Eglises-Etat : l’inacceptable convention valaisanne

En pleine campagne pour sauver 3 sièges PDC au Conseil d’Etat, Christophe Darbellay présente une convention signée avec l’Eglise catholique et l’Eglise réformée. Son titre : « convention concernant la collaboration entre l’école valaisanne et les églises reconnues ». Dans ce petit texte, j’aimerais tenter d’expliquer pourquoi cette convention est philosophiquement catastrophique et politiquement très dangereuse.

Il semble que le texte soit difficile à trouver en ligne – le site internet officiel du canton ne mentionne que le communiqué de presse. Je me permets donc de le rendre disponible ici, dans une version où j’ai noté en commentaire les questions les plus importantes que soulève ce texte.

Philosophiquement catastrophique

Avant de questionner le contenu de la convention, j’aimerais être transparent sur mes convictions. Un Etat démocratique et libéral est organisé sur le principe que tous les citoyen-nes sont d’égale valeur. Aux yeux de l’Etat, personne n’est plus important que son voisin. C’est l’égalité devant la loi, mais également dans la loi. C’est particulièrement vrai pour les questions de convictions religieuses, philosophiques, éthiques. L’Etat doit se tenir en retrait et ne pas favoriser certaines croyances. S’il le fait, alors il privilégie certains citoyen-nes et leurs associations respectives.

Dans les missions de l’Etat, l’école a une place particulière : elle forme les futur-es citoyen-nes. Elle est le lieu où la liberté s’apprend et s’exerce, tant par le savoir qu’elle transmet que par les échanges qu’elle rend possible.

Les présentations étant faites, je compare avec la Convention :

Etat démocratique et libéral Convention
Toutes les personnes sont d’égale valeur aux yeux de l’Etat. Les personnes de confession chrétienne (catholique et protestante) sont plus importantes que les autres.
Pour assurer une égalité de traitement, l’Etat se tient le plus possible en retrait des questions de choix religieux, philosophiques, éthiques. L’Etat prend position sur les questions de choix religieux, philosophiques, éthiques. Il déclare que 2 Eglises/courants religieux sont meilleures que les autres.
L’Etat ne favorise aucune association et les intègre toutes sur un pied d’égalité dans ses réflexions et projets. Les Eglises dites « officielles » ont un statut extrêmement privilégié, qui leur permet notamment de passer ce genre de conventions sur un pied d’égalité avec l’Etat. Ces Eglises semblent être hors société civile, elles ont une catégorie de traitement spécifique (préambule de la convention). Les autres communautés religieuses ne sont pas considérées.
De toutes les tâches de l’Etat, l’enseignement est l’une des plus sensibles. L’école publique est gratuite et obligatoire. La demande de neutralité confessionnelle est particulièrement forte pour l’école. L’école publique signe des conventions de collaboration avec deux Eglises. . Celles-ci collaborent « en vue de la réalisation des objectifs éducatifs de l’Ecole valaisanne » (art. 3 convention)
L’école est le lieu de la formation à la citoyenneté. En plus des connaissances de base, elle transmet les compétences nécessaires à la vie en société. L’école poursuit des fins culturelles et vise à la formation intégrale, incluant les dimensions religieuse et spirituelle (art. 3 et 4 convention). L’école affirme ses valeurs judéo-chrétienne (art. 6). En ne reconnaissant aucune dispense pour les cours donnés par des représentant-es des Eglises (cours d’ «éthique et de cultures religieuses»), la convention institutionnalise une forme de prosélytisme au sein même de l’école publique.
Les convictions religieuses, philosophiques, éthiques des enseignant-es doivent se mettre le plus possible en retrait pour transmettre un contenu objectif, surtout chez les plus jeunes. Leur professionnalisme est attesté par une formation pédagogique officielle. Des enseignant-es choisies par les Eglises donnent un enseignement obligatoire dans le cadre de l’école publique. Selon certains arrangements, l’Etat va même payer ces enseignant-es. La question de leur formation n’est pas claire (« titres requis ») (art. 6). Une formation pédagogique similaire à l’enseignant-e ne semble pas nécessaire.
La détermination du contenu des cours est une mission cruciale de l’école publique. Si l’école consulte des spécialistes, elle le fait sur une base scientifique. Les Eglises sont consultées sur le contenu des cours d’éthique et de cultures religieuse.


En bref, la convention signée par le Conseiller d’Etat Darbellay ne respecte aucun des principes fondamentaux de l’Etat démocratique et libéral. De plus, elle est marquée par des contradictions internes insurmontables. Que les lecteurs tentent de lire l’article 6 de la convention et d’en tirer une position cohérente.
 De manière générale, difficile d’en vouloir aux Eglises de jouer leur carte à fond et d’obtenir le maximum – mais où est le contrôle politique ? Où sont les droits fondamentaux des élèves et des parents ?

Politiquement très dangereux

Le contenu de la convention est catastrophique, mais son timing politique l’est également. Le Valais est spécialiste de ce genre de conventions. La dernière, signée en 2015 par O. Freysinger, était encore plus problématique à bien des égards. Les plus optimistes y verront donc une amélioration. Pour tous les autres, c’est le moment d’agir.

