Quand l’IA invente… et brevette

On connaissait les IAs “journalistes” ou encore l’art assisté par l’IA, cela avait notamment contribué à se poser la question: les systèmes d’IA peuvent-ils inventer? Anathème pour les plus humanistes, révolution pour les plus technophiles.

Au début du mois, la Cour fédérale australienne a considéré que ces systèmes d’IA peuvent bel et bien inventer et qu’ils en ont même, tenez-vous bien, le droit. A l’instar d’un humain qui cherche, crée, invente, un système d’IA peut être nommé comme inventeur à proprement parler dans une demande formelle de brevet.

Cette décision, bien qu’elle ne soit pas définitive (elle fera probablement l’objet d’un appel de la part du commissaire australien aux brevets), constitue à coup sûr un développement intéressant dans le domaine de l’IA et de la protection des brevets.

L’IA protagoniste dans cette affaire est surnommée #DABUS (pour Device for the Autonomous Bootstrapping of Unified Sentience) par son créateur. Ce dernier avait eu moins de succès à faire reconnaître la maternité de l’invention dans d’autres juridictions: les autorités européennes et américaines avaient en effet rejeté les demandes de brevets dans lesquelles elle (ou il?) était nommée inventeur, précisément parce que ces autorités considéraient que seules les personnes physiques peuvent être nommées inventeurs.

Alors, un système d’IA devrait-il avoir le droit d’être nommé inventeur? Si non, qui devrait alors être nommé inventeur d’une invention effectivement découverte par une IA: le programmeur? le propriétaire? la personne qui a fourni les données de base? toutes ces personnes à la fois? Plus important encore, à qui devrait appartenir une telle invention? Il semble admis, du moins pour l’instant, que ce ne devrait pas être le système d’IA. Mais alors qui? et sur quelle bases légales?

 

 

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Les immigrés innovent ne vous en déplaise!

Le 14 septembre dernier, Le Temps publiait un article sur les résultats d’une étude issue du Collège de Management de l’EPFL. Celle-ci met en lumière la forte contribution des inventeurs immigrés en Suisse à l’innovation du pays à travers le dépôt de brevets.

Citons: “Près de 30% des inventeurs travaillant et déposant des brevets en Suisse durant la période 2002-2015 sont titulaires d’un permis B, C, L ou G. […] Cela fait de la Suisse l’un des quatre premiers pays au monde en termes de proportion d’inventeurs immigrés, aux côtés de l’Allemagne, du Royaume-Uni et des Etats-Unis.

Remettre en cause la relation de cause à effet entre la force créatrice – des idées aux emplois – et la contribution des inventeurs immigrés à l’innovation (et donc à l’économie) relève d’une conviction politique, pas de faits.

Ce débat fait régulièrement rage aux USA, grand pays de l’immigration qui se retrouve empêtré dans des considérations similaires à intervalles réguliers. Il convient de rappeler qu’au pays de l’Oncle Sam, les immigrés contribuent également de façon très conséquente à faire croître l’économie via leur contribution à l’innovation nationale. Les récentes recherches du Prof. Daniel Kim de l’Université de Wharton, une référence dans le milieu économico-entrepreneurial, indiquent que “les immigrés aux USA créent bien plus d’emplois qu’ils n’en prennent, principalement parce que beaucoup d’entre eux sont plus enclins à lancer des entreprises qui créent ensuite beaucoup d’emplois.” Au niveau des statistiques, les immigrés représentent environ 15% des travailleurs aux USA et ont 80% de chances en plus de devenir entrepreneurs que les travailleurs autochtones.

Une myriade d’organisations telles que les investisseurs One Way Ventures basés à Boston ne s’y trompe pas en prenant le parti de soutenir les entrepreneurs étrangers sur sol américain. Il s’agit plus qu’une conviction mais bel et bien d’une réalité économique que l’on ne peut reformatter au gré de ses convictions politiques. Si jamais il vous fallait des arguments pour voter prochainement sur un certain objet…