Voici comment on peut distribuer 350 millions à la classe moyenne sans cadeaux fiscaux

Tout le monde dit vouloir défendre la classe moyenne et les familles. Le problème, c’est que dans la réalité, les mesures qui sont proposées par le parlement actuel vont totalement dans l’autre sens. Pour s’en convaincre, il suffit de voir le cadeau fiscal que le parlement vient d’offrir aux  ménages les plus aisés. En se basant sur les chiffres du Conseil fédéral, on peut constater que les 15% des ménages les plus riches auront 250 des 350 millions de francs distribués. Représenté visuellement, c’est assez impressionnant:

On voit bien sur le graphe à quel point l’essentiel des ressources données se concentre sur les plus riches des ménages, et évite soigneusement l’essentiel de la population.

On peut s’écharper pour se demander ce qu’est la classe moyenne, mais on peut considérer que les 70% du millieu sont une bonne définition (déjà plutôt large en réalité). Avec cette définition, on constate que les plus défavorisés touchent zéro francs. La classe moyenne inférieure ne touche rien non plus, et l’essentiel des ménages avec enfants touchent moins de 10 francs par mois… Il faut gagner plus de 150’000 francs bruts pour toucher un soutien, et l’argent est gaspillé pour “aider” des ménages qui gagnent plus de 300’000 francs brut par année, ce qui sort de la définition de classe moyenne.

Il y a pourant une alternative simple, en offrant par exemple un rabais d’impôt identique à tous les ménages avec la même somme, ou encore en augmentant directement les allocations familiales par une subvention fédérale. Regardez à quel point cela bénéficierait davantages à l’ensemble de la population, à la classe moyenne et aux familles:

Le Parti Socialiste a lancé un référendum contre le cadeau fiscal, car il y a une alternative, dans laquelle 80% des ménages seraient gagnants, et tout le monde reçevrait quelque chose. Si le peuple accepte le cadeau fiscal, 350 millions de francs ne pourront plus être utilisés pour aider la classe moyenne, et la plupart des gens n’en verront pas la couleur. Il est donc facile d’accuser la gauche de ne pas vouloir soutenir les familles, mais la réalité est que la gauche souhaite que l’aide bénéficie bien à l’ensemble de la population, plutôt qu’à quelques personnes qui ont objectivement moins besoin de l’aide financière de l’état.

Samuel Bendahan

Conseiller national socialiste vaudois et Docteur en sciences économiques, Samuel Bendahan enseigne à HEC Lausanne (UNIL) et à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), au Collège des humanités et y fait de la recherche. Il est également président de BSC Association, une entreprise organisée sous forme d'association à but non lucratif.

3 réponses à “Voici comment on peut distribuer 350 millions à la classe moyenne sans cadeaux fiscaux

  1. Le catalogue des aides sociales est très large dans notre pays et on s’en félicite. Il faut se rendre à l’évidence; que si la droite ne valide pas les aides sociales il n’y aura tout simplement pas d’aides sociales.

    Plusieurs milliards servent de subventions aux personnes physiques dans les différents cantons. Et les riches n’osent pas ouvrir la bouche.

    Le parti socialiste aurait mieux fait de s’abstenir, car la population aura l’occasion grâce au referendum, de se rendre compte du gaspillage de l’Etat dans certains domaines, sous l’excuse d’aides sociales. Je ne sais plus quel canton alémanique, bénéficiaire de plusieurs millions dans la péréquation, avait dépensé il y a quelques années 400’000.- francs par an sur une seule famille réfugiée puisqu’il fallait plusieurs aidants pour garder les enfants et plusieurs autres pour accompagner les parents à la Migros. C’est l’UDC qui a dénoncé cette situation et le PS semble n’avoir rien vu.

    A noter que les 350 millions viendront diminuer les excédents de la Confédération et ne piétinent sur aucun budget existant d’aides aux familles.

    Rien n’empêche par ailleurs le PS de demander plus pour les familles sans vouloir casser cette récente décision du parlement. Par exemple le paiement par la BNS de toutes les primes d’assurances maladie des enfants qui sont à la charge de leurs parents jusqu’à l’âge de 25 ans.

