Economie libérale? Mon c…!

 

"C'est grâce à une économie libérale que la prospérité et le filet social sont possibles en Suisse", affirme pompeusement "succèSuisse", une association dont l'objectif est de "rassembler les forces libérales qui s'opposent aux visions de certains qui souhaitent compromettre notre prospérité et notre sécurité sociale". Oh! que c'est bien dit! Brrr!!! Cela fait froid dans le dos de savoir qu'il y a dans notre beau pays des vilains et méchants qui veulent compromettre notre prospérité et notre sécurité sociale. Où donc se terrent-ils et que fait la police?

Après tout, c'est grâce à ces forces libérales que nous comptons plusieurs centaines de multimillionnaires en Suisse, tous (évidemment) devenus riches à la sueur de leur front et tant pis pour ces 750.000 citoyens peinant à nouer les deux bouts et devant se battre pour des salaires trop souvent de misère. C'est ça, l'économie libérale et le monde nous envie.

Certes l'économie planifiée à la soviétique n'a pas été la panacée espérée au début du siècle dernier, mais le libéralisme à la Milton Friedman a entraîné des dégâts gigantesques partout sur la planète et un écart croissant entre riches et pauvres (ce qui, on le comprend, ne gêne pas trop les riches). Les "libéraux" de "succèSuisse" oublient évidemment leur plaidoyer pour que l'Etat intervienne pour sauver UBS, tout comme ils peinent à se souvenir de leurs cris de désespoir lorsque le franc suisse devenait trop cher et qu'à genoux, ils priaient l'Etat d'intervenir pour stabiliser le cours de l'Euro…

Même genre de discours chez les "Non à l'initiative 1-12" (ce qui n'est pas étonnant, puisqu'on y retrouve en bonne partie les mêmes loulous majoritairement patrons et politiciens UDC/PDC et PLR). Ainsi, le Grand Libéral qu'est le président de l'UDC Tony Brunner s'inquiète que "toute une série d'initiatives menacent notre liberté, notre place économique et le modèle auquel nous devons notre succès" (je suppose que ce "modèle" comprend nos sympathiques banques et la pluie d'amendes qu'elles paient et auront à payer). Mais où donc est Guillaume Tell quand on a tant besoin de lui?

Les Fulvio Pelli (entre autres, président de la banque cantonale du Tessin), Isabelle Chevalley (princesse des éoliennes) et autres smicards qui siègent au comité du "non" (http://www.1-12-nein.ch/fr/comite/) ont tort de prendre les Suisses pour des ploucs. Qu'ils fournissent des arguments objectifs contre cette initiative (il y en a de bons), plutôt que de jouer la carte patriotique en débitant des âneries visant à faire peur à la population. Même si c'est là une méthode que l'UDC manie avec un certain succès…

Les nantis, les privilégiés et les personnes au pouvoir n'abandonnent jamais volontairement leurs avantages et privilèges. L'heure serait-elle venue de leur donner une petite chiquenaude?

Adeline M., R.I.P

Sans vergogne, sans pudeur, sans gêne, les "experts" du "j'vous l'avais bien dit", se ruent comme des vautours sur les media, presse écrite, chaînes de radio et de télévision, pour expliquer ce qu'il eut fallu faire pour éviter ce drame.

Pour les uns, tout ça, c'est de la faute à une gauche laxiste et bien pensante, qui croit que l'être humain est foncièrement bon et pense que claquer des millions pour la réinsertion est une bonne chose. Pour d'autres, c'est la faute aux psy, qui croient maîtriser une science qui n'en est pas une. Pour d'autres encore, c'est le "système" qui est pourri. Et donc hop ! castration (chimique oui pas) pour tous les prédateurs sexuels.

Je n'ai pas envie de participer d'une façon quelconque à ce jeu obscène, mais simplement d'apporter quelques faits comme éléments de réflexion. Car une réflexion sur le fond me semble nécessaire.

La population augmente. L'écart entre riches et pauvres augmente. Les frontières disparaissent et la délinquance augmente.  

