Dyslexie: Bienvenu(e)s de l’autre côté !

Après avoir fait pas mal de théorie sur le sujet dys, j’ai pensé qu’entrer dans le vif de l’action, le feu du sujet, serait intéressant et plus parlant.

 

Les situations cocasses, embarrassantes et parfois dignes d’une comédie sont un quotidien dans ma petite vie de terrienne. Mon livre relate beaucoup de ces situations, mais une grande quantité n’a pas arpenté les feuilles de « Confession d’une dyslexique » et quoi de mieux que de les lancer dans ce blog !

 

 

Anecdote 1 :

J’ai dû faire il y a quelque temps de ça, un contrôle de la vue, parce que j’avais énormément de migraines en fin de journée. La matinée achevée et mes résultats tombés, je suis retournée aux cours de l’après-midi. La fatigue des exercices de l’oculiste se faisaient sentir. Mon esprit était en mode « off ». J’avais l’air, je pense, trop calme et ma pote de cours, sachant que je devais faire des contrôles de vue et remarquant ma platitude, m’a demandé : « Alors ? Ils t’on dit quoi ? », je me suis tournée vers elle en lui répondant et, c’est en voyant le visage de mon amie, que j’ai compris que ce que je venais de dire ne devait pas être la bonne phrase. Pourtant j’étais convaincue que c’était les bons termes, genre, comme un chien qui s’accroche à son os, ou un sage à ses convictions :

 

« Elle a dit que j’étais un peu misanthrope. »

 

… « Quoi ? Mais elle a pas pu te dire ça ! »

 

L’air sérieux je lui répète :

« Bah… oui, elle a dit que j’étais légèrement misanthrope… et que ça allait surement s’accentuer avec l’âge. »

 

Le soir en rentrant chez moi et discutant avec ma mère, je me suis rendue compte du crime que j’avais fait subir à mes mots. HYPERMETROPE ! La Honte, mais la honte. Il n’existe pas un mot magique qui fait retour en arrière ?

 

Résultat des courses, je suis allée pour un contrôle de la vue et je suis ressortie avec une haine pour l’humanité.

 

Anecdote 2 :

Ma meilleure amie fêtait il y a quelques jours, ces 26 ans (joyeux anniversaire à elle). Quoi de mieux que d’aller manger au restaurant entre amis ? Nous étions six. Six jeunes gens postés en plein milieu du restaurant, et ayant passé une bonne journée de boulot. Pour ma part, le vendredi est ma plus grosse journée. Je me lève à 5h30 du matin et je finis le travail à 18h30. Autant vous dire, que la fatigue pour un dys est au sommet de sa jauge. Dans ces moments-là, mon cerveau a du mal à assimiler les interactions entre personnes. Je me suis concentrée tout au long de la soirée, du mieux je pouvais, pour contrôler cette fatigue et pouvoir parler et répondre le plus normalement possible. Sans bug de langage, mots que j’oublie ou phrases sans réelle structure.

 

Tout allait bien ! J’avais l’air d’une jeune femme comme une autre. A quel moment ça a « merdé » ? Quand mon assiette est arrivée. J’ai baissé ma garde, mon état de joie à eu raison de moi… PAF la dyslexie a asséné son KO. Le cuisinier avait mis du gingembre dans mon assiette. J’ai voulu partager, avec les gens autour de la table, une anecdote rigolote sur cet aliment. Lorsque les cinq personnes se sont tournées vers moi et m’ont prêté leur entière attention, le drame s’est produit. « Vous saviez que le gingembre est hermaphrodite ? », expressions de stupéfaction, gêne, silence, silence, silence. Est-ce que je creuse maintenant le trou pour m’enterrer ou après ?

 

Aphrodisiaque. Pourtant ce mot était clair dans mon esprit. A quel moment, « aphrodisiaque » a-t-il percuté un obstacle dans mon cerveau, créant un accident et le blessant au point de le changer en « hermaphrodite » ?

 

Rassurez-vous, ils ont tellement ri, que j’ai cru que les autres clients du restaurant allaient déserter les lieux.

 

Au final, c’est pas si mal d’avoir un humour non voulu. D’après Chaplin “une journée sans rire est une journée de perdue”.