    Nous attendons avec joie la débat à venir !

  2. J’ai lu avec intérêt votre post – mais vos chiffres sont trompeurs : le salaire de 150’000 francs bruts pour bénéficier de manière substantielle de la déduction supplémentaire que vous combattez est à remettre en perspective : cela correspond au salaire d’un couple marié d’assistants sociaux par exemple – ce sont justement ces familles où les deux parents travaillent à 100% à des salaires proches du salaire médian qui sont écrasées par les frais de garde (35’000 par an à Lausanne en crèche publique pour 2 enfants en tenant compte des subsides) et qui bénéficieront de ces déductions supplémentaires (de 10´000 chf défalquable de l’IFD à 25’000 chf), soit de 700-1000 chf par an d’économies (selon les méthodes de calculs) ce qui n’est pas négligeable.

    Accuser ces familles où les 2 parents sont salariés à 6´500 chf brut par mois d’être des privilégiés cherchant à payer moins d’impôt est scandaleux : elles subissent déjà un effet de seuil qui fait qu’elles bénéficient peu des subsides et paient l’impôt fédéral direct.

    C’est intellectuellement malhonnête de faire croire que ces déductions ne profiteront qu’aux plus riches : le couple marié d’assistant sociaux mentionné en exemple voit son revenu cumulé dans la déclaration d’impôt et se retrouve donc dans les 30% « les plus aisés » que vous accusez de profiter d’une baisse d’impôts injustifiée. Je vous suggère de rencontrer ces familles et vous verrez les difficultés auxquelles elles font face quand plus de 50% du revenu est consacré à l’impôt, aux frais de garde et à l’assurance maladie. Dans la plupart des cas un conjoint, le plus souvent la femme, réduit son temps de travail ou arrête de travailler – Le Référendum du PS contribue donc à cet effet pernicieux alors même que le parti devrait soutenir une politique familiale ambitieuse, a un coût acceptable pour les familles, qui permettre aux femmes de participer à la vie active.

    http://www.estv2.admin.ch/f/dienstleistungen/steuerrechner/2018/vd.php

    L’estimateur fiscal de la confédération permet de passer du salaire brut au salaire imposable et de projeter different scenarios – tous plus favorables à la classe moyenne que ce que votre article laisse penser

  3. Bonjour,

    J’ai laissé un commentaire le 15.10.2019 qui n’a pas été publié, puis-je savoir pour quelles raisons ? En outre après de recherches plus approfondies je voudrai vous signaler que vos estimation chiffrées ci-dessus sont trompeuses: elles ne concernent qu’une des deux modification de la loi, à savoir la déduction générale pour les enfants (de 6’500 actuellement a 10’000 par enfant). Or il y a une autre modification qui prévoit en plus une déduction pour frais de garde par les tiers (de 10’000 actuellement a 25’000 par enfant) : c’est cette modification qui était à l’origine du projet de modification de la loi sur l’IFD, et qui vise précisément à aider les jeunes familles qui paient des frais de crèche très élevés (jusqu’à 40’000 par ans en publique à Lausanne pour 2 enfants) et dont un parent, la femme le plus souvent, est forcé de réduire ou d’arrêter son temps de travail.

    Pourquoi ne chiffrez vous pas la deduction pour frais de garde par les tiers ? Pour les familles concernées, incluant celles de la classe moyenne que vous défendez (par exemple un couple d’assistants sociaux gagnant 6’500 CHF), l’économie d’impôts des 2 mesures se chiffre à plus de 1000 CHF ! (vous pouvez faire le calcul avec l’outil de l’administration fédérale ou Vaud Tax), ce qui est substantiel. Votre argumentaire pour le référendum contre la modification de la loi sur l’ IFD, et celui du PS, cache cette réalité aux jeunes familles de la classe moyenne qui sont asphyxiées par les charges de garde – cela n’est pas digne d’un parti qui par ailleurs prétend promouvoir une politique familiale progressiste qui permette aux femme de participer pleinement à la vie active.

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