Une histoire suisse inhabituelle

L’histoire suisse, comme celle de n’importe quel pays, n’est pas une et indivisible. Ce sont le plus souvent les manuels scolaires, emprunts d’un discours patriotique, qui imposent une HISTOIRE, déclinant périodes, seigneurs, batailles ou révolutions comme dénominateurs communs d’une nation. Des référents soumis à des choix semblant évidents mais ô combien arbitraires qui forgent une vision historique collective.

Toutefois, l’histoire est multiple, recouvrant différents aspects et des dimensions plurielles autant que les destins – lorsqu’il est question d’un pays – de nombreux territoires. Aussi est-il toujours intéressant d’envisager une thématique en mettant en place une problématique spécifique, une méthodologie de recherche cohérente, ou un angle de traitement original.

C’est le cas de ce dernier ouvrage « J’aime la Suisse et ses villages » qui évoque la Suisse et son passé au travers de ses communautés les plus modestes. La rivalité entre villes et campagnes est ancienne. Et si elle se mesure à des enjeux de mobilité de nos jours, elle vit au cours des siècles précédents des formes bien différentes, faites d’exodes, de dominations arbitraires, de massacres et d’expéditions militaires comme lors de la Guerre des paysans du XVIIe siècle. Évoquer les villages de nos cantons revient, en quelque sorte, à parler d’histoires qui s’inscrivent en filigrane d’une histoire officielle plus largement médiatisée. Une dynamique évidemment tout aussi arbitraire que n’importe quelle autre démarche puisque des choix s’imposent. Quel village choisir ? Comment synthétiser pour le plus grand nombre des passés complexes ? Ce sont les défis que ce livre a relevés.

Celui-ci, s’il s’affranchit des règles académiques habituelles en bannissant notes de bas de page, références et renvois bibliographiques – puisque destiné à un large public – se base pourtant sur des sources et des ouvrages reconnus tels le DHBS! Il propose une vision kaléidoscopique de l’histoire helvétique. Une mosaïque de terroirs et de villages, à travers les siècles, composent ainsi le récit. Ce projet a bénéficié en outre du talent de deux artistes, l’aquarelliste Daniel Lanoux qui a réussi à mettre en images paysages et architectures, et Daniel Bernard, un poète qui a transcendé les différents récits avec ses évocations suggestives. Un exercice littéraire original procurant une dimension supplémentaire à cet opus.

La rédaction de ce livre fut un plaisir, que j’ai partagé en l’occurrence avec l’historien tessinois Francesco Ceréa, membre de l’Association des plus beaux villages de Suisse, qui signe quelques contributions. Voilà donc un nouveau projet qui s’achève, et qui a été dignement fêté avec le Sénateur Filippo Lombardi qui nous a honoré de son parrainage.

Christophe Vuilleumier, Filippo Lombardi, Francesco Céréa

Reportage de la Télévision suisse italienne:

https://www.rsi.ch/play/tv/telegiornale/video/15-05-2018-i-borghi-piu-belli-in-svizzera?id=10475504&station=rete-uno

 

Christophe Vuilleumier

Christophe Vuilleumier est un historien suisse, actif dans le domaine éditorial, et membre de plusieurs comités de sociétés savantes, notamment de la Société suisse d'histoire. On lui doit plusieurs contributions sur l’histoire helvétique du XVIIème siècle et du XXème siècle, dont certaines sont devenues des références.