Smart Mobility

SMART MOBILITY : les solutions pour la mobilité de demain

La mobilité représente pratiquement 40% des émissions de CO2 émises sur le territoire suisse. Il est donc plus que nécessaire de multiplier les moyens de décarboner ce secteur. Les solutions de Smart Mobility (mobilité intelligente) ne manquent pas et se répandent en Suisse et dans le monde.

Le concept de Smart Mobility (ou mobilité intelligente) s’inscrit dans la logique des Smart Cities  (villes intelligentes) : ces dernières sont connues pour exploiter les technologies de l’information et de la communication (TIC) dans le but d’optimiser leurs opérations, mais aussi d’augmenter la qualité de vie de la population. Elles ont aussi tendance à encourager et exploiter les innovations technologiques qui permettent d’atteindre ces buts. Ces idées et outils, appliqués au thème de la mobilité, donnent lieu à divers projets permettant par exemple d’optimiser la circulation routière, d’améliorer le service de transports publics ou encore de proposer des solutions de mobilité partagée innovantes.

Utiliser la technologie pour une mobilité intelligente

La Ville de Pully, par exemple, utilise les TIC depuis 2015 pour compiler les déplacements des personnes sur son territoire, et ainsi pouvoir améliorer les infrastructures en conséquence. En partenariat avec Swisscom et l’EPFL, les signaux des téléphones portables sont collectés de façon anonyme et permettent ainsi une visualisation en temps réel des déplacements, ainsi qu’une compilation de ceux-ci permettant d’établir, entre autres, des statistiques variées et poussées. Habituellement, on obtient ce type de données en les collectant à une fréquence choisie (tous les 5 ans pour l’agglomération lausannoise), ce qui ne permet évidemment pas une quantité et une qualité d’information aussi utile qu’avec une récolte de données en continu.

 

Exemple de visualisation flux de mobilité générés par les données Swisscom, ici exemple de la ville de Zürich (Source)

 

Le développement et l’utilisation de véhicules autonomes électriques est aussi un sujet récurrent dans les Smart Cities. Ces solutions offrent des possibilités intéressantes pour combler certains manques au niveau de la mobilité, tel que le fameux « problème du dernier kilomètre » (last mile problem). En effet, autant pour la mobilité personnelle que pour le transport de marchandises, le dernier (ou le premier) maillon du trajet est souvent le plus problématique : le transport d’un colis entre un entrepôt et son destinataire par exemple, ou encore le trajet entre le domicile et la gare. Pour adresser cet enjeu, une solution pionnière de navette autonome circulant entre la gare et le centre-ville a été mise en œuvre à Sion entre 2016 et 2021 par CarPostal, transportant 55’000 personnes sur cette période. De nombreuses villes et entreprises, en Suisse et à l’international, ont depuis expérimenté différentes déclinaisons de cette piste. À Saas-Fee par exemple, village sans voitures, un « robot à bagages » autonome a transporté les bagages des touristes entre la gare et leur logement pendant tout l’été 2022, offrant ainsi plus de confort aux voyageurs. Dans une ville avec des voitures, ce genre de solutions permettrait de remplacer un trajet qui aurait probablement été fait en taxi par une alternative bien moins carbonée.

 

Robi, le robot à bagages de Saas-Fee (Source)

 

Dans le but d’éviter l’utilisation de voitures personnelles et de multiplier les moyens disponibles pour chacun, les options de mobilité partagée se multiplient : des dizaines de plateformes et d’applications proposent aujourd’hui le partage (entre particuliers ou via une entreprise) de tous types de trajets et de moyens de transports. Entre (tant d’) autres, Mobility permet la location à la demande de voitures et fourgons de toutes tailles, Publibike met des vélos à disposition dans les villes, Lime des trottinettes électrique, Carvelo2go des vélos cargos, Taxito permet de demander un covoiturage à la minute dans des points définis, Go ! de commander un taxi… Et Whim tente (timidement pour le moment) de compiler toutes ces options dans une seule application ! Aujourd’hui, chaque scénario de partage de véhicule et de transport, ou presque, peut être réservé au moyen d’une plateforme digitale.

Mais pas que !

Mais Smart ne veut pas seulement dire technologique ! Les Smart Cities se veulent aussi intelligentes par leur capacité à répondre aux besoins de leur population de façon astucieuse et ingénieuse, même avec des moyens plus classiques ou à basse technologie. Car une ville intelligente se doit aussi de faire usage de ses ressources de façon durable, et ceci ne pourrait se faire en injectant des solutions techniques, numériques ou connectées à chaque problème. En matière de mobilité, il n’est pas forcément nécessaire de réinventer la roue pour innover.

