Procrastination : Pourquoi remet-on à plus tard ce qui pourrait être fait tout de suite ?

Parfois se dire «je le ferai plus tard» est une stratégie efficace qui nous permet de prendre du recul, de regrouper certaines tâches ou de mieux s’organiser. La procrastination est la tendance à remettre systématiquement à plus tard les actions à faire. Cela devient un handicap lorsque nous pensons sans cesse à ces tâches sans trouver la force de nous y mettre. Alors nous dépensons davantage d’énergie à résister et à les éviter plutôt qu’à les exécuter. Le problème est que ce travail non fait ne disparait pas complètement de notre esprit : nous culpabilisons de ne pas l’avoir fait, nous le portons avec nous, dans une sensation désagréable d’encombrement y compris dans notre vie privée. Cela nous empêche de profiter du moment présent l’esprit léger. A chaque fois que nous repoussons à nouveau une tâche, cela entame un petit morceau de confiance en notre force d’action. Nous entrons alors dans un cercle vicieux qui sabote notre dynamique : plus nous remettons de choses à faire à plus tard, plus nous nous sentons lourds et incapables d’agir.

Identifiez ce qui vous pousse à procrastiner:

  • Mes priorités ne sont pas claires, les délais pas assez stimulants pour me forcer à passer à l’action. Parfois, je sous-estime le temps nécessaire pour effectuer une tâche, du coup il est plus facile de me dire que je ferai vite cela plus tard. Je me fais avoir par l’urgence et la pression des autres. Les étapes de l’activité que je dois exécuter ne sont bien pas séquencées, l’ampleur de la tâche est trop globale et floue ; j’ai l’impression d’être en face d’une montagne et que l’effort sera trop grand pour la surmonter. La procrastination est parfois le signe d’une surcharge de travail chronique. On s’enfonce alors dans un sentiment d’impuissance qui sabote notre volonté d’agir.

  • Je remets ces tâches à plus tard car elles ne sont pas si importantes pour moi. Je manque de discipline et de détermination, je me laisse trop facilement distraire, par les autres ou par la technologie. Au moment de passer réellement à l’action, je trouve toujours d’autres activités qui sont plus importantes pour moi, j’ai mes tâches « alibi » pour éviter de faire ce que je devrais faire. Je n’ai pas envie de m’y mettre car j’ai l’impression que ça me coûtera trop d’effort pour agir et que cela ne me procure aucune satisfaction immédiate. Ou j’attends d’être au pied du mur car je peux agir uniquement poussé par le stress et l’angoisse ressentie.

  • Je remets les choses à plus tard pour ne pas être confronté à l’échec. Je doute de moi et de mes compétences. Je fixe la barre si haut que je me sens paralysé. J’ai l’impression alors de ne pas être à la hauteur de la tâche que je me suis fixée, je préfère la repousser à plus tard car au fond de moi, je me sens incapable d’y faire face.

Comment faire alors pour vous libérer de la procrastination?

Elaborez une stratégie d’action qui vous convienne. Trouvez un équilibre entre les sollicitations extérieures et votre propre rythme. Fixez-vous des échéances claires et progressives qui vous stimulent sans vous abrutir de pression. Ne réagissez pas immédiatement aux urgences imposées par les autres, négociez les délais, faites respecter vos priorités. Une règle à se fixer : pas plus d’un seul report pour une tâche. Faites le point une fois par semaine de l’ensemble des projets en cours et à venir. Noter les étapes nécessaires sur votre agenda.

L’important est d’initier l’action ! Sur un vélo, l’effort à fournir est important au démarrage, puis l’élan de la poussée nous fait avancer avec un moindre effort : nous profitons du mouvement en cours pour avancer davantage. Ne réfléchissez pas, ne vous posez pas la question si vous avez envie ou non, mettez-vous tout de suite à la tâche que vous aviez planifiée de faire. Une fois, lancé, vous verrez que porté par votre élan, les idées et les actes vous viendront aisément. Profitez de l’énergie mobilisée : par exemple, à la fin d’une réunion, résumez l’essentiel, pendant que ce qui a été dit et décidé est encore frais dans votre tête.

Transformer les soucis en actions. Considérez l’inquiétude ou le malaise de ne pas agir comme le signal de passer à l’action. Détournez l’énergie que vous gaspillez à culpabiliser du travail non fait pour l’investir dans l’exécution immédiate.

Discipliner vos pensées et éliminez celles qui parasitent votre mise en action. Nourrissez votre confiance en vous remémorant les expériences positives où vous aviez passé à l’action avec succès. Rebranchez-vous sur la sensation de satisfaction vécue, inspirer cette force intérieure et agissez.

Rappelez-vous qu’être en action donne de l’énergie ; rester statique et ne rien faire nous coûte de l’énergie à trop y penser. Le seul effort à fournir est de se mettre en action, une fois en route, cela va tout seul. La satisfaction d’avoir avancé dans vos tâches vous donnera davantage d’énergie par la suite. Elle vous permettra de vous relaxer après, l'esprit tranquille.

Récompensez-vous à chaque petite victoire!

 

 

 

Catherine Vasey

Catherine Vasey, psychologue et gestalt-thérapeute, auteur, spécialiste du burn-out depuis 2000. Elle anime des séminaires de prévention du burn-out en entreprise, donne des conférences, traite les patients en burn-out et accompagne aussi les professionnels de la santé en supervision dans son cabinet à Lausanne, en Suisse. Références : Le site de Catherine Vasey : www.noburnout.ch Publications : « Comment rester vivant au travail ? Guide pour sortir du burn-out », C.Vasey, éd. Dunod 2017 « Burn-out le détecter et le prévenir », C. Vasey, éd. Jouvence 2015 « Vivant au travail », jeu de cartes, C. Vasey, éd. Noburnout 2012