Biden – Harris : peuvent-ils relever l’Amérique?

Mercredi dernier, le 46ème Président des Etats-Unis d’Amérique, Joe Biden, a officiellement prêté serment au Capitole. C’est devant les anciens chefs d’Etat Bill Clinton (1993-2001), George W. Bush (2001-2009) et Barack Obama (2009-2017) ainsi que le Vice-Président sortant Mike Pence que Joe Biden a promis de réunifier un pays divisé. Comme l’avait annoncé Donald Trump sur son compte Twitter avant que celui-ci ne soit supprimé, il n’a pas souhaité assister à la cérémonie d’investiture. Une première dans l’histoire récente des Etats-Unis. A cette occasion, la capitale Washington, D.C. avait été placée sous haute protection, par peur de nouveaux heurts. Deux semaines avant, le 6 janvier, des partisans de l’ex-Président avaient envahi illégalement et de manière violente le Capitole, symbole de la démocratie aux Etats-Unis et dans le monde. Le Démocrate de 78 ans aura ces quatre prochaines années beaucoup de travail pour réconcilier deux Amériques qui ne se comprennent plus. Quels seront ses grands chantiers? Arrivera-t-il a replacer les Etats-Unis dans le concert des nations?

Tourner la page des années Trump

A peine investi, Joe Biden a pris possession de la 1600 Pennsylvania Avenue, là où se situe la célèbre Maison Blanche. Le Président démocrate a prévenu sur son compte Twitter qu’il n’y avait “pas de temps à perdre pour s’attaquer aux crises” qui frappent durement les Etats-Unis. Après une gestion chaotique de la pandémie par son prédécesseur, il a promis une stratégie nationale pour lutter contre le Covid-19. Joe Biden a aussi annulé le retrait de son pays de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il va également relancer une économie essoufflée, réintégrer l’accord de Paris sur le climat (décret présidentiel signé le 20 janvier) ou encore réformer la justice. C’est un programme ambitieux pour un pays qui est par moment au bord de la guerre civile, il n’y a qu’à voir les paroles des partisans les plus extrêmes de Donald Trump. Joe Biden devra convaincre Démocrates, Républicains et surtout les citoyens de le soutenir pour arriver à atteindre ses objectifs. Je crois qu’il n’a pas le choix s’il veut montrer qu’il est le candidat qui aura réussi à remettre le pays sur de bonnes rails.

Le retour de l’Amérique

Sur le plan international, Joe Biden devra “réparer” l’image des Etats-Unis dans le monde, notamment après quatre années de bouleversement géopolitique voulu par son prédécesseur. Par exemple, rétablir une relation apaisée avec l’Union européenne ou défendre les principes du multilatéralisme. Donald Trump en osant lancer une guerre commerciale avec la Chine, en retirant des troupes stationnées au Moyen-Orient ou en déplaçant l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem n’avait pas tort de s’y atteler. La façon de le faire aurait pu être plus diplomatique. Je pense sincèrement que Joe Biden arrivera à relancer des contacts au niveau international et à replacer son pays dans le concert des nations. Mais ce ne sera pas sa priorité car il a déjà beaucoup à faire au niveau intérieur. Personne n’est dupe, le Président démocrate aura toujours en tête de défendre les intérêts américains d’abord. Simplement que le ton pour s’adresser aux autres dirigeants sera plus courtois et respectueux. Quid des futures relations Suisse – Etats-Unis? Elles sont déjà excellentes et les Etats-Unis ont besoin de nous dans les dossiers compliqués de l’Iran ou du Venezuela. Joe Biden connaît bien la Suisse, il est venu plusieurs fois au WEF de Davos. En février 2014, il s’était même entretenu avec le Président suisse Didier Burkhalter à Washington, D.C.

Le Président de la Confédération Didier Burkhalter (à gauche) lors d’un entretien avec l’ancien Vice-Président Joe Biden (à droite) dans la capitale fédérale américaine en février 2014. Menu de la discussion : l’Ukraine. Photo : OSCE

Joe et Kamala, unis pour réconcilier

Joe Biden est un vieux routier de la politique américaine. Elu au Sénat à 30 ans, Vice-Président sous les deux mandats de Barack Obama, apprécié chez les Démocrates comme chez les Républicains, il a toutes les cartes en main pour user de ses talents de négociateur. Je ne crois pas qu’il sera bloqué dans ses ambitions, il saura convaincre ses adversaires en leur faisant des concessions sur certains dossiers. Joe Biden en choisissant comme Vice-Présidente Kamala Harris a fait un excellent choix pour mettre en avant la diversité au sein de son cabinet. Le duo Biden-Harris peut relever l’Amérique des années Trump mais il ne devra pas se contenter de gouverner depuis la capitale. Voyager à travers les 50 Etats, y compris ceux dit “républicains” parait primordial pour montrer qu’ils sont capables de réconcilier deux peuples et de faire avancer le pays. God bless Joe & Kamala!

Trump-Biden / Biden-Trump : le combat des papys

Le Président américain Donald Trump (74 ans) et son adversaire démocrate Joe Biden (77 ans) s’apprêtent à partir ou repartir en campagne à travers les Etats-Unis pour tenter de remporter la présidentielle du 3 novembre prochain. Les deux papys de la politique ont été officiellement choisis par leur parti respectif pour s’affronter ces prochaines semaines. Dans une Amérique tellement divisée, la campagne s’annonce tendue. Explications aussi en fin d’article sur le rôle exact de vice-Président aux Etats-Unis.