La version de 2021 est rendue publique en pleine campagne au Conseil d’Etat, alors que Roberto Schmidt déclare dans le Nouvelliste que son « objectif principal, c’est de faire élire 3 PDC ». Mais encore plus problématique, cela intervient durant la consultation publique sur les principes de la nouvelle Constitution. Le sujet est au programme de cette consultation. De ce coté-là, on se rappellera avec intérêt le vote des constituant-es sur la question de la neutralité confessionnelle de l’école (proposée par le groupe VLR, refusée par la majorité PDC/UDC). Les votes personnels sont à découvrir ici, fort intéressant alors que bon nombre de Constituant-es se présentent comme candidat-es au Grand-Conseil.

Quelques leçons politiques à mon avis pertinentes (sans prétention à l’exhaustivité) :

  • Le PDC et l’UDC continuent leur lutte pour s’affirmer comme le parti de l’Eglise catholique/de “la” religion. C. Darbellay donne quelques gages à ses soutiens les plus conservateurs. O. Freysinger l’avait fait en 2015. Qui sera plus catholique que le Pape ?
  • Comme l’ont fait de nombreux élu-es PLR à titre individuel, le PLR devrait signifier à tout le canton que cette convention est incompatible avec l’idée d’un Etat moderne et démocratique. Si les libéraux-radicaux, porteurs d’une vision libérale de la société, ne le font pas qui le fera ?
  • Tous les élu-es/candidat-es de confession catholique ne sont certainement pas très à l’aise avec cette convention. Il ne s’agit pas d’être contre la religion ou anti-clérical, mais de montrer son attachement au principe d’égalité de traitement des résident-es du canton. Ce serait fort intéressant d’entendre leur voix dans le débat public.
  • Que pensent les professionnel-les de l’éducation de cette affaire ? Que pensent les scientifiques de l’histoire des religions ? Il serait fort intéressant d’entendre leur voix dans la consultation publique de la Constituante.
  • Que pensent les parents de cette affaire ? Comment vont-ils gérer cette nouvelle donne ?

Que faire ?

Une voie alternative serait pourtant toute tracée. Il n’y a pas besoin de basculer dans un système à la française, mais simplement d’inscrire au programme des vrais cours d’histoire des religions et/ou d’éthique, donnés par des professionel-les qualifié-es de l’instruction publique, sans aucun rôle joué par les Eglises dans la détermination du contenu et de la personne enseignante. Le cours d’histoire des religions est un cours spécifique du cours d’histoire, le cours d’éthique est un cours spécifique du cours de philosophie. Le minimum, en gros.

Les personnes résidentes en Valais qui sont choquées par cette convention devraient prendre leur plume ou leur clavier et écrire à la Constituante pour signifier leur volonté d’avoir un Etat, tout particulièrement une école publique, qui se met beaucoup plus clairement à distance des Eglises. Voici comment le faire (https://www.vs.ch/valaisdemain).

Johan Rochel

Dr. en droit et philosophe, Johan Rochel est chercheur en droit et éthique de l'innovation. Collaborateur auprès du Collège des Humanités de l'EPFL et membre associé du centre d'éthique de l’université de Zürich, il travaille sur l'éthique de l'innovation, la politique migratoire et les questions de justice dans le droit international. Le Valaisan d'origine vit avec sa compagne et ses deux enfants entre Monthey et Zürich. Il a co-fondé "ethix: Laboratoire d'éthique de l'innovation" (www.ethix.ch)

38 réponses à “Eglises-Etat : l’inacceptable convention valaisanne

  1. Chapeau Johan.
    Appel Citoyen doit oser prendre le risque de déranger ceux qui ont annoncé dès le départ de la Constituante qu’il fallait changer le moins possible.
    Mais je n’ai pas pensé un instant que Christophe irait jusque là.
    Je suis très déçu.

  2. Merci pour cet article.
    Il montre tout le mépris de tout ceux qui ne font pas partie de la chrétienté archaïque.
    Excellente analyse.
    Thierry Dewier
    Président Libre Pensée romande

  3. L’article aurait pu être intéressant s’il ne partait pas directement dans la fausse ligne. Je suis déçue de ne jamais voir le contenu du cours Éthique et Cultures religieuses dans votre article. Avant de crier au loup, il aurait préférable d’essayer de comprendre ce qu’il se dit durant ces cours. TOUTES les confessions majoritaires sont abordées. (Christianisme, judaïsme, islamisme et même bouddhisme qui est plus une philosophie qu’une religion). Comment expliquer que des parents refusent ce cours pour leurs enfants ? À aucun moment l’enseignant ne porte de casquette avec sa religion inscrite dessus. Pourquoi donc refuser que son enfant élargisse sa culture ? Qu’il connaisse l’Histoire des différents courants religieux du monde ? Rendre ce cours obligatoire c’est rendre l’ouverture à laute obligatoire. Et je pense que dans le contexte actuel, ce n’est pas nécessaire mais primordial. L’article aurait été source d’inspiration si vous questionniez pourquoi est-ce que ces cours sont donnés, parfois, dans la minorité des cas, par des enseignants externes. La réponse est simple : 1.5 périodes sont données dans la semaine. 45 minutes puis 30 minutes. Beaucoup d’enseignants font passer à la trappe le cours de 30 minutes. Ainsi, l’Etat assure au moins 45 minutes de Culture, d’ouverture à l’autre, toutes confessions confondues. Chaque enfant, du haut de ses 4 ou 5 ans, arrive avec son étiquette religieuse sur la tête. Ce cours permet de comprendre l’autre, de savoir ce qu’il se passe chez l’autre à Noël ou durant le Ramadan (entre autre,…). Les enseignants externes ont l’habitude de travailler avec des enfants et (cela n’engage que moi) je suis persuadée que le diplôme ne fait pas les compétences. Une personne, qui a elle même des enfants, qui travaille avec des enfants, qui crée des journées catéchétiques pour des enfants (en dehors de l’école) acquiert forcément des compétences pédagogiques, parfois même mieux que celles tirées des livres. De plus, c’est un sujet qu’elle connaît. La plupart des personnes intervenantes sont universitaires.
    Malheureusement votre article prend plutôt une tournure prosélytique envers le PDF, voire l’UDC, voyant là une belle opportunité. Cherchez la faille ailleurs, il y en a, mais protégez notre avenir en acceptant de former des enfants tolérants.