Nos prisons sont surchargées. Il y a actuellement en Suisse quelque 6.000 personnes détenues dans 113 bâtiments cellulaires. Le taux d'occupation moyen des prisons dépasse 90 % et dans plusieurs d'entre elles, il y a des listes d'attente. Quelque 30 % des détenus sont des Suisses, 70 % des étrangers avec ou sans permis. Garder une personne en prison coûte en moyenne 140.000 francs par année à la collectivité. Soit une dépense directe de près d'un milliard de francs par an. Quant aux coûts indirects (frais de santé et de soin, indemnisation des victimes, perte de journées de travail, etc.), ils représentent vraisemblablement un multiple de cette somme.

L'année dernière, dans notre pays, 6.500 infractions contre l'intégrité sexuelle ont été dénoncés aux autorités. Le taux de récidive pour les condamnés suite à des violences sexuelles est estimé à 25 %. Il est par ailleurs avéré que seule une faible partie de ces infractions fait l'objet d'une plainte.

La question n'est malheureusement plus de savoir ce qui aurait pu ou dû être fait ou pas, mais de tout mettre en oeuvre pour que cela ne puisse plus se reproduire. Mais en l'absence d'une véritable réflexion on ne fera que passer d'un extrême (facilitation de la réinsertion avec un régime de liberté plutôt souple) à l'autre (peines plus lourdes, plus longues et sans espoir d'assouplissement du régime carcéral)  et on n'aura rien résolu.

Et qu’ça saute!

Ras-le-bol de payer toujours plus pour votre assurance maladie ? Notre industrie de la santé (pharma, hôpitaux et médecins notamment) pèse 70 milliards par année, soit plus que le budget de la Confédération. Ce n'est donc pas étonnant qu'elle s'offre les moyens de nous faire payer toujours plus. Elle dispose pour ce faire d'intervenants puissants et peut compter sur bien des parlementaires fédéraux et cantonaux acquis à leur cause. Chacun d'entre nous, femmes, hommes et enfants, malades et bien portants, est ainsi "taxé" de 830 francs par mois en dépenses de santé. Somme que nous payons à travers nos cotisations aux assurances-maladie, impôts et part des frais médicaux et pharmaceutiques à notre charge.

Il est donc grand temps de faire subir à cette industrie le sort que les Américains ont fait subir à nos banques, afin que cessent ces hausses et ce numéro de cirque qu'assureurs, médecins, hôpitaux, entreprises pharmaceutiques et petit monde politique nous présente chaque année en se renvoyant la balle pour dénoncer le(s) fautif(s) de l'explosion des coûts.

Il nous faut radicalement modifier notre approche du problème des coûts de la santé. La faire passer de réactive à proactive. En effet, cette industrie gagne ses milliards en soignant (pas toujours, mais souvent à grands frais) les effets de la maladie. Or, pour la première fois de notre histoire, la médecine est progressivement en mesure de prévenir efficacement l'arrivée d'une maladie et donc d'éviter qu'elle intervienne. Ainsi, par exemple, un séquençage de l'ADN (un test que chacun peut faire faire aux Etats-Unis pour une centaine de francs), permet de calculer le pourcentage de risque d'attraper une certaine maladie et donc, dans de nombreux cas, de la prévenir.

Quant aux soins à apporter une fois un mal déclaré, un séquençage du génome – qui coûte un millier de francs – permet de rechercher une mutation ou un gène particulier impliqué dans certaines maladies et donc, de guérir plutôt que de soigner. Comme l'explique le médecin, généticien et chercheur Jacques Fellay: "il faut oublier la médecine paternaliste. Place maintenant à la médecine des 4P: préventive, prédictive, participative et personnalisée".

C'est également ce qu'explique brillamment le Dr. Eric Topol dans son récent ouvrage "The Creative Destruction of Medicine". Pour résumer ses thèses:

– les récents développement technologiques, notamment les connaissances en matière de génétique, révolutionnent l'industrie de la santé, qui est parmi les plus conservatrices au monde et qui résiste fortement aux changements qui affectent son porte-monnaie.

– nombre de médecins persistent à gaver de médicaments des  personnes qui n'en ont pas besoin ou auxquelles ils ne produisent pas les effets désirés.

