Imaginaires

T-shirt XXL: le vrai problème

Je suis d’accord, l’obligation faite aux écolières (puisque ce sont bien les filles les principales concernées) de cacher d’éventuels vêtements jugés inadéquats sous un T-shirt couvrant est une forme de stigmatisation sexiste. Je ne comprends pas comment une idée pareille a pu germer dans une société qui par ailleurs s’indigne volontiers de l’imposition du voile aux femmes musulmanes, justifié par le trouble que le corps féminin est censé susciter chez les hommes !

Cela étant dit, ne soyons pas naïves. Le port du short au ras des fesses ou du pull qui découvre le nombril est certes, dans l’esprit des filles qui l’adoptent, une affirmation de leur droit à l’autodétermination face à la société des adultes. Ce besoin de construction de soi, si important à l’adolescence, doit être reconnu et traité en tant que tel, pas stupidement brimé par des mesures punitives. Mais de tels choix vestimentaires sont aussi motivés par le désir de se conformer aux diktats d’une mode hypersexualisée qui fait le beurre de l’industrie de l’habillement et des influenceuses des réseaux sociaux. Ce qui devrait nous inciter à un peu plus de retenue dans l’usage de la notion de liberté comme argument pour s’opposer à ce malheureux T-shirt XXL.

Il faut le dire clairement, ce qui importe, dans cette histoire, ce n’est pas l’interprétation que les garçons peuvent faire d’un décolleté plongeant. S’ils croient y voir une invite sexuelle, tant pis pour eux, il faut les rééduquer, y compris, à mon avis, dans le milieu scolaire. Ce qui importe, c’est le rôle joué par un système commercial qui exploite, lui, sans états d’âme, les stéréotypes sexués, comme il exploite, par exemple, le stéréotype trash des jeans troués.

Il est impératif que les filles restent libres d’adhérer à ces stéréotypes, c’est le seul moyen d’apprendre plus tard à «jouer avec», selon leur personnalité. Mais il faudrait quand même ne pas idéaliser cette liberté, conditionnée qu’elle est par des intérêts économiques qui n’en ont rien à faire de l’autodétermination des un.e.s et des autres.

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