A tout bientôt pour la prochaine anecdote… Le permis de conduire, cet apprentissage si fascinant…

Amanda Oriol

Amanda Oriol, née le 19 juillet 1993 à Lausanne, a obtenu un Bachelor en Lettres et se lance dans des études de santé/social. Elle a réalisé son rêve en étant publiée pour le Salon du livre de Genève 2018 par les Editions des sables. Le titre de son livre est «Confession d'une dyslexique», elle relate avec humour ses expériences, mettant le lecteur à sa place, c'est-à-dire, celle d'un(e) dyslexique.

23 réponses à “Dyslexie: Bienvenu(e)s de l’autre côté !

    1. Merci beaucoup ! C’est vrai que c’est pas toujours drôle mais avec du recul et en y repensant j’en ris souvent beaucoup !
      À tout bientôt, sûrement au salon du livre de Genève ! (:

  1. Drôle et merci.
    Me réjouis de l’épisode du permis.

    Perso j’ai eu de la chance (mais je suis un vieux con).
    L’expert m’a permis d’aller acheter un “CH” au bureau, parce qu’il manquait sur la voiture!
    (mais ils ont du évoluer, depuis la calèche) 🙂

  2. Merci… Je pensais que c’était moi qui était handicapée sociale de la vie… (diagnostiquée dyslexique et dyscalculique, j’ai toujours lutté pour dire que j’etais guérie a vie…). Aujourd’hui je fais regulierement des phrases que seule moi a l’air de comprendre (ce n’est pas qu’un air…). Sur le coup c’edt un hrand moment de solitude ou pas, on apprend a en rire.

    1. Oui c’est exactement ça ! On apprend à en rire ! Je pense que c’est Une des phrases qui ressort le plus dans mon livre.

      Je suis actuellement dans une de ces phases où moi seule me comprends. Mais on s’habitue. Je vous comprends totalement, c’est pas toujours facile mais on s’en Sort quand même !

      Belle journée !

  3. Vous a t-on déjà expliqué que vos troubles (dont la dyslexie) venaient de vos yeux, plus précieusement de votre mauvaise vision binoculaire?
    Ça fait près de 160 ans que la cause de la dys, l’hétérophorie, est connue. C’est le Dr Hermann von Helmholtz qui l’ a découvert.
    Il suffit de traiter l’hétérophorie (avec des micro-secteurs) pour que les dyslexiques puissent lire fluidement. Nul besoin de séances à répétitions ni de nombreux intervenants. C’est juste de l’ophtalmologie.

    (Un détail : je suis moi même dys, d’une famille de dys…)

  4. Ce petit complément à mon messsage précédent devrait vous intéresser.
    Le Dr Giraud-Teulon, ophtalmologue, membre de l’académie de Médecine, a écrit ceci, suite aux travaux d’Helmholtz sur la vision:
    Page 859 :
    « L’apparition dans le champs visuel de deux images semblables constitue pour le sujet un des phénomènes les plus perturbateurs. Toutes les relations de positions entre le sujet et les objets qui l’environnent sont tout d’un coup altérées ou perverties ; et ce trouble est surtout sensible en face du sujet, aux environs du plan vertical médian (sagittal) où les images doubles sont moins écartées, et auquel se rapportent plus particulièrement les données géodésiques ou d’orientation qui permettent à l’individu de se mouvoir dans l’espace.
    La confusion que fait le sujet entre les deux objets semblables qui attirent son attention donne lieu à de continuelles erreurs, rend incertains tous ces mouvements, et jette dans sa vie de relation une indécision qui le trouble jusqu’au vertige.
    Que fait le sujet ? L’instinct lui apprend qu’en tournant la tête et les regards dans un certain sens, les objets situés sur la ligne médiane et ceux qui avoisinent cette ligne, et qui auparavant, lui paraissaient doubles, sont ramenés à l’unité. Il adopte donc cette nouvelle attitude qui, tant qu’elle est maintenue, lui restitue sa faculté d’orientation et le délivre de son vertige. »
    (…)
    « Le sujet a encore à sa disposition un autre moyen de se débarrasser des images doubles, c’est de fermer un œil. »
    Page 896 :
    « Le malade y voit singulièrement: trouble, double ; il ne sait l’expliquer ; sa vue tremblote, les mots ou les lettres sautillent ou s’entrecoupent, se superposent ; mais la vision devient relativement nette en fermant un œil.
    On reconnaîtra là un symptôme de trouble dans l’association binoculaire, (…)»
    Source : « La vision et ses anomalies » (1881).
    Ce fameux “trouble dans l’association binoculaire” est actuellement appelé hétérophorie.
    Le mot dyslexie n’est pas utilisé car il ne fût inventé qu’en 1887 par le Dr Rudolf Berlin.
    Ne reconnaissez vous pas dans le texte de Dr Giraud-Teulon au moins 2 dys: la dyslexie et la dyspraxie?

