Télétravail : le « paradis perdu » du bureau

Nous avons survécu au semi confinement avec philosophie, chacun y mettant du sien, se focalisant sur la chance d’être avec ses proches, en bonne santé, d’échapper aux trajets… Et avec l’idée que ce serait transitoire.

Nous en sommes sortis, les corps endoloris d’avoir travaillé, qui dans sa cuisine, qui dans son canapé. Or, pour beaucoup, le télétravail se poursuit, totalisant cinq mois de tête à tête domestique. De quoi se souvenir avec nostalgie du bureau, ce “paradis perdu”, lieu de socialisation, d’oxygénation, de séparation claire entre les sphères: la journée au bureau, la soirée à la maison. Chaque univers dans une boîte bien distincte.

Souvenez-vous de la porte palière de la maison. La franchir de bon matin c’était passer de l’autre côté du miroir, vers cette part de notre journée qui n’appartient qu’à nous. Celle qui nourrit les conversations du soir. Or, avec le télétravail, rien ne nous échappe de la vie professionnelle, sociale, domestique, scolaire de nos proches. Adieu toute part de mystère !

Et puis sont arrivées les vacances d’été, ce temps béni permettant de… se retrouver, de… partager du temps en famille. J’admire ceux qui les ont passées en camping car, histoire de resserrer -encore ?- les liens.

Après cinq mois à travailler et dormir dans la chambre à coucher, Alix fait partie de ceux à qui il tarde de retourner au bureau. « De retour » de vacances (passées sur place), elle jubile ! Face au télétravail qui se prolonge, elle a cassé sa tire-lire pour louer un bureau transitoire dans un immeuble en attente d’être rénové. Un lieu bien à elle, séparant vie privée et professionnelle, son bout de « paradis perdu ». Après 5 mois d’un trajet se résumant à glisser du lit vers son bureau, elle peine à arriver à l’heure, s’étonne encore du silence, se réhabitue à la solitude .

Autre cas de figure, Charles est indépendant. Pendant le confinement, il a librement navigué entre son domicile et son travail, pourtant déserté par les clients. Ayant subi de plein fouet les effets de la crise, son paradis perdu est plongé dans le silence, vidé de ses clients. Dans ce calme assourdissant, son esprit tourne à plein régime à la recherche d’un moyen de rebondir. En attendant, il a équipé les pièces inoccupées de fauteuils relax, qu’il destine à des télétravailleurs en manque d’endroits où s’isoler (ni coworkings, ni cafés, ni spas, ni fitness) pour lire, réfléchir ou ne rien faire, au calme et sans obligation de consommer.

Je peux me tromper mais, l’incertitude qui se prolonge, nous met au défi de trouver, chacun à notre mesure, notre bout de « paradis perdu” pour pouvoir faire preuve d’endurance. ll en faudra.

Crédit photo: Pixabay/dipsindia

Trois raisons expliqueraient le pic des divorces après les vacances

Alors que les vacances débutent, les spécialistes savent qu’il y aura une recrudescence des demandes de divorce à la rentrée de septembre. Telle est la conclusion de recherches académiques menées aux Etats-Unis et l’Europe n’est pas en reste.
Les vacances ne sont-elles pas ce temps béni (voire idéalisé) pour être ensemble, partager des activités, communiquer, se détendre, se faire plaisir, se réunir, échapper à la routine et à la course contre la (les) montre(s) ?

Justement !

  • Ce court laps de temps auquel chacun aspire individuellement rime également avec compromis : définir des dates communes, une destination, un budget, sans oublier de s’amuser, de récupérer, d’être heureux, de composer avec la belle-famille…
  • Les vacances donnant plus de temps pour cohabiter, observer et réfléchir, elles favorisent la prise de décisions, exposant particulièrement les couples fragilisés.
  • Un sursis de six mois existe pour tous ceux qui surmontent le cap de septembre. Gare au second pic annuel qui survient en mars, à la sortie des vacances d’hiver. Rien d’étonnant quand on pense au cocktail explosif composé de dépenses de fin d’année, de surcroît de compromis et d’interactions familiales, sans oublier l’heure des bilans et des bonnes résolutions.

Je peux me tromper mais… les vacances n’étant pas un remède miracle, rien ne vaut un week-end en solitaire de temps en temps, chez soi ou ailleurs, pour recharger les batteries et gagner en perspective.

Photo: Pixabay/Creative Commons/mschiffm

La peur aux commandes?

Où aller pour les vacances ? La question est de saison. Vaut-il mieux éviter les destinations exposées au terrorisme, aux grèves, aux virus finissant en « a »: tourista, chikungunya, zika, ebola…?

Au-delà de la prudence élémentaire, la peur pourrait aisément, si nous n’y veillons pas, conditionner une part considérable de nos choixPeur d’être malade, d’être laissé sur le carreau, de mourir…

Réservez un billet d’avion que déjà on vous demande si vous voulez une assurance contre toute éventualité peu réjouissante. Et si on optait pour une destination plus sereine, atteignable en voiture ? Là encore, la peur est du voyage car plus le véhicule est récent, plus il distillera des peurs au nom de notre confort et sécurité : biiip on roule trop vite, biiip un radar approche, biiip un véhicule nous frôle de trop près, biiip un embouteillage arrive, biiip un passager s’est détaché… 

A quand un véhicule réellement bienveillant qui alternerait les messages de danger avec les félicitations (« Bravo pour votre choix de parcours !»), l’apaisement («Vivez l’instant présent!»), voire les encouragements («Hop, hop, hop, vous serez bientôt à destination. Continuez à rouler comme vous le faites!»)? 

La peur a pour fonction première de nous alerter pour assurer notre survie, pas celle de régir notre existence. Or, à mesure que nous gagnons en connaissance, en technologie, la peur, amplifiée par le flux ininterrompu de (mauvaises) nouvelles, envahit tous les pans de notre vie. Peur des extrémismes, des guerres, des conséquences du prochain caprice de tel chef d’Etat, de la crise économique, de la destruction de l’environnement, du chômage, de vieillir, de développer une maladie dégénérative, du cancer, de grossir, de la viande rouge, du gluten … La liste est infinie, aussi longue que les alternatives pour se prémunir contre tout, les assurances pour nous protéger de tout, les multiples variantes pour accéder à la zénitude.

Je peux me tromper mais je préfère penser comme dans Astérix chez les Normands, que la peur donne des ailes, qu’elle nous informe mais ne définit pas notre vie, notre horizon. Un petit pas dans ce sens? Reprendre les commandes, au propre comme au figuré, en faisant le tri entre les peurs. 

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