“Casse-toi, pauv’ con”!

La fameuse petite phrase de M. Sarkozy pourrait servir de devise à la "communication" de nombreuses entreprises, dont en particulier la Zurich Assurances.

Suite à un cambriolage et curieux de comprendre l’absence totale d’intérêt de ma compagnie d’assurance aux mesures de prévention, j’ai pris contact avec Francis Duc, Responsable Suisse romande et Membre du comité directeur de la Zurich. Un rendez-vous est fixé pour en parler et un courriel me parvient précisant :

« Dans l'optique de notre rencontre, je voulais encore vous indiquer que notre service Communication d'entreprise, lequel gère tous les contacts media, nous a donné son accord pour cette entrevue tout en précisant les règles d'usage. Si vous avez l'intention d'écrire un article je dois ainsi vous informer que mon collègue ou moi-même ne souhaitons pas être cités quant aux propos que nous pourrons échanger. Si vous mentionnez la Zurich pour des points critiques voire des reproches dans votre article, vous devez nous donner la possibilité de prendre position et les questions sont à adresser de manière officielle à notre service de presse ».

Ainsi donc, les journalistes restent libres d’encenser les compagnies d’assurances, banques, pharma et autres sympathiques « piliers de notre économie » et libres aussi de lécher les bottes de leurs chers dirigeants, mais attention : toute pensée critique se heurtera aux verrous de ce que l’on ose encore nommer la « communication d’entreprise ».

Les « anciens» comme moi se souviendront sûrement des luttes menées par des Jacques Pilet, des Roger de Diesbach ou des Jean-Claude Buffle pour accéder à l’information que des entreprises publiques – tout comme des gouvernements d’ailleurs – cherchaient à tout prix à cacher. D’ailleurs, ce n'est pas pour rien que François-Xavier Perroud, naguère chef de la communication chez Nestlé était surnommé « François-Xavier verrrou, porte-silence».

S’il fallait autrefois du courage du côté des rédacteurs en chef pour publier des enquêtes et articles critiques (et risquer une engeulade de leur éditeur, voire un boycott publicitaire), seuls quelques téméraires et suicidaires – et certains journalistes de qualité – ont ce courage aujourd’hui. Nous sommes à l’ère du copinage politico-journalistique, des publi-reportages qui ne disent pas leur nom, de l’information invérifié et souvent invérifiable, distillée par des « communicateurs » et spécialistes en relations publiques (autrement dit par des passeurs de pommade et cireurs de godasses), ce qui entraîne, trop souvent hélàs, des articles de complaisance. Dommage.

Michael Wyler

Heureux retraité, Michael Wyler est un ex. Ex avocat, ex directeur de feu le Groupe Swissair en Chine et ex dircom. Au passé comme au présent, journaliste, chroniqueur, père de Jonathan et Julie, dont il est fier, tout autant qu'il l'est de son épouse Cécile, hypnothérapeute, enseignante en hypnose et PNL, auteur et conférencière.