    Le Dr Hermann von Helmholtz a découvert, fortuitement, l’hétérophorie alors qu’il travaillait sur le télémètre. Intrigué il a étudié et publié sur la vision mono et binoculaire de 1856 à 1866 (la traduction en français date de 1867).
    Au cas où vous feriez du jeunisme, sachez que c’est ce scientifique de renommée internationale qui a inventé l’ophtalmoscope en 1885. Ce petit appareil est toujours utilisé par les ophtalmologues de nos jours.
    Il n’y a pas de science ringarde car en science ce qui compte c’est ce qui marche, ce qui donne des résultats. Les sciences (dont la médecine) sont vérifiables car reproductibles, pas les travaux littéraires.

    1. Bonjour,
      je vous remercie pour ces commentaires très intéressants et qui, je pense, pourraient aider certains dys! Pour ma part, je connais cette découverte depuis longtemps, ma logopédiste m’a fait faire les tests chez mon ophtalmologue pour savoir si ma dyslexie et dysorthographie venaient de là, et écarter cette piste. les tests ont été négatifs et ils m’ont dit que mon trouble n’avait malheureusement rien à voir avec ma vue. D’où les logopédistes et tout ce qui s’en est suivi…

      cependant je suis certaine comme vous, que ce trouble chez certains, pourrait venir de la vue et que cela peut vraiment donner des pistes à explorer !

      En tout cas merci également pour les citations du livre que je trouve intéressantes et qui peuvent aider peut-être des lecteurs qui passeraient par ici.

      Passez de belles fêtes de Pâques !

      1. Malheureusement pour vous, TOUS les dys sont bien hétérophoriques. Il faut avoir une vision binoculaire mais mauvaise, pour être dys. C’est tellement vrai qu’il n’y jamais de borgne de naissance qui soit dys. Cela a été vérifié durant 40 ans par un oph. Jamais la moindre exception.
        Le problème c’est qu’actuellement peu de médecins ophtalmologues s’intéressent à ce discret trouble et que la grande majorité d’entre eux sous-estiment ses conséquences. Il est à parier que vous en cumulez plusieurs.

        Il vous suffit de comprendre comment fonctionne la vision binoculaire pour comprendre d’où vient la dyslexie.
        Ce que nous voyons est très différent d’une photo. Quand vous regardez avec un seul œil, vous remarquez que seul le centre de la vision est net. Plus on s’éloigne vers la périphérie et plus c’est flou.
        Le problème de la vision binoculaire c’est que nous devons faire fonctionner en harmonie 12 muscles et que la vision de près nécessite bien plus de précision que pour regarder un paysage. Alors que la vision binoculaire va jusqu’à 62°, la reconnaissance des mots ne se fait que dans un angle aigu de 10 à 20°.
        Quand vous utilisez vos yeux, chacun d’eux fourni une image différente, charge au cerveau d’en faire un tout cohérent. Il ne s’agit ni d’une superposition d’images, ni d’une juxtaposition, c’est comme un manteau d’arlequin qui change sans arrêt car les cellules au fond des yeux se déchargent toutes les 3 à 5 secondes.
        Si le cerveau ne peut pas faire un tout cohérent des images il déconnecte un œil.
        Chez les dys il n’a pas renoncé et il bataille quitte, chez certains, à inverser les images. Cela donne Léonard de Vinci qui écrivait naturellement son codex à l’envers.

