Aucune super nanny ne nous sauvera de la stratégie brillante de Trump.

Aucune super nanny ne nous sauvera de la stratégie brillante de Trump.

Tout mettre en œuvre, une stratégie brillante !

En mettant en œuvre à la lettre son programme absurde et dangereux, le dernier président américain (pardon, je n’arrive pas à mettre la majuscule) est gagnant sur toute la ligne, en trois coups:

  1. Il prouve que contrairement à tous les autres, lui, met en œuvre ses promesses électorales, sans sourciller, sans attendre.
  2. Lorsque les institutions, d’autres politiciens (ou pire, les médias) bloqueront la mise en œuvre effective de ses lubies, il sera encore plus crédible en victime du système contre lequel il prétend lutter (rien de mieux pour lui que la décision ultra rapide d’une juge pour remettre en cause sa décision sur l’immigration issues de certains pays musulmans)
  3. Une fois bloqué, il pourra quitter la scène en héros, sans avoir dû prouver que son programme ne tient pas la route dans la réalité.

Cette mise en œuvre jusqu’à l’absurde d’une règle donnée est une stratégie brillante, une tactique bien rôdée que chacun a essayé au moins une fois en tant qu’enfant (certains avec plus de succès que d’autres). Souvent, elle se termine dans une grande crise, en claquant la porte et en allant bouder après avoir cassé un maximum de choses. Ensuite, on murit et découvre d’autres façons de faire.

 

Ni le laisser-faire, ni la diplomatie, ni la justice ne suffiront

L’analogie avec la crise enfantine n’offre que trois stratégies pour sortir de cette situation:

La confrontation avec la réalité :
Le laisser cyniquement s’embourber dans la réalité de son programme, attendre que les problèmes soient insolvables, les ennemis intraitables. Les dangers d’une telle stratégie sont innombrables, et la crise finale s’annonce particulièrement dure.

Appeler super nanny
Engager une autorité pour recadrer le pauvre gosse mal éduqué et dysfonctionnel; mais quelle personne, institution ou pays pourrait jouer un tel rôle? Trump n’a rien à perdre, peut assurer ses besoins de base sans l’aide de personne, ne dépend de rien financièrement, et a fait de la remise en cause de l’autorité sa marque de fabrique.
Les institutions onusiennes, qui auraient pu en théorie jouer ce rôle, sont totalement démunies.
Le seul à même de jouer ce rôle aujourd’hui est Vladimir Poutine. Mais il est peu probable qu’une telle relation d’autorité se mette en place pour le plus grand bien de l’humanité.

Laisser faire le groupe
Dans une telle situation, et les éducateurs sociaux le savent, le groupe peut jouer un rôle fort. Ce sont les camarades qui peuvent mettre le holà aux dérives d’un des leurs qui dysfonctionne. Ils doivent avoir le courage d’ouvertement donner leur avis, de dire que cette situation est problématique. Il faut sortir de la dynamique « un groupe contre l’autre », pour entrer dans celle entre les membres à l’intérieur du groupe. C’est là mon seul espoir.

Super Nanny ne viendra pas – nous n’avons pas le droit de nous taire

Trump se fiche des femmes lesbiennes noires musulmanes et pauvres qui critiquent son attitude. Au contraire, il s’en gargarise, et ça le rend plus fort dans son rôle où la compassion n’a pas de place.

Ce sont bien ses pairs qui doivent élever la voix : les bedonnants, les présidentes, les républicains, les entrepreneurs; à tous les membres de ces groupes de dire à haute voix que cette attitude est indigne, inadéquate et nocive, et qu’ils ne sont pas d’accord de jouer ce jeu.

Cette attitude demande du courage, et tout le monde n’est pas Justin Trudeau. C’est là où le soutien et des messages clairs de tous peuvent encourager les bedonnants, les présidentes, les républicains, les entrepreneurs à oser affirmer leurs valeurs haut et fort.

Notre pays n’a plus le droit de se taire, ni de se draper dans son éthique diplomatique. Monsieur Burkhalter, Madame Leuthard, ne tergiversez plus, donnez des signaux clairs, sans gesticuler. Dites que la Suisse n’est pas d’accord de jouer ce jeu du mépris des droits humains.

Aucune super nanny ne viendra nous aider. A nous, citoyens, aux partis politiques, aux associations et institutions diverses, de tous donner de la voix pour ne pas accepter cette façon de faire qui nous mène tout droit aux dérives du siècle passé.

 

Ne laissons pas nos Trumps indigènes propager leur culte indigne.

Et avant tout, ne laissons pas le champ libre à ceux qui veulent lancer un nouveau culte des hommes « forts » dans NOS médias et NOTRE système politique; ils veulent nous faire croire qu’oser remettre en question les règles de notre humanité – les droits humains – est un signe de grandeur. Nous les entendons presque chaque jour, ils deviennent de plus en plus forts, ils font peur. Roger, Oskar, Claudio et tous les autres : le culte de Trump n’est pas acceptable en Suisse. Soyons fiers d’être faibles, cela nous rend plus forts.

