Zero déchet, en route vers un nouveau mode de vie!

Plastiques : y’en a marre du cynisme des distributeurs !

La dernière émission de Temps Présent consacré au plastique ne m’a rien appris de nouveau. Ni sur les mensonges des industriels et distributeurs de nos biens de consommation, ni sur la cupidité des exportateurs de nos déchets en Indonésie, ni sur la corruption des gouvernements des pays moins riches que nous, ni enfin sur la stratégie de l’industrie de l’emballage, relayée par les grands distributeurs. Le message est toujours le même : c’est au consommateur d’agir, de trier, de payer. C’est lui le grand coupable, vu que c’est lui qui “demande” qu’on vende des pommes coupées en sachet plastique!

Non! Y’en a marre de cette hypocrisie, que dis-je, de ce cynisme! Je prends déjà mes responsabilités de consommatrice. J’attends que ceux qui noient le marché de leurs emballages fassent de même. Pas pour redorer leur image, mais sincèrement, en ayant pleinement conscience d’être à l’origine du problème des déchets qui submergent le monde.

Émission de Temps Présent du 8 octobre 2020 “Plastiques suisses, voici ce que l’on vous cache”.

J’en ai vraiment marre. J’en ai marre que tout ce petit monde prenne les consommateurs en otage, parce qu’ils sont pressés et/ou n’ont pas le choix des magasins où ils font leurs courses (on croit souvent que les courses en supermarché, c’est plus avantageux. Mais rien n’est plus faux! Voir cet article de 2018). Oui, comme le dit le porte-parole de Migros à la fin du reportage, c’est bien les distributeurs qui imposent leurs emballages, ce sont bien les distributeurs qui diffusent ces 20’000 tonnes de plastique annuelles (seulement pour Migros, combien pour les autres?). C’est donc à eux de résoudre le problème.

Ainsi donc, on croit être bons élèves en triant nos déchets et nos plastiques. Mais la méprise est immense, à la hauteur des moyens illimités de l’industrie pétro-chimique.
Pas seulement parce que recycler du plastique, ce n’est économiquement pas rentable.
Pas seulement parce que recycler du plastique, ce n’est pas un cercle “vertueux”: en effet, réutiliser du plastique réduit en granulés ne peut se faire qu’une seule fois. C’est donc du “down cycling”. Au contraire du verre et du métal, qui ne perdent pas leurs propriétés durant le processus de recyclage.

La méprise vient de ces petits pictogrammes en triangle aux flèches trompeuses. Saviez-vous que ces pictogrammes, censés nous aiderait à trier, sont un leurre ? Qu’ils ont été inventés par l’industrie du plastique ? Ils ont été inventé alors qu’il n’y avait (et il n’y a toujours pas) de filières de recyclage à l’autre bout (sauf pour le PET). Ces pictogrammes en servent qu’à vous endormir… Inutile de dire aussi que la catégorie 7 est plutôt pléthorique: il existe plus de 1000 sortes de plastiques. Et c’est sans compter sur les matériaux composites, comme cet emballage d’une barre de céréales Nestlé soi-disant en papier, mais où une fine couche de plastique se cache à l’intérieur. Le “coating” comme l’appelle la porte-parole de Nestlé (c’est chic, c’est moderne, mais c’est du plastique quand même) n’empêche pas la multinationale de communiquer en gros, en grand, que son emballage est vert. Mais quelle foutaise!

C’est l’enquête de Laura Sullivan pour NPR.org et PBS Frontline qui le révèle. Son titre est  suffisamment évocateur: “Comment l’industrie pétrolière a menti au public en lui faisant croire que le plastique pouvais être recyclé”. But de la manœuvre: faire croire, prétendre, faire baisser la garde et… augmenter la production et la consommation de plastique. Et nous, pauvres pommes de consommateurs, on consomme en ayant la conscience tranquille!

C’est comme pour nos usines d’incinération. Elles brûlent les déchets (chouette, ils “disparaissent”), tout en chauffant à distance des ménages et en produisant de l’électricité. Nos communes ont donc inventé un système dont elles sont tributaires. Un joli fil à la patte! On oublie un peu vite que les usines d’incinération produisent des déchets très toxiques: ce sont les mâchefers, soit des déchets hautement toxiques issus des filtres des cheminées (puisque nous sommes très sourcilleux quant à la qualité de l’air et des rejets de ces usines). Ces mâchefers sont si toxiques qu’on doit les stocker dans des décharges contrôlées… Et que personne n’en veut!

Les décharges des déchets de nos déchets sont très controversées… Personne n’en veut. L’incinération qui produit ces mâchefers n’est pas la solution à nos déchets.

Ainsi donc Migros a “fait son job” en organisant une filière de récupération des déchets plastiques de type flaconnage. Elles les récupèrent dans des sacs qu’elle fait payer au consommateur. Et elle tente, selon son porte-parole, de rallier à sa cause les communes et les cantons, qui ont le “monopole” de la gestion des déchets (l’ont-ils seulement voulu, ce monopole? A voir ce que cela coûte aux ménages communaux, j’ai comme un doute!).

Ainsi, le prix du flacon est inclu dans le prix du produit, je le paie une fois. Une partie de mes impôts sert à financer la déchetterie de ma commune, je paie une deuxième fois. En mettant ce flacon dans ma poubelle, je paie une taxe en fonction du volume ou du poids de mon sac poubelle, je paie une troisième fois. Et il faudrait que je paie encore une fois en finançant la bonne idée de Migros? Désolée, je dis non. Les alternatives existent. N’en déplaise à son porte-parole, la Migros n’est pas du tout “innovante”.

A ce stade, le bon sens s’impose. En attendant que Coop-Migros-Aldi-Lidl-Manor-Denner aient une véritable volonté de réduire les déchets qu’ils imposent à leur clientèle, évitons de consommer ces emballages plastiques. Retournons chez les petits détaillants ou sur les marchés avec nos propres emballages. Exigeons des grands distributeurs qu’ils vendent leurs produits en vrac, comme le faisait d’ailleurs la Coop avec ses produits Eocoplan, il y a longtemps…

Au lancement de la ligne Eocoplan, la Coop avait pourtant prévu la recharge des produits! Une photo à brandir à ceux qui disent que ce n’est pas possible!

Et si on ne peut pas éviter tous les emballages, restituons-les aux distributeurs. Comment? En laissant sur place tous les emballages inutiles dont on peut se passer. Et en ramenant DANS LES POUBELLES DES GRANDS DISTRIBUTEURS les déchets plastiques autres que le PET. C’est un excellent conseil donné par l’émission A Bon Entendeur de la RTS. Aux pollueurs d’assumer les coûts de leurs déchets. A l’entrée ou à la sortie des magasins, il y a toujours une poubelle ordinaire. Regardez bien !

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