– la formation des médecins est en retard d'une guerre au moins, notamment dans les domaines du développement de la génétique et la prévention.

– pour des raisons purement financières, il est pratiqués des milliers d'interventions chirurgicales inutiles et dangereuses chaque année (petit clin d'oeil perso au Dr. M. de Lausanne) et ces interventions, tout comme les erreurs médicales, provoquent de nombreux décès.

Or, nous avons largement de quoi faire mieux et moins cher. Comment ? En faisant usage courant des moyens dont nous disposons aujourd'hui en matière de prévention. Prévention ? C'est quoi ça ? Dans notre beau pays, où nombre de familles peinent à payer leurs cotisations d'assurance-maladie, la prévention, on s'en tamponne. Eh oui… les très rares mesures préventives prises en charge par nos assurances maladie sont énumérées exhaustivement dans une loi qui date et qui ne tient pas compte de l'évolution des connaissances médicales.

Ainsi, par exemple, l'assurance de base refusera de prendre en charge une coloscopie – une mesure de prévention qui coûte quelques centaines de francs – sauf en cas de fréquence du cancer du côlon ou du rectum dans la famille. En clair, pour être remboursé, il faut que 3 personnes de la proche parenté aient souffert d'un tel cancer ou qu'un proche en ait fait un avant sa 30ème année. Mais si un individu constate avoir du sang dans les selles, son assurance payera sans rechigner les dizaines de milliers de francs qu'un traitement risque de coûter. Le fait qu'un cancer aurait pu être évité, n'est pas le problème des assurances qui se déchargent en disant: "ce n'est pas de notre faute si la loi est ainsi faite".

D'ailleurs, cette loi convient bien aux médecins (formés à "soigner", plutôt qu'à prévenir), aux hôpitaux (que les personnes en bonne santé n'intéressent que peu…) et au lobby des pharma (dont les membres engrangent des saladiers, surtout avec des maladies chroniques).

Prévenir vaut mieux que guérir, dit-on. Mais ce n'est pas (encore) la devise de l'industrie de la santé. Cela pourrait le devenir si nous étions moins passifs et résignés…

 

Quelques exemples de la façon dont les choses changent (cités par le Dr.Topol):

Les autorités de santé de Grande-Bretagne ont refusé l'homologation d'un médicament, son utilisation coûtant quelque 30.000 francs et par personne, estimant que le rapport entre le coût et le résultat obtenu était insatisfaisant. Son fabriquant, Johnson & Johnson a alors proposé de rembourser tout patient auquel ce médicament n'apporterait pas le résultat souhaité. Suite à cet engagement ce médicament a été approuvé.

Il existe déjà de nombreuses applications pour "smartphones" permettant à chaque individu de prendre certaines mesures vitales en temps réel, chez eux et de transmettre directement les informations à leur médecin. Ce dernier peut alors examiner les résultats et soit faire une consultation par skype (téléphone gratuite via internet, avec webcam), ce qui évite déplacements et perte de temps, soit ordonner des examens supplémentaires.

On utilise fréquemment le PEG-interferon, pour traiter l'hépatite C. Le traitement dure plusieurs mois et coûte plusieurs milliers, voire dizaine de milliers de francs. Or, il n'est efficace que dans 50 % des cas. La simple analyse d'une variante d'un seul gène du patient permet désormais de savoir à l'avance si le traitement fera effet ou pas.

 

Sources et informations complémentaires:

http://www.tdg.ch/savoirs/sciences/Le-sequencage-de-l-ADN-deviendra-un-test-medical-courant/story/17039494http://www.medecins-conseils.ch/manual/chapter40.html

http://www.admin.ch/opc/fr/classified-compilation/19950275/index.html

http://www.comparez.ch/fr/assurance-maladie/abc-de-l-assurance/index_456.htm

http://creativedestructionofmedicine.com/

http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/themen/14/01/new/nip_detail.html?gnpID=2013-209

Rien à battre!

