Imaginaires

Caisses-maladie: le ver est dans le fruit

Depuis que je m’agace contre les caisses-maladie, ces institutions qui thésaurisent l’argent de la population sans que ne vienne jamais le moment de le lui rendre, j’ai fini par comprendre ce qui me pose problème. Entendons-nous, je ne connais rien à l’économie de la santé, je ne suis qu’une citoyenne lambda qui fait plutôt dans l’imaginaire, mais je pose une question de principe, et c’est sur le même registre que j’aimerais bien qu’on me réponde.

Si vous faites le choix de posséder une voiture, l’Etat vous impose à juste titre de contracter une assurance, ce que vous ferez auprès d’une compagnie privée. La compagnie en question cherche à faire du profit, c’est tout à fait normal en régime libéral. Personne ne vous oblige à contribuer à ce profit, puisque vous restez tout à fait libre de ne pas vous acheter une voiture.

Dans l’assurance maladie, il en va tout autrement. Vous êtes obligé.e par la loi de faire faire du profit à une entreprise privée. Vous pouvez choisir laquelle, mais à la base vous n’avez pas d’autre option, et par ailleurs vous ne pouvez pas renoncer à vous assurer.

Bien entendu, l’assurance universelle contre la maladie est un pilier de la démocratie. Ce qui me semble clocher dans notre système, c’est qu’il nous contraint par la force publique à soutenir des acteurs privés de l’économie. Or, tout acteur privé de l’économie a pour vocation de soigner ses propres intérêts, contrairement à l’Etat, qui est censé, par le biais de l’impôt, pourvoir aux intérêts de l’ensemble de la population.

Les dysfonctionnements internes du système sont énormes, j’en ai une petite idée mais je ne suis pas compétente pour en discuter. Et le manque de solidarité des caisses en cette période de pandémie est choquant, comme l’affirme l’éditorial du Temps du 10 février. Les garde-fous étatiques sont de toute évidence insuffisants pour garantir la mise en œuvre de cette solidarité. Mais n’y a-t-il pas une ambigüité fondamentale à vouloir inciter à la solidarité des entreprises privées qui ne sont pas faites pour ça ? Le ver est dans le fruit.

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