 

 

PS: Ce blog à peine publié, voilà que Didier Burkhalter donne les premiers signes qui vont dans la bonne direction. Son communiqué de presse du 29 janvier est ici, plus de détails dans l’article de Lise Bailat intitulé “Didier Burkhalter: la décision américaine «va clairement dans la mauvaise direction»” est , et pour l’écouter sur Forum de RTS le soir du 29 janvier, c’est plutôt par .

A voir si la Présidente de la Confédération et – encore mieux – si le ministre responsable des relations commerciales, sauront aussi avoir le verbe clair.

 

 

Le #BREXIT – ou l’opportunité unique pour un #SwissIn

Ce soir il n’y a pas de match; j’aurais pu tranquillement passer ma soirée à repasser mon linge sous l’orage, en sirotant une Boddingtons.

Or jeudi, 51.9% des votants britanniques ont choisi de quitter l’Union européenne; une décision sur le fil du rasoir qui déclenche nombre de ricanements, cris d’orfraies ou feulements satisfaits sur tous les canaux médiatiques suisses. La réaction qui m’a le plus choqué est néanmoins la prise de position de J. Schneider-Ammann, Président de la Confédération, en milieu de matinée. Ce ton geignard et résigné ne peut être celui de la Suisse aujourd’hui.

Le #BREXIT est une chance unique pour la Suisse de reprendre la main, et de donner à la construction européenne une nouvelle dynamique. Après la baffe britannique, l’Union européenne a besoin de nouveaux partenaires, de signaux positifs forts, et d’un acteur a même de contribuer aux changements qui sont appelés de tous. Une Europe plus fédéraliste, moins bureaucratique, qui permette les échanges et les synergies sans être une machine administrative hors de contrôle.

Or qui mieux que la Suisse peut amener son expérience dans ce domaine? En redéposant officiellement une vraie demande d’adhésion, en se lançant dans un #SWISSIN, la confédération helvétique reprendrait son avenir en main, et passerait d’un rôle de parasite à celui de constructeur du renouveau de l’Union Européenne.

 

European Commission President Jean-Claude Juncker, right, welcomes the President of Swiss Confederation Johann Schneider Ammann upon his arrival at the EU Commission headquarters in Brussels on Friday, Jan. 15, 2016. (AP Photo/Geert Vanden Wijngaert)
European Commission President Jean-Claude Juncker, right, welcomes the President of Swiss Confederation Johann Schneider Ammann upon his arrival at the EU Commission headquarters in Brussels on Friday, Jan. 15, 2016. (AP Photo/Geert Vanden Wijngaert)

Monsieur Schneider-Amman, ce n’est pas le moment de “prendre acte” en pleurnichant, mais d’agir en entrepreneur et saisir la chance d’un #SWISSIN! La Suisse doit s’engager aujourd’hui dans le renouveau européen, plutôt que d’attendre en ricanant et sombrer tous ensemble dans 5 ans. La Suisse ne se construit pas (plus) sur les décombres de l’Union Européenne.

Trop opposées sur leurs valeurs, la France et l’Allemagne sont incapables de construire ensemble aujourd’hui; l’Europe des frontières et de la sécurité qu’elles esquissent ne fait rêver personne. La rénovation européenne doit se faire dans un processus intégrant tous les pays de bonne volonté, et donner un nouveau souffle à nos démocraties qui se sclérosent. Et pour cela, des pays de moindre importance, mais avec une longue expérience fédéraliste sont nécessaires.

Dans cet esprit j’attends aujourd’hui beaucoup de Didier Burkhalter. Sa réaction durant la journée a montré que lui est capable d’aller de l’avant. Mais se concentrer sur les accords bilatéraux et la négociation des conséquences du vote du 9 février ne suffit de loin plus; cela ne ferait que prolonger de quelques années le parasitage par la Suisse de l’agonie européenne. Il faut oser faire le pas et s’engager dans une redéfinition du contrat Européen. Les pays européens n’attendent que cela, sans que personne n’ose se lancer, laissant le champ libre à tous les populismes*, qui vaincront à chaque fois, comme ils l’ont fait le 9 février et le 23 juin.

Les temps sont durs, et nous n’aurons plus beaucoup d’autres fenêtres d’opportunités que celle-ci. Le pragmatisme doit changer radicalement de cap. Il est temps pour le Parti libéral radical de remiser ses avocats et juristes pour prendre son âme d’entrepreneur; il est temps pour le parti socialiste de développer une pensée visionnaire plutôt que réactionnaire; il est temps pour tous les autres de prendre le chemin certes inconnu, incertain, mais plein de possibles qu’offre un nouveau #SwissIn. Hic, et nunc!

*et leur cortège de coiffures relevant de la psychiatrie