Une campagne électorale, ça coûte combien en terme de CO2 ?

L’idée m’est venue alors que je cheminais vers la gare de Neuchâtel, ma ville, et que mon voyage allait me faire emprunter trois moyens différents de déplacement. Combien tout ceci coûte en matière de CO2 ? Combien, le 20 octobre, j’aurais « dépensé » en matière de coût climatique ? L’équivalent d’un Zürich-Saigon par les airs ou carrément plusieurs tours du monde ? L’empreinte carbone, tout le monde en parle, c’est un enjeu politique et sociétal majeur mais pourtant, bien peu sont les personnes qui savent mesurer leur coût personnel.

 

C’est pourtant un débat nécessaire pour ne pas dire vital, renforcé encore par la sortie du dernier rapport du GIEC qui annonçait que, pour atteindre l’objectif de 1,5°C de réchauffement sur notre planète, nous devons à l’échelle mondiale atteindre la neutralité carbone vers 2050. Neutralité carbone qui implique qu’il faille en finir avec le mazout ou le gaz dans nos chauffages, les voitures circulant grâce à des carburants et l’élimination de nos déchets produisant des gaz à effet de serre. C’est cette annonce qui a conduit à la grève du climat, sous l’impulsion des jeunes, soucieux de leur avenir. Ils exigent des décisions claires et ils ont raison : il en va de la survie de notre société et des écosystèmes. Survie qui dépendra de la qualité de notre transition écologique, autrement dit des changements d’habitudes que nous accepterons de tenter… et d’installer dans la durée.

 

Nous savons que chaque habitant-e de Suisse dépense chaque année, en moyenne, 14 tonnes d’équivalents CO2. Cette empreinte dépend de notre façon de vivre, de consommer et de nous déplacer. En 2017, chaque habitant-e de notre pays a directement rejeté, en moyenne, 5,6 tonnes d’équivalents COdans l’atmosphère, sans compter ses déplacements par air ou par mer. Et pourtant : un tiers des émissions sont dues à nos modes de déplacement. C’est dire combien notre manière de nous déplacer deviendra un enjeu incontournable de cette transition.

 

Fort-e-s de toutes ces informations, nous avons décidé, mon mari et moi, de nous séparer de notre voiture, il y a déjà deux ans.  Il a fallu adapter nos vies à cette décision, surtout avec deux jeunes enfants. Pendulaires depuis de nombreuses années (mon mari pour Givisiez et moi pour Berne), nous avons donc continué à voyager en train. C’est surtout pour nos loisirs et les visites familiales (à La Chaux-de-Fonds pour l’un, à Delémont pour l’autre) qu’il a fallu modifier nos habitudes, sans compter mes engagements politiques, souvent en soirée, qui nécessitent beaucoup de doigté et de planification pour assurer tous mes engagements entre les quatre coins du canton de Neuchâtel et de la Berne fédérale. Bien sûr, en programmant des séances, rares sont les personnes qui pensent aux horaires des CFF ou des temps de déplacement d’un lieu à un autre : c’est à moi de slalomer.

 

Entre transports publics, vélo électrique, co-voiturage et adhésion au système de voiture partagée, l’expérience s’avère, à nos yeux, concluante. Bien sûr, le choix d’habiter à proximité de la gare de Neuchâtel contribue à cette réussite.

 

Jeudi prochain aura lieu le Forum des 100 organisé par le Temps à Ecublens, avec pour thème la transition écologique. J’y suis invitée en tant que blogueuse. Je ferai évidemment le déplacement en transport public. J’ai bien sûr calculé le coût climatique nécessaire pour se rendre sur place : ce jour-là, je dépenserai plus d’un kilo de CO2. Si j’y allais en voiture seule, et pas besoin d’un gros 4×4 pour arriver à ce chiffre, j’aurais émis 23 kilos de CO2, soit vingt fois plus. En admirant le paysage sur ce trajet, j’aurai tout loisir de réfléchir à une autre question : l’ensemble des déplacements indispensables à ma campagne électorale des Fédérales de cet automne seront-ils compatibles avec cet engagement écologique ? Je m’engage, ici même, à tenir une comptabilité de mon coût en CO2, mais aussi, si c’est le cas, de pointer les limites de l’exercice. Et si vous m’emboitiez le pas ?

 

Martine Docourt

Députée au Grand Conseil neuchâtelois depuis 2009, Martine Docourt a présidé le groupe socialiste de 2013 à 2017. Depuis 2017, elle copréside les Femmes socialistes suisses. En tant que géologue de l’environnement, elle a eu plusieurs expériences dans l’administration publique cantonale et fédérale. Depuis 2020, elle est responsable nationale du Département politique du syndicat Unia. Elle vit à Neuchâtel avec ses deux jeunes enfants et son mari.

3 réponses à “Une campagne électorale, ça coûte combien en terme de CO2 ?

  1. Voyez que vous êtes une pauvre Madame Docourt, d’effacer mon message.

    Moi je viens d’Ocourt, Jura, par ma mère qui était une conne, mais je n’en veux pas pour autant aux femmes, allez, effacez ce que vous voulez, il en ressortira toujours la vérité!

    Pauvres socialistes prétentieux, fils de rien, ni de personne, comme Levrat-lâche
    🙂

    1. Apparemment, certains ne se rendent même pas compte que leurs outrances verbales et littéraires les discréditent totalement, et avec eux les idées qu’ils “défendent”! Débattez sur celles-ci au lieu de vous attaquez à des personnes; mais, c’est vrai, c’est difficile quand on n’a pas d’arguments valables!

  2. Madame,
    Je vous remercie pour ces description et réflexion. Elles m’encouragent à poursuivre mes propres efforts et mon engagement écologique.
    Cordialement
    Pierre Berlincourt

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