    1. Chère madame, grand merci pour votre retour. Mon analyse se base sur la convention signée par l’Etat et les Eglises. Je n’ai bien sûr jamais laissé entendre que l’enseignement donné sur le terrain était de bonne ou mauvaise qualité. Votre plaidoyer pour l’enseignement – je partage bien sûr l’idée qu’il faille présenter le panel le plus large possible des convictions religieuses, avec la neutralité la plus grande possible – ne résoud pas tout:
      – pourquoi deux Eglises ont-elles le droit de participer à la détermination du contenu de l’enseignement ?
      – pourquoi des enseignants externes, choisis par les Eglises, ont-ils le droit d’enseigner une branche qu’on veut faire passer comme une branche standard ? pourquoi des enseignants extérieurs ne viendraient-ils pas donner des cours d’histoire, de français ou de math ? En d’autres mots, qu’est-ce qui fait la spécificité de ces cours d’éthique et de cultures religieuses ? De plus, pourquoi ces personnes ne sont pas tenues aux mêmes exigences de formation pédagogique ?
      – si des enseignants extérieurs choisis par les Eglises viennent donner ce cours, pourquoi et comment pouvoir penser que le contenu pourrait être neutre ou transmis de manière neutre ? pourquoi d’ailleurs exiger que l’enseignant reste dans la salle durant cet enseignement ?
      – et surtout, pourquoi ne pas privilégier la piste que je décris tout au fond de l’article – les choses ne seraient-elles pas plus claires ?
      Merci d’avance pour vos réponses,

      1. Pourquoi 2 Eglises ? Tout simplement parce dans la Constitution valaisanne seules 2 Eglises sont reconnues – du moins pour l’instant

    2. Laetita, J’ai eu 3 enfants qui ont suivi des cours d’Ethique et de Culture religieuse. A priori, on pourrait effectivement se dire que l’approche est tout à fait constructive. Mais étant moi-même sans croyance, j’y voit un mépris pour la tranche de la population que je représente et de plus grandit sans cesse en Suisse. J’ai reçu dans ma jeunesse un cours qui embrassait toutes les cultures religieuses, et j’admet que c’est un aspect très enrichissant, faut-il encore que la matière y soit abordée de manière objective, ce qui , après avoir consulté ces cours, n’est pas le cas.
      Evidemment il y a prosélytisme, et il faut définir ce qu’est ce prosélytisme. La volonté de convaincre que sa foi est la meilleure (voir la seule valide) et qu’il faut s’y convertir. On peut évidemment trouver plusieurs niveaux dans cette démarche prosélytique, mais à partir du moment où les membres d’un dogme sont chargés de revoir les supports de cours et dans certains cas de l’enseigner eux-mêmes , le résultat n’est que trop évident. De plus le maintien des fenêtres catéchétiques au sein même de l’organisation de l’enseignement est tout aussi démonstratif. Quel est l’enfant qui ne se sentira pas exclu et désireux de se joindre à ces activités. (j’ai moi même eu la tentation dans mon enfance de me faire baptiser… pour profiter des fêtes qui s’y attenaient)
      Et regardons de plus près justement ces cours qui parlent d’idéal religieux, qui expliquent les personnages importants, les structures et fêtes de quelques dogmes. (Alors qu’il y a près de 10’000 dogmes créés par l’humanité et encore des centaines pratiqués). On ne vous fera jamais de présentation du statut quasi systématique de la femme inférieure, sur les massacres qui ont résulté de leurs pratiques (les divers massacre des juifs, les conversions forcées d’Afrique et d’Amérique, les chasses aux païens, et des sorcières (dont les victimes étaient encore des femmes), les décisions arbitraires prises par les chefs de dogmes (célibat des prêtres, voile des femmes) les luttes contre le développement scientifique ,…
      Ensuite, qu’en est-il de l’éthique philosophique hors dogmes . Au sortir de l’école primaire, un enfant peut vous en dire beaucoup sur les dogmes, mais il sera incapable de vous citer ne fusse qu’un philosophe dans la plupart des cas, et encore moins de parler de quelques philosophies, convaincu que les éthiques ne sortent que de quelques religions bien choisies. Dans le secondaire, ce n’est guère mieux (Et s’il vous plaît, ne me citez pas Pascal, ou Thomas d’Aquin) Comme si ce n’était que l’apanage d’universitaires. Alors que toute la structure de notre société repose sur le travail des lumières, on veut faire croire (toujours la foi) que c’est la culture Judéo-Chrétienne qui a échoué à faire évoluer le monde durant des siècles …
      Il est clair que des enseignants peuvent faire la différence (j’en connais de très bon), mais il reste difficile d’y avoir une approche objective, et la majorité sont acquis à leur Eglise et persuadés de leur mission de conversion, de prosélytisme.
      Oui à l’ouverture culturelle, je suis d’accord avec vous, elle est essentielle, mais pas dans ce cadre méprisant.

