Le prénom est-il une marque?

Les célébrités semblent refuser d’appeler leurs enfants Pierre, Paul ou Jacques. Comme si, malgré leur notoriété, elles craignaient que leurs enfants ne passent inaperçus ou se noient dans la masse. Comme inspirées par un GPS, elles choisissent des prénoms tels que: Paris (Jackson), North (West), Brooklyn (Beckham), Dakota (Johnson)… Quand elles ne créent pas des prénoms comme sortis d’un Scrabble, elles baptisent leurs enfants au moyen de mots (Ivy Blue, Mercy, Saint).

Anne Laure Sellier, professeur à HEC Paris et chercheuse en psychologie sociale, explique dans « Le pouvoir des prénoms » qu’en tant que première étiquette sociale, notre prénom façonne la manière dont nous sommes perçus par les autres. Comme une marque, Jean-Eudes, Marcello, Huguette ou Loana ont le pouvoir d’évoquer des univers, générations, élocutions, stéréotypes. Ainsi aidés ou entravés par un prénom que nous…portons, à nous ensuite d’exercer notre libre arbitre.

Si autrefois les prénoms se transmettaient, ils sont aujourd’hui la prérogative des parents qui souvent gardent le secret avant de le dévoiler. Cette annonce déclarative s’apparenterait presque au lancement d’un produit, l’étude de marché en moins. Annoncer un prénom tarabiscoté pour découvrir qu’il a une signification contrariante dans une autre langue, est un risque contre lequel les futurs parents peuvent cependant se prémunir. L’agence de “branding” MyNameForLife propose, en effet, des prestations de « naming » incluant la compatibilité culturelle, bien avisée dans un monde mondialisé. La création de logo ne devrait pas être un souci.

Je peux me tromper, mais le grand public étant parfois inspiré par les célébrités, à quand une génération de bébés prénommé(e)s «Onex» Schmidt ou «Mercy-CEVA» Genoud ?

 

Photo: Pixabay/CCO/Wokandapix

Auto mariage ne signifie pas épouser son auto

Les places sont chères pour célébrer des noces à la belle saison mais tout n’est pas perdu si vous êtes intéressé(e)s par un mariage avec vous-même: une cérémonie collective d’auto mariages est, en effet, prévue le 8 juin prochain, tel qu’annoncé sur le site de la mairie de Bilbao . Un cours de préparation au mariage est même prévu par l’organisatrice, l’artiste May Serrano, mariée de longue date à elle-même.

Acte de narcissisme ou de liberté ?

A en croire quelques auto mariées médiatiques (où sont les hommes?), la sologamie attire principalement des femmes entre 30 et 40 ans. Principales motivations ?

  • Refuser de conditionner son bonheur personnel à LA rencontre (qui se fait attendre longtemps).
  • Prendre sa vie en main face au stigmate du célibat, qui touche davantage les femmes.
  • Faire librement un acte d’amour propre et de fidélité envers soi pour l’éternité.

Des voix s’élèvent pour dire que c’est la preuve ultime de tout ce qui va de travers en termes de relations humaines, de solitude, d’individualisme.

Et s’il s’agissait d’un acte de narcissisme suprême? Je laisse à quiconque n’a jamais fait de selfies le soin de leur jeter la première pierre. En revanche, le besoin de faire du mariage  un « happening» à diffuser sur les réseaux sociaux, ressemblerait à s’y méprendre à une nouvelle forme de faire la fête…

Autre paradoxe de notre époque : et si cet acte d’affranchissement côtoyait leur rêve de princesse en robe blanche?

Pour répondre à ces questions et bien d’autres, l’auto mariage est assorti de spécialistes qui font autorité: une coach dispense des conseils et stages en la matière, tandis qu’un site vante ses coffrets d’auto mariage incluant une unique alliance (et une figurine solitaire pour couronner la pièce montée ?).

Je peux me tromper mais… une fois auto marié, que fait-on en cas de rencontre avec l’âme sœur ? Divorcer de soi-même ? Même si l’auto mariage n’est pas reconnu, l’adultère envers soi reste un sujet à part entière!

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