Des ailes et des hélices

Nouvel avion de combat, les enjeux

412896217

 Notre nouveau ministre de la défense Monsieur Guy Parmelin a débuté ce printemps les travaux préparatoires pour évaluer un nouvel avion de combat. L’occasion de faire le point la bataille qui se prépare. Cette bataille est d’autant plus importante qu’elle concerne l’avenir de notre aviation militaire et de la souveraineté de notre espace aérien.

Les prétendants :

En ce qui concerne la phase préliminaire de l’étude en vue de l’achat du nouvel avion de combat, les avions en concurrence seront très probablement les suivants :

Saab JAS-39 Gripen E MS21/22.

Lockheed-Martin F-35A « Lightning II » BlockF3.

Lockheed-Martin F-16 Viper Block80/85.

Boeing F/A-18 E/F « Super Hornet ».

Dassault Rafale F-3R.

Airbus DS Eurofighter « Typhoon II » T3.

Si l’ensemble de ces aéronefs pourra répondre aux besoins techniques du cahier des charges, il n’en va pas de même en ce qui concerne les prix à l’achat et à l’heure de vol. Les différences sont importantes d’un avion à un autre. De plus, le niveau d’adaptation des chaînes d’assemblage ne sera pas le même pour tous. Hors il faudra que celle-ci s’adapte vite en raison de l’urgence de nos besoins, soit une livraison planifiée pour 2025. Bref, il sera intéressant de voir lesquels des appareils pourront concourir jusqu’au bout. A noter, que trois avionneurs ont confirmé être sur les rangs à ce jour, il s’agit des européens Saab (Suède) et Airbus DS et de l’américain Lockheed-Martin.

Un choix lié aux finances ?

Les Forces aériennes suisses ont exprimé une nécessité d’acquérir 50 à 55 nouveaux avions de combat pour équiper cinq escadrilles. Ce chiffre doit permettre d’assurer l’ensemble des missions en temps de paix et lors de tensions éventuelles. Rappelons qu’en temps de guerre, il faudrait augmenter la dotation minimale de 60 à 70 aéronefs au moins.

Dans un monde parfait, le DDPS devrait pouvoir compter sur une enveloppe de 10 milliards de francs suisses pour pouvoir choisir à loisir le type et le nombre suffisant de son prochain avion de combat. Mais la réalité est tout autre. On ne connaît pas à l’heure actuelle le montant exact qu’il sera possible d’allouer au programme d’achat des deux tranches d’avions de combat. Les bruits de couloir parlent d’un montant maximum de  « 7 milliards, soit 4,7 pour la première tranche et 2,3 milliards pour la seconde ». Ces chiffres sont donc théoriques pour l’instant. Pourtant, ils sont intéressants en ce qui concerne une première projection de ce qui nous attend.

Prenons l’exemple de l’Inde qui a négocié l’achat de 36 avions de combat Rafale auprès du gouvernement français pour une enveloppe d’environ 8 milliards d’euros, soit près de 8,7 milliards de nos francs. Cet exemple, bien qu’imparfait, nous montre l’ampleur du problème indépendamment des offres de chaque avionneur. Nous sommes très loin du nombre d’avions exprimé par les Forces aériennes et très au-dessus de notre estimation de budget théorique. Sans oublier que pour les aéronefs les plus volumineux (Rafale, Eurofighter, Super Hornet), il faudra compter sur l’adaptation des infrastructures de deux à trois aérodromes, soit un surcoût d’environ 350 millions de nos francs.

La réalité terrain 

C’est ainsi que l’avionneur américain Lockheed-Martin n’a pas caché l’idée de présenter une double offre, l’une avec le très cher F-35A « Lightning II » (environ Chf 135 millions par appareil) et la seconde avec une nouvelle variante de son célèbre F-16 dont le prix serait particulièrement attractif. L’offre pourrait porter sur le F-16 « Viper » Block80/85 qui reprendrait certaines fonctions développées sur le F-35.

Si l’on regarde y regarde de plus près trois appareils sont grosso modo dans nos moyens avec un prix par avion qui varie de Chf 70 à 80 millions, il s’agit du Gripen E, du Super Hornet et du F-16 « Viper ». Avec ces trois appareils, on peut envisager une flotte d’environ 46 à 49 appareils, voir un peu plus selon les réductions obtenues des avionneurs et ceci pour une enveloppe toujours théorique de 7 milliards de nos francs.

Il faudra également tenir compte en matière de finance du coût de fonctionnement (heure de vol) du futur avion de combat. Les avions les moins gourmands en matière de maintenance auront là aussi les meilleures chances. Alors, les aéronefs moins chers seront-ils avantagés par cette nouvelle évaluation ? Il y a de forte chance.

Un avion raisonnable qui correspond à nos moyens

A l’évidence, si le montant final disponible pour l’achat s’avère inférieur à nos 7 milliards de référence théorique, le choix en sera d’autant plus limité que le nombre final d’avions. Si chacun d’entre nous a en lui sa petite préférence en matière d’avions de combat, il est certain aujourd’hui que la marge de manœuvre en terme de choix et de nombre d’avions reste intimement liée aux limites du budget disponible. Ceci est d’autant plus vrai que les Forces aériennes devront également acquérir d’autres systèmes d’armes prochainement. Nul doute, que les prochains mois vont être particulièrement intéressants.

 

Quitter la version mobile