    3. Ce que j’aimerai voir dans la Constitution valaisanne et même suisse, c’est que chaque citoyen reconnaisse et signe l’adhésion aux droits de l’homme et on passe à ce crible toutes les religions et philosophies actuelles et que ceux qui refusent de signer soient interdits d’expression. Nous ne sommes plus au Moyen Age et il est temps de pousser les portes de l’Age d’or, et en Valais encore plus qu’ailleurs!

  4. Bravo pour cet article qui devrait être largement diffusé afin d’alerter la population valaisanne sur le fait que l’égalité de tous les élèves n’est pas au programme de l’enseignement en Valais et sur l’opportunisme politique qui pollue les travaux de la Constituante.

  5. Je commente sur l’aspect scolaire uniquement.
    Je suis titulaire d’un master en histoire et sciences des religions et j’enseigne l’ECR en Valais. Je ne subis aucune intervention de l’Eglise. Le programme n’est absolument pas prosélyte et la place accordée à chaque religion est strictement la même dans les moyens d’enseignement.
    Sur cette base, je ne vois pas pourquoi un élève devrait être dispensé… il y a un enseignement historique, culturel, sociologique et une approche de l’éthique (sans oublier une amorce, plus que nécessaire, du débat critique). Je ne connais aucun collègue qui enseigne aujourd’hui cette branche et est par ailleurs affilié à une église et encore moins payé par elle (je parle du 3ème cycle ; en primaire, il y en a encore, mais cela tend à disparaître).
    Pour le reste, quant à cette convention, je partage certaines de vos réserves, mais je trouve que vous y allez un peu fort.

    1. Chère madame, merci pour ce retour.
      – parlez-vous de la situation en primaire, au secondaire ou au collège ? La convention prévoit des règles très différentes. Si je vous comprends bien, vous êtes dans le secondaire (donc l’article 8 de la convention s’applique, avec comme vous le notez, l’impossibilité d’amener des enseignants externes et une exigence de formation reconnue). Reste néanmoins l’art. 8 alinéa: les Eglises sont consultées sur le contenu ET lors de l’engagement du personnel enseignant. Quelle est la justification pour ce traitement de faveur ? pourquoi l’Eglise peut-elle intervenir/être consultée dans l’engagement du personnel scolaire ?
      – que fait-on avec l’article 6 et 7 pour l’école primaire, là où la neutralité confessionnelle devrait être maximale ? Je n’ai aucun problème avec la dimension obligatoire, mais alors la qualité de l’enseignement (y.c. sa neutralité confessionnelle) doit être parfaite. Plus précisément, pourquoi des enseignants externes, choisis par les Eglises, ont-ils le droit d’enseigner une branche qu’on veut faire passer comme une branche standard ? pourquoi des enseignants extérieurs ne viendraient-ils pas donner des cours d’histoire, de français ou de math ? En d’autres mots, qu’est-ce qui fait la spécificité de ces cours d’éthique et de cultures religieuses pour justifier ce traitement sur la base de cette convention ? De plus, pourquoi ces personnes ne sont pas tenues aux mêmes exigences de formation pédagogique ?
      Je suis heureux d’entendre votre voix dans le débat et je me réjouis de vous lire.

    2. Je rejoins entièrement vos propos. En tant qu’enseignante au primaire, je suis amenée à dispenser les cours d’ECR en 6-7-8H et je confirme qu’il n’y a aucun prosélytisme, même sous-jacent. Ce cours permet justement une multitude de liens interdisciplinaires (histoire, géo, sciences, architecture, art et j’en passe) et l’ouverture au monde qui nous entoure. Il n’a rien à voir avec le catéchisme d’antan ou les fenêtres catéchétiques.

      1. Chère madame, merci pour votre retour et votre participation à ce débat. C’est clair que la situation s’est améliorée et que nous ne parlons plus des cours de catéchèse que j’ai connus enfant.
        Mais que fait-on avec l’article 6 et 7 pour l’école primaire, là où la neutralité confessionnelle devrait être maximale ? Je n’ai aucun problème avec la dimension obligatoire, mais alors la qualité de l’enseignement (y.c. sa neutralité confessionnelle) doit être parfaite. Plus précisément, pourquoi des enseignants externes, choisis par les Eglises, ont-ils le droit d’enseigner une branche qu’on veut faire passer comme une branche standard ? pourquoi des enseignants extérieurs ne viendraient-ils pas donner des cours d’histoire, de français ou de math ? En d’autres mots, qu’est-ce qui fait la spécificité de ces cours d’éthique et de cultures religieuses pour justifier ce traitement sur la base de cette convention ? De plus, pourquoi ces personnes ne sont pas tenues aux mêmes exigences de formation pédagogique ?
        Je me réjouis de vous lire.

    3. Je suis de votre avis, mais M Rochel n’est pas connu pour être spécialement neutre lorsqu’il s’agit du PDC ou de l’UDC, considérés comme archaïques et adeptes de l’immobilisme

  6. Kyabje Zong Rinpoche, un éminent maître bouddhiste :

    “De manière générale, c’est votre choix en tant qu’individu de pratiquer ou non le Dharma. Ce n’est pas quelque chose que l’on peut vous forcer à faire, à moins que ce ne soit la loi du pays, auquel cas tout le monde doit le pratiquer. Mais même alors, ce n’est pas vraiment pratiquer le dharma, parce qu’adhérer à la loi du pays est fait juste pour cette vie” (20 mai 1978, Soquel, Californie).