En Suisse, des milliers de ménages sont surendettés. 700.000 contribuables ont un arriéré d'impôt. Tout autant de personnes peinent à payer leurs cotisations d'assurance-maladie. A Genève et dans le canton de Vaud, une personne sur deux est exemptée d'impôt pour cause de revenus insuffisants. Dans notre beau pays, 600.000 personnes vivent en dessous du seuil de la pauvreté. Et alors?

Y'a quand-même des bonnes nouvelles, non? UBS se porte bien (1,68 milliard de bénéfice pour le 1er semestre 2013, malgré les milliards d'amendes payées) et BILAN pourra bientôt nous annoncer que les 300 plus riches de Suisse ont vu leur fortune (544 milliards de francs) augmenter.

M'enfoutistes, indignés de bistrot et résignés du monde entier, unissez-vous ! Vous formez une impressionnante majorité de la population et remporteriez fastoche toutes les élections si vous étiez un parti politique (mais il vous faudrait aller voter…)

46 millions d'Américains (15 % de la population) vivent aussi en dessous du seuil de la pauvreté dans le pays le plus "riche" du monde ? Rien à secouer. Pas plus que des guerres en Afrique.

Fukushima: des milliers de tonnes d'eau hautement contaminée coulent paisiblement dans la mer. Incident d'abord minimisé par les autorités, puis, aujourd'hui, considéré soudainement comme un incident "grave". Le Pacifique fortement pollué, donc les poissons pollués, donc la vie marine polluée et les effets commencent à se faire sentir jusqu'en Californie. Bof. Nous, on est plutôt filets de perches du lac, alors…

Syrie: 130.000 morts, 1,7 millions de réfugiés et ce matin, une nouvelle attaque chimique dans la banlieue de Damas. Et alors ? De toutes façons, on avait pas l'intention d'y passer nos vacances…

Egypte: Le plus grand pays d'Afrique (85 millions d'habitants) vit une guerre civile meurtrière. "Zut alors, Germaine, va falloir qu'on remette notre visite des pyramides…"

La Turquie, ex-candidate au club des Européens, s'islamise doucement à nos portes. Les incidents racistes se multiplient en France (4 millions de musulmans, dont assez peu d'énarques et dirigeants d'entreprises…). Y'a pas de quoi paniquer: on a bien refusé les minarets en Suisse…

Grandes Oreilles: nous sommes fichés, écoutés, photographiés, scrutés. Nos dirigeants nous mentent, roupillent, passent leur temps à se maintenir au pouvoir – pour le bien du peuple évidemment – et alors ? On a rien à cacher, nous !

Mais il serait malvenu de dire que rien ne vous touche. Vous êtes en effet nombreux à lire et à commenter cette news: "Tarek Benattia, 16 ans, totalement inconnu il y a une semaine, est  la nouvelle coqueluche des adolescentes. Il a suffit d'une photo de lui avec sa soeur, Nabilla, pour le faire connaître". Et quand je lis sur son site internet que Lauriane Gilliéron, notre miss Suisse à nous, est végétarienne depuis l'âge de 7 ans et que son lapin nain se nomme Tilou, je me dis qu'il n'y a vraiment que les esprits fâcheux – dont moi – pour croire que hélas, rien de ce qui se passe dans le monde est à même de nous secouer de notre torpeur.

7 sages? Mon c… comme dirait Zazie!

Dans sa suprême sagesse, le Conseil fédéral veut autoriser la plantation d'OGM dès 2018, pour le plus grand plaisir des milieux économiques, dont la clairvoyance nous a si souvent fichu dans la m…  La résistance est encore maigrolette: un député UDC et les Verts.

Or, qui dit OGM, dit Monsanto, une boîte pourrie de chez pourrit, malgré son "code de déontologie" qui fait 35 (sic) pages et montre bien que Boileau se plantait en affirmant: "ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément".

 

Monsanto salaud ? Certainement pas si l'on en croit ce son site internet. Plutôt des bienfaiteurs de l'humanité, enfants spirituels de l'Abbé Pierre et de soeur Emmanuelle.