        1. A partir de là vous avez sûrement compris la dyslexie. Quand vous tentez de d’identifier un “P”, un œil peut fournir la barre et l’autre la boucle. Quand la vision binoculaire est mauvaise, l’assemblage se fait mal et vous pouvez voir l’impression de voir une de ces lettres: “b”, “d”, “q”, “ϕ”, etc.
          Et quand un œil est trop en retard par rapport à l’autre, il rattrape sa position en générant des saccades. C’est à cause de cela que certains dyslexiques ont l’impression que les lettres clignotent, que les lignes sautent.

          Vous a t-on déjà parlé de cela ?

  5. Parmi les différentes conséquences de l’hétérophorie il y a :

    – Toutes les dys. Ce n’est pas un hasard si il y a autant de multi-dys.

    – Les troubles de la latéralité.
    Cela donne des personnes qui sont gauchères pour certaines activités mais droitières dans d’autres circonstances et, bien sûr, tous les ambidextres.
    Ces personnes peuvent avoir du mal à se repérer dans l’espace, même avec une carte.
    Et les dyspraxiques, eux, sont tellement perdus l’espace qu’ils ont du mal à faire les nœuds de leurs chaussures.

    – Les troubles de la posture.
    La majorité des scolioses et des cyphoses viennent de cet état. La posture vient des yeux, pas des pieds et c’est connu depuis fort longtemps. Alors les semelles spéciales censées redresser les humains ne servent que pour la facture (sauf si vous avez une TRÈS forte différence de longueurs de jambes, genre 10 cm mais ça c’est rare…)

    – La grande majorité des migraines sont des migraines ophtalmiques,

    – Les troubles vagaux,

    – La fibromyalgie.

    Très souvent les hétérophoriques cumulent plusieurs de ces troubles.
    Les conséquences varient selon le(s) muscle(s) oculomoteur(s) ET le degré.

    Il se peut que ces explications vous fassent un choc car elles torpillent les idées à la mode sur les dys et qu’elles mettent en cause ce que vous croyez avoir appris. Vous pouvez faire quelques vérifications pour vous faire une idée objective là-dessus.

    N’attachez pas trop d’importance aux bilans des orthophonistes, alias logopédistes : ce ne sont pas des bilans médicaux. Tout comme les psy et les neuros ils se basent sur les conséquences de la dys et non sur LA cause. Cela fausse toutes les explications.

    Joyeuses Pâques !
    🙂

  6. Vous avez évoqué les logopédistes (qui sont appelés orthophonistes en France). Ils sont trop souvent évoqués dans les articles et les vidéos parlant des dys.
    Il est important de dire que les bilans de cette profession NE SONT PAS DES BILANS MÉDICAUX. Ce ne sont pas des médecins mais des para-médicaux, comme les infirmiers, les ambulanciers, etc. Vu que ce ne sont pas des médecins ils peuvent quasiment dire n’importe quoi sur les problèmes de santé.
    Via leurs séances à répétitions ils ne font, au mieux, que des tentatives de compensation de handicap. Plus la dys est sévère et plus ces tentatives sont décevantes. C’est pour cela qu’il y a tant de témoignages de dys qui ont fait des séances d’orthophonies durant PLUS D’UN AN !!!

    C’est pour ça, aussi, qu’il y a tant d’internautes qui cherchent le bon orthophoniste.
    Voici le témoignage d’un dys qui a fait des séances d’orthophonie durant… 15 ANS !!!!
    https://www.youtube.com/watch?v=R6xa0THos1A&t=121s
    C’est parfait pour faire des révoltés.

    Les orthophonistes (alias logopédistes), eux mêmes, doutent de leur efficacité.
    Voilà ce qu’en dit Madame Béatrice Sauvageot (elle est orthophoniste):
    «J’ai travaillé un an dans un cabinet. Mais je voyais bien que les méthodes classiques ne fonctionnaient pas, ou mal, avec les enfants dyslexiques.” (interview publiée sur le site madame.lefigaro le 28/01/2019).