    En intégrant la pratique dans la loi du pays, on la vide de son sens, et si tel est le cas
    on la transforme en mauvais dharma :

    “Vous devez chercher et trouver le Dharma qui vous paraît juste. Si vous pratiquez le mauvais Dharma, quelle que soit l’intensité de votre pratique, vous gaspillez toute votre vie”.

    Les apprentis sorciers ont vraiment de la chance, Jésus n’est plus là.
    Ils n’ont pas besoin de partir se cacher en courant : je paierais cher pour les entendre
    lui expliquer le concept…
    Et si ils avaient eu affaire à un ancien maître, ils se seraient fait secouer la moindre…

  7. M.Rochel, l’auteur des Lettres Persannes vous aurait peut-être dit :

    Bien étrange, et peut-être presque “moyenne – âgeuse” , que la situation factuelle décrite par vous, documents et argumentaire à l’appui.

    Bien étrange aussi, le manque de soutien massif à “Appel citoyen” pour un changement vers une société véritablement plus laïque (et non laïc), respectueuse des non-croyances et des croyances dans la formation et l’éthique des enfants et de la jeunesse.

    Bien étrange que dans d’autres pays, les autorités et références dites “morales” et éthiques ne sont pas seulement confessionnelles et cultuelles, mais bien plus pluralistes, diverses et citoyennes, et que dans la formation éthique de la jeunesse, elles n’émanent pas seulement des facultés de théologies…

    Tout se passe comme si, selon le point de vue des sciences sociales, psychosociales et philosophiques, nous pouvions observer sur la photo associée à votre si gentille analyse, l’archétype du concept éternel de structure croisée du pouvoir patriarcal. Il y manque peut-être juste un général.

    Il n’y a donc pas photo !

    Et Tout est dit !

    Un Confédéré en souci

  8. Quel acharnement. Je ne suis pas croyant mais je suis ravi que le Valais continue à garder son identité à sa manière même si ça dérange. Y en a marre de cette standardisation généralisée! Ce n’est pas cette convention qui va mettre en péril les libertés individuelles et la qualité de l’enseignement au contraire.

    1. Cher Monsieur, merci pour votre retour. Auriez-vous quelques réponses aux questions que je soulève ? Aucun de ces éléments ne vous apparait comme problématique ?
      Johan

  9. J’ai cherché en vain le texte de la convention. D’autre sites donne une impression inverse de ce qui est présenté dans votre article. Par respect aux lecteurs, il serait nécessaire de nous donner l’accès à la dite convention, pour nous permettre une lecture indépendante. Il semblerait qu’il en existait une déjà de 2015 et celle-ci ne fait que la remplacer.

    1. Bonjour, la convention est disponible en lien dans l’article (premier paragraphe). De plus, le fait que cette convention ne soit pas disponible publiquement est en soi un problème.

      1. Merci bcp, effectivement, j’ai lu le texte que je ne trouve pas choquant. Cette organisation de la collaboration donne un cadre, et probablement permet un subventionnement déguisé. Je ne trouve rien de choquant, d’autant plus que la majorité citoyenne est satisfaite de cet arrangement. Vous savez que dans les temps anciens l’église tenait les peuples dans l’ignorance pour éviter les explications et esquiver les attaques savantes. Je trouve que l’église(s) valaisanne s’expose et prouve qu’elle a une grande confiance dans son enseignement, et l’Etat valaisan répond à une demande qui existe dans la population et se permet de superviser la diffusion de la doctrine !

        1. Superviser la diffusion de la doctrine et subventionnement déguisé, au moins, les choses sont nommées. Je crois que vous avez raison, et c’est bien ça qui est problématique.

  10. L’Etat démocratique et libéral est-il devenu une religion? Et quelle est votre croyance à vous? On évoque bcp de choses à l’école, et il y a toujours un point de vue. Il y a toujours une subjectivité, partout – en littérature, comme en histoire, comme en sciences. Comme en religion ou en philosophie. L’idée d’une neutralité cache mal un point de vue qui est aussi subjectif – et promeut une rupture avec le passé, perçu comme arriéré. Pourtant, sans ce passé que seriez-vous?
    L’école a pour but de permettre aux enfants et jeunes de disposer d’outils pour appréhender la réalité qui les entoure. Or, les religions font partie de cette réalité humaine. Ce n’est pas en cachant la réalité qu’on pourra l’appréhender mieux. De fait, en Valais, le catholicisme fait partie de la vie culturelle et de l’histoire du Valais. La Réforme aussi. Dans quelques années, sans doute que l’Islam aura aussi plus de place dans l’enseignement. Cela fait partie de la vie, et votre a-priori sur les religions ne changera pas la réalité.
    Voudriez-vous que les cours de sciences dures soient donnés par des littéraires, afin d’éviter les a-priori? Ou que les cours de littérature soient donnés par des mathématiciens?
    Donc, pour parler des religions, il faut s’intéresser au sujet, avoir lu les textes, connaître les langues anciennes, etc. – et il est tout à fait intéressant pour des enfants d’être confrontés aux points de vue des religions et des religieux – quoi qu’on en pense. Cela fait partie de leur histoire culturelle. Si l’on veut tout enlever, à la fin, on formera des générations complètement incultes, incapables d’appréhender le passé, sans avenir autre que d’être des consommateurs béats, sans aucune capacité de débat.
    Donc, in fine, votre vision est très dangereuses, car la connaissance de l’histoire (et le fait religieux en fait partie), est une grande protection contre les idéologies totalitaires. Chaque époque forge ses idéologies et chaque époque se pense comme plus intelligente que la précédente. Vous portez aussi certaines idéologies dans votre discours, peut-être sans vous en rendre compte. Vouloir supprimer toutes les idéologies du passé, c’est porter une nouvelle idéologie – encore plus dangereuses que les précédentes.
    Et je ne crois pas que le Valais soit menacé par son lien historique avec l’Eglise catholique ou réformée – qui s’étiole avec le temps. En revanche, je crois que nos sociétés sont devenues très fragiles face à de nouvelles idéologies basées sur la technologie – perçue comme un progès de type absolu (et donc profondément totalitaire).
    Quelle est le paradige idéologique qui est omniprésent de nos jours? Est-ce le catholicisme? Est-ce la réforme? Je n’en ai pas l’impression! Attaquez-vous à des défis réels, et non à des moulins à vent pour vous donner bonne conscience…

