L’Europe avance, que fait la Suisse?

Suisse-UE: les jeunes en paieront le prix, une nouvelle fois

D’après-vous, quel est le point commun entre ces trois événements?

Dans les trois cas, les jeunes en ont payé le prix. Dans les trois cas, le résultat d’un vote populaire s’est retourné contre les générations futures, les privant d’opportunités et perspectives auxquelles elles et ils aspiraient.

Quelques jours après le «dimanche noir» de 1992, des milliers de jeunes se sont retrouvés sur la Place fédérale pour montrer que leurs convictions proeuropéennes subsistaient malgré le non à l’EEE. Leur déception fut grande, comme le rappellent ces images d’archives. Le mouvement «Nés un 7 décembre» est d’ailleurs lancé le lendemain de la votation. En 2014, le camp du non à l’initiative «contre une immigration de masse» était majoritaire parmi les 18-29 ans (cf. analyse VOX). Ces derniers se sont toutefois peu mobilisés. Le réveil fut rude, notamment pour les étudiant∙es qui n’ont soudainement plus eu accès au programme européen d’échanges Erasmus. Au Royaume-Uni, ce sont 66% des 18-24 ans qui ont voté pour le maintien dans l’Union européenne (cf. Le Figaro). Mais là encore, cela n’a pas suffi.

L’accord institutionnel en échec?

Aujourd’hui, en Suisse, les décideurs et décideuses politiques semblent sur le point de faire fi de ces expériences passées – elles et ils seraient prêt∙es à «couler» le projet d’accord institutionnel négocié avec l’Union européenne. Y renoncer, que ce soit du côté du Conseil fédéral ou des partis gouvernementaux, serait une grave erreur pour la Suisse et une claque magistrale pour les jeunes de notre pays.

Une grave erreur

Cet accord est la clé d’un accès au marché européen sécurisé, la clé pour des coopérations et accords additionnels. Il est toutefois aussi la clé pour de nouvelles perspectives en matière de politique européenne, en apportant la stabilité nécessaire à la relance d’un débat ouvert, fondé, constructif et sans tabou sur le futur des relations entre la Suisse et l’Union européenne. Un débat essentiel et qui n’exclurait aucun scénario, adhésion à l’Union européenne comprise. L’«accord clé» ne ferme ainsi aucune porte et nous permet d’envisager notre avenir de manière confiante et sereine. Le jeter aux oubliettes serait dès lors irresponsable – une grave erreur.

Une claque magistrale

L’abandon de l’accord institutionnel serait une claque magistrale pour les jeunes parce que ce dernier ouvre justement des perspectives aux prochaines générations en Suisse et leur donne la possibilité de façonner leur futur européen. Elles et eux auront à assumer les conséquences de nos politiques sociales, environnementales, fiscales ou encore économiques. Elles et eux devront faire aux tensions géopolitiques à venir, aux défis de la digitalisation ou aux effets du changement climatique. Renoncer à cet accord reviendrait à dire à ces jeunes: «Tant pis si les réponses, dans notre monde globalisé, demandent plus de coopération, plus de solidarité et plus d’Europe. Nous préférons scier la branche sur laquelle nous sommes assis∙es, en toute connaissance de cause, convaincu∙es que nous préserverons ainsi une souveraineté et une indépendance qui n’existent pourtant que dans notre imaginaire.» Ou comment leur claquer au nez la porte d’un avenir européen.

Alors les jeunes (et moins jeunes!), n’attendez pas. N’attendons plus!

Quitter la version mobile