    Cela va dans le même sens que ces propos publiés sur ApedysPOINTorg, forum tenu par des psy et des orthophonistes:
    “Il est nécessaire de faire le tour des orthophonistes de votre secteur pour accéder à des rééducations sérieuses”
    (posté par Apedys-admin le 05/11/2018)

    Il y aussi ce témoignage de Madame Béatrice Trosseille, ex-orthophoniste :
    “malheureusement ce n’est pas toujours efficace” (27-02-2019, lu sur la page FB de “le-club-des-dys”)

    Vu leurs résultats, de nombreux orthophonistes se tournent vers des “solutions” alternatives comme les méthodes commerciales, les procédures bureaucratiques et la neuroscience. Mais rien de tout cela n’est de la médecine.
    Souvent les orthophonistes disent que leurs bilans sont demandés par des médecins.
    Le problème c’est que les médecins scolaires et les médecins généralistes n’ont pas été formé pour repérer les troubles de la vision binoculaire. Les généralistes n’ont fait, au mieux, que 3 heures d’ophtalmologie durant toute la durée de leurs études.

    Le dogme sur les dys est en train de changer.
    De plus en plus d’orthophonistes/logopédistes envoient leurs patients chez les médecins ophtalmologues et les orthoptistes. Il faudrait que la technique des micro-secteurs se répande le plus vite possible. Interpelez vos médecins ophtalmologues et vos orthoptistes à ce sujet.
    En attendant, il faut que les dys sachent que leurs troubles viennent de leurs yeux et non de leur cerveau. Ça leur fait un bien fou car c’est bien moins dévalorisant.

    Après ça je vous raconterait quelques anecdotes…
    Elle est marrante votre histoire avec le gingembre.
    🙂

  7. Anecdotes :

    Une amie très dys arrive à un rond point. Grosse panique : elle n’a pas vu le panneau et aucune voiture devant elle. Or elle a un très gros trouble de la latéralité : impossible pour elle de distinguer la droite et la gauche.
    Elle a été obligée d’attendre 10 minutes qu’une voiture s’engage sur le rond-point pour savoir dans quel sens elle devait aller. Elle a fait un magnifique embouteillage devant un rond-point vide. Un automobiliste est même venu l’engueuler…
    Il faudrait peindre des flèches sur le sol, comme en Angleterre.

    Jadis, ma sœur est revenue enchantée d’une séance de vaccination.
    On lui avait fait “le BCBG”…
    BCBG = Bon Chic Bon Genre
    BCG = Vacination contre la tuberculose (Bacille Calmette et Guérin).

