Pharma = mafia ?

C'est ce qu'affirme (et il n'est pas le seul…) le Dr. Peter Gotzsche, directeur du Nordic Cochrane Center au Danemark dans son dernier livre, « Médicaments mortels et crime organisé ». Il y affirme notamment que « bien des façons de procéder des grandes entreprises pharmaceutiques remplissent les critères définissant le crime organisé… Ils corrompent tout azimut, des chercheurs aux professeurs et des chefs de clinique jusqu’à certains ministres de la santé ».

Cela vous semble exagéré ? Daniela Drake du magazine « Daily Beast » nous apprend que huit des neuf médecins ayant rédigé les recommandations dans le domaine de la lutte contre le cholestérol en 2004 ont reçu de l’argent des producteurs de statines et que le psychiatre à l’origine de la folie médicamenteuse contre l’hyper-activité et le déficit d’attention a perçu 1,6 million de dollars des fabricants de médicaments qu’il recommandait. Dans ce domaine d’activité, la corruption est telle que l’ancienne rédactrice en chef du prestigieux « New England Journal of Medicine », Dr Marcia Angell, affirme qu’il « n’est plus possible d’accorder beaucoup de crédibilité aux recherches cliniques publiées ou à la parole de médecins réputés ». Et sans à propos, Novartis Japon vient de se voir ordonner une suspension d’activité de 15 jours due à la non-déclaration de 3.264 cas d’effets secondaires importants concernant 26 de ses produits…

Quel rapport avec l’hypnose, sujet de ce blog ?

L’hypnose a en ce moment le vent en poupe. Journaux et magazines en font régulièrement état, notamment dans le domaine de l’anesthésie et si la presse «people » en parle également, c’est qu’il existe aussi une hypnose « spectacle » (qui n’a pas grand-chose à voir avec l’hypnose comme thérapie, comme le dit le Dr. Bertrand Piccard) une nouveauté à succès dans le monde de la téléréalité. On parle toutefois peu de l’hypnose comme thérapie brève extrêmement efficace, et pour cause : elle se passe de médicaments et ne rapporte donc rien aux médecins et entreprises pharmaceutiques. C’est qu’il n’est pas nécessaire d’être médecin pour pratiquer l’hypnose et c’est bien ainsi.

Découverte au milieu du XVIIIème siècle par un médecin allemand, Mesmer, et développée ensuite notamment par le neurologue Jean-Martin Charcot dans les années 1880, l’hypnose disparait soudainement de la carte des soins, considérée par les Mandarins de la médecine et les entreprises pharmaceutiques comme du charlatanisme. Il faudra attendre près d’un demi-siècle et les travaux de Clark Hull et Milton Erickson pour redonner à l’hypnose ses lettres de noblesse. Aujourd’hui, l’hypnose est non seulement utilisée en anesthésiologie, cancérologie, immunologie et psychiatrie, mais également comme moyen thérapeutique impressionnant pour des personnes souffrant de peurs, anxiétés, phobies, manque de confiance, surpoids, tabagisme, etc. D’ailleurs, de nombreux sportifs de pointe y font aussi appel pour booster leurs performances.

Cela ne fait évidemment pas le beurre des médecins et pharmas car l’hypnose est non seulement une thérapie dite « brève » (2-6 séances suffisent en général pour éliminer le(s) problème(s), mais se passe de médicaments. Donc, avec l’hypnose, pas besoin d’antidépresseurs, calmants, somnifères et autres panacées vendues fort cher. Certains médecins et hôpitaux (au CHUV notamment), sont très ouverts à ces techniques et thérapies qui évoluent avec notre connaissance du cerveau. Ils acceptent volontiers l’aide de praticiens non médecins, tout comme d’ailleurs, ils acceptent les guérisseurs. Qu’importe le diplôme universitaire si l’on fait du bien ! Les neurosciences nous montrent comment nous fonctionnons et l’hypnose permet d’agir sur ces fonctionnements. Mais attention quand-même aux saltimbanques…

Comme le dit Kevin Finel, co-fondateur de l’ARCHE (Académie de Recherche et de Connaissance en Hypnose Ericksonienne) : « les certifications en hypnose ne sont pas réglementées, le métier non plus et il est difficile de comparer les formations ». Comment trouver une personne de confiance ? C’est un peu comme avec un(e) psychothérapeute : le bouche à oreille, quelques questions avant un premier rendez-vous (formation, diplômes, années d’expérience, etc.) et ensuite, sauter à l’eau, ne serait-ce qu’une heure durant pour voir si on peut établir une relation de confiance. Alors que l’hypnotiseur-spectacle manipule sa « victime », le praticien en hypnose écoute ses patients. Comme l’explique Bertrand Piccard, « Ils me disent ce à quoi ils veulent aboutir et (par l’hypnose) j’essaie de les aider à atteindre leur objectif ».

Page de pub : comme le dit Cécile Wyler Roulet, coach de vie et enseignante certifiée en hypnose et PNL (et accessoirement mon épouse) : « Je ne prends pas en charge : mon travail consiste à permettre à l’autre de s'éveiller à lui-même. C’est de la maïeutique. Mes clients sont tous plus beaux les uns que les autres dans leur diversité et leur fragilité. Le travail que nous faisons ensemble est essentiellement au niveau non-conscient. C’est en général court, plutôt léger et sympathique et même drôle parfois ! ».

Inconvénient qui ne surprendra pas grand monde : les assurances complémentaires ne remboursent que très rarement ces thérapies sauf pratiquées par un médecin spécialisé. Mais si c’est réellement notre santé et notre bien-être qui les intéressait, cela se saurait… Attendons donc patiemment la St-Glinglin, ce jour béni ou politiques, monde médical et assurances rembourseront ces soins, comme d’autres thérapies brèves avec les bénédictions des entreprises pharmaceutiques, tous convaincus que la seule chose qui compte, c’est le bien-être de la population.

Michael Wyler

Heureux retraité, Michael Wyler est un ex. Ex avocat, ex directeur de feu le Groupe Swissair en Chine et ex dircom. Au passé comme au présent, journaliste, chroniqueur, père de Jonathan et Julie, dont il est fier, tout autant qu'il l'est de son épouse Cécile, hypnothérapeute, enseignante en hypnose et PNL, auteur et conférencière.