La réalité ? Je résume et si, comme moi, vous n'êtes pas des fan du cancer et d'autres saloperies, je vous recommande vivement de cliquer sur les liens en bas de page et d'écrire à vos députés pour qu'ils s'opposent au projet du Conseil fédéral.

1935: Monsanto se lance dans la production et la vente de PCB

1937: Monsanto prend connaissance de la toxicité des PCB grâce à un rapport du chef de son service médical, le Dr Kelly. La production continue néanmoins, y compris de plastiques contenant du PCB.

1944: Monsanto se met au DDT, malgré les risques connus. Grâce à son lobbying politique, ce n'est qu'en 1979, que le DDT sera interdit.

1959: Monsanto se lance dans la production d'un d'herbicide qui restera dans l'histoire: l'Agent Orange. Bourré de dioxine, il sera utilisé par l'armée américaine pour défolier la jungle vietnamienne, causera des milliers de décès et de malformations.

1969: la toxicité de l'Agent Orange est reconnue par les "autorités". Cela n'empêchera pas la poursuite de sa production.

1975: une étude interne de Monsanto confirme que le PCB provoque des tumeurs. Problème ? que nenni ! Monsanto en bidonnera les conclusions, comme le relèvera le Washington Post, qui publie des documents internes "confidentiels".

1991: Monsanto est condamné à une amende de 1,2 millions de dollars pour avoir dissimulé le déversement d'eaux usagées et polluées dans la Mystic River.

2001: un maïs mexicain, le Criollo, est contaminé par des gènes modifiés.

2002: Monsanto est condamné à 700 millions de dollars de dommages et intérêts pour diverses pollutions au PCB.

2006: le quotidien "The Guardian" découvre que l'auteur "indépendant" de rapports scientifiques favorables aux produits de Monsanto était, depuis une vingtaine d'années, payé 1.500 dollars par jour (par Monsanto évidemment…).

2012: condamnation de Monsanto suite à l'intoxication par un herbicide d'un agriculteur français.

Remarque perso: je ne sais PAS si les OGM sont de la m… ou pas. Mais je sais que Monsanto ment, triche, falsifie des études, ruine des fermiers et claque des millions pour influencer les gouvernements. Cela me suffit pour dire STOP !

http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/02/16/monsanto-un-demi-siecle-de-scandales-sanitaires_1643081_3244.html

http://www.monsanto.com/SiteCollectionDocuments/Code-of-Business-Conduct-PDFs/code_of_conduct_french.pdf

http://www.monsanto.com/global/fr/qui-sommes-nous/pages/l-histoire-de-monsanto.aspx

http://www.stopogm.ch/

Halliburton et la marée noire: “Moi, David Lesar, je me marre…”

Halliburton, la boîte dont je suis El Supremo (président, directeur général, etc.), vient de plaider coupable de destruction de preuves. Et pas de n'importe lesquelles: celles qui concernent notre rôle dans la marée noire d'avril 2010 dans le Golfe du Mexique, le pire désastre environnemental de l'histoire des Etats-Unis.

 

Je vous passe les détails. En gros, c'est nous qui avons construit le coffrage en béton de la plate-forme Deepwater Horizon de British Petroleum. Je vous rafraîchis la mémoire ? C'est celle qui a explosé en tuant 11 personnes, a déversé des centaines de millions de litres de pétrole dans la mer et a pollué 1.700 km de côtes. Un record difficile à battre ! Or, la qualité de ce coffrage était aussi douteuse que nombre de déclarations de mon prédécesseur, Dick Cheney, alors qu'il était vice-président des Etats-Unis !

