Avant d’accueillir Wali, je m’étais promis une seule chose : « Il ne faut pas avoir d’attente particulière ». C’était simplement pour éviter toute déception. Il fallait d’abord voir comment nous allions cohabiter, sans se poser trop de questions. D’ailleurs, avec cette façon de faire, tout se passe bien.
A la maison, Wali partage tous ses repas avec ma famille. Parfois, il nous cuisine des plats afghans comme le kabuli, une recette à base de riz, agneau, oignons, carottes, raisins secs et plusieurs épices. C’est magnifique de le voir se donner du mal en cuisine pour nous. A l’inverse, il découvre les plats plus locaux donc c’est donnant-donnant ! Et nous parlons beaucoup, peut-être parfois trop pour lui, mais toujours en français. Il ne comprend pas tout ce que l’on dit or cela l’aide beaucoup à apprendre, notamment quand on lui réexplique. De toute façon, on peut toujours passer par l’anglais car il le parle bien.
Chaque jour, Wali doit avancer dans sa nouvelle vie. Il est arrivé en Suisse en 2015, mais l’intégration est longue. Très vite, j’ai compris qu’il était très combatif. C’est sûrement son caractère et son voyage qui lui ont donné la volonté de s’en sortir. Maintenant qu’il est en Suisse, ce ne sont pas des cours de français qui vont le démotiver. Alors trois fois par semaine, il va en classe. Quand il est à la maison, il révise pendant de longues heures pour atteindre un meilleur niveau qui lui permettra de travailler. D’abord, lui souhaite pouvoir passer en cours intensif, à raison de cinq jours d’études par semaine.
En plus, il s’interroge sur le métier qu’il pourra exercer. Il n’est pas naïf et sait bien qu’il ne pourra pas trouver le job de ses rêves comme un jeune romand qui a eu le choix de ses études. Même s’il y a des réfugiés qui suivent des cours à l’Université (exemples à lire à Genève et à Zurich) ou sont en apprentissage, Wali n’y pense pas. Pour l’instant, il touche un petit peu d’argent car il est aidé par le canton, mais son but n’est pas d’être en permanence assisté. Tôt ou tard, il espère travailler et gagner sa vie. Il a un peu d’expérience car il était responsable administratif d’une école de l’Aga Khan Foundation en Afghanistan et y faisait des remplacements de cours d’anglais. Cependant, il s’est vite posé la question : qu’est-ce que ça vaut en Suisse ? Actuellement, il attend une réponse pour un petit job dans un restaurant. Cette attente, cette incertitude, cela fait partie de son quotidien.
Dites bonjour à Wali de la part de Carol (bénévole chez EVAM). Je l’ai reconnu en lisant votre récit! Nous sommes également famille d’accueil (depuis 15 mois, M. d’Alep). C’est intéressant pour moi de lire votre expérience. J’ai souvent eu envie de tenir un blog, mais ça ne se fera probablement pas.
Bonjour Carol, je vais transmettre le message à Wali!