Moi, Jean-Pierre Danthine, je me marre…

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Eh oui ! bombardé « père du taux plancher » par Patrick Fischer lundi dernier dans son émission TTC, je suis aussi l’heureux papa d’un superbe tsunami (dixit M. Hayek) et à part Saddam Hussein ou Ben Laden, je ne vois pas qui d’autre que moi est arrivé à se faire autant d’ennemis en si peu de temps !

Petit rappel : lundi dernier donc, j’ai affirmé urbi et orbi que « nous (à la Banque Nationale) sommes totalement déterminés. Nous avons fait une évaluation de situation et nous sommes convaincus que le taux plancher doit rester aujourd’hui le pilier de notre politique monétaire. Trois jours plus tard, crac !!! Mon collègue Jordan annonce que c’est fini. T E R M I N E ! La BNS ne soutient plus le cours de l’euro.

La suite, vous la connaissez : un bordel pas possible ! Un euro qui descend à moins de nonante centimes, un dollar en chute libre et la bourse en gros rouge qui tâche. Vous devez vous dire que soit mon copain Jordan s’est royalement fichu de ma poire et m’a envoyé sciemment au casse-pipe – ce qui montrerait la grande estime qu’il me porte au vice-président de la BNS que je suis – soit je savais que nous allions lâcher l’euro et je vous ai vendu des salades avec un aplomb qui mérite un Oscar. Il y a bien sûr une 3ème hypothèse : que nous avons changé d’avis entre lundi soir et mercredi soir. Mouais, d’accord, ce n’est pas très crédible. Mais alors, pourquoi je me marre ?

Parce que pendant que vous ramasserez les morceaux – et il y en a pour un moment – moi, fin juin, je suis à la retraite et ma rente n’est pas en euros ! Je ne vais pas entrer dans les détails, histoire de ne pas faire de jaloux, mais ne vous faites pas de soucis pour moi : ce que je vais toucher correspondra quasiment au salaire d’un conseiller fédéral en activité… Bon, une chose encore avant qu’on se quitte car c’est le weekend et nous montons au chalet : lisez attentivement mon CV. Vous verrez que je n’ai jamais,mais vraiment jamais, travaillé en entreprise. J’ai été professeur à Lausanne, à New-York et ailleurs, vice-recteur, associé de recherches et tralali ettralala et j’ai écrit des centaines de papiers théoriques, mais le vrai monde du travail, ça n’a jamais été mon truc. Donc un conseil pour l’avenir, que je ne vois pas vraiment en rose: méfiez-vous des théoriciens de salon… Et je ne dis pas cela spécialement pour mon collègue Jordan, mais hum… son expérience du monde du travail n’est guère plus étendue que la mienne.

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Michael Wyler

Heureux retraité, Michael Wyler est un ex. Ex avocat, ex directeur de feu le Groupe Swissair en Chine et ex dircom. Au passé comme au présent, journaliste, chroniqueur, père de Jonathan et Julie, dont il est fier, tout autant qu'il l'est de son épouse Cécile, hypnothérapeute, enseignante en hypnose et PNL, auteur et conférencière.