Nous le savions. Comment ? Avant de poser ce coffrage, nous avions réalisé des simulations par ordinateur et connaissions le risque. Mais il fallait économiser… Nous avons donc fait disparaître ces simulations illico presto, écrabouillé tous les disques durs et avoué notre grande faute. Un mea culpa en bonne et due forme ! Résultat des courses ? Une amende de 200.000 dollars (le maximum prévu par la loi) et une contribution "volontaire" de 55 millions à une Fondation pour l'environnement en échange de l'assurance de ne pas être poursuivis pénalement. Bien joué, non ? Pas étonnant que je sois payé 17 millions par an… Et puisque nous faisons dans la transparence, j'avoue aussi que si je suis domicilié à Dubai, ce n'est pas que pour le climat: je suis un peu allergique aux ponctions fiscales…

Plus marrant encore: cette amende nous coûte l'équivalent de 35 minutes notre bénéfice annuel, soit moins de temps qu'il ne vous faut pour lire un numéro de l'Hebdo ! Cerise sur le gâteau, notre aveu est aussi un sympathique coup de main à mes copains de BP, même si officiellement, on se tape sur la gueule via tribunaux pour savoir qui est responsable de cette merde. Comment ? c'est simple les cocos: le département américain de la Justice poursuit BP pour des milliards en réparation de ce désastre écologique, arguant qu'il y a eu négligence coupable dans l'exploitation de la plateforme. Or, BP va pouvoir se servir de notre aveu pour tenter de démontrer que s'il y a eu négligence, elle n'était que légère, ce qui pourrait leur économiser quelques milliards.

Vous me direz peut-être qu'avec ses 20 milliards de bénéfice annuel, British Petroleum pourrait payer les dégâts sans mal. Mouais… et que faites-vous de la solidarité entre voyous ? Par ailleurs, maintenir ce bénéfice est aussi à l'avantage des actionnaires de BP.  Dont votre caisse de pension peut-être ?

En gros…

C'est les vacances ! Vous êtes à l'aéroport et zut ! 6 kg d'excédent de bagages et vous voilà (mal) parti pour payer quelques dizaines, voir centaines de francs.

Votre poids perso ? 72 kg. A côté de vous, un sympathique obèse qui fait ses 140 kg fastoche et qui enregistre tranquillement ses 20 kg de bagages autorisés. Donc, avec vos 98 kg, bagages compris, c'est vous qui passez à la caisse et non votre voisin d'enregistrement avec ses 160 kg …

Pour les compagnies aériennes, c'est notamment le poids de l'avion qui détermine sa consommation en carburant. Raison pour laquelle elles cherchent constamment à alléger l'avion, utilisant des matériaux composites, des sièges plus légers, remplacent la porcelaine et l'argenterie par du plastique, ne servent plus de repas sur plateau et… Ryanair à même demandé à son personnel volant un peu trop rond de perdre du poids ! Donc, il devrait être possible de payer sa place au poids, non ?

C'est ce que vient de faire Air Samoa – ce qui se comprend, car les habitants de ces îles de Polynésie sont connus pour être des poids particulièrement lourds. Certaines compagnies européennes et américaines ont déjà tenté la chose, mais ont mis une sourdine partielle, craignant des procédure en discrimination.

Trois variantes restent cependant à l'étude: un prix par kilogramme; un supplément à payer dès que le poids individuel dépase X kg. et une tarification différente pour les poids légers, moyens et lourds.

Pour le moment, les compagnies tâtonnent. Certaines imposent à leurs passagers obèses de réserver et de payer deux sièges lorsque l'avion est plein (ce que toute personne ayant déjà été coincée entre deux méga passagers quelques heures durant peut facilement comprendre…). Toutefois, lorsque l'avion n'est pas plein, elles offrent ce second siège.

Air France, dont les sièges en éco sont adaptés à des personnes dont le tour de taille ne dépasse pas 135 cm (166 cm en classe affaires long courrier), propose un second siège avec une réduction de 25% à 33% du prix du billet, précisant que cela doit être signalé lors de la réservation afin de s'assurer que le passager obèse dispose de sièges côte à côte dont les accoudoirs se relèvent, et se réserve le droit de refuser un passager obèse n'ayant pas réservé un second siège.

Pour en revenir à Air Samoa, son patron estime qu'au-delà des 130kg, un second siège est indispensable et il pense déjà à équiper ses avions d'un certain nombre de sièges XXL (largeur 150 % des sièges usuels) et de les faire payer en conséquence. Un projet suivi avec beaucoup d'intérêt par ses collègues du monde entier…

Pas d’la tarte !

