Exploration spatiale

Le droit aux voyages spatiaux est aujourd’hui passé dans le domaine public

Après un voyage de 12 minutes qui les a hissés jusqu’à 107 km d’altitude, Jeff Bezos et ses 3 compagnons sont revenus se poser sains et saufs sur la base de Van Horn à l’Ouest du Texas.

C’était un beau vol, bien dans l’esprit créatif, optimiste et entrainant des Américains « de toujours », comme je les aime. Cela console du spectacle lamentable des actions négatives, pessimistes et destructrices du mouvement woke et assimilés, d’autres Américains que je n’aime pas du tout. Il était très émouvant de voir ensemble les deux frères Bezos, Wally Funk qui toute sa vie avait rêvé d’aller dans l’espace et qui a été invitée in extremis à le faire, ainsi que le jeune Oliver Daemen,18 ans auquel son père, Joes, PDG et fondateur du hedgefund Somerset Capitol Partners, a offert le voyage.

Cet événement m’est sympathique à plusieurs titres. D’abord les deux frères Bezos ont eu le courage de faire partie du premier vol habité de la fusée (voulue et financée par l’ainé, Jeff). C’est l’attitude responsable de personnes qui assument les risques qu’elles proposent à d’autres de prendre. Ensuite le cadeau fait par Jeff Bezos à cette femme, Wally, qui aurait mérité cent fois d’être une véritable astronaute si les années 1970 n’avaient été si machistes aux Etats-Unis, est un bel hommage réparateur. Encore le cadeau d’un père à son fils qui est passionné par l’espace depuis qu’il est « tout petit » (même s’il n’est toujours pas très vieux !) est un magnifique geste d’amour paternel. Enfin prendre ensemble à bord la personne la plus âgée et la personne la plus jeune qui aient jamais volé et dont la somme des années atteint 100 ans, soit en km l’altitude qu’il fallait franchir, est un très beau symbole pour le départ d’une nouvelle aventure.

Car ce petit vol de rien du tout (un peu mieux que celui de Richard Branson tout de même), un tout petit saut de puce jusqu’à la porte de l’espace, est bel et bien le début d’une grande aventure, celle du vrai tourisme spatial. Il ne s’agit plus désormais d’avoir « quelque chose à faire » dans l’espace, au titre de spécialiste, scientifique ou ingénieur, pour avoir la possibilité de le faire, mais simplement d’en avoir envie et de pouvoir se le payer ou se le faire payer. Certes quelques rares touristes sont déjà allés dans l’espace à titre privé puisqu’on en compte 7 qui ont séjourné dans l’ISS à côté de quelques personnalités comme Bill Nelson le nouvel administrateur de la NASA. Mais ces touristes étaient admis par exception dans un milieu qui a priori n’était pas conçu pour eux, comme d’autres civils peuvent être admis par exception à séjourner sur un navire militaire. Ce qui est nouveau aujourd’hui c’est qu’un vrai tourisme s’annonce en dehors des cadres institutionnels, une affaire privée comme une autre.

On ne pourra plus arrêter ce mouvement porté par l’opinion. Il y a des centaines de candidats sur liste d’attente, aussi bien chez Virgin Galactic que chez Blue Origin. Bientôt (je suis confiant !) une fusée plus puissante, la New Glenn, lancera sur orbite (et non plus sous-orbite) des « civils » clients de Blue Origin. Dès septembre de cette année, Elon Musk, qui a techniquement de l’avance sur ses concurrents car il dispose déjà du lanceur Falcon et de la capsule Dragon, offrira un « tour du monde en 90 minutes » à quatre clients. Ensuite « nous » irons plus loin. Comme l’a dit Jeff lors de la conférence de presse après vol, « Next stop on the Moon, Wally » ou encore « Big things start small ». Le droit à l’espace pour tous est aujourd’hui confirmé et cela permet d’anticiper que le tourisme pourra être une source essentielle pour atteindre la profitabilité des bases sur la Lune et sur Mars. De ce fait les implantations humaines sur ces astres pourront mener à bien pour des coûts raisonnables toutes sortes de missions scientifiques d’intérêt général.

A l’attention des grincheux écolos qui liraient ce blog, je signale que le lanceur New Shepard brûle de l’hydrogène dans l’oxygène et rejette donc…de l’eau (a priori propre !).

Illustration de titre : capture d’écran de l’atterrissage de New Shepard Crew Capsule.

A noter qu’au cours de ce vol la capsule a été propulsé activement jusqu’à 190000 pieds (57,91 km), zéro g a été atteint à 231400 pieds (70,53 km) et l’altitude maximum atteinte a été de 351210 pieds (107 km).

Lien : https://www.blueorigin.com/

Pour plus de détails sur la limite de Kerman et le tourisme spatial voir mon article précédent (du samedi 17 juillet):

Le tourisme spatial c’est la réduction du coût de l’accès à l’espace, y compris pour l’exploration

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