    1. Cher Monsieur, merci pour votre retour.
      Nous avons entendu ce genre de débat sur la neutralité confessionnelle à l’école lors des débats de la constituante. Voici mes réponses:
      – je partage votre idée qu’il faut enseigner l’histoire des religions et la philosophie. Après tout, c’est une partie de mon métier d’enseigner la philosophie et l’éthique.
      – en tant qu’enseignant, je me fais un devoir d’être le plus neutre possible (et le plus transparent sur mes présupposés de contenu et de méthode) – en tant qu’intervenant dans le débat public aussi, c’est pourquoi dans l’article du Temps je n’ai pas seulement critiqué la convention, je l’ai comparée à mon positionnement. Rien d’extraordinaire de ce coté là, une position libérale classique.
      – qui a peur que le cours d’histoire des religions devienne une partie du cours d’histoire ? qui a peur que le cours d’éthique devienne une partie d’un cours de philo ? Dans les deux cas, donnés par des gens formés à la branche. Je ne demande/propose rien de plus, et cela ne me semble vraiment pas exagéré.
      – il me semble quand même un peu gros de tenter de faire croire que pour parler de la religion catholique il faille être désigné par l’évêché et que, EN PLUS, cela serait compatible avec un minimum de neutralité.

      1. Je ne crois pas que vous soyez neutre, personne ne l’est. Vous pensez simplement que votre point de vue est plus juste rationnellement – et donc qu’il devrait être au centre de l’échiquier et normatif. Mais cela n’est que votre point de vue , que vous estimez canonique.
        Ce que j’attend d’un enseignant, c’est qu’il transmette ses connaissances, qu’il fasse réfléchir et qu’il soit honnête sur son positionnement. Or, les choses sont claires – un enseignant qu’il soit mathématicien, philosophe, historien ou religieux – porte en lui des points de vue, des convictions – à moins d’être complètement dépourvu de personnalité, ce qui en ferait un triste enseignant.
        Du moment que les choses sont clairement reconnaissable pour les élèves, et que l’enseignant n’abuse pas de son autorité, c’est une position honnête. Dans mon cursus, j’ai le souvenir de nombreux enseignants et enseignante avec des points de vue divers – parfois très marqués, et j’en garde un bon souvenir. Cela fait partie de la vie.
        Par ailleurs, vous ne répondez pas sur la 2e partie de mon post, qui est plus importante à mes yeux. Or si vous vouliez vraiment faire un travail critique (d’un point de vue philosophique) – il y aurait du travail. Pourquoi ne nous parlez-vous pas des conventions que signe Microsoft avec l’enseignement à tous les niveaux? C’est un sujet autrement plus actuel que le débat d’arrière-garde entre pro et anti-église en Valais?
        Là, une multinationale impose ses standards à l’école publique. Sans aucun débat! Et tout le monde l’accepte. Neutralité oblige je suppose… Les conflits d’intérêts ne sont pas où vous supposez qu’ils sont. Les pires sont les plus inavoués.

        1. Cher monsieur,
          – personne n’est neutre. C’est bien pourquoi j’ai écrit “le plus neutre possible” – le corollaire me semble être la transparence.
          – un enseignant a des points de vue, mais j’attends de lui qu’il les tienne en retrait, surtout avec les élèves les plus jeunes. A l’université, là où les gens ont les moyens de se forger une opinion, c’est une autre question. C’est d’ailleurs pour cela que les débats de méthode sont si importants dans le monde académique. Mais à l’école primaire, l’enseignant, qui représente l’autorité de l’Etat, doit à tout prix se tenir le plus en possible en retrait.
          – Etre reconnaissable ne suffit bien sûr pas. Si un prêtre vient donner un cours d'”histoire des religions”, est-ce pour vous la même chose que si c’est l’enseignant traditionnel de la classe ? Si vous pensez que oui, nous avons là un problème de mauvaise foi (si vous me passez l’expression).
          – sur votre autre point, je vous suis. C’est d’ailleurs l’une des autres parties de mon travail (l’éthique de l’innovation) et je vous invite à consulter mes post sur différents sujets technologiques. Sur le plan rhétorique, c’est toutefois une manoeuvre assez facile afin de chercher à changer de sujet 😉

