Moi, Sepp Blatter, je me marre. A 77 ans et bourré aux as, j'ai survécu à tellement d'accusations de corruption au cours de mes 32 ans passés à la FIFA que suis devenu du vrai Teflon: toxique, mais rien ne me colle aux basques ! Alexandra Wrage, une de nos conseillères externe en matière de corruption, démissionne et m'accuse d'être un pourri ? Et alors ? Elle accuse le Conseil fédéral de nous laisser faire ce qu'on veut, quand on veux et à qui on veut ? Elle n'a pas tort, mais ce n'est pas Ueli Maurer et son département "défense, protection de la population et sport" qui va secouer le cocotier. De toutes façons, elle s'est exprimé en anglais et il n'a sans doute rien compris !
Donc, au prochain congrès qui se tiendra fin mai à l'île Maurice (pourquoi irions-nous en Albanie ?), tous feront comme d'hab et approuveront ce qu'on leur demandera d'approuver.
Le succès de ma réussite ? Comme j'aime bien l'Hebdo, je vais vous livrer quelques secrets.Tout d'abord, il s'agit d'apprendre avec les meilleurs. Et là, j'ai été gâté: Joao Havelange, mon prédécesseur, était le king. Certes, il vient de démissionner de son poste de Président d'honneur de la FIFA, accusé d'avoir touché des dizaines de millions de dollars de pots-de-vin de ISL, qui gérait l'attribution des droits télévisés pour la Coupe du Monde. Mais il s'en tamponne: il a 96 ans, vit au Brésil et a donné son nom au stade dans lequel auront lieu les cérémonies d'ouverture de la Coupe du Monde de foot de 2014 et des Jeux Olympiques de 2016. Pas mal, non ?Secrétaire général sous ses ordres, j'ai appris les coups les plus tordus et l'art de se ficher éperdument de ce pense le monde extérieur.
Il convient ensuite de bien maîtriser le "carotte-bâton". Donc, à se montrer très très généreux avec les gentils (qui font ce qu'on leur dit) et à punir sévèrement les méchants. C'est assez fastoche quand on dirige une organisation qui a un milliard de francs en banque…
Troisième volet: se mettre autant que possible les media et les journalistes sportifs dans la poche. Ayant naguère été moi-même journaliste sportif, je connais la musique: après tout, qui c'est-ce qui distribue les accréditations et les billets gratuits ? C'est bibi ! Ne soyez donc pas surpris par l'impressionnant silence médiatique qui a accueilli les déclarations de Mme Wrage…
Enfin, ne jamais avouer quoi que ce soit et se montrer "surpris et choqué" de voir comme les gens sont méchants et jaloux. Un exemple: quand le Président de ma commission anti-corruption (sic) a expliqué aux media ce que nous devrions entreprendre pour éradiquer la corruption, je me suis déclaré "surpris". Sans entrer sur le fond, j'ai déclaré "nous avons fait appel à des conseillers pour nous faire des recommandations. Or, ils outrepassent leur mandat en voulant nous imposer des décisions". Pas mal, hein ? Comme quoi, un roquet qui aboie n'empêche pas la caravane de passer !
Bon, ces jours, c'est un peu la m… le FBI termine une longue enquête sur nos décennies de corruption et de dessous de table et cela commence sérieusement à sentir le roussi. Mais le moral est bon. Comme naguère J. Edgar Hoover, le fondateur du FBI, j'ai des dossiers sur plein de beau linge et si je saute, ça fera un super feu d'artifice ! Après les banques et le négoce, il faudra bien tout l'or de la Banque Nationale pour redorer le blason de la Suisse, dont les 7 sages ont joué aux 3 singes: rien vu, rien entendu, rien dit.
Vous croyez que j'exagère ? Alors cliquez sur les liens ci-dessous. Vous avez largement de tout lire pendant les mi-temps des matches de la Ligue des Champions de l'UEFA de cette semaine !
http://www.reuters.com/article/2013/03/27/us-usa-fbi-soccer-idUSBRE92Q11820130327
Et ne manquez pas les pages 8 et suivantes la de Revue Suisse:
http://www.revue.ch/files/CHF_0212_001_032_LOW-RES.pdf