  8. Votre commentaire est très intéressant, et je suis contente pour vous qu’un traitement ophtalmique ait pu vous guérir de votre dyslexie. Cependant, permettez moi de ne pas être tout à fait d’accord avec vos affirmations très catégoriques. S’il est vrai que certaines dyslexies sont induites par une mauvaise vision binoculaire, surtout celles qui concernent la latéralité et la lecture, TOUS les dyslexiques ne sont pas atteints d’hétérophorie. D’autres troubles dyslexiques n’ont malheureusement rien à voir avec les yeux. La lecture ou l’orientation dans l’espace n’est qu’une partie du problème. Ma fille a été envoyée par son orthophoniste chez l’ophtalmologue pour écarter cette possibilité et, après examen, le médecin n’a décelé aucune anomalie dans sa vision binoculaire. Pour certain dyslexiques, la lecture est, il est vrai, un problème, mais il n’est pas le seul.
    En fait le problème se passe dans le cerveau. Un trouble dys est un dysfonctionnement qui survient dans des zones précises du cerveau. La dysphasie, par exemple, est un trouble qui survient dans la partie du cerveau qui gère le langage oral. La dyscalculie, dans la zone du cerveau qui gère la reconnaissance des chiffres. Pour les dyslexiques, il peut y avoir plusieurs zones touchées par le trouble; celle qui arrive à décrypter les lettres quelle que soit leur graphie. En effet, bien que leur œil capte correctement la lettre en question, c’est lors du traitement de l’information par le cerveau que survient le problème et d’autant plus s’ils ont affaire à des graphies différentes (leur cerveau parvient à mieux interpréter certaines graphies ou polices d’écriture plutôt que d’autres), ensuite il faut que le cerveau décrypte le mot dans son entier, soit phonologiquement soit lexicalement et là il peut également y avoir un dysfonctionnement de cette partie du cerveau. Le laboratoire Neurospin, centre de référence d’imagerie cérébrale, près de Paris, étudie le fonctionnement du cerveau des personnes dys. Je vous invite à visiter leur site et à lire leur brochure “Clefs” numéro 62: Le cerveau exploré p.30 et suivantes. J’espère que cette lecture scientifique vous informera un peu mieux sur les troubles dys qui n’ont pas leur source dans la vision, mais bien dans le cerveau. L’émission “C’est pas sorcier” sur la dyslexie explique également bien le problème d’une façon très claire, depuis les locaux de Neurospin.
    De plus, les dyslexiques (ou neuroatypiques comme ils s’amusent à se définir par opposition aux neurotypiques, c’est à dire nous les gens “normaux”) ont une façon de réfléchir, d’aborder un problème, différente de la nôtre. Ils ont des difficultés à exprimer leur pensée de façon cohérente (cohérente pour nous, parce que pour eux c’est très clair. D’ailleurs, mon mari qui est aussi dyslexique parvient parfaitement à “traduire” ce que sa fille veut dire alors que moi parfois j’ai de la peine à la décrypter…) Pour un dyslexique tout est possible, il n’y a pas de limites; ce qui pour nous est une absurdité, pour eux ça ne l’est pas. Par exemple, je devais expliquer la syntaxe à ma fille et je lui ai dit ” Le chien a des puces, tu ne peux pas vraiment dire que les puces ont le chien” elle m’a répondu que oui… J’ai froncé les sourcils et j’ai dit “comment veux-tu que ce soit possible ?” Elle m’a répondu que, si c’était écrit dans un récit fantastique, qui parle d’un monde parallèle et que des puces cannibales attaquent un chien… Ben que le chien peut être couvert par des puces qui l’ont eu… Pour ces dyslexiques il est aussi parfois très difficile de structurer leur pensée, ils partent dans tous les sens, mais finalement ils arrivent à une solution et nous, les neurotypiques, n’arrivons pas à les suivre ou à les comprendre. Ceci n’a je crois pas grand chose à voir avec l’hétérophorie. La dyslexie peut être un trouble qui n’a pas forcément une solution médicale comme une correction oculaire. Il est cependant vrai que pour certains d’entre eux, ce soit la solution, mais, ces dyslexiques n’ont un problème qu’avec la lecture ou l’orientation dans l’espace et si leur souffrance et leurs difficultés peuvent être soulagées par un ophtalmologue, alors c’est une vraie bénédiction. Ces personnes peuvent être soignées par un médecin et voir leur trouble guérir. Pour les autres, il n’y a pas de remède, on ne peut les guérir, car il ne s’agit pas d’une maladie, mais bien d’un handicap. Tout comme une personne paralysée a besoin d’un fauteuil et de rampes pour se déplacer, un dyslexique a besoin de “trucs” pour lui permettre de palier ce handicap et de vivre avec lui de la meilleure façon possible. Ces astuces, ce sont les logopédistes (orthophonistes) qui les leur procurent et que je remercie ici avec beaucoup de gratitude pour le travail exceptionnel qu’elles font quotidiennement. Il est clair qu’une logo ne peut rien faire pour quelqu’un atteint d’hétérophorie, car ce ne sont pas des médecins; c’est pour cela que celle de ma fille l’a envoyée chez un médecin pour écarter la maladie des yeux et être sûre de pouvoir l’aider.
    Merci à Amanda pour son livre qui nous met en situation de comprendre ce que c’est que de vivre avec cette “autre capacité”.

  9. @ Cantero Gabriela:
    Les images médicales doivent toujours être interprétées, même les IRMs.
    Quand vous voyez des images médicales montrant que des cerveaux de dys sont différents vous n’avez que 2 possibilités:
    – Soit c’est la cause,
    – Soit c’est une conséquence.

