Photographies de la guerre des Alpes (1915-1918)

Le 23 mai 1915, l’Italie entrait en guerre aux côtés de la Triple-Entente contre l’Allemagne et l’Autriche. C’est à cette dernière que les armées de la péninsule, mal préparées à un conflit de cette envergure, seront principalement confrontées.

L’essentiel des combats se déroulera en Vénétie julienne, le long du fleuve Isonzo qui verra, d’offensives en contre-offensives, douze batailles sanglantes. La victoire germano-autrichienne de Caporetto à l’automne 1917 permettra aux empires centraux de capturer 293’000 soldats italiens et de mettre la main sur une quantité invraisemblable de matériel de guerre. Une victoire éclatante qui entraînera un redéploiement des forces le long d’une nouvelle ligne de front sur un second fleuve, la Piave, ou les belligérants vont progressivement s’épuiser pendant près d’une année.

Malgré cette défaite, le destin des nations suit son cours. Et 1918 s’avère une année difficile pour l’empire austro-hongrois, plus particulièrement pour l’armée qui connaît la famine, des désertions en masse et les doutes, insidieux et déstabilisants, qui démoralisent soldats et officiers. Le 24 octobre, un an après la déroute italienne, les bersaglieri lancent leur ultime offensive à Vittorio Veneto, écrasant la résistance autrichienne et forçant Vienne à demander l'armistice.

Cette ligne de front est bien moins connue du public que les grandes batailles du nord de la France, dans la boue des tranchées et les traînées de gaz mortels. Un grand nombre d’opérations militaire, exceptionnelles ou de routines, se passèrent dans la blancheur immaculée des Alpes. Plaines vierges de toutes traces humaines, verticalités vertigineuses, froid intense, des lieux hostiles à l’homme qui pourtant s’y battit.

Il nous reste de cette guerre des abîmes, des images, impressionnantes, de pièces d’artillerie hissées à mains d’homme, de patrouilles sur des parois incertaines, de baraquements accrochés à la montagne ou de messes dites devant des horizons découpés par des paysages grandioses. Parmi ces clichés, ceux du premier lieutenant allemand Franz Haller (1894-1989), versé dans la compagnie de montagne I, en poste à Sulden, un village de montagne de 400 habitants dans le Trentin-Haut-Adige à 1'900 mètres d’altitude, au pied du Schöntaufspitze qui culmine à 3'250 mètres. 

Christophe Vuilleumier

Christophe Vuilleumier est un historien suisse, actif dans le domaine éditorial, et membre de plusieurs comités de sociétés savantes, notamment de la Société suisse d'histoire. On lui doit plusieurs contributions sur l’histoire helvétique du XVIIème siècle et du XXème siècle, dont certaines sont devenues des références.