Après les Démocrates la semaine passée, c’était au tour des Républicains d’organiser leur convention. Aux Etats-Unis, une convention se déroule chaque été précédant l’élection présidentielle. Elle permet au candidat, démocrate comme républicain, et à son colistier d’être investis par leur parti. Sans suspense, Donald Trump a été officiellement choisi par les délégués du “Grand Old Party”. C’est depuis les jardins de la Maison Blanche que le Président Trump a accepté son investiture. Le choix du lieu est à la limite de la légalité quand on sait que la Maison Blanche est un bâtiment fédéral et qu’il est donc payé par les deniers publics. Quant à son actuel vice-Président Mike Pence, il est reconfirmé comme candidat officiel à la vice-présidence des Etats-Unis d’Amérique. Lors de la convention nationale républicaine qui se tenait à Charlotte dans l’Etat de Caroline du Nord, il a déclaré que : “L’Amérique a besoin de quatre ans de plus de Donald Trump à la Maison Blanche”. Pas sûr que tous les citoyennes et citoyens américains pensent la même chose, l’Amérique étant plus que jamais divisée entre conservateurs et progressistes sur de nombreux sujets de société. Pendant les quatre soirs de la convention, Joe Biden a été au centre de toutes les attaques. Donald Trump allant même jusqu’à dire que : “Joe Biden sera le fossoyeur de la grandeur de l’Amérique”.

Le Président Donald Trump débarque de Marine One à Asheville dans l’Etat de Caroline du Nord au premier jour de la convention nationale républicaine, 24 août 2020. Photo : The White House

Biden-Harris, un partenariat idéal

L’actuel locataire de la Maison Blanche accuse souvent son adversaire démocrate d’être “socialiste”. La RTS avait proposé en début d’année une analyse comparative des candidats démocrates avec l’échiquier politique suisse. Résultat pour Joe Biden : en Suisse il serait plutôt chez les Verts libéraux donc à droite. L’allocution prononcée par le vice-Président Pence n’a pas dû plaire aux Démocrates. Ces derniers ont tenu leur convention à Milwaukee dans l’Etat du Wisconsin. Tout comme son futur adversaire, Joe Biden a prononcé un discours pour accepter sa candidature. Il a promis notamment de “tourner la page de la peur et des divisions”. Le choix de sa colistière avec qui il va faire campagne est aussi surprenant. Retenez bien ce nom : Kamala Harris. Fille d’un père jamaïcain et d’une mère indienne, elle deviendrait la première femme de couleur à accéder à la vice-présidence si Joe Biden et elle remporteraient la présidentielle du 3 novembre prochain. Avec ce choix, le candidat démocrate espère gagner le vote de la communauté des Noirs américains. Joe Biden devra aussi miser sur les réseaux sociaux pour remporter l’élection présidentielle. En tant que spécialiste médias sociaux, son image numérique est moins bonne que celle de son adversaire Donald Trump. L’actuel Président américain dispose de 15 fois plus d’adeptes sur Twitter et Facebook et génère nettement plus de recherches sur Google. Rappelons qu’en 2015 Donald Trump a remporté la primaire républicaine “grâce” à un usage immodéré des réseaux sociaux. La campagne jusqu’au 3 novembre se jouera aussi sur les réseaux sociaux à coup de publicité et de publications imagées vantant les mérites de l’un comme de l’autre. Comme les Démocrates ont préféré organiser leur convention en ligne, signe qu’ils prêtent attention aux conseils scientifiques demandant d’éviter les grands rassemblements, c’est devant des délégués connectés que Kamala Harris a accepté sa nomination à devenir peut-être vice-Présidente de Joe Biden.

Convention virtuelle chez les Démocrates et un peu moins chez les Républicains

Les conventions de nomination pour les deux principales formations politiques américaines ont été pas mal restreintes à cause de la pandémie du coronavirus. En temps normal, une convention c’est un véritable spectacle voire show politique. Elle regroupe dirigeants et notables du parti ainsi que de simples militants. C’est à ce moment-là qu’ils décident quel visage ils vont donner au parti pour les quatre prochaines années. Le coronavirus est passé par là et a littéralement chamboulé cette tradition de la vie politique américaine. La convention démocrate s’est pas mal déroulée en ligne, elle a été un peu moins chez les Républicains. Au contraire de Joe Biden qui est resté chez lui, Donald Trump a préféré faire le déplacement en Caroline du Nord. De même que l’actuel vice-Président Mike Pence.

L’ancien Président Bill Clinton s’exprime au troisième jour de la convention nationale démocrate, Denver dans l’Etat du Colorado. Photo : Shayne Adamski

A quoi sert le vice-Président aux Etats-Unis?

Dans les institutions politiques américaines, outre le rôle très important de Président, il y aussi le vice-Président. Depuis 2016, ce poste est occupé par le conservateur Mike Pence. Si vous voulez tout savoir sur le rôle exact de vice-Président des Etats-Unis, je vous recommande en cliquant sur le lien ci-après les explications de Valérie de Graffenried, correspondante du Temps aux Etats-Unis.