    Un cerveau n’est rien sans ses capteurs et c’est un organe très plastique.
    Si les yeux ne fonctionnent pas bien ensemble, cet organe NE PEUT PAS se développer normalement.
    Impossible.
    Ne faites pas l’impasse sur la grande plasticité du cerveau.
    Il suffit d’envoyer un Homme se balader dans l’Espace pour que son cerveau se modifie.
    La NASA et d’autres ont publié là-dessus (vous pouvez vérifier via internet).

    100% des dys sont hétérophoriques. Il n’y a jamais d’exception.
    D’ailleurs, il faut avoir une vision binoculaire, mais mauvaise, pour être dys.
    C’est pourquoi il n’y a jamais de borgne de naissance qui soit dys.
    Cela a été vérifié, durant 40 ans par un médecin ophtalmologue.

    Seule l’hétérophorie permet d’expliquer les divers troubles si fréquents chez les dys.
    Parmi eux :
    – Les troubles de la latéralité,
    – Les troubles vagaux,
    – Les troubles de la posture (scoliose, cyphose),
    – La grande majorité des migraines
    Très souvent les dys cumulent plusieurs de ces troubles.

    Actuellement peu d’ophtalmologues s’intéressent à la vision binoculaire.
    Certains confondent même strabisme et hétérophorie.
    Cela va changer car il existe un traitement qui améliore l’état de tous les hétérophoriques (dont les dys).
    Quand l’hétérophorie d’une dyslexique est traité il lit fluidement le n°2 sur l’échelle de Parinaud lors de la consultation. Nul besoin de séances à répétitions. Cette échelle, crée par le Dr Henri Parinaud, ophtalmologue, entre 1880 et 1890, sert à évaluer la capacité de lecture. Elle est toujours utilisée par les médecins ophtalmologues de nos jours.
    Il ne s’agit pas d’une Nième hypothèse: il y a des milliers de cas cliniques.

    Je n’ai jamais parlé de guérison, juste de traitement de LA cause des dys.
    La myopie non plus n’est pas une maladie et pourtant son traitement,
    via de bonnes lunettes, améliore la vision de la grande majorité des myopes.
    Si vos yeux ne fonctionnent pas bien ensemble cela fausse votre rapport au monde.
    Avoir des yeux qui font des saccades ça met une jolie pagaille dans la tête…

    Méfiez vous des explications à la mode :
    les sciences molles ont tendance à ne pas trop s’embarrasser des preuves, ni des résultats.
    En sciences ce qui compte c’est ce qui marche, ce qui donne des résultats.
    Quand ce n’est pas le cas, c’est de la littérature.

    Faites donc des vérifications. C’est le seul moyen de vous faire un avis objectif.
    Merci pour les dys.
    🙂

    :-:-:

    @ Amanda Oriol :
    Est-ce que mes propos vous embêtent
    ou avez vous fait une magnifique crise de foie à Pâques ?

      1. @ Gabriela Cantero :
        Demandez à vos dys de se tenir bien droit devant vous et regardez leurs yeux,
        si ils sont bien l’horizontale.
        La posture vient des yeux (et ce n’est pas un scoop).

        Si vos dys ont trouble de la latéralité, alors ils ont un trouble de la vision binoculaire.
        Cela donne des personnes qui écrivent de la main gauche mais sont droitiers pour d’autres activités (et inversement). Cela concerne tous les ambidextres.
        Ces personnes sont souvent perdues dans l’espace, même avec une carte.

        Ont ils fait un examen avec un synoptophore (ou une aile de Maddox) ?
        Est-ce que leur ophtalmologue a étudié leurs ductions?

        Vous croyez que la dys vient du cerveau mais cela ne débouche sur aucun traitement efficace.
        Avez vous lu les propos du Dr Giraud-Teulon ? Cet ophtalmologue était un grand ponte, pas un charlot. Les travaux scientifiques sont vérifiables car reproductibles.
        Croyez vous que soit un hasard si le test de Parianaud (servant à évaluer la capacité de lecture des dyslexiques) soit un test ophtalmologique ?
        Faites des vérifications, soyez dans le concret.

