Piqûre de rappel pour les adeptes du traçage COVID

Il est de coutume de dire que l’humain à la mémoire courte.

En lisant les articles emballés sur la toute prochaine « nécessaire » application de traçage des contacts COVID, je constate que nous avons parfois la mémoire plus que courte.

Un petit rappel s’impose.

En septembre 2016, nous étions appelé aux urnes pour voter sur le référendum relatif à la nouvelle loi sur le renseignement (LRens) au terme d’une campagne acharnée de près de dix-huit mois, au Parlement, dans les commissions et dans la presse, entre les défenseurs des Droits de l’homme et les soutiens à la nouvelle loi.

En 2016, j’avais écrit à ce sujet être favorable à la nouvelle loi sur le renseignement considérant que les procédures de contrôles, notamment des mesures de surveillance dont fait partie la géolocalisation de téléphones portables, étaient suffisantes voire exagérées.

Pour information, sous l’empire de la LRens actuelle, l’autorisation pour géo localiser un numéro de portable, dont on suppose qu’il appartiendrait à une personne soupçonnée de terrorisme, nécessite au minimum l’aval d’un chef de service, l’aval d’un Conseiller fédéral, la présentation d’un dossier devant le Tribunal administratif fédéral et un jugement favorable.

Or, en ces temps troublés de COVID, la population est appelée à consentir d’ici au 11 mai à une application de traçage des contacts sociaux généralisée, sans débat démocratique, sur une base légale d’ores et déjà contestée et sans contrôle judiciaire.

Que nécessité fasse loi, certes, mais c’est justement en ces temps troublés que la Constitution et les droits fondamentaux devraient prévaloir.

Bon baiser de Suisse

Alexis Pfefferlé

Alexis Pfefferlé est associé fondateur d’Heptagone Digital Risk Management & Security Sàrl à Genève. Juriste de formation, titulaire du brevet d'avocat, il change d'orientation en 2011 pour intégrer le monde du renseignement d'affaires dans lequel il est actif depuis. Engagé sur les questions politiques relatives au renseignement et à la sécurité, conférencier occasionnel, il enseigne également le cadre légal des activités de renseignement à Genève.

16 réponses à “Piqûre de rappel pour les adeptes du traçage COVID

  1. Vous êtes un espion ?
    C’est quoi “intégrer le monde du renseignement d’affaires” ?

    1. 1) A votre avis ?
      2) C’est travailler pour une société qui fait du renseignement d’affaires.

      1. Cool.
        Amicalement vôtre, double f.

        Conseil d’un double zéro: les forums du Temps fourbissent de trolls; faut pas les nourrir.

  2. Autre excellent pic, cher Alexis.

    Mais voyez-vous, je fais un commentaire sur votre/ces blog/s.

    Alors, suis-je déjà fou (ce dont tout le monde s’était déjà rendu compte, mais pas dans le sens qu’il a cru). Mon petit comment de rien du tout va dans le grand sac Orwellien … pas vrai?

    La collection des données parait américaine. On ne voit en effet pas quel réseau euro, afro, amlat, à part les services secrets occidentaux pourraient collecter quoique ce soit?

    Que pensez-vous des asiatiques. Alors bien sûr, l’ennemi est chinois, mais pensez-vous que Singapour, la Corée, Taïwan et bla (tous ex colonisés) sont, tous pro américains, qu’ils n’ont pas de GAFAM (même sans acronyme) ?

    1. P.S. D’ailleurs, écoutez forum sur RTS, sidérant…
      … une vieille chouette M.-H. Miauton, jamais élue, son compère, vieil hiboux, de l’institut GFS, Longchamp, donner des leçons gauche-droite, c’est dire si la Suisse a de la peine à sortir de ses ornières post WWII!

      C’est fini, la fauche et la droite, des fossiles qui vont fossiliser la planète terre!!!!!
      C’est comme Pilet, les médias n’auraient rien de plus frais, après cette… disette?

      1. …moi, j’aime bien les hiboux qui hullulent au fond des bois-et qui ne sortent que la nuit venue

        1. houhouha, nul besoin d’aller au fond des bois, j’en ai un dans un arbre, à 5 m de ma maison 😉

    2. Cher Olivier, merci pour votre commentaire. Toujours piquant également.

  3. Je trouve regrettable que vous induisiez le lecteur en erreur en mentionnant que l’app géolocalise les utilisateurs. Si vous parlez de celle développée par ce consortium incluant l’EPFL appliquant un protocole distribué, il n’est pas nécessaire de géolocaliser, c’est là la beauté du système, il ne se base que sur les contacts et le fait d’une manière qui imposerait de photographier tous les endroits ou des gens se rencontrent en tout temps pour avoir une petite chance d’extraire qui a rencontré qui ou qui est malade.
    Je recommande la lecture de la description du mécanisme, c’est à la portée de tous et cela montre très clairement qu’un espion qui chercherait à connaître les relations d’une personne ou son état de santé devrait mettre en jeux des moyens très au delà du simple hack de l’application ou d’une injonction d’un juge à inspecter le contenu d’un téléphone. La seule info pouvant être acquise de cette manière est la personne dispose de l’app et a rencontré des gens mais combien et qui impossible de le savoir sans surveiller tout le territoire en permanence. En effet les téléphones transmettent un identifiant qui change constamment ne permettant ainsi pas de savoir qui a été rencontré et combien de fois ou combien de personnes. La graine du générateur pseudo-alléatoire qui génère ces identifiants est stockée encryptée et ce n’est que quand une personne tombe malade et décide de communiquer à un serveur la liste de ces graines que le téléphone peut déterminer combien de temps a été passé en présence d’une personne contaminée. Clairement ça fait le job et c’est infiniment plus discret que facebook.

