Soutenue par les États-Unis qui acceptent de fournir des chars Abrams, l’Allemagne débloque la livraison de blindés lourds à Kiev pour repousser l’armée russe. Un risque de confrontation directe est en train de se dessiner entre le continent européen et la Russie. Serons-nous encore “vivants” cet été?
Ces dernières semaines, le Chancelier allemand Olaf Scholz hésitait à livrer des chars à l’Ukraine. Mercredi dernier et face à une regrettable pression de plus en plus intenable, même au sein de son gouvernement, il a finalement autorisé la livraison de 14 chars de combat Leopard 2 à Kiev. C’est donc la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale que des blindés allemands vont se retrouver sur un territoire en guerre européen. Cette décision promet déjà de voir deux camps s’opposer : ceux qui soutiennent l’Ukraine par l’envoi d’armes (armes légères, armes lourdes, etc.) et ceux qui soutiennent l’Ukraine par la voie humanitaire ou de la paix, mais qui ne veulent surtout pas que leur pays soit considéré par la Russie comme co-belligérant. En effet, cela entrainerait un conflit direct entre Moscou et une capitale européenne.
La Suisse aussi sous pression
La Suisse n’est pas non plus épargnée par les pressions intérieures et extérieures en lien avec le conflit russo-ukrainien. Cette semaine, la Commission de la politique de sécurité du Conseil national a adopté une initiative parlementaire du parti Le Centre (mon parti politique) qui donne à la Suisse la possibilité d’autoriser temporairement l’exportation voire la réexportation de matériel de guerre vers l’Ukraine. C’est une très grave erreur et je prends de la distance avec cette décision qui va enterrer encore plus notre neutralité. La Genève internationale avec ses réunions de haut niveau, le WEF de Davos ou d’autres événements important, c’est peut-être bientôt la fin, car certains pays vont remettre en cause notre neutralité si on envoie du matériel de défense à un pays en guerre. La loi suisse est pourtant claire sur le matériel militaire : les pays qui achètent de l’armement suisse doivent signer une déclaration de non-réexportation. En fait, cela veut dire que ces Etats doivent avoir l’accord de la Suisse pour pouvoir livrer le matériel acheté à un autre pays.
Les Etats-Unis suivent l’Allemagne
En même temps que l’annonce historique d’Olaf Scholz, le Président américain Joe Biden a annoncé à son tour l’envoi de 31 chars d’assaut Abrams en Ukraine. La Pologne, l’Espagne, la Finlande et les Pays-Bas se préparent à suivre le mouvement. Du côté de Paris, l’envoi de chars Leclerc n’est toujours pas confirmé. Certains élus français réclament un débat à l’Assemblée nationale. Le Président français Emmanuel Macron devrait prendre une décision dans les prochains jours.
⚡️⚡️ Joe Biden announced the transfer of 31 Abrams tanks to Ukraine, as well as eight M88 recovery armored vehicles. pic.twitter.com/d0uzEdNhrv
— NEXTA (@nexta_tv) January 25, 2023
L’Europe est (déjà) en guerre contre la Russie
Sans surprise, du côté de la Russie de Vladimir Poutine, on dénonce “l’engagement direct” de l’Occident dans le conflit. Et c’est cela qui m’inquiète pour les mois à venir. Je crains une escalade de plus en plus dangereuse pour la Suisse et l’Europe si elles devaient tout d’un coup affronter l’armée russe. “La notion de co-belligérance n’est consignée dans aucun ouvrage de droit”, c’est une notion “subjective”, dit le spécialiste des relations internationales Bertrand Badie. Des propos certes rassurants, mais qui de facto engagent déjà le continent européen dans une guerre totale contre la Russie. Inquiétant, vraiment inquiétant !