maison écologique

Tour de Suisse des maisons écologiques

De nombreux architectes, entrepreneurs et propriétaires s’impliquent pour concrétiser des projets immobiliers durables. Nous vous proposons un petit tour d’horizon en Suisse pour partir à la découverte de logements qui se distinguent du point de vue écologique.

Bâtir son logement, quel beau projet. Et quel projet encore plus beau si l’on parvient à combiner la construction de son nid avec les impératifs durables qui s’imposent à notre époque. En Suisse, plusieurs maisons se distinguent par l’emploi de matériaux écologiques, l’élaboration de systèmes d’isolation novateurs ou encore l’utilisation d’énergies renouvelables locales pour tendre à l’autonomie. On vous emmène pour un petit tour de Suisse afin de vous faire découvrir des maisons inspirantes et leurs concepteurs, voire leurs habitants.

Forel, Les Planches (Fribourg)

C’est une maison plutôt simple en apparence, tant par sa couleur grise que par sa volumétrie. Une simplicité qui lui permet cependant de très bien s’intégrer dans le contexte rural fribourgeois où elle se trouve depuis 2019. Implantée entre des bâtisses et des fermes authentiques, non loin du lac de Neuchâtel, cette villa familiale été construite selon des techniques architecturales et constructives des plus récentes, notamment sur le plan écologique.

La maison, conçue par Lutz Architectes – un bureau connu en Suisse pour son architecture durable – est bâtie sur une ossature en bois. L’ouvrage est en outre certifié Minergie-P, une distinction qui certifie la plus haute efficience énergétique. Particularité : son isolation repose sur l’utilisation d’un matériau écologique performant. Dans l’enveloppe, on trouve ainsi 40 cm d’isolation à base de laine de bois. Une configuration qui permet d’obtenir, à épaisseur de paroi équivalente, une plus haute performance en matière d’isolation qu’en recourant à du béton.

Autre astuce ingénieuse à relever : l’orientation de la maison. Un positionnement stratégique qui, couplé à la très bonne isolation du bien, permet d’économiser 60% de l’énergie nécessaire au chauffage de la maison. Les besoins énergétiques, pour chauffer la maison et l’eau sanitaire, sont couverts par des capteurs thermiques intégrés dans une zone de la façade exposée au sud. En cas de mauvaise météo, un poêle à bois hydraulique suffit à remplacer le dispositif ingénieux (n.d.l.r. ces poêles permettent de chauffer de l’eau, que l’on distribue dans un réseau de radiateurs ou alors dans le sol, en passant par un ballon tampon, ils peuvent aussi chauffer l’eau sanitaire). Considéré dans son ensemble, ce système d’isolation et de chauffage permet de garantir que la température intérieure ne descende pas sous la barre des 15 degrés, même après deux semaines de froid. Sur le toit, des panneaux solaires fournissent l’électricité nécessaire et permettent à la famille de vivre en quasi-autonomie. Un système de récupération d’eau de pluie pour les toilettes et le jardin permet en outre d’économiser une grande quantité d’eau potable.

Architecte engagé 

Établi à Fribourg, le bureau Lutz Architectes se distingue dans le domaine de la construction écologique en explorant les limites des matériaux et des techniques pour créer les maisons les plus efficientes possibles. Fondée il y a quarante ans par Conrad Lutz, la société compte actuellement une quinzaine d’architectes.

Copyright : Lutz Architectes / Corinne Cuendet, Clarens.

 

Nax (Valais)

 

Bâtie en 2014, cette maison exemplaire d’un point de vue énergétique constitue un des premiers ouvrages vitrines élaborés par le concepteur Thomas Büchi après le Refuge du Goûter. Une construction astucieuse, qui permet à son créateur et propriétaire de bénéficier d’une maison qui produit deux fois plus d’énergie qu’elle n’en consomme. Une excellente performance, notamment obtenue grâce à la configuration si particulière de sa façade.