Pour adresser la problématique du dernier kilomètre pour la logistique de site, citons par exemple les plateformes des transbordement multimodales, qui proposent de centraliser la marchandise à destination du centre-ville dans une seule zone, puis de livrer les colis au moyen de vélos cargos jusqu’à leur destination finale. Ceci permet d’éviter de surcharger le centre-ville de véhicules lourds de chaque transporteur et chaque commerce, améliorant ainsi le trafic, la qualité de l’air, le bruit… C’est le cas par exemple du Microhub Riviera, basé à Vevey, qui dessert pas moins de 20 localités en vélo-cargo depuis 2019.

Fonctionnement du Microhub Riviera (Source)

 

Pour améliorer l’accès à des alternatives de mobilité à moindre impact, comme le vélo ou l’autopartage, on peut notamment citer les solutions proposées par certains quartiers ou coopératives d’habitations : le quartier « Huniziker Areal » de la coopérative Mehr Als Wohnen à Zürich, entre autres, ne se contente pas d’une bonne offre de transports en commun et de pistes cyclables : les locataires des appartements bénéficient aussi automatiquement de l’accès à une « station de mobilité » comprenant des vélos (ordinaires, électriques, cargos) et une voiture électrique. Les personnes y résidant s’engagent d’ailleurs à renoncer à toute voiture privée. Dans la même veine, la CODHA, coopérative genevoise, a développé son propre service d’autopartage pour l’usage des résidents de l’écoquartier de la Jonction.

 

Station de mobilité, Mehr Als Wohnen (Source)

 

Une ville intelligente se devant d’être au plus proche des besoins de sa population et orientée vers la demande, les démarches bottom-up et de co-créations citoyennes sont aussi à souligner. Pour rester sur la thématique du vélo, citons la plateforme Bikeable : cet outil permet aux cyclistes d’indiquer des endroits problématiques rencontrés à vélo, créant ainsi une base de données directement exploitables pour les communes (les Villes de Zürich et d’Ecublens notamment en ont fait l’expérience). L’association porteuse du projet va d’ailleurs prochainement faire évoluer la plateforme pour inclure aussi les problématiques liées à la mobilité piétonne, elle s’est d’ailleurs déjà renommée « Moveable ».

Sans perdre l’objectif de vue

Toutes ces solutions permettent de repenser nos manières de nous déplacer et offrent des moyens ingénieux de modifier nos habitudes. Mais il est essentiel de garder à l’esprit que, pour réduire l’impact environnemental du secteur de la mobilité, l’objectif est d’aller vers moins de mobilité carbonée, et donc aussi vers moins de mobilité tout court (voir notamment notre article publié dernièrement sur la démobilité). Une nouvelle proposition de mobilité devrait donc notamment éviter de remplacer un trajet qui se serait fait à pied ou à vélo par une alternative électrique, qui aura un impact environnemental supérieur. C’est ce qui a malheureusement pu être observé avec l’exemple des trottinettes électriques partagées, dans le cadre d’une étude sur la situation à Paris : leur utilisation remplacerait l’usage de la voiture (individuelle ou partagée) pour seulement 7% des kilomètres qu’elles parcourent…

Ainsi, les projets favorisant les déplacements à pied sont aussi particulièrement importants, bien que cette thématique soit moins souvent exploitée. La Ville de Bâle a par exemple mené un projet pilote visant à fluidifier – et rendre donc plus rapides et plus agréables – les déplacements à pied, en basant la programmation des feux de signalisation sur la circulation piétonne plutôt que sur celle des voitures. En détectant l’approche d’une personne au moyen de capteurs et priorisant leur passage, l’attente est diminuée, voire supprimée, et on évite les situations où les feux passent au rouge pour les voitures malgré l’absence de personne souhaitant traverser.

Être Smart, tout un art !

Une solution technologique n’est ainsi pas Smart par essence, l’enjeu étant donc d’identifier le bon moyen de mobilité pour le bon scénario, adapté aux besoins tout en restant économe en énergie et en ressources. La tâche n’est pas des moindres… Mais de nombreux projets – initiés autant par des collectivités publiques, des entreprises et des mouvements citoyens – se répandent partout en Suisse et dans le monde, offrant toujours plus de scénarios de se déplacer avec un impact moindre mais de façon confortable. L’innovation d’aujourd’hui et de demain se veut résolument Smart : astucieuse, citoyenne et durable !

 

Manon Membrez

Spécialiste durabilité

Romande Energie

Energéticien de référence et premier fournisseur d'électricité en Suisse romande, Romande Energie propose de nombreuses solutions durables dans des domaines aussi variés que la distribution d’électricité, la production d’énergies renouvelables, les services énergétiques, l’efficience énergétique, ainsi que la mobilité électrique.