    1. Non je ne vous ai pas oublié!

      J’ai eu 3 semaines chargées notamment avec le salon du livre et je n’ai simplement pas eu le temps de répondre à tout vos commentaires. Ce que vous pourriez comprendre sachant, ce que la fatigue implique dans ce trouble, étant dyslexique également.

      En effet, vos commentaires sont nombreux, longs et les informations que vous donnez, très spécifiques (et non pas inintéressantes). Il m’a simplement fallu du temps et un moment de calme dans mes périples, pour les comprendre et les lire avec tranquillité.

      Tout ce que vous dites est très intéressant. Le sujet est encore peu connu. Pour ma part, je ne pense pas que cela soit l’unique cause de ce trouble, même si je ne pense pas que vous soyez dans le faux, non plus. Cependant, si vous êtes convaincu que ces découvertes sont la solution, vous devriez écrire aux associations de dyslexie. Vos mots auraient certainement plus d’impacts qu’ici et peut-être pourraient les intéresser. À mon avis, ils doivent déjà avoir entendu parler du sujet. On ne sait jamais!

      L’anecdote de la conduite m’a fait sourire, elle est drôle et c’est vrai que le permis de conduire est une période difficile d’apprentissage. Je vais certainement en parler dans mes prochaines anecdotes.

      Bonne journée!

  10. Merci pour votre gentil message. J’espère que ce salon aura été un succès.
    En fait, je craignais une réaction négative. Cela arrive encore, parfois, sur des pages Facebook et des sites parlant des dys, de la fibromyalgie, etc.

    C’est normal que vous soyez un peu septique. Les idées “neuves” font toujours un choc, bien que la découverte de l’hétérophorie ne soit plus très fraîche… Il y a eu des réactions virulentes.
    Lorsque la théorie de la « dérive des continents » (1912) a été présenté par Alfred Wegener cela a déclenché l’hilarité de nombreux scientifiques. Vous connaissez sûrement quelques scientifiques qui “se sont faits allumer”, au sens propre ou au figuré, pour leurs travaux.

    Depuis plus de 10 ans nous avons eu le temps de contacter de très nombreuses personnes dans différents coins du globe. Les plus convaincus ce sont ceux qui ont constatés les résultats. Quand un hétérophorique est traité, toute la famille et les amis s’y intéressent vivement. C’est drôle.
    Ces explications dérangent de nombreuses professions et même des associations visant les dys. C’est pourquoi même des particuliers sont contactés. Il faut torpiller les fausses informations sur les dys en donnant des contre-arguments et des explications vérifiables.

    Trop de personnes considèrent les dys comme un marché. Parfois on a l’impression que les dys sont condamnés à la double, voir à la triple peine! C’est rageant.
    Ça évolue dans le bon sens.

    Ne vous inquiétez pas pour l’usure de mes doigts :
    mes commentaires sont à base de copier-coller…

    :-:-:

    Pour préparer vos internautes à vos exploits de conduite, voici une veille histoire de voiture.
    2 frères jouent avec des voitures miniatures quand l’un d’eux dit :
    “la mienne c’est la voiture de Mendès France !”
    (Pierre Mendès France était un homme politique français dans les années 1950).
    Son frère, admiratif mais dubitatif, lui demande :
    – “T’es sûr ??? Comment tu sais ça, toi ?”
    ” Hé ! C’est écrit sous la voiture !”
    Sous la voiture il y avait écrit : “Made in France”…

    1. Le salon s’est super bien passé, merci.
      Écoutez, je prends vos commentaires comme des informations complémentaires que je ne savais pas.

      De plus, Nous sommes tout deux entrain de défendre une même cause, celle de la dyslexie. Toute information est bonne à prendre en compte! Si cela peut faire avancer les choses et aider au mieux!

      Merci pour l’histoire de la voiture, elle m’a fait beaucoup rire !

      Passez une bonne soirée !

  11. Bonjour,

    Pour infos (pour vous et vos lecteurs), notre assos Ordyslexie® propose un bloc-notes numérique, intuitif et puissant qui se substitue aux documents papier, fonctionne sous Windows, est basé sur Microsoft OneNote, équipé d’un Tablet PC hybride muni d’un stylet actif et d’un scanner à roulettes

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