          1. Je ne crois pas que l’enseignant représente l’autorité de l’état. Si tel était le cas, ce serait très grave – car il modulerait son enseignement au gré de la politique au lieu d’enseigner sa discipline. Un enseignant participe aux développement des connaissances – il représente d’abord la matière qu’il enseigne.
            Durant longtemps, des religieux ont dispensé l’enseignement dans de nombreux pays (c’est encore le cas dans les pays pauvres). Et je ne crois pas qu’ils étaient forcément de mauvais enseignants. Bien au contraire. Ce qui fait un bon enseignant, c’est sa connaissance du sujet (certains enseignants sont très médiocres à ce niveau), son intérêt à transmettre ses connaissances (certains n’aiment pas enseigner), sa patience avec les élèves (certains sont privés de toute patience), sa pédagogie (certains n’en ont aucune), sa capacité à communiqué et partager. Mais certainement pas ses opinions politiques ou religieuses. Donc, vous faites dévier le sujet sur une forme d’orthodoxie des opinions ou de l’habit, ce que je trouve très peu pertinent pour justifier de la qualité d’un enseignement.
            Quant aux sujets technologiques – non, ce n’est pas un artifice. Vous dénoncez l’opacité de cette convention. Avez-vous évalué l’opacité des conventions qui nous lient à l’informatique? Existe-t-il des appels d’offre pour utiliser Word ou Excel ou le futur dossier informatique de tout élève? L’histoire du Valais n’est absolument pas opaque. D’autres histoire le sont beaucoup plus – qui se passent en ce moment, sans aucun débat contradictoire. Cet argument n’est pas pour détourner le débat, mais pour contextualiser votre réaction. D’ailleurs je trouve vos posts à propos des nouvelles technologies bien moins virulents, presques angéliques. Là j’aimerais bien un peu plus de mordant sur le plan de la méthode.

          2. je ne crois pas qu’on se mettra d’accord, mais on aura au moins identifié les désaccords:
            – l’enseignement est porteur de l’autorité de l’Etat – l’école est publique et obligatoire. Les enfants (et leurs parents) n’ont pas le choix d’aller à l’école. Donc oui, l’école est le lieu où l’Etat exerce son autorité et l’enseignant est son représentant.
            – je déduis donc que pour vous, n’importe qui avec les qualités que vous décrivez peut devenir enseignant – qu’il soit choisi par l’Eglise ne change rien. Notre désaccord est profond ici.
            – en quoi l’argument de faire ou de ne pas faire qqch sur le sujet X est-il un argument dans le débat sur Y (Y et X étant deux sujets bien distincts) ? Nous parlerons de la transparence dans le matériel informatique utilisé à l’école (à nouveau, un débat très important !) le moment venu. Pour l’instant, le chef de l’instruction publique et les Eglises ont décidé de rendre “publique” (sans le faire vraiment) une convention – en pleine phase de consultation sur la constitution et campagne pour le Conseil d’Etat…

          3. Oui, le plus important à mes yeux, c’est les compétences de l’enseignants.
            C’est ce qui fait la qualité de l’enseignement in fine. Et c’est ce qui est demandé par la population – qui souhaite que les élèves bénéficient du meilleur enseignement dans la mesure du possible.
            Et, selon mes retours à l’université, je n’ai pas eu connaissance que les étudiants valaisans étaient moins bien formés que les vaudois ou les genevois. Et pas particulièrement en sciences des religions ou en histoire. Bien au contraire.
            Donc, je me permets de relativiser votre indignation politique.
            Quant au sujet Y, il est lié au sujet X sur le plan de la transparence et des conflits d’intérêts à l’école – que vous avez choisis de monter en épingle. Je me permettais de dire que le sujet X est moins problématique que le sujet Y, si on se donnait la peine de s’y pencher. C’est juste que le sujet X est sous le feu des projecteurs (politique et élections obligent), alors que le sujet Y reste dans l’ombre.
            Chacun jugera si la comparaison était porteuse de sens ou non. Pour le reste, merci pour votre courtoisie.

  11. Début de la convention du 26 janvier 2021 concernant la collaboration entre l’école valaisanne et les églises reconnues :

    “L’identité culturelle du Valais, caractérisée par l’interaction entre la société civile, l’Etat et l’Eglise (s’entend les deux églises reconnues en Valais, l’Eglise catholique romaine et l’Eglise réformée évangélique du Valais), peut compter sur la collaboration entre ces partenaires.”

    Commentaire :

    Ni d’elle-même,
    Ni d’autre chose
    Ni des deux
    Ni d’aucun des deux
    Aucune “identité culturelle du Valais”
    n’est jamais, nulle part apparue.

  12. M.Rochel,

    Dans le songe éveillé qui me poursuit, c’est infernal, mon ami des Lettres Persanes a poursuivi ses commentaires dont il m’a fait part, à propos du débat bien nourri que vous avez suscité.

    Je ne peux que vous les rapporter tels quels :

    … Bien étrange que le motif de ce débat déjà fort ancien, dans le cadre d’une république que vous voulez moderne et citoyenne, et combien nécessaire, à voir les avis et les commentaires,

    … Bien étrange que cette forme déguisée et répétée, parmi d’autres, d’une forme de subventionnement de l’Etat aux cultes, que vous avez gentiment, savamment et parfaitement décrite, avec une documentation explicite, mais il est vrai si peu accessible et si peu rendue visible… Un peu comme quand on est dans l’entre-soi, …

    … Bien étrange qu’aucune autre association véritablement citoyenne, moins cultuelle, et représentative des genres… en Valais, ne soit partie prenante et invitée par exemple à la table de la dite-convention.

    … Devrais-je penser que c’est l’indice d’une démocratie somme toute peut-être pas encore très participative, ni vraiment citoyenne et ni populaire ? Toujours à l’ancienne alors ? On ne bouge pas les lignes ? Que pense la constituante de ce type de convention ?