    1. Cher Monsieur, merci pour votre commentaire.

      Deux choses, soit l’application fournit des données de géolocalisation à un moment ou à un autre et permet d’identifier des clusters. Dans ce cas la question du débat démocratique est importante.
      Soit elle ne le fait pas et alors l’utilité de faire installer une application de traçage à 60% de la population ne fait aucun sens. J’ai la quasi certitude que bien peu de personnes se mettront en quarantaine volontaire, après ce confinement économiquement difficile, sans présenter de symptômes. Dans ce cas, le lavage de main, le port du masque et l’isolement en cas de symptômes ne requiert pas d’application. Mon impression est que l’on cherche à tout prix à trouver une solution technologique miracle.

  4. Merci pour cet article, je suis d’avis qu’il est essentiel de ne pas perdre de vue les droits que nous voulons conserver en dehors de situations exceptionnelles. Si le traçage me semble pour ma part justifié, sa mise en œuvre rapide aussi, je me demande si la « base légale » sur laquelle la décision s’appuie mentionne le caractère temporaire de cette surveillance, et si c’est le cas ce doit être un casse-tête pour en définir les conditions : les cas de figure de l’évolution du virus la manière dont il se manifeste (baisse du taux de malades, mais pas forcément des personnes contaminées) montrent qu’il est difficile de faire des pronostics en l’état actuel, et une accalmie apparente ne serait qu’une bonne nouvelle ne signifiant pas la fin des problèmes. Les conditions justifiant le traçage sont impossibles à poser de manière claire, ce qui serait nécessaire pour qu’une loi soit applicable sans s’étendre à tout et n’importe quoi. Et c’est bien ce que je crains, la période que nous vivons est une porte qui s’ouvre grande pour ceux qui visent à un changement de notre mode de vie. Ce comportement est déjà apparent chez les défenseurs du climat qui se pressent de tirer parti du malheur de la pandémie, dont il n’est nullement démontré qu’elle est liée à un déclin de la biodiversité. Dans quantité de domaines de notre vie, nous devrons résister aux pressions d’idéologues qui ne veulent pas perdre de temps pour mieux prendre de l’avance, en prenant des droits face à une juridiction qui ne peut tout de même pas être mise temporairement en veilleuse ! Ne sachant plus comment elle peut s’exercer, elle risque d’être un jour dépassée par les événements pour n’avoir pas été plus cohérente, et ce sera le début d’une nouvelle ère que nous préparent déjà les fascistes du « bien vivre ».

  5. De toute façon, il faut une réaction forte de l’opinion publique. Sinon nos gouvernants vont se croire tout permis. Déjà ils se sont attribués des pouvoirs dictatoriaux. Ils en ont profité pour saigner à blanc les caisses de l’état aux dépens des citoyens contribuables qui devront payer pour tout ça. Ils ont supprimé les libertés publiques fondamentales.

    On croit rêver. C’est surréaliste! Et comme des benêts, les gens applaudissent tous les soirs à leur mise en servage!

    C’est un cauchemar.

    Il faut dire stop!

    Dernier scandale en date: les restaurants vont pouvoir rouvrir, mais avec des conditions ubuesques et irréalisables qui vont leur enlever tout espoir de rentabilité. Les cafetiers restaurateurs font tous devoir mettre se mètre en faillite. Et le pompon: chaque client sera obligé de donner son nom, adresse et numéro de téléphone, qui devront être consignes dans un registre!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Ca c’est la goutte qui, normalement, devrait faire déborder le vase!

    C’est l’état de surveillance généralisée qu’on veut nous imposer en profitant de l’angoisse des gens pour leur santé.

    Jusqu’à quand les descendants de Guillaume Tell vont ils se laisser danser sur le ventre par cette bande de liberticides ????????

  6. Il semble effectivement essentiel d’avoir un débat démocratique sur cette application de traçage débouchant sur l’adoption d’une base légale. Notez simplement que cette application ne collecte pas de données de géolocalisation. Une analyse de risque a été effectuée par l’EPFL et un cabinet d’avocat disponible ici : https://github.com/DP-3T/documents/blob/master/data_protection/DP-3T%20Model%20DPIA.pdf. On peut toujours questionner l’indépendance d’une telle démarche, mais l’analyse est solide, sauf peut-être sur la nécessité de tracer les personnes infectées si moins de 60% de la population l’utilise.

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