27 millions de chômeurs en Europe. 12 millions aux Etats-Unis. 132.000 en Suisse. Et ce n'est qu'un début… Pourquoi? La réponse tient en deux mots: destruction créatrice.

 

"Inventés" par l'économiste Joseph Schumpeter, ces termes apparaissent pour la première fois dans son "Capitalism, Socialism and Democracy" (1942). Ils signifient que lorsque la croissance économique est un objectif, l'innovation est le moteur de cette croissance et celles et ceux dont les compétences deviennent obsolètes à cause de ces innovations perdent leur emploi et doivent se reconvertir. Or, cette reconversion devient aléatoire, notamment lorsque les secteurs les plus innovants nécessitent de moins en moins de personnel.

Un exemple: le développement des véhicules autonomes (sans conducteur) rendra le métier de chauffeur de bus, taxis et poids lourds aussi obsolète que celui d'opérateur de télégraphe.

Une récente étude du cabinet McKinsey: "Disruptive technologies: advances that will transform life, business and the global economy" (référence ci-dessous) recense une douzaine d'innovations, toutes d'impressionnantes créatrices de richesses, mais également destructrices d'emplois. Essentiellement à cause de l'automatisation croissante qui rendra de nombreuses compétences humaines obsolètes, comme l'évoque cette étude dans sa dernière partie.

Il serait bon que nos dirigeants et politiciens, occupés à gérer le quotidien, s'entourent rapidement, mais alors très rapidement, de personnes de tout bords, capables de penser à long terme et de réfléchir aux conséquences que cela aura sur nos sociétés. Car ce n'est pas une évolution à laquelle nous avons à faire face, mais une révolution.

Il faut repenser le travail: le plein emploi deviendra une utopie et le travail comme source principale de revenu une idée du passé. Il faut également repenser l'école et les formations, car s'il y aura réelle création de richesse, cette richesse ne sera pas partagée. Les signes avant-coureurs sont là: ces avancées technologiques sont en train de créer une caste de super-riches, et font progressivement disparaître la classe moyenne.

L'augmentation de l'âge de la retraite et la réduction des rentes ? Une partie de plaisir à côté de ce qui s'annonce: des richesses en suffisance, mais un taux de chômage qui ne cessera d'augmenter.

Sans trop d'illusions, mais avec espoir quand-même, je vais envoyer ce blog à notre ministre de l'Economie, de la Formation et de la Recherche, M. Schneider-Ammann. Il dispose d'un peu plus de deux ans pour lancer le chantier!

Pour un bon résumé en français:

http://www.rue89.com/rue89-eco/2013/06/20/12-technologies-changeront-monde-mettront-beaucoup-gens-chomage-243522

L'étude de McKinsey (25 pages en résumé, 176 pages pour l'étude complète, en anglais)

http://www.mckinsey.com/insights/business_technology/disruptive_technologies

Sur le même thème:

http://online.wsj.com/article/SB10001424127887323716304578480892147934224.html

http://www.usatoday.com/story/money/business/2013/05/12/who-owns-future/2147663/

Le beurre et l’argent du beurre

Manque de bol: nous vivons plus longtemps. Et manque de bol pour Alain Berset (qui en prend plein les gencives avec son projet de réforme des retraites), l'intelligence des perlementaires évolue bien plus lentement que la durée de la vie. En gros, au programme de M. Berset:

– Relever l'âge de la retraite à 65 ans pour les femmes. Ce qui ne nous rendra toujours pas égaux les femmes vivant plus longtemps que les hommes… Ainsi, à la naissance, l'espérance de vie est de 84,7 ans pour les femmes et de 80,3 ans pour les hommes. A 65 ans, elle est de 22,2 ans pour les femmes et 19 ans pour les hommes. Il semble donc logique et juste de relever l'âge de la retraite des femmes, même si à terme, cela risque de ne pas être suffisant, puisqu'on estime que dans 30 ans, l'espérance de vie aura encore augmenté de 3-5 ans…

– Réduction du taux de conversion de la LPP de 6,8 à 6 %, ce qui réduirait en gros les rentes du 2ème pilier de 10 %.

– Une augmentation du taux de la TVA.

