Bonne fatigue ou fatigue de tension ?

Dans notre vie quotidienne, nous essayons très souvent de contrôler, de résister, de minimiser, de ne pas entendre une fatigue existante car ce n’est pas le moment de se reposer, parfois nous tentons d’y répondre mais le sommeil ne vient pas…

La fatigue est la décision saine de notre organisme de freiner notre activité pour privilégier impérativement la récupération après un effort ou une agression (maladie, opération, surmenage, deuil, choc émotionnel). Elle permet au corps de minimiser ses dépenses d’énergie superflues et de se concentrer sur le point important : retrouver un bon équilibre d’énergie et de santé. Les signes de fatigue s’expliquent ainsi très bien : perte d’envie de faire, diminution de la libido, repli sur soi, état d’esprit peu expansif, perte de concentration, lourdeur dans le corps et ralentissement musculaire.

Dans notre façon de vivre, nous sommes amenés à vivre une fatigue « de tension » ou une « bonne fatigue ».

La bonne fatigue ? Nous savons tous la reconnaître et apprécier ce bien-être de détente. Par exemple, à la fin d’une journée de marche en montagne, après avoir transpiré, respiré, bougé le corps pendant des heures ; lorsque nous nous couchons le soir dans notre lit, nous sentons tous les bienfaits de cette fatigue qui permet au corps de se détendre : nos muscles sont relâchés, nos pensées sont ralenties et souvent positives, nous sommes d’une humeur posée et tranquille. Cette fatigue nous amène un bon sommeil récupérateur.

La fatigue de tension ? C’est l’état dans lequel on se trouve parfois après une journée de travail très chargée, où nous avons répondu à de nombreuses demandes, fait face à beaucoup de stress, pensé à mille choses différentes à chaque minute. Nous terminons cette journée intense avec une tête surchargée, une absence de sensation physique, une sorte de brouillard émotionnel, aucune envie, une impression d’être encombré d’un trop-plein mental agité. Ces tensions empêchent notre organisme de faire son travail de récupération d’énergie et le sommeil est alors perturbé.

Nous n’avons aucun pouvoir par notre volonté ni de créer la fatigue ni de la faire disparaître. Par contre, nous pouvons l’identifier et y répondre de façon adéquate pour soutenir le corps dans son besoin de se réparer :

La bonne fatigue nécessite un repos bien mérité.

La fatigue de tension, par contre, doit être traitée différemment. Pour permettre au corps de faire son travail de récupération d’énergie, il faut d’abord se libérer des tensions accumulées en se défoulant et en se changeant les idées.

Pour cela, il est nécessaire de traverser l’absence d’envie pour entrer en mouvement volontairement : bouger le corps, expirer, lâcher la voix. Chacun a sa manière de se défouler, l’idée étant de mettre les tensions à l’extérieur de soi. Quelques minutes suffisent en étant bien «entraînés» à se défouler. Lorsqu’un soulagement apparaît, une impression de détente physique, c’est le signe qu’on peut «s’abandonner» à la réaction de fatigue qui permettra au corps de récupérer.

Catherine Vasey

Catherine Vasey, psychologue et gestalt-thérapeute, auteur, spécialiste du burn-out depuis 2000. Elle anime des séminaires de prévention du burn-out en entreprise, donne des conférences, traite les patients en burn-out et accompagne aussi les professionnels de la santé en supervision dans son cabinet à Lausanne, en Suisse. Références : Le site de Catherine Vasey : www.noburnout.ch Publications : « Comment rester vivant au travail ? Guide pour sortir du burn-out », C.Vasey, éd. Dunod 2017 « Burn-out le détecter et le prévenir », C. Vasey, éd. Jouvence 2015 « Vivant au travail », jeu de cartes, C. Vasey, éd. Noburnout 2012