion: “Ce coût reste clairement en deçà du coût de l’inaction!” Qui parle d’inaction? Serions-nous ipso facto inactifs suite à un refus de la loi? Un peu d’imagination. Est-ce que “clairement” est une justification suffisante?
    La resucée des sempiternels objectifs à atteindre, dont la plupart des spécialistes indépendants pensent qu’ils sont factuellement irréalistes, ne sert, me semble-t-il, qu’à entretenir la flamme du prosélytisme. Au chapitre des subventions, aussi bien le secteur économique que les privés pourraient rapidement regretter d’avoir cédé à des promesses éphémères. Les classes laborieuses sont tout destinées à en subir les plus graves conséquences.
    Je note encore que notre beau pays devrait être fier de se donner en exemple au monde entier. C’est certes une très noble ambition. A condition que le jeu en vaille la peine. Les braves gens qui voteront oui accepteront en fait d’avance une restriction étatique arbitraire de leurs droits, en récompense de leurs efforts pour sauver le climat de la planète par éradication du CO2. Sinistre farce.
    Une dernière remarque. L’interprétation de nos mœurs démocratiques est typique de la vision des Verts, i.e. assurer: “… le respect des objectifs des Accords de Paris que la Suisse a signé, avec l’assentiment de la population puisque aucun référendum n’a été lancé contre cette décision”. Comme si se taire équivalait à un consentement! Je croyais que les débats sur la question du viol avaient définitivement écarté un tel postulat.

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