Montage slash Nostalgie

(versión española mas abajo)

Je n’ai jamais fait d’album photo. Mais j’imagine que ça doit se passer comme ça:

On ressort de la cave le carton sur lequel il est écrit “photos”. Il est rempli de pochettes contenant les clichés joliment imprimés sur papier mat ou brillant dans un format carte postale. On se met à une grande table, ou directement parterre, juste là où un grand trou spatio-temporel nous attend à coeur ouvert. On sort la première, on sourit, on repense à ce moment tout droit revenu du passé. Une émotion émerge, on sort la deuxième, pressé de re-vivre un autre moment labile mais finalement indélébile. On se retrouve à contempler des images peuplées de souvenirs, de sons, d’odeurs, de ressentis, tous ces hors-champs que notre mémoire a retenus avec ses imprécisions, son désordre et ses réarrangements. Et puis on procède à ce choix draconien qui vise l’essentiel, celui que l’on veut garder et regarder. Le reste retournera à la cave.

“La photographie, c’est la vérité et le cinéma, c’est vingt-quatre fois la vérité par seconde”, dixit Godard.

Il vaut mieux ne pas être nostalgique pour faire ce métier. Faire un film prend du temps, on passe des mois, pour certains parfois des années, à “ressasser” des images du passé. C’est un intense travail de ressassement que de construire une histoire à partir d’images prises à un moment qui n’est plus maintenant. Et ce phénomène devient d’autant plus vrai avec le documentaire, pour sa proximité avec la “réalité”. Une tranche de vie que l’on a, par miracle, réussi à garder pour la reproduire dans le futur.

“Le montage est le seul moment où l’on peut exercer un contrôle sur le film”, dixit Orson Welles.

“Exercer le contrôle” me paraît un peu excessif, mais oui, c’est le moment où jamais de triturer, essayer, modeler, démodeler et surtout, d’élaguer. Il y a toujours plusieurs films possibles parmi les images qui ont été prises, il y a mille manières de raconter la même histoire. Il s’agit de choisir, c’est-à-dire de sacrifier toutes les autres. Comme pour l’album photo.

Si je devais résumer l’état d’esprit, en gros je me balade entre ma pensée présente et ma pensée au moment du tournage et je deviens anachronique.

 

Montaje slash Nostalgia

 

Nunca hice un album de fotos. Pero imagino que es así:

Se va a buscar la gran caja en la que está  escrito « fotos » en el sótano. Está llena de sobres que contienen las fotografías graciosamente impresas sobre papel mate o brillante, en formato “tarjeta postal” 10x15cm. Nos instalamos en una gran mesa, o directamente en el suelo, justo ahí donde un gran agujero espacio-temporal nos espera a corazón abierto. Sacamos la primera, sonreímos, pensamos en ese momento directamente salido del pasado. Una emoción emerge, sacamos le segunda, impaciente por revivir otro momento inestable pero finalmente indeleble. Nos encontramos contemplando imágenes pobladas de recuerdos, de sonidos, de olores, de sentimientos, todos esos fuera del campo de visión de la cámara que nuestra memoria ha retenido, con sus imprecisiones, su desorden y sus reorganizaciones.

Ahi empieza la selección drástica que pretende ir a lo esencial, lo que uno quiere guardar y ojear de vez en cuando.

“La fotografía es la verdad y el cine, es la verdad veinticuatro veces por segundo”, dixit Godard.

Es mejor no ser nostálgico para ejercer esta profesión. Hacer una película toma tiempo, se pasan meses, algunas veces años, repitiendo imágenes del pasado para construir una historia en el presente.

Y ese fenómeno es aún más cierto en un documental, por causa de su proximidad con la «  realidad ». Un tramo de vida que milagrosamente se pudo grabar para reproducirlo una quantidad de veces indefinida.

” El montaje es el único momento en donde se puede ejercer un control sobre la película”, dixit Orson Welles.

“Ejercer el control” me parece algo excesivo, pero sí, es el momento o nunca de triturar, probar, modelar, desenredar y  sobre todo tirar. Siempre hay varias películas posibles entre las imágenes tomadas, y mil maneras de contar la misma historia. Se trata de elegir, o digamos mas bien, sacrificar todas las otras. Igual que para el album de fotos.

Si tuviera que resumir el estado de ánimo, en general me paseo entre mi pensamiento presente, y mi

pensamiento en el momento de la filmación, y esas idas y vueltas me hacen sentir anacrónica.