    … Bien étrange, que j’ai cru comprendre, avec mes humbles moyens, … que cette convention devrait être réservée aux seules églises, comme partenaires autorisés, … un peu comme un parti pris… Pour qui ? Si tant est que cela aurait encore un sens démocratique de faire cela aujourd’hui. Ce n’est pas l’avis de toutes et tous, il paraît, ce parti pris chez vous. Pas très élégant non plus dans une période de votations de nouvelles autorités. En Hongrie, que j’ai visitée tout récemment, ils appellent cela un petit bon d’achat. C’est comme ça. Qu’en est-il des minorités grandissantes, non croyantes, parfois bien silencieuses ou tenues en cette forme, malgré elles, en Valais et bien ailleurs, sur le sujet de cette convention ? On m’a dit que c’était comme cela en Hongrie, depuis longtemps. Point barre, pas grave et silence.

    … Condamné-e-s au silence ? Au nom de quoi ? N’y a t’il pas aussi d’autres entités que les églises qui pourraient être sollicitées, comme dans d’autres pays européens d’ailleurs, mais pas en Hongrie et en Pologne, on le sait, pour l’enseignement et l’approche critique, historique et sociologique, du fait religieux et des questions morales et éthiques ?

    … Bien étrange aussi que dans une république moderne, cette alliance d’une partie du pouvoir élu avec des autorités d’entités dites spirituelles, ne représentant que leurs points de vue et ceux de leurs adhérent-e-s, soit considérée comme quasi-sacrée, non questionnable et indépassable.

    … En écrivant mes Lettres Persanes il y a bien longtemps, j’ai eu la conviction que les droits des citoyennes et des citoyens du monde devaient prévaloir sur ceux des pouvoirs établis, de droit divin … ou pas. Espoir futile ? toujours dérisoire ?

    … D’autres femmes et d’autres hommes l’ont ré-écrit aussi. Ce fut le cas en 1948. Plus jamais ça, tel était le message des Droits Humains d’abord au lendemain de la seconde guerre mondiale. Mais j’ai cru comprendre que cela pouvait toujours être remis en cause et qu’il y a encore beaucoup de travail à faire pour les garantir et les protéger pour toutes et tous. Ici et là.

    Fichu auteur des Lettres Persanes, de tels songes à vivre …

    Signé : Un Confédéré vraiment chiffonné par ses songes et très attentif aux perspectives fédérales futures de telles alliances très étranges…

    1. Coïncidence étrange, début d’épidémie ?

      L’historien Chapoutot, aux prises avec un sujet présentant bien des similitudes, a dû renoncer à son domaine d’analyse habituel, aux prises avec des vomissements sur le plan moral qui ne tardèrent pas
      à se transposer sur un plan physique…

      N’est pas Übermensch qui le veut !

  13. Vous semblez oublier que le Valais est un vieux pays catholique. C’est sans doute le canton suisse où on a le plus fortement conscience d’appartenir encore à une civilisation chrétienne. Votre propos est anachronique. C’est une resucée de l’anticléricalisme du petit père Combes. Vous ne vous heurterez pas à l’opposition d’un clergé intégriste, mais à l’indifférence totale de la majorité, qui est certes déchristianisée mais se sent malgré tout chrétienne, particulièrement aujourd’hui où elle se sent menacée par l’Islam. Je pense donc que vous n’aurez aucun succès dans votre démarche.

    Le PDC est hypocrite dans sa politique, et n’ose plus se référer à son héritage religieux. Mais depuis que le PDC a renié sa foi qui animait encore des hommes politiques très populaires comme Guy Genoud par exemple, instinctivement tout un électorat, important, a basculé vers l’UDC. On constate que l’homme qui monte actuellement en Valais, c’est Cyrille Fauchère, un vrai conservateur catholique ayant un très grand sens politique et très respecté pour son travail sérieux. Il remplace avantageusement le beau parleur Oscar Freysinger que les gens comme vous ont eu grand tort de dégommer car il n’était pas dangereux. En résumé je dirais simplement ceci: ce filou de Darbellay remonte un petit peu (pas beaucoup) dans mon estime pour avoir signé cette convention. Certes il l’a fait par pur opportunisme et calcul politique avisé, car il a une perception plus fine que vous des réels rapports de force, qui sont subtils et complexes comme j’ai tenté de vous l’expliquer. Enfin, pour conclure, la seule chose qu’on puisse repocher à cette convention c’est de prévoir des cours de culture religieuse et non de cathéchisme tout simplement.
    Bonjour.

    1. Cher Monsieur Martin, c’est toujours un plaisir de découvrir votre vision de la société. L’avenir nous dira qui est “anachronique”. Mais si je compare le contenu des différentes conventions, et l’évolution de la pratique par rapport à quand j’étais moi-même enfant dans l’école valaisanne, je me dis que cela ne sera pas moi.
      A bientôt

  14. Pourquoi mélanger les religieux à l’éducation des enfants?
    L’église en Valais est partout à l’état du Valais. des Fournier passe plus de temps à Econe que sur les dossiers, donc comment voulez vous que l’église n’essaye pas de convertir les plus petits ?
    Les cours Éthique et Cultures religieuses se sont résumé au collège a St Maurice par de la morale catholique hors du temps, donnés par quelques religieux ….
    J’avais eu le courage de leurs dire que c’était ignoble de me punir pour ne pas suivre ces cours, mais ils me punissaient encore plus le samedi aprés midi! C’était terrible ! et maintenant j’apprnds que l’état s’associe encore avec ces gens pour l’éducation de nos enfants !

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