A gauche, on pousse des cris d'orfraie chaque fois que le Conseil fédéral envisage de toucher aux rentes et à droite, on hurle à l'idée de faire supporter une hausse de la TVA à l'économie.

Ayant passé l'âge de 65 ans, je reconnais qu'il est un peu fastoche de se gausser de cette levée de boucliers. N'empêche que cette façon qu'ont nombre de politiciens de se passer la patate chaude est déplorable.

Nous vivons plus longtemps, nous vivons mieux. Nous souhaitons disposer d'une retraite confortables et des meilleurs soins possibles jusqu'à notre dernier souffle. Cela a un coût.

Qui devrait l'assumer? L'Etat bien sûr, répond-on à l'unisson. Mais avec quel argent? Y'a qu'à plus taxer les riches et les entreprises, clame-t-on à gauche. Y'a qu'à baisser les impôts des riches et des entreprises pour rendre notre pays plus attractif et attirer de nouveaux contribuables clame-t-on à droite.

Comme il n'y a pas de miracles, il serait peut-être temps de se faire à l'idée que nous avons tous à participer au coût de notre bien-être matériel, une fois passé l'âge de la retraite. Cela passe par une augmentation des cotisations, une hausse de la TVA et une baisse des prestations et des économies individuelles. Point.

Dommage que peu de politiciens, qu'ils soient de gauche ou de droite, ont le courage d'un Couchepin ou d'un Berset qui disent les choses comme elles sont et sont disposés, eux, à en assumer le prix. Ne serait-ce qu'au niveau politique.

Conflit fiscal: LA solution!

Certaines de nos banques devront-elles faire amende (chère et honorable)? Devront-elles faire hara-kiri? Il est encore trop tôt pour le dire. Une chose est certaine: dans ce petit monde, qui comprend également les avocats d'affaires, fiduciaires et gestionnaires de fortune, ce n'est pas la joie. Pas de vacances en Californie ou en Floride cette année: prudence, prudence…

Tout le monde y va de son petit avis sur ce projet de loi. Il y a les résignés ("avons-nous vraiment le choix?"), les fâchés-patriotes ("on ne va quand même pas baisser les culottes!"), les soi-disant réalistes ("c'est la moins mauvaise solution"), les inquiets ("qu'allons-nous devenir en cas de refus ?"). Même Monsieur ex (Philipp Hildebrand) y va de son couplet, affirmant "le shérif a parlé et la Suisse doit plier". C'est que l'ancien Président de la BNS est maintenant vice-président de BlackRock, le plus gros gestionnaire d'actifs au monde et il s'inquiète du sort réservé aux nombreuses banques suisses que BlackRock compte parmi sa clientèle…

Que faire? Que faire? C'est tout simple.

En élisant M. Obama, les Américains voulaient d'un Président qui les écoute. C'est gagné, ils ont été entendus. A tel point d'ailleurs qu'avec ses grandes oreilles, la NSA surveille leurs conversations téléphoniques (et les nôtres) et, grâce à des accès direct aux serveurs des grandes sociétés internet, peut lire quasiment tous les échanges courriels de la planète.

Le département américain de la justice n'a donc pas besoin de nos banques pour obtenir des renseignements: il lui suffit d'aller se servir auprès de la NSA (la photo: son siège à Fort Meade) et nos parlementaires pourront alors partir en vacances sereinement et sans s'étriper. Et pendant qu'il y est, le département US de la justice pourra peut-être faire la poutze moins loin qu'en Suisse… Je pense notamment à l'Etat du Delaware: une société s'y crée en quelques heures, fastoche (on trouve facilement des kits sur internet), on peut y ouvrir un compte bancaire sans avoir à décliner son identité, le nom des actionnaires n'est publié nulle part, il n'y a pas d'impôt sur le bénéfice, pas plus que d'obligation de tenir une comptabilité. Le paradis (fiscal) quoi! 

Et si M. Obama ne veut pas balayer devant sa porte, nos banques peuvent s'adresser à une des très nombreuses entreprises qui proposent la création de sociétés au Delaware en 24 heures, secret garanti.