LE CUBE |:| Carte Postale de Montevideo n°5

The End

 

Voilà, c’est fini Montevideo.

Ces quelques mois auront été intenses en travail, mais pas seulement. Le film que je prépare donnera à voir quelques épisodes vécus ici, en résidence entre les murs de l’ex-prison Miguelete transformée en Espace d’art contemporain. Le recyclage n’a pas de limite. Même l’emplacement des fusillés, encore habité de ses fantômes, a été transformé le temps d’une soirée en lieu de performance, vous pouvez en avoir un aperçu dans la Carte Postale de Montevideo n°4: Les Audacieuses.

 

La performance finale de Yann a eu lieu mercredi dernier dans le cadre du festival FIDCU pour clore cette aventure. Il s’est immergé jusqu’au cou dans un cube de béton et j’aurai appris que c’est le propre d’une performance d’avoir lieu, mais pas forcément de se passer comme prévu. Je ne vous en dis pas plus.

 

E.T. Téléphone Maison

 

A l’heure où j’écris ces lignes, Yann est dans l’avion de retour à la maison.

“Rentrer à la maison.”

Comme E.T. ou le Petit Prince, index pointé vers le ciel.

Pour ma part, j’ai surtout gardé le souvenir angoissant de ce dessin animé, Ulysse 31. A chaque épisode, j’espérais qu’il allait enfin arriver chez lui, mais non, il finissait toujours par échouer ailleurs, avant d’échapper in extremis à des méchants sur son vaisseau et se retrouver perdu dans l’espace. Et la semaine suivante, rebelotte.

J’ai décidé de faire comme lui, ne pas me précipiter…

Rester encore un peu pour continuer à travailler sur la structure du documentaire avec ma merveilleuse monteuse Cecilia, qui vit ici, mais aussi pour dire au revoir en douceur à ce joli pays qui m’a rendu le mien.

J’ai toujours trouvé que les gens qui vivaient là où il vivaient avec le sentiment d’être “à la maison” étaient chanceux. Connaître la maison de ses grands-parents. Sentir des racines quelque part, et bénéficier d’une identité claire et irréfutable.

Tout le contraire d’une âme gitane et agitée qui se sent invitée partout, chez elle nulle part et qui cherche inlassablement, sans savoir quoi.

Ce lundi aura lieu “la Marche du silence” dans les rues de Montevideo. Une marche qui rassemble une fois par année une foule d’uruguayens qui réclament justice pour les crimes commis pendant la dictature militaire (1973-1985) et demandent à savoir où sont leurs disparus. Chaque dictature latino-américaine a laissé des disparus dans son empreinte. La sinistre opération Condor a fait des ravages à travers tout le continent tout au long des années 70 et 80 et des centaines de milliers de personnes ont dû quitter leur pays, leurs amis et leur famille pour s’exiler et parfois ne jamais revenir.

J’ai découvert ici ce que j’ai appelé le syndrome de l’enfant d’exilé. Des êtres issus d’un ou de deux parents qui ont dû couper leurs racines ici et tenter de les replanter là-bas, dans un ailleurs inconnu et incertain.

J’ai pu observer chez d’autres, la blessure invisible et pourtant si oppressante de ceux qui ne savent pas d’où ils sont, ni où se mettre et qui au final ont le sentiment de ne cadrer avec aucun décor.

Je suis moi-même issue de l’un de ces exils, mon père a été expulsé du Chili en 1974 avec interdiction de retourner “chez lui” pendant plusieurs années. Ma mère l’a suivi peu après.

J’aurai vécu ici, grâce à la distance, un de ces instants précieux où nous, petits êtres humains, pouvons lire enfin un fragment infime du mystère insondable de nos vies. Et si je retrace le chemin intérieur parcouru pendant ce séjour, je revois les petites pierres qui ont été posées devant moi et qui m’ont guidées jusque-là, à dissiper le nuage.

Pour la première fois, je sens que je rentre à la maison, en Suisse, “mi paísito”. Et ce n’est pas un happy end, mais un happy recommencement.

J’aimerais partager une pensée pour tous ceux qui doivent quitter leur terre natale pour une raison ou une autre, et doivent aller se reconstruire ailleurs et pour leurs enfants qui devront apprendre à se sentir chez eux et construire leur identité propre.

L’Amérique latine est un amalgame de gens venus d’à peu près partout dans le monde pour se mélanger ici. Une des choses qui, il me semble réunit ou disons, adoucit les frontières, c’est la musique. J’ai profité de ce séjour pour me pencher sur les folklores locaux si beaux et vous ai préparé une playlist de chansons majoritairement uruguayennes.

(Versión en Español)

EL CUBO |:| Postal de Montevideo n°5

 

 

The End

Eso es todo. Montevideo se acaba.

