Gabriela Martina fait partie des Suisses courageux et entreprenants qui ont quitté le conformisme paisible de l’Europe assoupie pour la dangereuse liberté des grands espaces. La liberté d’être une artiste, de composer sa propre musique et de mener sa carrière comme elle l’entend.
Gabriela est une chanteuse talentueuse qui se distingue sur la scène artistique totalement saturée de la Côte-est des Etats-Unis. Sa marque de fabrique : une voix hors-pair, une maîtrise naturelle du yodel et une approche très contemporaine du jazz vocal et de ses avatars. Elle présente un spectacle très abouti dans lequel elle mêle répertoire traditionnel, compositions propres et évocation visuelle de ses origines rupestres.
Le yodel depuis toujours
Elle a appris à yodler toute petite au sein de sa famille d’agriculteurs de Horw dans le canton de Lucerne. Une famille où la musique est présente en permanence, à chaque réunion, à chaque fête. Elle chante avec ses frères et sœurs, ses parents, ses amis. Un jour, dans un concours scolaire, elle utilise sa voix dans un nouveau registre : elle interprète The Girl from Ipanema en solo. La réaction chaleureuse du public la bouleverse. Dès lors, la voie est toute tracée : elle sera chanteuse. A n’importe quel prix. Il sera élevé. Elle comprend d’emblée qu’il faut aller voir hors de Suisse pour progresser comme elle l’entend. C’est Londres tout d’abord puis très vite, elle met le cap sur Boston et son fameux Berkelee College of Music.
A un tarif oscillant entre USD 18 et 20’000 le semestre, on comprend qu’il faut une certaine détermination pour aller y décrocher un diplôme. Surtout lorsque l’on est la fille d’agriculteurs qui sont loin de pouvoir assumer un tel investissement. Mais la détermination n’est pas ce qui fait défaut chez cette belle Suisse-allemande bien résolue à réaliser son projet. Durant 6 longues années, elle revient en Suisse, pendant toutes les vacances de l’école et gagne de quoi payer ses études en travaillant de nuit dans un EMS. Et, au final, la voilà diplômée de l’une des plus prestigieuses écoles de musique au monde.
« Les Américains nous soupçonnent d’être plus riches qu’eux »
Mais, ce n’est que le début de la suite du combat. Oui, un âpre combat. Berklee est un riche écosystème, un peu détaché du monde réel. Lorsqu’on en sort : il faut se battre pour trouver des engagements, pour réaliser le disque de ses rêves et tout simplement, pour se nourrir. Dans cette situation, être suisse représente un handicap : « les Américains nous soupçonnent d’être plus riches qu’eux. Du coup, on ne peut compter sur aucune aide comme cela serait communément le cas en Suisse. ». Le chemin est long et tortueux : il passe par le Blue Note (célèbre boîte à jazz) de New York où elle travaille comme serveuse tout en savourant la musique des prestigieux artistes qui s’y produisent et qui lui donnent la force de continuer à se battre. “L’écoute des autres est le meilleur enseignement possible” avoue-t-elle.
« A little something special »
Aujourd’hui, Gabriela est installée aux Etats-Unis depuis 11 ans. Elle a produit quelques albums, dont le dernier (No White Shoes, 2016) a été très bien noté (4 étoiles) par le magazine Downbeat. Elle a compris deux réalités essentielles. D’abord : tout repose sur elle. Ce qui signifie qu’elle doit assumer beaucoup de tâches qui ont parfois peu à voir avec la création artistique. Elle enseigne, monte ses propres vidéos, dessine ses costumes, est sa propre community manager, gère une agence de réservations d’artistes et organise des concerts de fundraising pour pouvoir payer ses musiciens et financer les prochains projets.
Mais, plus important encore, elle sait qu’elle doit avoir un little something special, un petit truc en plus qui témoigne de son authenticité et touche le public. D’où l’idée de mêler dans son répertoire de magnifiques envolées de yodel (qui ont un effet de surprise garanti ici) et des pièces originales de sa propre composition dans le répertoire du jazz, du RnB et des sonorités contemporaines. A cela, elle ajoute un récit sur ses origines qu’elle illustre avec des photos de la ferme d’Horw et des paysages enchanteurs de la région du Lac des Quatre-Cantons.
Son prochain projet s’intitule Homage to Grämlis (du nom de la ferme familiale). C’est l’étape de l’intégration entre les origines (yodel, accordéon, cloches) et les découvertes (gospel, RnB, jazz). Mother Mary en donne un avant-goût. Ce sera d’abord un album, puis une tournée. En Suisse et aux Etats-Unis.
Touche finale : Gabriela a déniché, au cœur de l’orchestre symphonique de Boston, Gus Sebring, un corniste 100% américain, également virtuose à ses heures perdues de… cor des Alpes. Il n’a pas pu résister à l’appel de Gabriela et il l’accompagne dans certains concerts. Entre eux deux, ils font admirablement résonner tradition et musique actuelle dans un riche mélange de civilisations.
Gabriela Martina sera en tournée en Suisse au printemps 2020.
Regard intéressant, je ne connaissais pas, j’ai vu sa vidéo, pas mal du tout, surtout si elle fait tout elle-même.
Ceci dit, comme il doit être difficile aujourd’hui pour un artiste de percer, hors marketing bombardier et encore!
Il me semble que dans tous les arts, c’est toujours du replay (peinture, song y bla)!
Où sont les Basquiat, Bowie et autres Loyd Wright ????
Ils sont là, cher Olivier, ils s’appellent Elon Musk, Jeff Bezos ou encore Steve Jobs. Ils pratiquent un art nouveau composé d’ingredients classiques: passion, créativité, vision, talent et travail.
ah oui, cette nouvelle vague-tsunami, dite “école de la courbe exponentielle”
:))))
” Suisses courageux et entreprenants ”
l’affreux matcho que voilà , ah, ah !
une suissesse est courageuse et entreprenante, n’est’il pas !
vite un petit rosé bien frais pour monsieur l’étourdi !
(il parait que vous voyagez beaucoup, profitez en bien vite, le réchauffement climatique va bientôt rendre tout cela caduc !)
Désolé: l’inclusion agrammaticale, la cuite tricolore et l’hystérie climatique dépressive ne font pas partie de mes valeurs.