Copyright : Christophe Voisin

« Nous avons utilisé des façades dites actives, bois et verre », évoque le maître charpentier Thomas Büchi, fondateur du bureau d’ingénieurs Charpente Concept. « Il s’agit de murs constitués de lamelles de bois disposées en dents de scie recouverts d’un panneau de verre. Entre ces deux matériaux, nous laissons un petit espace de quelques centimètres. Grâce à la lumière du soleil, on obtient un effet de serre et la chaleur s’accumule durant toute la journée dans les parois. À la nuit tombée, la chaleur est restituée dans le logement. Pour l’isolation, nous utilisons de la fibre de bois. Un matériau qui restitue très bien la chaleur à l’intérieur de l’habitat et possède des caractéristiques acoustiques intéressantes. »

Grâce à ce procédé, il a ainsi été possible de diviser par trois les besoins énergétiques relatifs au chauffage par rapport à une construction qui aurait été bâtie selon les normes légales en vigueur en 2014. En outre, 90 m2 de panneaux photovoltaïques disposés sur la toiture alimentent une pompe à chaleur et produisent un surplus d’électricité. Le courant fourni correspond à environ 7500 kWh par an, soit l’équivalent de 40 000 km d’autonomie pour une voiture électrique.

Copyright : Christophe Voisin

À l’intérieur, derrière la baie vitrée offrant une vue imprenable sur les chaînes de montagnes des alentours, l’efficacité de la façade active se fait ressentir tout au long de l’année. Une sonde géothermique de 90 mètres de profondeur a également été installée, permettant ainsi d’obtenir une température agréable pour les occupants. Un dispositif qui nécessite normalement d’aller jusqu’à 120 mètres sous terre avec deux sondes dans le cas d’une maison classique. Au final, le système offre également la possibilité de ne jamais dépasser les 24 degrés durant les chaleurs estivales grâce au rafraîchissement obtenu en inversant la pompe à chaleur en « geocooling ».

Un tout petit peu plus cher qu’une construction classique, le chalet est revenu seulement 3% plus coûteux qu’une maison traditionnelle. Un petit excédent rapidement amorti si l’on considère les économies d’énergie dont l’habitant bénéficie par la suite. La manière de construire ce type de logement engendre en outre un autre avantage : le gain de place. Grâce aux façades actives, d’une épaisseur de 28 cm, les occupants gagnent jusqu’à 15% de surface habitable.

Autre particularité du logement à relever : la maison est entièrement construite en respectant des proportions harmonieuses basées sur le nombre d’or. Une géométrie « sacrée », se retrouvant aussi dans le corps humain, qui a été utilisée à travers les époques et les civilisations, notamment afin de bâtir cathédrales et pyramides.

Copyright : Christophe Voisin

Concepteur avant-gardiste

Thomas Büchi, maître charpentier, a fondé le bureau Charpente Concept, spécialisé dans l’ingénierie et le design, en 1991. Son domaine de spécialisation concerne notamment la conception de bâtiments à énergie positive ainsi que la valorisation du bois. L’entreprise compte déjà de belles réalisations à son actif, dont certains ouvrages figurent parmi les plus emblématiques en matière de durabilité et d’ingéniosité, voire de message porté : le refuge du Goûter au Mont-Blanc, la célèbre sculpture Broken Chair située en face de l’ONU à Genève mais aussi le Palais de l’équilibre au CERN, également à Genève.

 

Thomas Pfefferlé

Journaliste innovation

Romande Energie

Energéticien de référence et premier fournisseur d'électricité en Suisse romande, Romande Energie propose de nombreuses solutions durables dans des domaines aussi variés que la distribution d’électricité, la production d’énergies renouvelables, les services énergétiques, l’efficience énergétique, ainsi que la mobilité électrique.

2 réponses à “Tour de Suisse des maisons écologiques

  1. Une maison individuelle n’a rien d’écologique, c’est le contraire au vu du terrain occupé pour quelques personnes.

    Parler de projets architecturales qui se veut moins impactant, j’accepte, mais pas le terme écologique.
    Les écolos qui se construisent une maison, c’est pire que des écolo en SUV.

    1. Probablement vrai…
      néanmoins devant l’inaction généralisée difficile d’en vouloir à ceux qui souhaitent s’éloigner de nos villes en perdition.
      Concernant la pique contre les “écolos en SUV”, ils n’existent pas. Se dire écolo et être écolo il y a un monde qui sépare les deux, on ne qualifierait pas de socialiste un banquier d’affaire qui investi dans les matières premières, pourquoi faire autrement pour l’écologie?

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