Estos meses han sido intensos, en trabajo, pero no solamente. La película que preparo mostrará algunos episodios vividos aquí, en residencia entre los muros de la ex-cárcel Miguelete, transformada en Espacio de Arte Contemporáneo. El reciclaje no tiene límites. Incluso el paredón de los fusilados, aún habitado por sus fantasmas, se transformó durante una velada en lugar de performance. Pueden tener una idea en la Postal N°4 : Las Atrevidas, aquí mismo mas abajo, en el post del 19 de abril.

 

El performance final de Yann tuvo lugar el miércoles pasado en el marco del festival FIDCU para cerrar esta aventura. Se sumergió hasta el cuello en un cubo de hormigón, y con ello habré constatado que lo propio de un performance es tener lugar, pero no necesariamente de resultar como estaba previsto. No les digo más, guardemos sorpresas para la peli.

 

E.T. Teléfono Casa

 

A la hora en que escribo estas líneas Yann está en el avión de vuelta a casa.

« Volver a casa »

Como E.T. o el Principito, con el índice mostrando el cielo.

Por mi parte, he guardado sobre todo el recuerdo angustiante de un dibujo animado, Ulises 31. En cada  episodio yo esperaba que él llegaría por fin a su casa, pero no, terminaba siempre cayendo en otro planeta parecido, antes de escapar en su nave in extremis de los malos, y encontrarse de nuevo perdido en el espacio. Y la semana siguiente, vuelta a comenzar.

Decidí hacer como el, y no precipitarme…

Quedarme todavía un poco más, para seguir trabajando sobre la estructura del documental con mi maravillosa editora Cecilia, que vive aquí, pero también para despedirme despacito de este maravilloso país, que me ha devuelto el mío.

Siempre me ha parecido que la gente que vive donde vive con el sentimiento de estar “en su casa » son unos suertudos. Conocer la casa de sus abuelos. Sentir que tenemos unas raíces en alguna parte y una identidad clara e irrefutable.

Todo lo contrario de un alma gitana y errante, que se siente invitada siempre, en su casa nunca y que busca incansablemente  sin saber qué exactamente.

Este lunes tendrá lugar la “Marcha del silencio” en las calles de Montevideo. Una marcha que junta una vez al año una multitud de uruguayos que reclaman justicia por los crímenes cometidos durante la dictadura militar (1973-1985) y exigen saber dónde están sus seres queridos desaparecidos.

Cada dictadura latino-americana dejó su cantidad de desaparecidos. La siniestra operación Cóndor tuvo efectos devastadores a través de todo el continente durante los años 70 y 80, y cientos miles de personas debieron dejar sus países, sus familias y sus amigos para exilarse y a menudo nunca más volver.

Descubrí aquí lo que he llamado el síndrome del hijo del exilado. Seres nacidos de uno o ambos de padres que se vieron obligados a cortar sus raíces, e intentar replantarlas en un allá desconocido e incierto. He podido observar en otros la herida invisible y sin embargo oprimente de aquellos que no saben de dónde son ni donde colocarse en esta vida, y que al final, no se hallan en ninguna parte.

Yo misma procedo de uno de aquellos exilios, mi padre fué expulsado de Chile en 1974 con la prohibición de volver a su país durante muchos años. Mi madre lo siguió tiempo después.

He vivido aquí uno de esos momento preciosos en los que nosotros, pequeños humanos, podemos leer por fin un ínfimo fragmento del misterio insondable de nuestras vidas. Y si evoco el camino interior recorrido durante esta estadía, veo las piedrecitas que fueron depositadas antes de mí y que me ayudaron a disipar esa bruma. Por primera vez, siento que vuelvo a casa, en Suiza, “mi paísito ».Y no es un happy end, sino un happy volver a empezar.

Quisiera compartir un pensamiento con todos aquellos que deben abandonar su tierra natal por uno u otro motivo, e ir a reconstruirse en otro lugar, y por sus niños que deberán aprender a sentirse en casa y construir su propia identidad.

América latina es un puzzle de gente llegada de muchos lugares lejanos del mundo, que se mezcló aca. Y una cosa que me parece reunir toda esta gente o por lo menos suavizar las fronteras, es la música. Aproveche de mi estadía para acercarme a los folklores locales tan bellos, y les preparé una playlist mayoritarmente uruguaya.

2 réponses à “LE CUBE |:| Carte Postale de Montevideo n°5

  1. Querida Vania, vi y leí cada exposición presentada y debo decirte que no tengo palabras para expresar las emociones que afloraron con ellas.
    Si que admiro profundamente el trabajo realizado y que dejaste huellas profundas!
    Por ello agradezco hayas compartido esto con nosotros.
    Un gran abrazo

  2. Ma chère Vania t’as un don pour transmettre tes émotions, ta pensée et nous faire vibrer avec ton monde intérieur et avec les situations vécues. Merci ,on attends la suite, depuis chez toi.

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