6 réponses à “SMART MOBILITY : les solutions pour la mobilité de demain

  1. Bonjour,
    Votre article comme ceux qui traitent de ce sujet en général oublient qu’une très grande part de la population n’habite pas en ville, mais à la campagne et que toutes ces mesure considèrent que tout le monde a un arrêt de bus/train/tram quasiment devant sa porte. De plus, toutes ces solutions de co-voiturage et autres considèrent également que tout le monde a des horaires de travail fixe et pas ou peu de changements / correspondance.
    Au final, les villes vont se renfermer sur elles-même excluant les non-citadins d’y accéder par le seul moyen possible de manière raisonnable : la voiture. Même ceux qui veulent faire l’effort de prendre la voiture pour aller à la prochaine gare ne peuvent le faire car les parkings sont doit inexistants ou complets et aux tarifs prohibitifs (souvent 1 à 2 ans d’attente pour un abonnement de parking).
    Ensuite, le vélo peut être ludique et sympa en été, mais en hiver et sous a pluie, imaginez-vous des employés arriver trempés et transpirant devant des clients et collègues ?
    Il n’est pas possible d’avoir une ligne de transports en commun dans chaque rue et l’intérêt des bus et trains est nul voir négatif du point de vue environnemental si ces derniers circules quasiment vides comme je le vois régulièrement. En effet, s’il faut patienter 30 mn pour avoir le prochain train ou bus, vous oubliez, ce n’est pas acceptable.
    Enfin, prenez-vous en compte si les personnes transportent des courses, leurs enfants…
    Les transports regroupent des situation bien plus complexes que les modèles actuelles trop “villes-centric” pour être réalistes.
    Cordialement

    1. Oui vous avez raison, ces solutions sont imparfaites, mais elles vont dans la bonne direction. A l’inverse, développer plus de routes et plus de places de parc pour essayer de fluidifier un trafic automobile toujours grandissant n’est pas réaliste non plus.

      1. Donc vous prônez la contrainte, c’est à dire la dictature écologique dans le but d’arriver à vos fins sans se demander si cela correspond aux besoins et nécessités des gens. Peu importe que vous souffriez de votre hanche ou votre genoux, vous allez devoir marcher ou prendre le vélo ! Peu importe que vous aillez des enfants à prendre à la crèche, pas de choix, peu importe que vous ne puissiez pas stationner à la gare, vous devrez rester chez-vous, peu importe que vous aillez des objets encombrants à transporter, débrouillez-vous autrement…
        Au final on va avoir de plus en plus de bus et trains qui vont circuler vides ou avec 2 ou trois personnes en dehors des heures de pointe, mais cela ne dérange personnes surtout que ces derniers vont polluer comme 50+ voitures… sans servir à quiconque.
        Un peu de réalisme dès lors que l’on regarde la question plus globalement serait appréciable, car la vie n’est pas une moyenne, mais une somme de cas particulier qui ne feront jamais un cas général ou en moyenne.

    2. Ne pas tomber dans le piège de la solution magique qui fonctionnera pour tout le monde… Bien sûr que les solutions de déplacements personnels ne seront pas les mêmes pour une personne en ville qu’à la campagne, et il ne me semble pas que cet article y prétende… Par exemple, l’exemple mentionné de “Taxito” est destiné aux personnes dans des zones rurales cherchant un covoiturage, mais ne s’applique pas pour une personne en ville bien sûr.
      Rappelons que pour aller jusqu’à la gare, il n’y a pas que la voiture et son parking difficile ! Il y a les deux roues, les véhicules électriques légers, le covoiturage… Certes c’est un changement d’habitudes, mais pour diminuer nos consommations de ressources, il faudra bien aussi faire l’impasse sur certains conforts, c’est une réalité autant en ville qu’en dehors.

  2. C’est toujours étonné par les arguments selon lesquels les gens sont bien obligés d’utiliser une voiture pour leurs déplacements. Il y a toujours un objet encombrant à transporter, des personnes âgées à accompagner, des enfants à accompagner, des personnes ne pouvant ni marcher ni pédaler, etc. Pourtant quand je regarde le traffic, je vois surtout des personnes d’âge moyen en bonne santé et seules dans leur véhicule. Où sont donc toutes ces personnes obligées d’utiliser une voiture?

    1. Ouvrez les yeux, allez voir les commerçants en centre ville. Parlez à des personnes âgées ou qui ont un handicap ou ont eu un accident/blessure… ne prenez pas votre cas pour une généralité.
      Une fois les enfants déposés à l’école, je suis seul pour aller au travail. En voiture c’est 35mn et bus+train avec 3 changements c’est 2h30 si les changements se font sans retard, soit 5h par jours…. Vous passez 5 h par jour au lieu de 2×35 minutes? Moi non….

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